Fousseni Diawara nous a confié ses impressions avant le match de la dernière journée qui opposera demain ses anciens clubs dans le Chaudron.


On a pu lire une certaine déception de ta part, dans la presse locale, sur le parcours de Tours cette saison. Vous avez, malgré tout, réalisé un parcours très honorable !
Nous sommes tous un peu déçus car notre début de saison était réussi. L'ambition était là, de pouvoir prétendre à la montée. En réalité, nous payons un parcours assez paradoxal, au cours duquel nous avons fourni de très bonne prestations contre les grosses équipes de Ligue 2 (victoires contre Lens, Metz, Caen ou Nancy) et de moins abouties contre les équipes réputées « inférieures ». Je reste donc, comme toute l'équipe, sur ma faim en cette fin de saison.

Comment expliques-tu ce côté paradoxal ?
C'est difficile à dire. A la demande de l'entraîneur, Olivier Pantaloni, nous avons voulu produire du jeu tout au long de la saison, en cherchant à construire, en repassant par derrière quand le jeu le commandait. Contre des équipes mal classées ou, du moins, en difficulté, qui forment des blocs devant la défense, nous n'y sommes pas souvent arrivés. Mais, le profil de ces équipes ne doit pas être une excuse ! Nous évoluons dans un championnat professionnel et nous n'avons pas mis tous les ingrédients nécessaires, même si nous avons abordé tous les matchs avec la même motivation ! 

Comment juges-tu ta saison, du coup ?
A 33 ans, je ne sais pas si j'aurais pu faire mieux ! J'ai connu une très bonne période, malheureusement j'ai été un peu coupé dans mon élan suite à une suspension de quatre matchs (en février, à cause d'une altercation contre un joueur de Nancy). Ensuite, j'ai joué arrière gauche, en dépannage, pour remplacer le titulaire habituel, Samuel Bouhours, qui était suspendu. Après, comme tout professionnel, on veut toujours apporter plus. Je n'ai pas des statistiques géniales, j'aurais aimé contribué plus, que ce soit par des passes décisives ou des buts. Ma satisfaction, en revanche, c'est d'avoir été titulaire quasiment toute la saison.

La saison prochaine, tu restes à Tours ?
A priori, oui, je reste là-bas la saison prochaine. J'ai encore une année de contrat plus une en option. La Ligue 2 est un très bon championnat, je suis content du club où j'évolue. Les infrastructures sont au niveau et la confiance de l'entraîneur me permet de prendre beaucoup de plaisir à jouer. Et puis, maintenant, j'ai un rôle d'ancien, j'apporte aux jeunes joueurs mon expérience. 

Ton club précédent, Ajaccio, va redescendre en Ligue 2. T'attendais-tu à un tel parcours du club corse ?
Non, je m'attendais pas à ça. La direction a voulu changer d'entraîneur, avec un homme (Ravanelli) aux méthodes encore inconnues en France. Le début de saison a été catastrophique et pour s'en remettre, en Ligue 1, c'est presque du domaine de l'impossible ! Surtout lorsque l'on dispose du plus petit, ou presque, budget du championnat. Je peux en témoigner, de cette difficulté. Je l'ai vécu à Ajaccio par le passé. Nous avions réalisé un exploit, lors d'une saison, en se maintenant malgré 9 points à la 17e journée. Sauf que ce miracle ne peut pas se reproduire chaque année. Les petits clubs se doivent de grandir sous peine de connaître des désillusions. Ils se sont trompés sur le casting du coach, ça arrive. Je suis vraiment désolé pour eux. Pour autant, je ne suis pas inquiet, il y a une structure assez solide autour du club qui leur permettra de rebondir rapidement. Même si, bien sûr, le retour en Ligue 2 n'est jamais simple à négocier ! 

Venons-en au match de ce week-end, avec à l'affiche un Sainté-Ajaccio et une possible récompense à l'issue. Comment-vois tu cette rencontre ? 
Je ne pense pas, sincèrement, que Saint-Etienne va passer au travers lors de ce match. L'enjeu est formidable. C'est peut-être une Ligue des Champions au bout ! Et puis, le stade sera plein, les supporters seront présents... bref tout est réuni pour une superbe soirée. Tous les voyants sont au vert ! Mais, attention, il ne faudra surtout pas se dire que le match est gagné d'avance. Dans le football, il est indispensable de faire preuve d'humilité.

Comment juges-tu la saison de Sainté ? 
Elle est vraiment excellente. Cette saison s'inscrit dans la continuité de la précédente, avec en point d'orgue la victoire en Coupe de la Ligue. Le club s'est stabilisé, c'est important, et puis l'effectif est assez étoffé pour offrir un leader à chaque ligne, avec Stéphane Ruffier, Loïc Perrin ou Fabien Lemoine. Ils auraient même pu, je pense, être à la place de Lille s'ils n'avaient pas raté quelques matchs, comme contre Nice par exemple. Mais, se battre lors de la dernière journée pour un possible ticket à l'une des plus prestigieuses compétitions au monde montre bien que la saison est une réussite. J'en suis ravi pour le club et le peuple vert ! Et si jamais Lille ne gagne pas contre Lorient, ça vaudra encore plus le coup de faire des allers-retours Tours-Sainté pour aller voir quelques matchs.

Depuis décembre, Henri Kasperczak est de retour à la tête de la sélection malienne, qui compte un autre ancien Vert, Bakary Sako, comme nouveau joueur. Peux-tu nous dire un mot sur ces deux hommes ?
Henri Kasperczak, je l'ai connu lors de son premier passage en 2001-2002 en tant que sélectionneur du Mali. Cela correspondait à mes débuts en sélection et à ma première participation à la Can ! Et son retour correspond aussi au mien en équipe nationale. En juin dernier, suite à notre non-qualification pour la Coupe du monde, j'avais pourtant décidé de mettre fin à ma carrière internationale. Je pensais que c'était le moment d'arrêter et de laisser la place aux jeunes. Mais, lorsqu'il a repris l'équipe en décembre, le sélectionneur m'a appelé et m'a convaincu de reprendre. J'y suis, aujourd'hui, le vice-capitaine. A l'image de ce que je peux être à Tours, mon rôle est d'apporter mon expérience, d'être le grand frère pour les jeunes. Tant que je serai compétitif, je continuerai ! 

Avec Bakary Sako, nous nous étions croisés à quelques reprises sur les terrains. La sélection lui faisait les yeux doux depuis quelques temps, il était écrit qu'il nous rejoindrait. Il apporte sa bonne humeur, on l'a vu lors de son bizutage où il devait nous entonner une chanson ! Bakary est d'ailleurs plutôt à l'aise avec le micro ! D'un point de vu purement sportif, là aussi il est précieux. Dès son premier match, il offre une passe décisive ! Nous sommes tous très contents de son choix d'avoir rejoint l'équipe du Mali. C'est un garçon très sympa. 

La Coupe du monde approche. La suivras-tu ? 
Bien sûr ! Je vais tâcher de rater le moins de matchs possible. C'est un événement que j'apprécie particulièrement, encore plus en tant que footballeur. J'aurais beaucoup aimé y être, malheureusement l'Algérie a terminé devant nous lors des qualifications. Lors de la compétition, je vais suivre l'équipe de France. Nous affrontons, d'ailleurs, une équipe de leur groupe, la Croatie, en rencontre amicale au mois de juin. Ils disposent de très bons joueurs, une bien belle équipe avec Modric, Mandzukic et Perisic. C'est génial de pouvoir jouer contre de telles équipes, de découvrir de nouveaux pays, de nouveaux stades. Et puis, jouer pour son pays, le représenter dans le monde et chanter l'hymne national, c'est le graal pour un footballeur ! On mesure notre chance, nous sommes vraiment des privilégiés.

Es-tu surpris par le sélection de Loïc Perrin dans les sept « jokers » de l'équipe de France ?
Sincèrement, Loïc est pour moi l'un des meilleurs joueurs du championnat. On ne parle pas assez souvent de lui ! Faut dire que c'est un discret, il ne va pas aller de lui-même vers les médias. Mais quel merveilleux exemple de la formation stéphanoise ! Un joueur humble et travailleur, qui n'a jamais eu la « grosse tête ».
S'il y a plein de joueurs qui sont passés devant lui, en équipe de France, c'est simplement qu'on ne l'entend pas beaucoup par rapport à d'autres. Voilà une belle preuve de reconnaissance en tout cas, que d'être dans les 30. C'est la vérité, hein (rires) ! Je ne fais pas du cirage de pompes, c'est vraiment mon sentiment. Il le mérite amplement. Même s'il ne faut pas souhaiter le malheur à d'autres joueurs, je le verrais bien à la place d'un joueur comme Varane, qui n'est pas à 100%. Loïc a sa place dans les 23.

Une recrue à nous conseiller pour le mercato estival ? Beaucoup d'équipes lorgnent sur Andy Delort, l'un de tes coéquipiers...
Ah lui, ça vaudrait vraiment le coup de se pencher dessus ! Je n'ai pas encore osé appeler le président Romeyer, mais il serait parfait à Saint-Etienne, les supporters l'adoreraient à coup sur ! Le connaissant depuis Ajaccio, j'ai pu suivre son évolution. Il dispose de tous les atouts pour réaliser une grande carrière. Il a une des plus grosses frappes de balle que je n'ai jamais vues, il se dépense beaucoup sur le terrain... C'est un mélange de Carlos Tevez et Sergio Aguero ! Pour vous aider à le prendre, je suis prêt à vendre ma maison (rires) ! Et puis, il a une excellente mentalité. Alors qu'il aurait pu aller au clash avec les dirigeants pour rejoindre Rennes, lors du mercato hivernal, il a accepté de rester au club sans rechigner un seul instant. Il a redoublé d'efforts à l'entraînement et a marqué énormément de buts en seconde partie de saison. Vous seriez bien inspiré de le prendre car sinon, il y a de fortes chances que vous le rencontriez la saison prochaine, contre vous !