Dominé de la tête et des épaules, ce nul laisse le goût amer des victoires ratées...pour la deuxième fois consécutive.
Il n'y a pas besoin de faire dans la nuance : Sainté méritait largement la gagne et laisse filer deux points bêtement. Le scénario du match est assez simple à résumer : après une entame timide, les Verts prennent un ascendant qui, au cours de la première mi-temps, s'accentue jusqu'à l'étouffement complet des bretons. Pressing haut, présence dans les duels, maîtrise technique, tout y est...sauf les occasions.
En début de deuxième mi-temps, bis repetita : après un premier quart d'heure relativement plus compliqué (mais n'exagérons rien...), les stéphanois reprennent leur domination sans partage, si ce n'est entre la 75' et la 80', où Rennes pousse un chant du cygne qui fait craindre le hold-up sur un contre. Mais les dix dernières minutes, où des bretons visiblement vidés se contentent de défendre à 11 dans leur moitié de terrain, représentent un siège en bonne et due forme qui aurait pu - dû ! - permettre de trouver le chemin du but.
De l’importance du 10 dans le 4-2-3-1
Tactiquement parlant, le point crucial se situe au niveau de la sentinelle du 4-1-4-1 rennais, c'est-à-dire Jean II Makoun au coup d'envoi. En effet, Montanier a décidé de venir avec un milieu renforcé pour assurer ses arrières et favoriser la possession du ballon. Cela marche sur les cinq premières minutes : Makoun est seul dans sa zone et permet des sorties de balle propres. Cela ne dure pas : Corgnet, aligné en 9 et demi, abandonne le pressing sur la charnière adverse pour bloquer Makoun. Gêné dans la relance, le rennais le sera aussi dans la défense : Corgnet gagne régulièrement ses duels, et Hamouma apporte beaucoup par ses dézonages dans cet intervalle entre les lignes.
Montanier a bien cerné l'importance de maîtriser cette zone de jeu : à la pause, il permute Bakayoko et Makoun (qui ne tardera pas à sortir). Bakayoko prend le dessus sur Corgnet, au point que l'ex-lorientais disparaît de la circulation - ce qui correspond à une baisse de température significative des Verts. Mais à l'entrée de Tabanou à la place de Corgnet (63'), le replacement axial d'Hamouma permet aux stéphanois de prendre complètement la mesure de leur adversaire, qui n'arrivera quasiment jamais à sortir la tête de l'eau.
Et pourtant, ils n’étaient pas si mauvais, ces centres…
Pourtant, les Verts ne marquent pas. Pourquoi ? Les solutions axiales sont quasi inexistantes. Par la densité de joueurs (rappelons : deux défenseurs centraux, éventuellement couverts par leurs latéraux, et trois milieux axiaux), il est très complexe de trouver de l'espace, d'autant qu'Erding peine à jouer un rôle de pivot à la Brandao. En revanche, les stéphanois arrivent aisément à faire la différence sur l'aile. Ce sont pas moins de 39 centres qu'aura eu à gérer la défense rennaise, auxquels il faut ajouter les 11 corners et les 6 coups-francs tirés dans la boîte. Peu cependant aboutiront à quelque chose : Costil n’aura que trois frappes à gérer (devant Gradel, 44’ ; Erding qui n’appuie pas assez sa frappe sur une vraie balle de but, 50’; tête de Cohade guère dangereuse 83’). On notera que quelques têtes non cadrées auraient mérité meilleur sort (Bayal rate la balle de match à 90+1), et que Hamouma marque sur un centre de Trémoulinas, mais le but est invalidé pour un léger hors-jeu (64’).
Faut-il incriminer un manque de qualité dans les centres ? Je ne le crois pas. Bien sûr, quelques uns ont été ratés – envoyés sans espoir au deuxième poteau ou plus loin encore. Pourtant, deux indices montrent qu’ils ont servi à mettre une vraie pression :
- Costil n'a pu sortir que deux ou trois fois
- les centres se sont souvent succédés sans que la défense rennaise n'arrive à se dégager autrement qu'en corner ou dans les pieds d'un stéphanois. On relèvera par exemple cette phase de jeu caricaturale autour de la 35', où s'enchaînent sans pause un centre d'Hamouma dégagé, puis un second du même, puis un troisième de Clerc, puis une tentative de Lemoine contrée au départ, qui aboutit à un corner pas mal tiré par Hamouma mais intercepté au premier poteau.
Alors pourquoi cette absence de but ? On peut à juste titre invoquer l'excellent match de la charnière rennaise, rarement prise à défaut - impossible de compter les interventions décisives et le positionnement parfait de Boye et Armand, extrêmement solides.
...Et puis, peut-être une sorte de scoumoune qui arrive. Au vu de leurs prestations sur les deux derniers matches, on n'aurait pas volé 4 points de plus au classement. 4 points qui nous auraient déjà assuré la 5è place, et nous permettraient d'être sereins face à la banlieue.