Onzième épisode des confessions d'Helder Postiga à son docteur, par Rising42. A savourer sans modération !


Bonsoir Docteur !!!!!!

Vous n’êtes pas couché à cette heure tardive ?… Je me suis dit qu’il y avait longtemps que je ne vous avais pas vu alors je suis venu vous rendre une petite visite pour vérifier si tout va bien pour vous… Parce qu’avec tous ces dingues que vous écoutez quasiment à longueur de journée, vous devez être épuisé.
C’est comme moi… Je suis crevé… Non, pas à cause du match de ce soir !… C’est plutôt mon environnement qui m’épuise. Docteur, vous connaissez sans doute le film Vol au-dessus d’un nid de coucou ?... Eh bien j’ai la nette impression que je joue dans un remake, dans le rôle du seul personnage lucide et sain d’esprit qui cherche à sortir les autres de leur délire… Moi j’ai tout essayé… Je leur ai chanté du fado… Je leur ai joué de la guitare portugaise… J’ai vendu tous mes vêtements rouges et bleus sur eBay… J’ai demandé à Sébastien Mazure de repeindre ma Porsche en vert… Je ne mange plus que des haricots verts, des petits pois, de la laitue, du chou, des concombres, des poivrons… Je ne bois que de la menthe à l’eau… Eh bien, rien n’y fait… Personne ne remarque mes efforts… Je nage toujours dans un océan de folie. Docteur, j’ai bien peur que l’on ne m’ait pas dit la vérité lorsque j’ai signé mon contrat, en omettant de me préciser que les acteurs qui font partie de la distribution ne sont pas en réalité de vrais acteurs, mais qu’ils sont plus vrais que nature : d’authentiques attardés mentaux échappés de l’hôpital psychiatrique de Rodez.

D’abord, le début de la semaine a été triste… Très triste… Car l’un des nôtre nous a quitté… Salah Khaldi… Sa seule folie à lui était d’aimer les Verts à en sourire, à en imprégner son environnement de bonne humeur et de convivialité. Un vrai supporter, qui a rejoint en fusée directe sans escale le paradis vert, juste au-dessus du stade, pour s’installer à une bonne place sur son nuage moelleux les soirs de match.

Pour le reste… Secondaire… Si vous saviez, Docteur, tout ce que j’ai enduré . Je vous raconte, si vous avez deux minutes…

Mardi, le petit excité avec l’écharpe verte m’a demandé de participer une nouvelle fois à la promotion des produits de la boutique des Verts. J’avais déjà posé pour des photos, en arborant des porte-clés en guise de boucles d’oreilles… Vous auriez vu ça, Docteur, on aurait la Vache-qui-rit-vert…
Mercredi, on m’a habillé d’une grande barboteuse avec, sur le ventre, une panthère qui se fend la gueule en criant : Allez les Verts, et on m’a affublé d’une bavette autour du cou…
Jeudi, j’ai tourné une vidéo… J’étais dans un lit recouvert d’une couette verte, avec un nounours vert… J’étais vêtu d’un pyjama vert, et je faisais semblant de dormir, avec une tétine verte dans la bouche pour me la fermer, jusqu’à ce qu’un réveil médiéval vert se mette à sonner dans un fracas assourdissant… Vous auriez entendu ça, Docteur, une vraie machine à vapeur qui faisait un bruit de bombe à retardement, un peu comme les réveils que l’on voit dans les dessins animés, avec des moustaches en guise d’aiguilles. Au bout de la dixième prise, comme je m’étais à peu près habitué à ce tintamarre, je m’étais assoupi, et lorsque la sonnerie a retenti, j’ai sauté de peur tellement haut que j’ai percuté le néon du plafond et je suis retombé comme une masse sur le lit que j’ai pulvérisé… Et tout cela sous les hurlements de rire de Fred Piquionne qui, attendant l’ordre du photographe pour enfiler le dernier modèle de couches culottes vertes anti-fuites, parfumées à l’odeur d’avant-match de pelouse arrosée, barbotait dans un bassin gonflable vert, entouré de canards verts qui faisaient : coin coin fouilla ! en remuant leurs derrières, .
Mais, vendredi, Docteur, le petit excité à l’écharpe verte, escorté par l’agité du bocal aux yeux en conflit permanent et par Jacky Chan qui cassait des briques, comme tout comptable qui se respecte, le petit excité, donc, a voulu que j’essaie le papier hygiénique sur lequel sont imprimés les comptes rendus des matches… Vous imaginez ma tête à ce moment-là, Docteur ! J’ai refusé tout net… Ils ont insisté… J’ai persisté dans mon refus, mais, parce que je suis gentil, et pour ne pas trop les fâcher, comme pour m’en débarrasser d’ailleurs, je leur ai dit que je serais éventuellement disposé à faire la promotion de leur papier hygiénique à deux conditions : si les articles de But ou de l’Equipe y étaient imprimés en continu avec l’effigie de Bernard Lions… Tiens, il porte bien son nom, celui-là… Ou bien si ce papier de malheur était aux couleurs de nos voisins et néanmoins ennemis rhodaniens. Eh bien, vous ne me croirez pas, Docteur, mais ils m’ont dit qu’ils allaient réfléchir à mes propositions… Rien ne peut les arrêter… Et rien que de penser qu’ils risquent de revenir à la charge, ça m’a fichu la courante… Et pendant ce temps-là, Piquionne faisait, à mon attention, un geste de la main droite, frottant le pouce et l’index… Je n’ai d’ailleurs pas compris ce qu’il voulait me dire… Il faut dire, Docteur, que d’habitude, on comprend toujours très bien les gestes de Fred… Surtout pendant les matches, quand il fait un appel de balle et qu’il saute en l’air en remuant les bras comme un sémaphore pour attirer l’attention de ses coéquipiers et de toute la défense adverse. Moi, je vous le dis, Docteur, Fred a une carrière toute tracée pour le jour où il en aura assez de se faire remarquer… Je le verrais bien gardien de phare à Saint Malo… Surtout qu’on l’apprécie beaucoup par là-bas…

Docteur, il faut que je vous dise que je me fais beaucoup de soucis pour Fousseni Diawara… Durant toute la semaine, il a fredonné une chanson bizarre et cadencée :

Ho ! Hé ! Hein ! Bon !!!

Où est-ce que j’ai mis mes outils,
Ma pipe et mon parapluie,
Ma belle sœur, mon tambour,
Et ma tante de Saint-Flour,
Oui je sais je perds tout, mais ce que j’veux pas,
C’est qu’on se moque de moi.
Ho ! Hé ! Hein ! Bon !!!

Où sont mes gouttes, mes pastilles,
Mon maillot, ma camomille,
Ma potion, mon sachet,
Mes godasses et mon bonnet
Oui je sais, je perds tout, mais ce que j’veux pas,
C’est qu’on se moque de moi.
Ho ! Hé ! Hein ! Bon !!!

La la la la… La la la… La la la la la la la…


Un autre copain m’inquiète… C’est Janot… Ce garçon fait tout avec les pieds… Il m’a déjà réduit en miettes deux guitares en sautant dessus comme un marsupilami… Il ferme aussi la portière de sa voiture en faisant pivoter son corps et en lançant sa jambe à la vitesse de l’éclair. Pour ouvrir la porte des vestiaires, il innove en se jetant en l’air à plus d’un mètre de haut et en la percutant des deux pieds. Rien ne lui résiste. Le matin quand je veux le saluer, je ne peux pas lui serrer la main, de peur de prendre un de ses pieds, voire les deux, dans la gueule… Je lui fais juste un signe en me tenant à distance respectable. Janot se sert de ses pieds comme Piquionne se sert de sa tête… Ce qui explique que les pieds de Janot soient vides… Euh. Je veux dire, pas très causants… La seule conversation possible avec lui consiste à émettre des cris stridents… Seul Jacky Chan y parvient… Docteur, si vous voyiez un débat entre eux deux, vous vous croiriez dans une avenue de New York au milieu des voitures de police qui foncent sirènes hurlantes…

Perquis n’est pas très clair non plus. Ben quoi, Docteur, vous savez bien… Perquis… Le jeune grand viking, qui a joué dans Troie avec Brave Type, et qui a été figurant casqué dans La Grande vadrouille… Lui, il a été engagé pour dégager le ballon… On lui a dit de taper dedans dès qu’il passe devant son champ de vision… Ce dont il ne se prive pas… D’autant qu’il a la vue large… Même que souvent il rate la balle et dégage l’adversaire… Quand il joue, on est obligé de placer des ramasseurs de balle sur le parking, et les hôpitaux sont en état d’alerte maximale… C’est un sanguin, Perquis… Avant les matches, il est tout blanc, mais dès qu’il joue… Enfin… Dès qu’il tape dans le ballon ou sur quelque chose, il devient tout rouge… Perquis percute aussi… Avec tout ce qui lui tombe sous la main… Ses pieds notamment… Surtout depuis qu’il a de mauvaises fréquentations avec Janot… Quand je dis qu’il percute… Je dois dire quand même qu’il a une percussion très lente entre les oreilles… Cette semaine, il était en grande conversation avec Piquionne, et tous les deux avaient l’air d’être d’accord, ponctuant leur débat de mouvements positifs de la tête. Je crains qu’un de ces matches, Perquis ne nous décapsule de la tête un joueur adverse. Le coach l’appelle Orangina… Parce qu’il faut l’agiter avant de s’en servir… Moi je l’appelle Upercut. C’est notre Rambo à nous… Notre Obélix maigre… Notre australopitèque, digne héritier des guerriers des cavernes… Toujours là quand il faut exterminer un ennemi… Si on l’emmène à Lyon pour le derby, Gerland ne sera plus qu’une ruine fumante… Remarquez bien, Docteur, que c’est déjà une ruine… Mais Perquis, Docteur, il va nous la consumer…

Ilunga n’est pas un sanguin, ou alors ça ne se voit pas. Si le registre de Perquis se situe plutôt dans la boucherie en gros, Ilunga, qui évoluait en fin d’année dans le genre garçon boucher des abattoirs, s’est plutôt orienté dans la charcuterie fine… Enfin, fine… C’est une façon de parler… Il passe son temps à rigoler, à se taper sur les cuisses et à chambrer le gentil Dabo qui se demande si c’est du lard ou du cochon… Enfin, là aussi c’est une façon de parler, puisque Dabo n’a pas droit au cochon, et je frise ici la caricature… Si vous voyez ce que je veux dire, Docteur… Vous ne voyez pas !... Ben moi si…

Et puis, il y a le cas Feindouno. Pascal est dépressif. Depuis qu’il est revenu d’Egypte, il est morose. Il écoute sans arrêt les prévisions de la météo et il a sombré dans les livres… Qui l’eut crû… Les atlas… Les guides touristiques culturels, comme Ibiza la nuit, Valence la nuit, Séville la nuit, Majorque la nuit… Des romans même : Mes Nuits sont plus belles que vos jours, Voyage au bout de la nuit, La Nuit est mon royaume… Il m’inquiète parce qu’en plus il ne parle que de soleil. J’ai beau lui expliquer que la soleil se couche durant la nuit, comme moi d’ailleurs, il n’a de cesse de répéter que pour lui le soleil ne brille que la nuit, que le soleil de ses nuits est en Espagne. Moi je lui ai dit qu’en décembre je ne voulais pas aller au Spartak de Moscou et que je m’y suis retrouvé malgré tout, et qu’ainsi s’il veut aller jouer en Espagne l’an prochain, il risque d’y passer seulement quelques semaines avant d’être envoyé en stage au Zenith de Petraouchnok où il connaîtra une autre nuit, celle des steppes balayées par le vent et la neige… Mais il a replongé aussitôt dans ses livres…

À part ça, Docteur, vous connaissez les autres acteurs du groupe… Je vous en ai souvent parlé… Pour eux, il n’y a aucune évolution. Sauf pour Mazure qui fait un stage à mi-temps chez Castorama… Le matin, il s’entraîne… Le reste du temps, il apprend de nouveaux procédés de plâtrerie et de ravalement de façade, car le coach lui a demandé de rafraîchir le Centre de formation de l’Etrat, et de restaurer la cathédrale Saint Charles, un gothique écossais flamboyant, dans le cadre d’un partenariat sport-culture.

Piquionne fait des mots croisés. Mais il n’est pas doué. Par exemple, hier il cherchait, en neuf lettres, le nom d’un joueur de football qui commence par un P , qui joue en vert, qui rate toutes ses occasions et qui a une tête de casse-noisettes. Il me demande si je ne vois pas qui ça pourrait bien être… Je l’ai tout de suite reconnu, mais par politesse, je lui dis que je ne vois pas, et il me demande si par hasard ça ne pourrait pas être moi… Je lui dis que Postiga ne compte que sept lettres… Il tombe des nues, croyant que je m’appelais Postigoal en neuf lettres… Docteur, je me demande vraiment comment j’ai pu atterrir sur cette planète.
Aujourd’hui, Docteur, nous avons joué un peu plus tôt que d’habitude, à 18 heures, contre un grand d’Europe, le Racing Club de Strasbourg. Ach !!! So !!!... Des gens charmants, qui aiment bien boire et manger. Ils sont arrivés au stade sur deux rangs et marchaient au pas comme un escadron militaire en chantant :

Eins, zwei

D’r Hàns im Schnockeloch
Hett àlles wàs er will
Un wàs er hett,
Dàs will er nitt,
Un wàs er will,
Dàs hett er nitt.
D’r Hàns im Schnockeloch
Hett àlles wàs er will.

Drei, vier,

Chaime le chambon et la zaucisseuuu
Chaime le chambon kant il est pon!
Mais chaime encore mieux le lait de ma nourrize
Chaime le chambon et la zauci i sseuuu
Chaime le chambon z'est bon!

Poire un betit koup z’est akréapleuuu,
Poire un betit koup z’est pon,
Mais il ne vaut pas rouler dezzous la tapleuuu,
Poire un betit koup z’est akréa a bleuuu
Poire un betit koup z’est douxeuu…

Links… Links… Links…



L’Alsacien est une très belle langue. Ça ressemble à l’allemand, mais ce n’est pas de l’allemand. Bien que lorsque les Alsaciens parlent entre eux, on ait constamment l’impression qu’ils s’engueulent. Ils crient comme des sauvages et hurlent de rire en se tapant sur les cuisses, comme Ilunga, qui n’est pas Alsacien, je précise… Enfin, je ne sais pas trop… Pour parfaire ma culture française, j’ai lu dans le Journal de Mickey ou dans Astérix, je ne sais plus trop, que les Alsaciens ne se marient qu’entre eux… Je veux dire entre eux et elles… Vous me suivez, Docteur… Vous savez pourquoi ? Parce que chaque fois qu’un Alsacien fait une demande en mariage dans sa langue à une Française qui n’est pas de là-bas, quand elle ne s’enfuit pas en appelant sa mère, elle reste figée et s’effondre, raide de peur et d’effroi, inanimée… Sans doute à cause de la douceur romantique du langage ou de l’haleine alcoolisée du prétendant… Nuno Mendes, un copain portugais qui a joué jadis à Strasbourg, m’a raconté que les Alsaciens sont très attachés à leurs racines, sauf Pagis et Niang qui sont partis à Marseille. Je m’en suis rendu compte ce soir car dans les couloirs des vestiaires ça sentait, comme à Düsseldorf, la bière et la saucisse, et on les entendait qui exprimaient la nostalgie de leur pays en entonnant ce chant terriblement émouvant :

Eins, zwei !

Ch’ai fu le ziel d’Helvétie,
Et zes chalets et zes klaciers,
Ch’ai fu le ziel d’Italie,
Et Venedig, et zes kontoliers,
Ch’ai fu le ciel de Sainté,
Et zes mines et zes krassiers,
Mais rien n’est plus peau que mon bays
Ch’irai refoir mein Elsaβ land,
Z’est le bays qui m’a tonné le chouuuuuuur !!!...


J’avais les larmes aux yeux. Jusqu’à ce que je tombe en arrêt sur l’arbitre à la noix qui nous avait déjà arbitrés à Nice et à Paris. Il dégaine ses cartons plus vite que son ombre. Le Lucky Luke de l’arbitrage. Je ne comprenais pas pourquoi Omar, le chien de garde, le Rantanplan de Geoffroy Guichard était si joyeux lorsqu’il a appris sa venue. Fred Piquionne a amené toute sa collection de bandes dessinées pour les lui faire dédicacer, et pour le flatter afin d’obtenir les trois penalties qui manquent à notre compteur. Parce que Docteur, il faut bien savoir que Fred est un faux cul, doublé d’un vrai cul lorsqu’il joue.

À notre entrée sur le terrain, le public était joyeux et chantait comme à son habitude. Il y avait encore plein de lecture dans les tribunes, mais plutôt au sud cette fois-ci. Certains titres semblaient reprocher à quelqu’un de porter une moustache... Un dénommé Thiriez, je crois… Et puis, le public manifesta pour une fois de l’affection pour la Ligue, avec des mots de soutien et un superbe tifo aux couleurs de Montpellier.
La première mi-temps fut tranquille… Pour certains du moins… Toujours les mêmes… Moi, j’ai couru à droite, à gauche, mais surtout pas au centre où l’on m’a bien expliqué que c’est l’espace réservé pour Piquionne, qui passe son temps à droite. Strasbourg ne donnait absolument pas l’impression de devoir gagner impérativement chez nous pour se sauver de la relégation. Le jeune Dabo se débrouillait assez bien, pour ne pas dire fort bien, à un poste qui n'est jamais le sien, et tentait même un beau tir cadré, une des rares occasions de la première période. Il y eut bien ce tir de Piquionne qui érafla le poteau de corner. Sinon, rien d’autre à offrir aux tribunes impatientes. Je ne peux rien vous dire de plus, Docteur, si ce n’est que Piquionne trouva encore une fois que l'étroitesse des cages est proprement scandaleuse... Il milite d’ailleurs pour leur élargissement de 3 mètres de chaque côté... Il a même voulu m’emmener manifester samedi après-midi en ville pour soutenir le comité pour l’élargissement, le C.P.E.
Le coach restait sans voix dans les vestiaires, décontenancé devant ses joueurs… Comme un couple qui n’a plus rien à se dire après 60 ans de mariage… Et puis, Docteur, il faut bien reconnaître qu’avec un troupeau d’ânes qu’il ne parvient plus à faire avancer, après avoir essayé la carotte, la psychologie, l’amour, le lyrisme, il ne lui reste peut-être plus qu’une solution : le coup de pied au cul… Et se sent-il capable de l'appliquer ?...
Puis la seconde période débuta… Toujours sur le même rythme… Feindouno dormait en marchant, afin de préserver ses forces pour la nuit endiablée qui l’attendait. Et lorsqu’il ne dormait pas, il s’évertuait à passer le ballon à Piquionne qui le gâchait, ou bien relançait en retrait sur Sablé qui relançait en retrait sur Camara qui relançait en retrait sur Janot qui relançait en touche. Moi je sentais que nos affaires allaient mal tourner, et Janot nous sauva au prix d’une envolée exceptionnelle, en détournant la balle sur la transversale. Mais ce qui devait arriver arriva … Les Strasbourgeois prirent confiance et commencèrent à croire à l’exploit. C’est ainsi qu’à la 60 e minute, Farnerud lança Diané qui accéléra à la limite du hors jeu avant de glisser, dans un angle fermé, le ballon entre les jambes de Janot. Nous nous trouvions dans une sale position, Docteur, comme cela nous arrive bien trop souvent lorsque nous sommes obligés de courir après le score. Et bis repetitae pour Strasbourg, un quart d’heure plus tard… 5 minutes après son entrée en jeu, Farnerud, l’autre… C’est plein de Farnerud à Strasbourg… Farnerud bis, donc, marqua le deuxième but en deux temps, après que Janot ait repoussé une première tentative. Puis ce fut encore un tir sur le poteau des Strasbourgeois…
Le coach fit alors appel à Mazure, fort mécontent qu’on l’interrompe dans le travail de torchis qu’il était en train de réaliser dans les toilettes, surtout pour aller se faire torcher. Enfin, c’est ce qu’il m’a dit une fois sur le terrain, mais je n’ai pas saisi le sens des mots.
Il était temps que ce cauchemar se termine… Sous les sifflets de notre public et la sortie désinvolte de certains joueurs qui ne sont manifestement déjà plus là… Déjà ailleurs… En Angleterre ou en Espagne…
Docteur, j’ai fait ce que j’ai pu… Je n’ai pas été bon… Car pour briller il ne faut pas être seul à se battre… Même Ronaldinho n’aurait pas été bon… Mais lui au moins il est moins bête que moi… Il ne serait jamais venu dans cette galère.

Je suis bien fatigué, Docteur…
Vous n’auriez pas un petit remontant des fois ?...

Auteur : Rising42