Vingt bonnes dernières minutes ne suffisent pas à sauver un match inquiétant dans le contenu.


Rennes est le seul des 21 derniers hôtes du stade Geoffroy Guichard à n'avoir pas pris de but. Comme un symbole, Montanier présente une équipe renforcée au milieu avec la titularisation de Doucouré.

Quant à Christophe Galtier, il ne surprend personne en alignant d'entrée Corgnet en 4-2-3-1. Gradel est laissé au repos. Clément, malade, n'est pas sur la feuille de match, mais Diomandé n'en profite pas pour décoller du banc. Si van Wolfswinkel devra patienter encore pour débuter, Théophile-Catherine étrenne son nouveau maillot sur le flanc droit de la défense - et de façon très honorable.


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T'as le doute, Co-Co

Bloc contre bloc : voilà résumé l'essentiel de ce match. Les deux équipes se montrent à l'aise pour défendre, beaucoup moins pour construire. Les seuls déséquilibres sont créés sur des récupérations hautes exploitées par un jeu direct et rapide : c'est là le point commun entre l'action qui amène le pénalty raté par Erding (41'), et le poteau d'Henrique pour le Stade Rennais (37'). Il ne faut d'ailleurs pas oublier qu'après que le montant eût sauvé la Ruffe, le ballon repart plein axe dans les pieds de Prcic : les milieux stéphanois ne sont pas là pour le gêner, et on ne peut que remercier l'ex-sochalien de tirer à côté.

Cette absence est révélatrice : comme à Karabük (mais pour d'autres raisons), le milieu stéphanois est en grosse difficulté. Galette avait abandonné il y a deux ans le 4-2-3-1 car trop fragile dans l'entrejeu : face à une équipe bien organisée, l'équipe se révélait trop souvent dans le dur pour résister aux contres et trouver le liant entre l'attaque et la défense. Son retour en grâce l'année passée est en partie dû à une montée en niveau de la paire de récupérateurs, beaucoup plus performante. Ce n'est pas le cas dimanche ; Cohade, notamment, semble particulièrement emprunté (un reste de grippe ?). Il faut dire que l'apport de Doucouré et les décrochages incessants de Toivonen (excellent jusqu'à ce que le physique le lâche) apportent systématiquement le surnombre pour les Bretons.

Et Corgnet dans tout ça ? On se demande encore s'il a vraiment participé à la rencontre. Sa prestation est fantomatique. Pas mobile, jamais disponible, pas efficace dans le pressing, gâchant les rares ballons qu'il a eu à disposition, ne réussissant parfois qu'à gagner un duel aérien par-ci par-là : il a réalisé l'antithèse de la rencontre face à Reims qu'il avait marquée de son activité. Quand on sait son importance fondamentale dans ce dispositif, il ne faut pas s'étonner de la médiocrité du jeu stéphanois.

Voilà qui explique, malgré une entame volontaire, cette première période décevante d'abord, puis de plus en plus inquiétante. Il était temps que l'arbitre renvoie tout le monde au vestiaire, car les Rennais avaient pris la conduite des opérations ! Mais qu'on ne se rassure pas : le début de seconde période est à l'avenant. L'entame fait illusion (récupération haute d'Erding, action personnelle, frappe arrêtée par Costil puis deux corners dangereux dans la foulée), mais l'on revient à la neutralisation des blocs, en craignant une nouvelle montée en puissance rennaise.


C'est mieux, à onze contre onze

C'est entre la 60' et la 70' que le vent va tourner. Côté rennais tout d'abord : on commence clairement à pêcher physiquement. L'entrée de Ntep à la place de Henrique, peut-être trop précipitée (51'), n'apporte pas de second souffle. Au contraire : Toivonen, cramé, pèse de moins en moins ; les sorties de balle stéphanoises sont plus aisées, la paire Lemoine/Cohade prend enfin le jeu à son compte, ce qui pousse Doucouré à reculer et le triangle du milieu rennais à se tourner en position 4-1-4-1, version très défensive.

Et puis, l'ASSE règle enfin son problème offensif. Les premiers appels de Ricky van Wolfswinkel (entré en jeu à la place d'Erding, 56') sont pour occuper le trou laissé béant par le non-match de Corgnet. A la 60', ce dernier sort pour Gradel : Hamouma va enfin occuper l'axe, mais surtout être soutenu par un apport très régulier des deux ailiers. Passé la 70' minute, le match sera à sens unique : une attaque-défense à l'avantage de l'ASSE ; les joueurs à la double hermine se recroquevillent dans leurs trente derniers mètres, espérant l’opportunité de contre sans trop y croire - l'entrée du latéral de métier Moreira à la place de Prcic (76') est plus que révélatrice.

Pour autant, les Verts n'arrivent quasiment pas à se montrer dangereux, hormis sur les deux coups-francs extrêmement bien situés de Gradel (71' et 90'+2) ou la frappe lointaine de Sall (83'). Voilà qui ternit l'impression laissée par ce regain tardif : il va falloir trouver des brèches, jeudi, devant la défense qu'on imagine renforcée de Karabükspor. Pour se rassurer, on peut se dire que toutes les forces n'ont pas été jetées dans la bataille : à la 88', Galette a préféré faire rentrer Brison à la place d'Hamouma. Histoire d'éviter le contre assassin (rendu possible par la fraîcheur d'Hosiner, entré à la place de Toivonen) et d'assurer le 0-0 ? Quoi qu'il en soit, on l'oubliera très vite...