Septième extrait du spectacle de Corine Miret et Stéphane Olry. Laissons nous submerger par la joie qui emplit le stade !
L’actrice :
« Il n’avait jamais pu aller aux toilettes dans le stade, c’était un endroit tellement bizarre. Il s’approchait et puis se disait non, je ne rentre pas. Tous ces hommes alignés, 200 mecs qui pissaient le long d’un mur : il était très impressionné par ça. Odeurs d’urine, de vomi. Des mecs bourrés. Qui ensuite allaient s’endormir dans un coin des tribunes. Les gens rigolaient. Tiens, encore un qui a trop picolé !
Son père levait toujours les yeux au ciel, parce que avec sa mère, elles passaient leur mi-temps à faire la queue pour aller aux toilettes. Il n’y avait qu’un seul toilette pour femme et c’était un problème. »
Le musicien :
« Deuxième mi-temps. Repartir. Je suis un peu diesel, j’ai du mal à repartir. Me re-concentrer sur les joueurs. Réintégrer la partie.
Si on mène largement, j’ai envie que ça ne s’arrête jamais.
Mais ne mener que par un seul but d’écart. Voir des adversaires dangereux. Alors sentir monter l’adrénaline. Peur de perdre. Stop. Arrêter le jeu. En finir. Vite.
Quand on est menés, je souffre. Je crie : « C’est quoi cette passe ? ». Quand on mène, il faut positiver : « Tenez bon les gars ! ». Ici, on veut voir nos joueurs mouiller le maillot. Se jeter sur la balle. Construire ensemble.
On a marqué ! Me lever. Sauter en l’air. Battre l’air de mes bras. Me laisser submerger par la joie qui emplit le stade. Embrasser mon voisin. Ça été dur de marquer un but. On y est arrivés tous ensemble.
On encaisse un but ; je prends un coup sur la cafetière. Je crie : « C’est pas possible ! Je le sentais. Pourquoi ils ont fait ça ? ». Puis, relever la tête, évaluer le temps qui reste, calculer les probabilités de revenir au score.
Revenir au score, gagner après avoir été menés : c’est formidable. Mais mener 2 à 0 pour perdre 2 à 3, terrible. C’est la vie. C’est toute la vie. Tout ce que je vivrais en vingt ans, en trente ans, en quarante ans, concentré en une heure et demie. J’aime ces rebondissements. Voilà , j’ai besoin de ces hauts et ces bas. J’en ai besoin et j’aime ça.
On a gagné : au coup de sifflet final, la pression tombe. M’asseoir. Souffler. Respirer. Bon, on a gagné.
On a perdu : je suis médusé. Ma respiration est bloquée. Ne pas partir tout de suite. Accepter l’état des choses. Reprendre mes esprits. Rester pour partager aussi la défaite. Quand on a perdu c’est encore plus dur de quitter le stade. »