C'est peut-être pas bon pour l'amour-propre, mais il faut être lucide : le champion d'Azerbaïdjan a été meilleur que l'ASSE, qui peut s'estimer heureuse d'accrocher ce triste 0-0.


Pas besoin d'une dissertation : au premier coup d’œil, tout le monde voit que la défense verte est pour le moins expérimentale. Lemoine est sur le banc, et Mollo n'est pas aligné malgré son bonne entrée contre Caen.

On assiste donc à un duel de 4-2-3-1, qui plus est finalement pas si éloignés que ça dans les principes de jeu. Les éléments purement tactiques ne seront donc pas de bons éléments explicatifs, du moins en première mi-temps.

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Et pourtant, ça commence bien. Les Verts sont volontaires. Dès la deuxième minute, le milieu récupère la balle très haut et propulse Corgnet qui perfore. Fauché à 20 mètres plein axe. Gradel tire le coup-franc, repoussé par le gardien, directement en touche. Baysse l'effectue rapidement : Corgnet s'impose dans la surface, et met le ballon dans la boîte. Gradel arrive à toute vitesse, passe devant son défenseur, mais ne maîtrise pas la gonfle de la tête.

C'est l'apogée du jeu stéphanois. Il reste 87 minutes.


Bouffés sur toute la ligne

La première période va se révéler un véritable supplice pour tous les supporters - mais aussi pour les joueurs. Les Verts vont être déficients principalement dans cinq secteurs (et peut-être même qu'on en oublie), qu'on va essayer de classer par ordre d'importance :

1- l'utilisation des côtés : Qarabag utilise très bien la largeur du terrain (avec parfois des phases de passes latérales devant la surface, à la handball) et s'appuie à merveille sur la grosse activité des arrières latéraux. C'est l'inverse côté Vert : Brison boit plusieurs fois le bouillon en un contre un, Baysse manque de vitesse ; les deux ailiers sont contraints de passer une bonne part de leur temps à défendre.

2- le poids dans l'axe : le contraste entre la paire Reynaldo/Chumbinho et le duo Erding/Corgnet fait peine à voir. Mevlut Erding, notamment, se montre particulièrement nul techniquement, comme jamais il ne l'avait été sous le maillot vert.

3- le pressing : mal organisé et pas efficace, en tout cas pas suffisant pour empêcher de jouer des azerbaïdjanais très à l'aise avec la balle.

4- la cohésion du bloc : les lignes ont marqué une nette tendance à se distendre - la difficulté de liant défense/attaque n'est pas nouvelle, mais les trous entre les lignes défensives furent légion, et ça, c'est nouveau.

5- le rythme : Les stéphanois ont été globalement en retard dans les duels, principal facteur d'un déchet technique très inquiétant.

Étonnamment, le naufrage n'a pas eu lieu. La faute certes à Ruffier, décisif trois fois. Mais quand on y pense, trois occasions franches concédées, c'est peu comparé à la domination azérie dans le jeu. Il faut dire que Sall et Clément ont maintenu comme ils l'ont pu l'équipe à flot.


Serrage de boulons

La deuxième période commence mal, avec une frappe dangereuse de Nadirov à l'entrée de la surface repoussée par Ruffier (46'). Parlons-en, tiens, de Nadirov...ou plutôt du joueur qu'il a remplacé à la mi-temps, le très remuant Chumbinho. Le n°70 azéri a réalisé une excellente première mi-temps, et sa sortie sur blessure casse la dynamique offensive de ses coéquipiers. On sait que l'axe de l'attaque est primordial pour animer le 4-2-3-1 : aucun remplaçant n'arrivera à "compléter" Reynaldo aussi bien. Tous les entrants azéris (Nadirov, puis Alaskarov, et enfin Dias) viennent se positionner dans l'axe, chassant le précédent sur l'aile. Mais aucun n'arrive à redonner un tel allant.

De fait, Qarabag ne sera presque plus dangereux : à la 61', les Verts sont (encore !) pris sur leur gauche - Medvedev est libre pour centrer en retrait, mais Reynaldo rate la conclusion. C'est la dernière fois que Qarabag prendra collectivement l'ASSE à défaut. L'autre seule occasion des Noirs en seconde mi-temps est due à une chevauchée solitaire de Reynaldo (côté droit, cette fois) qui élimine toute la défense verte pour buter sur Ruffier (69').

Il faut dire qu'en face, on n'essaie même plus de faire illusion. Les Azerbaïdjanais veulent le ballon ? OK, laissons-le leur. Nous, on va défendre. Et qui sait, un contre est si vite arrivé. D'ailleurs, Allan Saint-Maximin, qui remplace Corgnet dès la 49', rapide et provocateur, a un bon profil de hold-upper.

Malgré les duels perdus un peu partout sur le terrain, malgré le déchet technique, malgré les difficultés encore une fois observées de l'équipe à bien gérer ces phases de jeu, la possibilité de la contre-attaque décisive se précise à mesure que le temps passe. On y croit même pour de vrai à la 87' : pour conclure une belle action collective (la seule du match ?), Cohade lance KMP plein axe, qui contrôle dans la surface puis oblige le gardien adverse à salir un peu son maillot. Absence de réalisme, manquait plus que ça ! Mais pas de regret : il y avait hors-jeu.

Allez, pour ne rien oublier : Lemoine (pour Erding) et Diomandé (pour Cohade) sont entrés en fin de match pour faire tourner l'effectif et assurer le 0-0. Il n'y avait vraiment rien d'autre à espérer.