Vous avez aimé « Carton jaune Ã‚» de Nick Hornby ? Découvrez «  44 jours The Damned United Ã‚» de David Peace, biographie romancée de Brian Clough, le célèbre manager de Nottingham Forest. Au fil des extraits, amusez-vous à transposer les faits relatés avec l’histoire ancienne, récente ou future de l’AS Saint-Etienne.


Re-ouf ! On est en Ligue 1… Depuis deux saisons, nous n’avons eu cesse d’attendre un véritable déclic de notre équipe. Le match « référence Â» comme on dit dans les milieux autorisés, celui qui donne le « la Â» sportif pour la fin de la saison, qui forge un esprit d’équipe, insuffle confiance et soif de victoires, celui qui redonne enfin le frisson et la passion au supporter désabusé.

Espérons que nous connaitrons rapidement ce déclic dans la saison qui s’annonce comme Derby County en 1972, petit poucet du championnat anglais coaché alors par Brian Clough, jeune manager déjà hors norme, qui rafla cette année là le titre de champion d’Angleterre devant tous les cadors alors que son équipe était tout juste promue en première division.

 

«  Au cours de chaque saison, il y a un match, un moment de ce match, le moment de ce match de cette saison, où tout peut changer, où les choses peuvent se cristalliser ou voler en éclats pour le reste de la saison, un instant où on comprend qu’on gagnera ce match, le suivant et le suivant, où on comprend qu’on vivra une saison dont on se souviendra, une saison qu’on n’oubliera jamais…
Coupe de la ligue, troisième tour retour, mercredi 2 octobre 1968…

Derby, Derby, Derby, Derby, Derby, Derby…
C’est l’une de ces soirées que tu n’oublieras jamais. C’est l’une de ces soirées où tout arrive à la fois et demeure, une de ces soirées où tout bascule, tout change…

Derby, Derby, Derby, Derby, Derby, Derby…
Tu es allé la semaine précédente à Stamford Bridge, où Chelsea a gagné vingt fois de suite à domicile. Tu es allé à Stamford Bridge , tu as contré toutes les attaques de Chelsea, et tu as obtenu 0-0 […]…
Maintenant ils viennent au Baseball Ground, où il n’y a pas de piste en cendrée autour du stade, où on entend les acclamations et les huées des 34 000 spectateurs, où on est très exposé.

Derby, Derby, Derby, Derby, Derby, Derby… […]
L’instant où tout peut changer, où les choses peuvent se cristalliser ou voler en éclats pour le reste de la saison, cet instant arrive à la vingt-sixième minute de la première mi-temps, arrive quand Houseman esquive un tacle de Carlin et passe le ballon à Birchenall, qui tire de trente mètres dans le coin et marque…

Derby, Derby, Derby, Derby, Derby, Derby…
C’est cet instant précis, cet instant où tu regardes dans les yeux les joueurs qui sont sur le terrain, tu les regardes dans les yeux, tu regardes au fond de leur cÅ“ur et tu écoutes le public, le tonnerre de 34 000 cÅ“urs, dans ces tribunes, de tous ces cÅ“urs qui battent à l’unisson, et tu comprends que c’est l’instant que tu attends, cet instant où tout bascule, où personne ne renonce, où personne ne tourne les talons, où personne ne cherche à se planquer…

Derby, Derby, Derby, Derby, Derby, Derby… […]
Ce sera une saison mémorable, une saison inoubliable… Â»