Quoi de mieux, en période de crise, après 5 défaites consécutives, que de jouer un derby contre une équipe qui ne perd plus ? Et bien, à peu près tout, peut-être. De quoi aborder le match battus ? N'allons pas jusque là !


1- Le parcours

Disons que les dynamiques sont opposées. Alors que les Verts avaient commencé tambour battant avant de s'écrouler, les Vilains, eux, débutaient très moyennement. Et après 4 rencontres, tandis que Sainté pointait au premier rang, Lyon était un médiocre 12ème, avec deux fois moins de points. De quoi attendre la 7ème journée pour que les banlieusards soient finalement devant l'ASSE. Et désormais dans une position bien plus enviable de 6ème, avec 4 points d'avance sur le rival.

Il faut dire que les hommes de Rudi Garcia restent, eux, sur une série de 6 matchs sans défaite. Toutefois, cette série peut être modérée, les Lyonnais n'ayant remporté que 2 rencontres au cours de celle-ci, et comptant finalement, depuis le début de saison, autant de succès que les Verts, c'est-à-dire 3. Dont 2 acquis contre les relégables Dijon et Strasbourg. Bref, la large victoire sur Monaco, il y a deux semaines, et les récentes difficultés du parcours récent (Marseille, Monaco puis Lille lors des 4 dernières journées) expliquent probablement ce regain d'enthousiasme en banlieue. Mais il ne faut pas non plus négliger l'incapacité à vaincre Bordeaux, Lorient, Nîmes ou Montpellier, ces derniers l'ayant même emporté, lors de la seule défaite lyonnaise.

Car c'est bien cela qui caractérise le début de saison lyonnais, le fait d'être l'équipe comptant le plus de matchs nuls. Néanmoins, si ces statistiques sont de nature à nous redonner un peu d'espoir, rappelons nous que nos voisins sont tout à la fois 5ème attaque et 5ème défense de ce championnat, ce qui pour nos deux secteurs, pas en meilleure forme l'un que l'autre, s’avérera être un défi.

 

2- L’effectif

Lyon a décidé d'une stratégie ressemblant à celle des Verts. Les Rhodaniens ont également fait le pari d'un groupe restreint et de faire confiance aux jeunes, avec seulement 18 joueurs ayant joué plus de 5 matchs en pro au début de saison. Mais autre ressemblance à noter, l'expérience, 8 d'entre eux ayant au moins 25 ans, soit autant que chez les Verts. Notons par ailleurs un système toujours évolutif entre défense à 4 ou à 5.

On a parlé des joueurs de champ juste au-dessus, expédions donc de suite le poste de portier où Lopes, toujours aussi talentueux qu'il est tête à claque (ce qui est un compliment d'un point de vue footballistique tant on lui mettrait de beignes), est cette fois-ci suppléé par Pollersbeck, tout droit venu de D2 allemande. La défense, elle, est l'exemple le plus parfait de la réduction d'effectif à laquelle les Vilains se sont prêtés cet été. En défense centrale, Marcelo et Denayer sont définitivement indiscutables, tant la concurrence y est limitée. Pour mettre en place un axe à 3, Garcia a donc fait appel au jeune Diomandé dont c'est la première saison pro, le préférant à Benlamri, énigmatique recrutement estival, joueur sortant de 4 ans en Arabie Saoudite et n'ayant jamais évolué en Europe à presque 31 ans. A droite, Dubois dispose lui d'une vraie doublure, De Sciglio, venu de la Juve, même s'il sortait d'une saison compliquée marquée par seulement 8 titularisations, et qui semble parti sur un rythme pas bien plus élevé. A gauche, on revient sur à des solutions low cost, puisque le titulaire est l'ailier Cornet, suppléé par le tout jeune Bard, 1 seul match de L1 avant le début de saison. Notons, au rang des recrutements sur lesquels on se pose des questions, le cas Özcacar, défenseur central venu de D2 turque où il jouait peu et qui n'a pu que goûter le banc, à deux reprises.

Là, les 3 postes habituels sont majoritairement partagés entre 5 joueurs, avec un peu plus de choix derrière. Ainsi, si Aouar, Bruno Guimaraes et le tout jeune Caqueret comptent le plus de titularisations (6, 5 et 5), Thiago Mendes (4 titus) et Lucas Paqueta (3 titus) constituent également des solutions crédibles et la question de la hiérarchie n'est pas encore tout à fait tranchée. En fait, dans la hiérarchie, la position la plus claire est celle de Jean Lucas, le 6ème homme du secteur, quasiment tout le temps sur le banc.

Devant, les forces sont plus limitées en nombre mais de qualité. Surtout, elles sont particulièrement adaptées à l'attaque à 2 pointes pourtant utilisée seulement à 4 reprises depuis le début de saison, puisque Depay est désormais placé uniquement en pointe et que Dembele évolue également à ce poste. Surtout Toko Ekambi et Kadewere sont également plutôt des pointes, surtout le second. Pourtant, du fait d'un système à 3 devant régulièrement utilisé, ils ont eu l'occasion d'évoluer à gauche et à droite. Cornet a eu également l'occasion d'évoluer un cran plus haut, à son poste d'origine d'ailier gauche, pour pallier le manque d'ailier dans l'effectif. Enfin, quoi que moins utilisé, Cherki a également eu ce rôle de l'autre côté, à droite, mais également, plus étonnamment, dans l'axe.

 

La compo probable : Oui, mais voilà, il existe une grande différence entre Lyonnais et Stéphanois : quand les Verts enchaînent 6 matchs avec au moins 5 absents, les Vilains, eux, sont le plus souvent au complet ou presque, ne comptant que 21 joueurs de champ différents dans le groupe depuis le début de saison (pour 18 places par match), dont 3 comptant seulement 2 apparitions sur le banc. Du côté de Claude Puel, 29 joueurs de champ ont déjà été dans le groupe. Pour cette fois, seuls Marcelo et De Sciglio (déjà l'un des 3 avec le moins d'apparitions dans le groupe) sont absents, ce qui vu les modifications constantes que Garcia apporte à son équipe, ne nous facilite pas le travail :

Lopes – Dubois, Denayer, Diomandé, Bard – Bruno Guimaraes, Caqueret – Toko Ekambi, Aouar, Cornet – Depay

 

3– Souviens-toi la dernière fois

Contrairement à l'habitude, nous allons commencer par remonter un peu plus loin dans le temps. A un jour de mars 2014. A cet instant, le 100ème derby était la seule victoire en 20 années de derby. Mais une équipe verte devant au classement l'emporte 2-1 à Gerland et lance une belle série dans les derbys. Pour ainsi dire, depuis lors, le bilan est presque équilibré avec 5 victoires, 2 nuls et 6 défaites. Mais cela se passe en deux temps. D'abord, une période faste avec 4 victoires et 13 points sur 21 possibles. Sans toutefois réussir à l'emporter de nouveau en banlieue.

Mais un derby maudit va venir tout casser. Abordé dans une période médiocre mais pas aussi catastrophique que celle vécue actuellement, un 5-0 concédé à domicile et tout repartait de travers, avec seulement 4 points sur les 18 derniers mis en jeu. Un pris à Lyon, le seul de cette période, au match retour, en pleine remontada au classement, sur un but tardif de Debuchy. Puis la victoire de la saison dernière grâce à une doublette Boudebouz-Beric qui ne sera pas là ce dimanche, dans une période aussi troublée, mais avec un contexte différent, celui du changement d'entraîneur.

Pour le reste, les défaites furent tout de même moins honteuses. Y compris la dernière, là aussi dans une période de grandes difficultés. Si les Lyonnais avaient dominé assez outrageusement (2 fois plus de frappes ou de possession, par exemple), seul un doublé de Dembele, dont un but tardif, sur un contre, dans le temps additionnel, venait punir les Verts. Si la victoire semble donc lointaine, et le nul ardu à aller chercher, le spectre du 5-0 ne doit toutefois que modérément nous faire redouter une nouvelle humiliation. Oui, nous le concédons, c'est une curieuse façon de masquer son pessimisme que ce genre de réjouissance...