Et si on faisait un point global sur le jeu des Verts, histoire de savoir où l’on va ?


Vous n’allez rien lire ici que vous n’ayez déjà vu, lu ou entendu de manière diffuse au gré des matches, des émissions et des articles. Pourquoi donc alors ce papier ? Il me semble intéressant de mettre à plat tout ce que nous savons sur l’organisation tactique des Verts parce que :
- la série de matches qui vient est déterminante : lors de la série aller, c’est à ce moment-là que nous avons lancé pour de bon cette dynamique qui peut nous faire rêver d’Europe
- les retours de Perrin et d’Alonso, et pourquoi pas l’éclosion de joueurs de la CFA, vont offrir à Galtier la possibilité d’innover : ayons l’œil !

En d’autres termes : ayons une vision d’ensemble des enjeux du jeu Vert, afin de mieux comprendre ce qui va nous arriver dans les deux mois qui viennent ! Voilà ce que je vous propose ci-dessous, à partir des 8 derniers matches…N’hésitez pas à réagir dans le forum pour pousser plus loin l’analyse !


L’organisation générale

Galette affirme depuis longtemps vouloir jouer en 4-4-2. Et c’est bien comme ça qu’évoluent les Verts.
 
Défensivement : deux lignes de 4 à plat, compactes, quadrillent le terrain. La capacité des défenseurs centraux à maîtriser les avants-centres adverses est déterminante. Les deux pointes sont chargées, en alternance, de gêner la relance adverse, quitte à venir harceler par derrière les milieux (Batlles excelle en la matière, et a été décisif à Toulouse par ex). Le bloc équipe coulisse quand le jeu se situe sur les côtés : lorsque le relanceur adverse est un défenseur latéral, l’ailier correspondant sort au pressing ; l’ailier du côté opposé vient alors bloquer dans l’axe.

Cette organisation est quasiment immuable. En fin de match contre Rennes, à 3-0, Galette sortit PEA pour faire entrer Guilavogui, alors que Clément et Lemoine sont toujours sur le terrain : Lemoine viendra se mettre à la hauteur de Gradel, qui occupe seul la pointe de l’attaque, lorsque les Rennais ont le ballon !

Enfin, n’oublions pas le dernier rempart, Ruffier, maintes fois déterminant depuis le début de saison.


Offensivement, l’animation des Verts, si on résume : un trio-base dans l’axe (Mignot/Marchal/Clément) autour desquels s’articulent le reste des joueurs.

En précisant :

- la charnière centrale : Mignot est souvent le 1er relanceur des Verts, du fait de sa qualité de relance longue ; malheureusement ses absences à répétition (blessures et suspensions) empêchent pour le moment de régler la mire. Marchal et Zouma se contentent de passes latérales.

- sur les ailes, les deux latéraux participent beaucoup au jeu offensif. Les combinaisons avec les ailiers respectifs sont légèrement asymétriques : Sako n’hésite pas à piquer dans l’axe et à laisser le couloir au seul Ghoulam, tandis que Nicolita ne déserte son côté que pour être à la réception de centres venant de la gauche.

- au milieu, les rôles se répartissent entre un milieu défensif (Clément) et un relayeur (Lemoine/Guilavogui) ; le premier reste en couverture, proche de sa défense centrale, tandis que le second doit plus jouer « box-to-box ».

- devant, l’une des pointes (FSP en général) sert de point d’ancrage dos au but ; c’est lui qui le plus souvent est à la réception d’une première passe verticale, et ensuite distribue le jeu sur les ailes ou en relais rapide vers l’autre attaquant.

Quand Batlles est sur le terrain le jeu est plus varié, car Papy Lolo se déplace beaucoup et l’organisation offensive peut faire penser à un 4-2-3-1; mais cela tient sans doute plus aux qualités individuelles du joueur qu’à une mise en place tactique particulière. Gradel apporte lui une possibilité de dribble balle au pied, mais cela a été peu décisif sur les derniers matches.

Pour être complet, il faut noter quand même des tentatives de permutation entre ailiers. Cela a été timidement tenté contre Lorient , ETG ou encore Montpellier. Cela ne s’est pas révélé déterminant.


Principes de jeu

Ca se voit comme le nez au milieu de la figure : les Verts ne sont jamais aussi à l’aise que quand ils peuvent prendre leur adversaire en contre. Pour s’assurer un maximum de situations de ce genre, Sainté applique une stratégie qui peut faire penser au rugby : dès la récupération, relance longue vers les attaquants afin de déclencher un pressing immédiat dans le camp adverse et espérer ainsi une récupération haute. Une passe rapide dans la profondeur, sur l’aile, permet ensuite d’arriver aux 20m ; ensuite, c’est aux joueurs offensifs de faire la différence.

Face à une équipe placée haut, on joue parfois encore plus simplement en cherchant directement l’espace dans le dos des défenseurs ; Aubame et Sako étant de vrais sprinteurs, s’ils ne sont pas pris au piège du hors-jeu, se sont ainsi créé quelques opportunités.

En revanche, face à un adversaire regroupé en défense et ne prenant aucun risque, cela devient difficile : il n’y a pas vraiment de plan B ; on l’a vu face à Auxerre, ou même à Toulouse : un libéro du milieu de terrain (Mandjeck ou Capoue), s’il ne dézone pas, suffit à rendre quasi impossible la récupération haute.

De temps à autres, cependant, les Verts arrivent à développer des jeux en triangle sur les côtés, et à déséquilibrer une défense en place : ce fut le cas lors du 2è but contre Rennes, ou bien tout le début de la seconde période contre Lorient. C’est encore malheureusement une possibilité rarement exploitée.


Variantes constatées

On a vu quelques tentatives de variantes organisationnelles sur ces 8 matches :

- un 4-4-2 sans FSP ni Batlles : titularisation de Gradel avec PEA à Auxerre. Difficile d’en faire une analyse tellement il ne s’est rien passé. D’ailleurs, Galette ne l’a pas retenté depuis…

- un 4-4-2 de contre-attaque pure, face à Toulouse : Sako dans l’axe avec Aubame, on joue tout sur la vitesse et les espaces dans le dos. Très spectaculaire ; mais cette configuration ne pourra se répéter que contre une équipe partant à l’abordage.

- un 4-3-3/4-2-3-1 : en fin de match contre Rennes, 3 milieux (Clément, Lemoine, Guilavogui) et 3 attaquants (Sako, Nicolita, Gradel) sont sur le terrain ; Lemoine défend au niveau de Gradel, mais se positionne plutôt « meneur de jeu » qu'attaquant dès que la balle est récupérée.


Faiblesses

La principale, pour moi, est d’ordre stratégique : elle concerne le milieu de terrain. Il suffit souvent de nous neutraliser à cet endroit du terrain pour nous faire subir les pires difficultés. L’organisation générale de l’équipe fait que le milieu à tendance à se couper en deux : lors de la 1ère demi heure à Toulouse, à Auxerre… Dans ce cas, Clément joue quasiment 3è défenseur central, 20m derrière Lemoine, et le milieu n’a plus aucun impact dans le jeu offensif.

Ce sera d’ailleurs le but du plan de jeu de Corréa que de recréer cette configuration ; plan de jeu efficace puisque Evian s’imposera 2-0 à Geoffroy Guichard. Corréa a d’ailleurs à cette occasion eu l’idée de faire porter le pressing de ses attaquants exclusivement sur les milieux Verts – idée que reprendra à son compte Rémi Garde deux semaines plus tard…

Je mettrais aussi en avant deux lacunes qu’il serait de bon ton de combler :
- la quasi incapacité à renverser le jeu en 1 ou 2 passes, qui est pourtant une arme redoutable
- l’incroyable difficulté à obtenir des CPA (corners ou coup-francs dangereux), qui peuvent être la solution face à une équipe très regroupée.

Enfin, que faire du couloir droit quand Nicolita n’est pas là ? On y a vu jouer Gradel, Brison puis PEA (à VA) et même Kitambala (fin de match contre Evian). Rien de concluant pour Galette apparemment…Perrin et/ou Alonso seront-ils la solution ?


Conclusion

Voilà comment joue l’ASSE au 29/03/12. Avec un effectif chamboulé aux 2/3, Galtier a imprimé une identité de jeu à cette équipe, qui se révèle pour l’instant plutôt efficace, quoiqu’un peu trop stéréotypée. L’un des défis de cette fin de saison, et sans doute du mercato estival, sera de trouver le moyen d’apporter de la variété au jeu des Verts.