"J'ai envie que les Stéphanois m'embrassent de nouveau"

Bonjour Madame, quand vous voyez Saint-Étienne renouer avec la Coupe d'Europe 26 ans après, on imagine que cela vous donne des idées...
Bien sûr, j'ai connu vingt années exceptionnelles avec cette ville et son club entre 1962 et 1982, j'avais la quarantaine quand j'ai posé le socle pour la première fois à Sainté, j'y suis retourné cinq fois en 15 ans puis nous avons flirté jusqu'au dernier jour en 1981 et 1982. En tout, cela fait six victoires et trois finales en deux décennies, cela compte.
Malheureusement, depuis, rien, on ne se voit quasiment plus, je me souviens de deux belles demi-finales au début des années 90 mais à part ça, notre amour est resté platonique. Ce qui me rassure, c'est que pendant tout ce temps le club n'a rencontré personne...

On vous sent mélancolique...
Ecoutez, j'ai vécu une histoire forte avec les Verts, à une époque où ils étaient les meilleurs, j'ai envie que les Stéphanois m'embrassent de nouveau. Je vais vous avouer une chose, je viens de vivre une année cauchemardesque. Cela avait mal commencé quand Govou m'avait totalement rempli d'alcools en tout genre et en avait bu le contenu directement dans le vestiaire du Stade de France. Il a très mauvaise haleine. Après, il m'a emmené en boite, j'ai reçu des bisous toute la nuit de Juninho, de Cris, de Benzema, de Ben Arfa, de Lacombe, d'Aulas. Ils ont tous vomi à cause des cocktails fabriqués par Govou mais moi aussi, j'ai vomi toute la nuit... C'était horrible.
Et puis une année pleine passée dans le bureau d'Aulas, vous imaginez ce que ça signifie ? Vous auriez aimé être à ma place ? Je ne le souhaite pas à ma pire ennemie, la Coupe de la Ligue. J'ai vu des choses... Cet homme n'aime pas le football, il faut vivre avec lui au quotidien pour s'en rendre vraiment compte. Et puis de près il est encore plus moche qu'à la télé.

En voulez-vous à Alain Perrin, l'homme qui vous a fait subir tout ça ?
Non, lui, il m'aime vraiment, il est venu me prendre deux fois en deux ans avec deux équipes différentes, c'est un signe. Il sait ce que je représente et il me respecte. Malheureusement, je n'ai jamais pu vivre une année entière à ses côtés. Il me prend, ça dure un soir, il me fuit et il revient l'année d'après. Je rêve que cela recommence une troisième fois mais que je puisse m'installer à ses côtés. Évidemment, dans le Forez, ce serait idéal, pour lui comme pour moi.

Revenons à votre histoire avec l'ASSE, depuis 1982, il y a eu des soirées vraiment glauques, vous vous souvenez de toutes ?
Oh oui, des soirées à chialer, il y en a eu... A Moûtiers en 1985, à Pau en 1994 et 1997, à Aurillac en 1996 et en 2002, à Lons-le-Saunier en 1998, à Louhans-Cuiseaux en 2001 et depuis cinq ans, on se voit un soir et ça s'arrête là. A se demander si ce club m'aime encore. Je n'avais rien contre Monsieur Roussey mais Alain Perrin est un cavalier de talent, je ne doute pas qu'il saura rallumer la flamme entre nous.

Pourtant, le sort a placé un adversaire de haut-niveau sur le chemin de l'ASSE, dès le premier tour.
Je ne m'inquiète pas, ça n'a jamais vraiment collé entre Bordeaux et moi. J'aime les endroits chauds, les publics passionnés, Marseille, Paris, Sainté, bien sûr. Songez que Bordeaux compte quatre finales de Coupe Machin depuis 1997 mais m'ignore superbement depuis 1987. Et puis regardez bien, aucun Champion du Monde 1998 ne m'a soulevé depuis leur victoire... Même si Laurent Blanc a été de compagnie agréable en 1990 et 1996, je ne crois pas en lui pour cette fois-ci.