Après l'extase derbisarde, les Niçois, accrocheurs et provocateurs, nous rappellent qu'en L1, aucun match n'est gagné d'avance.


Les éléments tactiques, bien évidemment, n'expliquent pas tout dans un match de football. Ils définissent cependant le cadre général dans lequel les deux équipes en lice s'affrontent : leur influence n'est donc pas à négliger. Parfois, la différence intrinsèque de qualité entre les équipes, un décalage d'envie ou des faits de jeu imprévisibles, pèsent plus dans la balance. Pourtant, il se présente régulièrement des cas où ils sont effectivement le facteur déterminant. On a beaucoup glosé sur l'audace payante de Galette à Gerland : hier, c'est Puel qui a gagné la bataille.

Pour commencer, le technicien niçois présente une équipe légèrement différente de celle que l'on attendait, notamment au milieu. L'habituel entrejeu à deux est abandonné pour un trio, Digard montant la garde derrière Mendy et Traoré. On est assez bien placés, à Saint-Etienne, pour connaître la vertu de cet homme supplémentaire juste devant la défense, lorsqu'il s'agit d'assurer ses arrières, de tenir le ballon et de créer des décalages. Digard étant dans un bon jour, l'effet joue à plein. Nice tient la gonfle, la fait circuler intelligemment derrière, et s'appuie sur la mobilité et la vivacité de ses trois joueurs offensifs pour faire peser la menace sur l'arrière garde stéphanoise. Heureusement, dans le jeu, la sérénité de la défense verte, impeccable une fois encore, suffit à assurer l’essentiel et donc faire passer une soirée tranquille à Ruffier ; mais les Aiglons perdent peu le ballon et savent provoquer les fautes.

L’adaptation prend quelques minutes, et elle se traduit de la façon la plus naturelle : le milieu stéphanois tourne, pour pointer vers l’avant, Cohade se portant dans la zone de Digard. On connait les limites du 4-2-3-1 quand l’adversaire fait jeu égal ou domine dans l’engagement ; on l’a encore vu hier. Handicap supplémentaire : Cohade n’est décidément pas à l’aise dans ce rôle de soutien à l’attaquant axial, en tout cas nettement moins que le Corgnet des bons jours. Les Verts sont donc largement inoffensifs, et lorsqu’enfin ils peuvent mettre le pied sur la balle, ils ne savent guère comment l’utiliser.


N'est pas Aubame qui veut

Et c’est là qu’on arrive au cœur du problème : contre Nice, Christophe Galtier a effectué un nouveau test – guère concluant. On sent que le technicien stéphanois cherche à favoriser l’éclosion du duo Erding/Brandao. Cette fois, l’expérimentation n’était ni plus ni moins que d’intégrer Erding dans le 4-3-3, en lieu et place d’Aubameyang. Rappelons la nature asymétrique de cette disposition, avec un ailier gauche travaillant essentiellement le long de la ligne, et un ailier droit multipliant les courses vers l’axe pour peser tandis qu’en phase défensive, chacun doit tenir le latéral adverse. Premier problème : côté gauche, le triangle Mollo/Trémoulinas/Cohade est mort-né, avec le replacement axial de Cohade. Malgré quelques percussions intéressantes de Mollo et les débordements habituels de Trémoulinas, le danger peine à venir.

A droite, durant les 54 minutes où Erding a joué à faire Aubame, ce fut le néant. Les déplacements de l’attaquant franco-turc sont confus, dans un quelque part indéterminé entre l’axe et l’aile, et n’apportent rien offensivement. Le summum est atteint après le repositionnement de Cohade en soutien à Brandao : on ne compte pas les situations où les deux hommes sont dans la même zone à se marcher dessus. Pire : malgré une bonne volonté évidente, Mevlut est le plus souvent en retard dès qu’il s’agit de défendre ; et l’on a pu voir de très près la dangerosité de l’aile gauche Kolo/Bauthéac.

Signe qui ne trompe pas : les deux premiers changements stéphanois sont effectués avant l'heure de jeu. Galtier voit bien que l'équipe est déséquilibrée et mal à l'aise. A ce moment-là, il décide de persister dans la foi au duo Erding/Brandao, et choisit le 4-4-2 strict : Erding repasse dans l'axe, et les ailes sont renouvelées pour apporter de la vivacité, de la provocation et de la vitesse (entrées de Gradel et Hamouma). Nice trouve alors la faille sur corner - seule occasion franche du match pour des sudistes réalistes.


Désert de l'attaque à deux

En 4-4-2 à plat, le jeu offensif stéphanois régresse au stade anal : Brandao et Erding campent dans la surface adverse, les longues ouvertures sans espoir se multiplient ; on s'en remet aux dribbles d'Hamouma et Gradel pour tenir le ballon. Si le premier est à la peine pour son retour de blessure, le second affiche sa forme.

Puel réalise des changements plutôt défensifs, et les niçois décident de subir en attendant la fin. Les Verts poussent de façon désordonnée, et finissent par enfin trouver la faille dans les arrêts de jeu. Un dernier fait de jeu (but de Clerc invalidé pour le combo pénalty/carton rouge) fait craindre un dernier tour du destin pour nous priver de l'égalisation, mais MAG tire son péno à la perfection.

Que reste-t-il, au coup de sifflet final ? Un mélange entre le goût d'inachevé du rendez-vous raté et l'énervement du match émaillé de fautes et de faits de jeu rageants et contraires. Vite, passons à autre chose !