Et comme le héros du roman de Louis Pergaud qui pleurait ses boutons et lacets dérobés par les Velrans, il a regretté son déplacement samedi soir à Bolée.
Faut dire qu’à l’issue d’un match, où la défaite parut vite aussi déprimante et inexorable qu’une rentrée scolaire, il en fallait de la force pour découper la forêt d’idées noires qui cachait l’arbre de l’espoir. Las, il finit, dans un réflexe salutaire de relativisation (qui atteste indéniablement de son appartenance au peuple vert) par me lâcher un « c’est grave si on perd ? ».
Bonne question…Ca faisait un moment que mon esprit atterré par ces 90 minutes pas terribles voire pathétiques cherchait dans le passé d’éventuels motifs d’espoir. Car face au néant absolu (pas d’envie, pas d’idée, pas de jeu, pas de révolte) que nous ont servi nos chasseurs de primes, il fallait convoquer sa mémoire pour ne pas sombrer. Penser très fort à Nice-Sainté, Nancy-Sainté ou Lille-Sainté de l’an dernier et à l’état dans lequel ces 3 sorties nous avaient laissé. Puis se rappeler qu’on s’en est remis, et plutôt joliment. Une histoire de bout de tunnel qui ne serait pas si loin, de simple faux départ…
N’empêche, m’asseoir dans ces tribunes tubulaires de rien, surtout pas de stade de L1, voir ce public gentillet s’enflammer à cinq minutes de la fin quand la victoire semble assurée (après les corners à la rémoise, les publics à la beauvaisienne…), penser qu’on a perdu face à une équipe dont la saignée estivale correspondrait chez nous aux départs simultanés de Feindouno, Gomis, Tavlaridis, Matuidi et Dernis, même en rationnalisant à l’extrême, les bleus s’accrochent autant à l’âme qu’une tâche tenace sur du linge qu’aurait pas tâté du nouvel Omo.
Heureusement avant d’affronter les vilains Velrans, mon fier P’tit Gibus à qui j’annonçais le programme des réjouissances dominicales me sortit un osé-Joséphine « Cette fois on les bat, on fait pas 1 partout ». Kiplingien jusqu’au bout des ongles, mon Tigibus, à qui, si j’avais plus étudié au lieu de ne penser qu’au foot, j’aurais pu répondre que Si tu rencontres Triomphe après Défaite, tu seras un homme, mon fils.
Bon, on tapera pas le Vilain à coups de citations, faudra plus classiquement montrer qu’on sait réagir, qu’on trouve enfin cet esprit Materrazzi, et que, même si Piniok le traître chef des Velrans nous a traité de cons, d’andouilles, de voleurs, de cochons, de pourris, de crevés, de merdeux, de couilles molles... , nous les Longeverne si nous ne sommes pas des andouilles, des jeanfoutres, des lâches, on leur z’y fera voir si on en est des couilles molles et bon Dieu ! Il n’y a pas à rebeuiller plus longtemps, il n’y à qu’à se venger, na !
On devrait jamais grandir. Enfin, j’veux dire nous, les sups, parce que pour ce qui est de notre équipe, il s’agirait qu’elle acquière enfin le statut supérieur, qu’elle remette la main sur le costume de cador essayé au Printemps dernier et qui (au moins à nous) allait comme un gant.
A l’équipe qui a su si bien réagir l’an dernier il serait bon que succède un groupe jamais rassasié de victoire, un groupe, qui partout et toujours cherche à imposer son jeu, un groupe qui haïsse la défaite autant que les primes non versées, un groupe qui ne se satisfasse pas d’une gloire éphémère.
Un groupe qui réinstalle durablement le club tout en haut de l’affiche. C’est ambitieux ? Oui, mais c’est l’ASSE, et qu’ils se rassurent, y aura une prime au bout !
« La victoire en chantant nous ouvre la barrière… »