A la veille des retrouvailles entre Lyon et Sainté, Grégory Coupet a eu la gentillesse de nous livrer ses sentiments sur l'équipe de France, sur le renouveau de l'ASSE et sur le derby.

Grégory, au sujet de votre blessure, je me demandais si par hasard ce ne serait pas Lionel Potillon qui, pour avantager les Verts, aurait fait exprès de vous lâcher une étagère sur la main…

 

(Rires) Je me le demande… Je me demande s’il n'est pas derrière tout cela. Non, Popote ne ferait jamais rien qui puisse nuire à ma carrière. Cela ne peut pas être Popote ! (rires)

 

Qu’en est-il de votre blessure en fait ?

 

 Cela pourrait aller mieux… J’ai quand même quatre points de suture sur l’index droit et deux sur le majeur, avec des strips aussi… C’est vrai que pour un gardien il n’y a pas pire comme soucis on va dire. Même s’il n’y a pas de bonnes blessures mais c’est vrai que pour un gardien c’est embêtant.

 

A-t-il été difficile de vous motiver pour le championnat après la déception de ne pas avoir joué en Coupe du Monde ?

 

Pas du tout. Non, non, vraiment pas. C’est toujours autant de plaisir d’aller en équipe de France, autant de fierté. J’ai pour habitude de savoir me remotiver après les déceptions. C’est comme cela qu’on arrive à construire une bonne carrière. J’ai pris cela comme un bon coup de pied aux fesses et puis je suis revenu motivé après les vacances donc il n’y a pas de soucis.

 

Mais n’est-il pas difficile après avoir vécu les émotions de la Coupe du Monde de se motiver pour aller jouer à Lorient ou au Mans ?

 

Non, il n’y a pas de problème… C’est vrai que la déception d’avoir raté un tel évènement… On se dit que c’était la dernière occasion… Mais ça va… Tant pis, c’est passé. Des déceptions j’en ai eu d’autres. J’ai raté les JO pour quelques heures aussi donc je crois qu’il n’y a plus grand-chose qui peut m’atteindre.

 

Parmi les joueurs ayant évolué à Sainté et à Lyon, ou plus généralement parmi les joueurs lyonnais, vous faites partie de ceux qui n’ont jamais renié leur passage chez les Verts ni jamais critiqué l’ASSE. Cela vous a-t-il parfois créé des problèmes avec les supporters de Lyon ?

 

Bien sûr ! Bien sûr ! Bien sûr ! Quand je suis arrivé à Lyon, c’était une tare de venir de Sainté. Et puis par la suite, même deux ou trois ans après mon arrivée, c’était la première réflexion que j’entendais si je faisais un mauvais match, que je ferais mieux de rentrer à Sainté. Ensuite, au fur et à mesure, les résultats aidant, et bien c’est passé. Mais c’est vrai que je n’ai jamais renié d’où je venais. Au contraire, c’est peut-être aussi ce qui fait ma force. J’ai eu la chance de connaître tout de suite à Sainté une pression populaire qui me permet aujourd’hui d’être plutôt détendu avec ça et d’avoir un contact simple et privilégié avec les supporters. Aussi bien lyonnais que stéphanois.

 

Lorsque vous êtes parti de Sainté, c’est dans un contexte sportif peu reluisant et vous avez quand même ressenti une vraie pression populaire…

 

(il coupe) Mais Sainté, même quand vous êtes au centre de formation, que vous n’êtes encore rien, que vous n’avez rien prouvé, vous êtes déjà tout de suite reconnu. Je me souviens qu’à mon époque il y avait déjà un journal qui sortait à chaque début de saison sur tous les jeunes du Centre de Formation avec nos photos, et tout de suite en ville on nous reconnaissait ! Sainté c’est vraiment un village et il n’y a pas une conversation sans parler football.

 

Les dernières fois où vous êtes venu à Geoffroy Guichard, il y a eu des sifflets…

 

C’est toujours décevant parce que sur une tribune de mille personnes s’il y en a un qui siffle, on n’entendra presque que celui-là. C’est le problème… Ceci étant dit, cela fait maintenant presque dix ans que je suis parti et je pense que les jeunes qui encouragent les Verts derrière les buts ne sont pas conscients de ce que j’ai fait à Sainté ni même que j’étais à Sainté avant. Maintenant, ils ne sont plus trop touchés. Mais j’ai régulièrement des lettres de supporters stéphanois m’expliquant qu’ils n’ont pas oublié et que quand je suis parti cela a notamment permis de sauver le club financièrement.

 

Pourriez-vous nous rappeler le contexte de votre départ de Sainté pour Lyon ?

 

On était descendu en D2, cela faisait donc six mois qu’on jouait en D2 et il y avait de gros soucis financiers. Sainté n’avait pas le choix, il fallait absolument vendre du monde pour renflouer les caisses. A ce moment là Lyon a contacté Sainté et le club n’a pas pu faire autrement que d’accepter la proposition. D’un côté j’ai accepté aussi mais on n’avait pas vraiment le choix. On ne m’a pas proposé d’aller à Lyon, on m’a demandé d’y aller si possible…

 

Ce n’est pas facile à dire pour un supporter des Verts, mais sportivement c’était le bon choix …

 

La suite le dit mais il était difficile de dire d’entrée que ça allait marcher parce qu’il y a tellement d’animosité entre les deux clubs que quand je suis arrivé, j’avoue que j’en ai bavé… J’en ai bavé pour réussir à m’imposer et même pour seulement me faire accepter ! Je me souviens des entraînements… A l’époque les supporters étaient vraiment au bord du terrain et je me faisais copieusement insulté. Dès que je prenais un but de Cavéglia, de Maurice, de Giuly , on me disait : Â« Ã§a c’est un vrai but de Lyonnais Â»â€¦

Mais cela renforce mentalement. Quand je vous dis qu’il ne peut plus rien m’arriver, ce n’est pas le fait d’avoir raté une Coupe du Monde qui va me rendre malheureux. A côté je suis conscient de la chance que j’ai, que tout va bien, que mes enfants vont bien. Et je sais que c’est bien cela le principal.

 

On entend régulièrement Jean-Michel Larqué dire lors des retransmissions : Â« Grégory Coupet, formé au Puy-en-Velay Â». Alors, Grégory Coupet, formé au Puy-en-Velay ou à Sainté ?

 

C’est les deux. J’ai commencé à être formé au Puy mais c’était de l’ordre de l’amateurisme et puis j’ai ensuite été formé professionnellement à Saint-Etienne. On peut faire cette distinction là.

 

Vous êtes arrivé à 17 ans…

 

Oui, j’avais déjà signé un contrat d’aspirant au Puy, je suis donc arrivé en tant qu’aspirant deuxième année à Sainté.

 

Avez-vous gardé des contacts de l’époque avec…

(il coupe) Bien sûr ! Christophe Médaillon, Sébastien Pérez, Lionel Potillon.

 

Compte tenu de votre expérience du haut niveau et de votre connaissance de la Maison Verte, pensez-vous que Sainté est sur la bonne voie ?

 

Quelque part, je l’espère. C’est vrai qu’il y a de quoi espérer. Il y a des prémisses qui sont intéressants. Je pense qu’il y a notamment une complicité devant qui existe et qui est belle à voir. Il commence à y avoir aussi quelques tauliers dans chaque ligne, ce qui est aussi important pour la réussite d’un groupe.

 

Les joueurs de l’OL ont pour habitude de ne pas afficher un excès de confiance mais pensez-vous vraiment que l’équipe actuelle des Verts est dangereuse pour vous ?

 

Bien sûr. Oh oui, bien sûr. Plus que jamais même. On sent qu’il y a une bonne ambiance dans le groupe. On sent que le club aussi est en train de se stabiliser au niveau des staffs et de la présidence surtout. C’est bien. Si la pression populaire et la politique régionale permettent au club de s’asseoir dans une politique durable, je pense qu’il y a de grandes possibilités bien sûr. On sait qu’il y a un impact national important, on sait que l’impact des supporters est important aussi donc tout est réuni.

 

Mais lorsqu’on lit les déclarations de Juninho qui présente les Verts comme un concurrent direct pour le titre, n’est-ce pas un peu forcé ?

 

Non parce que nous on joue le titre et que notamment lors d’un derby, il n’y a plus de question de classement. Mais si en plus Sainté est dans les quatre premiers, alors ça devient… pas problématique mais… ça devient vraiment une menace sérieuse pour nous. C’est vrai qu’on a pour habitude de respecter tout le monde mais c’est comme cela aussi qu’on a réussi à obtenir des résultats ces derniers temps.

 

De manière générale, quelle importance a le jeu de l’adversaire pour l’OL ? Vous vous concentrez uniquement sur votre jeu ou bien vous effectuez des ajustements tactiques selon l’adversaire ?

 

Il y a toujours des ajustements tactiques mais notre priorité est toujours d’exprimer notre football. Et c’est pour cela qu’on a autant de résultats à l’extérieur. On pratique le même football à domicile qu’à l’extérieur, on ne se pose pas de questions. On part du principe que c’est à nous d’imposer notre jeu et c’est ce qu’on essaye de faire.

 

D’un point de vue plus personnel, avez-vous des stats sur les attaquants adverses ? Leur manière de jouer les duels avec le gardien par exemple…

 

C’est assez télévisé pour savoir tout cela. On a des mises au vert régulières, aussi bien à domicile qu’à l’extérieur donc on a à chaque fois des séances vidéo concoctées par Bruno Génésio, Joël Bats, Rémi Garde. C’est généralement bien disséqué donc… En plus ils savent que je suis très demandeur de connaître les gestes préférés… Ils connaissent mes demandes, j’ai besoin à chaque fois de voir comment ils tirent les coups francs, de voir les face à face.

 

Il y a un joueur qui nous étonne depuis le début de la saison, c’est Jérémie Janot. Je ne sais pas si vous avez eu l’occasion…

 

(il coupe) Moi il ne m’étonne pas ! Il est conforme à… C’est un guerrier, c’est un battant. Je trouve ça génial parce qu’il est toujours sur la sellette et ça c’est peut-être ce qu’il y a de mieux aussi, c’est qu’il est obligé de confirmer à chaque fois. Parce que les gens sont toujours réticents compte tenu de sa taille alors que je crois qu’il a tout. Franchement il a tout. C’est vrai que les gens préfèreraient peut-être le voir avec quelques centimètres en plus mais je ne vois pas ce qu’il a à envier à des gardiens de grande taille. Personnellement, à ce poste là, c’est beaucoup plus bandant de voir un gardien sauter aussi haut, se détendre aussi vite, être aussi félin que lui, plutôt qu’un grand qui va moins bouger. Enfin, je trouve que c’est beaucoup plus beau.

En ce moment, il a en plus confiance. Je sais avec qui il bosse et cela ne m’étonne pas que cela se passe aussi bien. Je crois que là aussi il y a une complicité, il y a un bien être qui est réel, et cela se voit. Je crois qu’il a simplement confiance en lui et qu’à force les gens lui rendent. Et cela décuple les possibilités.

 

Avez-vous le sentiment que malgré tous les matches importants que vous êtes amené à jouer, il y a toujours une atmosphère particulière autour du derby ? Pour les joueurs, pour le staff, pour les supporters…

 

Cela reste en derby. Comme je vous l’ai dit, il n’y est pas question de classement. Un derby reste un derby. C’est comme ça.

 

Cela reste donc un match important pour tout le monde…

 

C’est important ! Ah oui ! Bien sûr que c’est important ! Bien sûr ! Bien sûr ! J’avoue que nous quelque part on a moins la tête dans le guidon parce que là, encore, il y a eu les trois quarts de l’effectif qui étaient à droite ou à gauche pour une rencontre internationale. Donc c’est vrai qu’en tant que joueur, le derby il trotte moins dans les têtes que les années précédentes.

 

La pression monte au dernier moment en fait…

 

Oui. Et puis cela ne change pas beaucoup pour nous. Cela reste un match qu’il faut gagner avant tout. Oui, quelque part cela ne change pas grand-chose pour nous. Il y a juste le plaisir de voir cette folie autour. C’est vrai que c’est un peu ce qu’on réclame maintenant en tant que joueurs… Cela ne nous arrive plus de jouer dans des stades vides, à chaque fois c’est plein, tout le monde veut battre Lyon… Donc quelque part pour nous, le derby cela ne révolutionne pas grand-chose… On reste dans la même configuration sauf qu’on sent peut être une attente supplémentaire de nos supporters.

 

A quelle physionomie de match peut-on s’attendre demain d’après vous ? Un match ouvert, un match plutôt tactique, fermé…

 

Je crois qu’il peut être ouvert parce que Sainté a des velléités offensives intéressantes. J’espère qu’ils auront envie de les exprimer… Moi j’ai envie… Enfin, le tout est de savoir s’ils vont jouer avant tout bien défensif… Alors que s’ils expriment leur jeu, là à mon avis cela peut être un match de fous… Parce qu’ils ont vraiment les moyens de marquer… Mais après, vont-ils oser vraiment tenter le coup à fond, je ne sais pas.

C’est vrai que l’année dernière, on a été un peu déçu par rapport à il y a deux ans où cela avait été un vrai feu d’artifice… C’est vrai que cela refroidit aussi, quand on perd deux fois 3-2… On a beau se dire qu’on a produit un beau spectacle, que cela a été extraordinaire, cela reste un derby perdu. Alors peut-être qu’ils miseront sur un derby un peu plus terne pour accrocher au moins un point… voire trois… C’est là où c’est délicat… Et puis après, c’est ça un derby, il va se refaire pendant des semaines derrière et tout sera commenté, analysé, amplifié, déformé… (rires)

 

Pour conclure, un petit pronostic pour demain ?

 

J’espère bien sûr la victoire de Lyon… J’avoue que je souhaite une grande partie des deux gardiens mais pour les pronostics je suis très très mauvais donc… Mais bon, bien sûr j’espère une victoire de Lyon.

 

Merci à Grégory Coupet pour sa disponibilité.