Pas encore un match référence, mais une victoire solide et idéale pour relancer la machine.


On ne parlera pas des incidents d’avant-match entre supporters : ce n’est pas le lieu, et de toute façon, il ne semble pas que les joueurs en aient été particulièrement perturbés, d’un côté comme de l’autre. Concentrons-nous sur le jeu, qui en vaut la chandelle : ce Nice-Sainté débute comme un duel de 4-2-3-1, faux-jumeaux aux comportements on ne peut plus divergents. Côté niçois, Puel, privé de la moitié de son équipe-type, bricole une charnière centrale et un milieu inédits, avec notamment Bruins testé en ailier gauche. En face, Erding remplace logiquement Brandao, tandis que Lemoine fait son retour. Tabanou est préféré à Mollo et Diomandé aux autres milieux. Eysseric et Clément, les Brutus et César des dernières ides de Mars, sont eux sagement assis sur le banc.

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C’est Nice qui emballe le match. Mobilité extrême des attaquants, pressing haut et efficace, redoublement de passes courtes avec un minimum de touches de balle, changements de jeu tombant toujours à pic : on ne se croirait pas face à une équipe bis. En face, les longues ouvertures sans espoir (et sans récipiendaire…) des Verts, cannibalisés au milieu par des sudistes morts de faim, laissent augurer d’une soirée difficile. Brüls (en 10 très mobile), Digard (en meneur de jeu reculé) et Pied sont étincelants. Ce dernier surprend Lemoine à trente mètres ; une poignée de passes plus tard, le ballon lui revient et il oblige Ruffier à se montrer décisif (3’). On le retrouve cinq minutes plus tard en position de frappe ; mais l’ancien lyonnais choisit de centrer, heureusement dans le vide. Les Verts ne sont pas perdus dans les duels : mais les déplacements des attaquants niçois les mettent systématiquement hors de position.


Le Calvaire de Véronèse

Il faut attendre la 17è minute pour voir une première et timide tentative de contre (Erding tout seul au milieu de la défense n’arrive à rien). C’est un signe : après leur grosse entame, les joueurs de Puel ont besoin de souffler. Sainté n’est pas virevoltant dans ce temps faible des adversaires, mais se procure des occasion : Tabanou tente une reprise sans espoir sur une superbe ouverture de trente mètres de Diomandé (18’) ; surtout, Erding rate un face-à-face devant Véronèse après un gros travail d’Hamouma (19’). Dans la foulée, les Verts réalisent leur première phase de possession de plus de cinq passes et obtiennent même leur premier corner. Enfin, c’est le but : sans briller, Sainté mène.

La fin de la première mi-temps est globalement bloquée. Les stéphanois ne sortent guère de leur coquille, sinon sur ce coup-franc de Ghoulam qui frôle le montant droit (37’). Nice installe un siège devant la surface stéphanoise de la 32’ à la 35’, où se succèdent deux corners, une touche dangereuse et un coup-franc. Au passage, admirez la farandole d’embryons de combinaison travaillés à l’entraînement. Résultat : nul. Même si les nissards finissent mieux cette première période, on retiendra essentiellement leurs talents de simulateurs. Puel fils bat d’ailleurs à plates coutures Bosetti, pour son magnifique envol de la 39’. Faut-il y voir une volonté inconsciente de quitter le nid paternel ? Toujours est-il que Clément Turpin, impeccable, ne se laisse pas abuser.


Claude est vain, et se fait enfumer

Pour une fois, la pause apparaît décisive. A Sainté, Galette resserre les boulons : le bloc équipe se contracte, réduisant à peau de chagrin les intervalles utilisés en première mi-temps par la mobilité des attaquants niçois. De plus, le pressing est d’emblée mieux organisé ; les milieux niçois n’auront plus qu'une latitude réduite pour orienter le jeu. En face, Puel décide de sortir Bruins le gentil fantôme pour relancer Eysseric – et donc exiler Brüls, son principal poison, sur l’aile, où on ne le verra guère. Si on ajoute que Jérémy baisse rapidement de Pied pour finir sur les rotules (presque au sens propre) et que Valentin-Brutus se montre bien en dessous de son meilleur niveau, on comprend vite que le technicien niçois s’est planté sur toute la ligne. Et de fait, la deuxième mi-temps sera stéphanoise. Ca commence très fort : d’entrée, Véronèse se montre décisif face à Erding puis Tabanou qui ratent deux belles occasions de tuer le match sur des contres rondement menés. Nice, qui recoure de plus en plus aux longues ouvertures sans avenir, s’essaye aux frappes de loin : mais Digard, le meilleur d’entre eux, ne trouve pas la faille (54’).

Le tournant a lieu aux alentours de l’heure de jeu : Tabanou trouvé seul au deuxième poteau, face au but vide, gobe la feuille de match. Quasiment dans la foulée, les niçois réussissent leur seule action aboutie de la seconde période, qui rebondit sur la tête de Pied avant d’échouer pas si loin que ça du but de Ruffier – n’est pas Jimmy Briand ou Gianni Bruno qui veut.


Et Brison s'éleva dans le ciel méditerranéen...

La valse des changements ne modifie pas grand-chose quant au scénario du match : des Verts solides et peu aventureux qui gèrent avec maîtrise des niçois de plus en plus désorganisés, impuissants et finalement inoffensifs. On notera que Galette a révisé ses classiques. Errare humanum est, perseverare diabolicum lit-on dans les pages roses du dictionnaire : Lemoine ne jouera même pas un quart d’heure averti. Plus important : l’entrée de Cohade pour les vingt dernières minutes correspond à un passage en 4-3-3, permettant à Jérémy Clément d’à nouveau exceller dans ce rôle de pompier multi-zones qui lui va si bien.

Note finale : non seulement les Verts nous ont évité tout serrage de fesses de dernière minute, mais Brison nous a remis en mémoire la reprise de Bridonneau contre Châteauroux (84’). Bon, l'action n'est pas au même endroit, la balle ne vient pas pareil et si la reprise part plutôt bien, ce n'est malheureusement pas en direction du but ; mais ça fait plaisir de revoir Paprika sur un terrain, qui plus est suffisamment en confiance pour tenter des gestes acrobatiques.



Le but de Mevlüt

0-1 Erding, 23’
Sainté obtient enfin son premier corner. Véronèse sort à la perfection et bloque le ballon. Alors qu’il s’apprête à dégager, Bayal le déséquilibre par derrière. Cette pure filouterie, totalement volontaire mais suffisamment discrète pour que l’arbitre ne voit pas jaune, joue-t-elle sur la concentration du jeune et inexpérimenté gardien niçois ? Quelques secondes plus tard, le voilà qui rate son contrôle sur une passe en retrait. Erding est plus rapide que lui, et marque son premier but en Vert.