Lorient vit une saison difficile sur le terrain et en coulisses. Il n'y a que l'infirmerie qui rayonne par son activité débordante - ce qui n'est jamais bon signe.
Avec sa défaite dans le Chaudron à l'aller, Lorient a perdu sa place de meilleure bête noire des Verts. Reste un fait : jamais les Verts n'ont triomphé au Moustoir.
1- Le parcours
Lorient a commencé la saison comme un possible relégable : 11 points lors des 13 premières journées, l'avant dernière différence de buts du championnat (-12 !), une guerre intestine entre le coach et le président... Et puis, le large succès 0-4 à Annecy a lancé un cycle impressionnant de 5 victoires et 1 nul avant la trêve, repositionnant presque les Merlus comme des outsiders possibles à la qualification européenne !
Noël a cassé la dynamique. Eliminés à Yzeure (CFA) pour la rentrée, les Lorientais sont en train de sombrer à nouveau. Seul Guingamp n'a pas réussi à passer un but aux morbihannais (ce sont d'ailleurs les seuls à avoir perdu face aux Oranges en 2014). La situation n'est pas encore dramatique. Mais avec en arrière plan un possible départ du coach (en fin de contrat) et des tacles à répétition dans la presse envers les joueurs, l'ambiance est pourrie sur les bords du Scorff.
2- L’effectif
Lorient fait partie de ses rares clubs où il y a des choses à dire sur les gardiens - trois portiers présentent un temps de jeu significatif ! Commençons par le n°1 : Fabien Audard. L'historique gardien merlu n'est décidément plus inoxydable, et accumule les pépins physiques. Voilà qui laisse de la place pour un jeune à intégrer au fur et à mesure, l'ancien dijonnais Baptiste Reynet, recruté cet été... Sauf que Reynet déçoit, et Chaigneau est clairement passé devant lui dans la hiérarchie.
Pour le reste, Gourcuff n'a pas utilisé le mercato d'hiver ni pour renforcer son effectif, ni pour l'alléger. On garde donc les mêmes à tous les postes...même si les choix ont évolué depuis le match aller.
En défense centrale, Ecuele Manga, Koné et Lautoa se partagent le temps de jeu - il y en a toujours un d'absent, ou presque. Lautoa, plutôt aligné au milieu à l'origine, a échangé sa place avec Grégory Bourillon, qui ne s'occupe plus que de l'entrejeu. Sur les côtés, Gassama a reconquis sa place à droite devant Baca.
A gauche, tout irait bien, si le titulaire (Guerreiro) et son remplaçant habituel (Barthelmé) n'étaient pas blessés... Gourcuff choisira-t-il de relancer Pedrinho (7' de jeu en L1 cette saison), de décaler Lautoa (comme il l'a fait après la sortie de Barthelmé lors du dernier match) ou d'expérimenter quelque chose de nouveau - Baca en latéral inversé, par exemple ?
Dans l'entrejeu, on sent que le Guardiola morbihannais aimerait pourvoir aligner plus souvent Bourillon et Alain Traoré, le premier consolidant l'assise défensive et le second se projetant vers la ligne de 4 offensifs. Pourtant, là encore, il doit souvent bricoler. Coutadeur, le candidat le plus sérieux, n'est disponible qu'une fois sur trois : cela laisse de la place au jeune Doukouré, dont le premier test, à Geoffroy Guichard, avait été raté. Jouffre, parfois, dépanne, quand vraiment plus personne n'est là. Abdullah et Reale sont excellents dans leur rôle de plante verte.
Devant, un quatuor a émergé du lot : Aboubakar/Aliadière dans l'axe, Monnet-Paquet à gauche, Jouffre à droite. Sadio Diallo participe à presque tous les matches, mais essentiellement en tant qu'entrant. Tous les autres (Sunu, Azouni, Robert, Pelé...) sont là pour faire joli dans le paysage.
L'équipe possible : Comme toujours avec Lorient, il faudrait déjà savoir qui est apte à 100% pour se lancer dans des pronostics. Ce qui est certain, c'est que c'est l'hécatombe en défense : les deux candidats à gauche sont out, et il manque l'un des centraux (Koné), ce qui désinciterait même le plus téméraire à décaler Lautoa dans le couloir. A moins que Gourcuff ne prenne le risque de redescendre Bourillon aux côtés d'Ecuele Manga et de faire confiance à un entrejeu Doukouré-Traoré...ou de titulariser l'homme de verre Coutadeur pour son retour après 3 mois d'absence.
Devant, ce n'est pas les blessures qui posent question, mais on n'est pas à l'abri de la nouveauté. Gourcuff vient d'en mettre plein la tête à Aboubakar par presse interposée ; et vu l'indigence des résultats (une seule victoire depuis le début 2014...), le coach merlu sera peut-être tenté d'expérimenter face à Sainté.
Bref... Je préfère parler des équipes de René Girard et d'Elie Baup ; au moins, on y voit clair.
3– Souviens-toi la dernière fois
Le match aller a été le seul rayon de l'été indien pourri des stéphanois - victoire 3-2. Et pourtant... Malgré des entames de périodes tonitruantes (ponctuées notamment de deux buts sur coups de pieds arrêtés dans le premier quart d'heure), les Verts n'arrivent pas à tuer le match et, fébriles derrière à l'image de Zouma et Ruffier, se feront peur jusqu'au bout.
D'un point de vue tactique, ce match est une illustration parfaite de l'efficacité et des limites du 4-2-3-1 qu'aligne régulièrement Galtier : quand la disponibilité et l'impact physique sont là, ça roule ; dès que la fatigue favorise la création d'espaces et la perte de duels, on tremble.
Quant à Lorient : globalement dominés, les Merlus n'ont pas lâché. Leur jeu simple, basé sur un pressing haut et une recherche rapide des attaquants, a failli suffire. Même diminués et dans une mauvaise passe, il ne faut pas sous-estimer ces bretons-là.