Lors de la dernière journée, l'ASSE a perdu le match contre Paris - sans que ce soit une surprise - mais a surtout perdu jusqu'à la fin de la saison son couteau suisse, Kevin Monnet-Paquet.
Ailier avec des faibles statistiques, mais défenseur latéral infatigable et même milieu axial discipliné tactiquement, KMP a bien aidé l'équipe, surtout lors des deux derniers mois quand il a enchaîné les titularisations. C'est maintenant au tour du groupe de lui rendre la pareille et d'obtenir une qualification européenne afin de lui offrir un retour lors des matchs de poule en septembre prochain. Et dans cette course pour une place en Coupe d'Europe, la défaite contre Paris n'est pas si importante, faisant presque partie de la feuille de route, tant la différence entre les deux équipes est importante.
Et même si tout le monde s'attendait à une défaite, staff et joueurs compris, elle n'a pas été si nette qu'on aurait pu le craindre. Les Stéphanois ont abordé le match comme une petite équipe qui s'intéresse d'abord à comment empêcher son adversaire à se créer des occasions. Et s'ils ont finalement craqué sur un geste technique d'un des meilleurs joueurs au monde, ils n'ont pas vraiment à rougir, ayant fait ce qu'ils pouvaient. Dans les mots du capitaine Perrin : "On a fait le match qu’il fallait. On a eu les situations, ils n’en ont pas eu énormément mais ils ont su faire la différence sur un but un peu venu d’ailleurs. Tactiquement, on a été pas mal". Regardons donc de plus près, à travers quelques exemples, la tactique stéphanoise qui a failli marcher, mais aussi la supériorité parisienne.
Et même si tout le monde s'attendait à une défaite, staff et joueurs compris, elle n'a pas été si nette qu'on aurait pu le craindre. Les Stéphanois ont abordé le match comme une petite équipe qui s'intéresse d'abord à comment empêcher son adversaire à se créer des occasions. Et s'ils ont finalement craqué sur un geste technique d'un des meilleurs joueurs au monde, ils n'ont pas vraiment à rougir, ayant fait ce qu'ils pouvaient. Dans les mots du capitaine Perrin : "On a fait le match qu’il fallait. On a eu les situations, ils n’en ont pas eu énormément mais ils ont su faire la différence sur un but un peu venu d’ailleurs. Tactiquement, on a été pas mal". Regardons donc de plus près, à travers quelques exemples, la tactique stéphanoise qui a failli marcher, mais aussi la supériorité parisienne.
Opposition tactique
Les deux équipes ont démarré le match avec des défenses à 3, au 3-4-1-2 désormais habituel du côté de l'ASSE, le PSG ayant répondu avec un 3-5-2. Les systèmes étant symétriques et se neutralisant, la différence est faite par l'animation et l'approche tactique. Par exemple, une équipe peut choisir d'être en supériorité dans un couloir et de construire ses attaques à partir de là, pendant qu'une autre peut décider de subir et jouer vite les contres. Comme dans cette action qui commence à la 19e avec une relance de Ruffier pour Debuchy :
Le trio offensif des Verts Cabella-Khazri-Hamouma est bien visible, tout comme le positionnement haut des deux pistons Gabriel Silva et KMP. Debuchy fait une passe lobée et Hamouma contrôle le ballon, se tourne...
... et joue avec KMP plus haut dans le même couloir droit. A son tour Khazri décroche un peu pour offrir une solution de passe à son coéquipier...
... et sert ensuite Cabella, qui lance en première intention Hamouma en profondeur, l'attaquant stéphanois ayant démarré sa course dès qu'il avait donné le ballon à KMP. Un beau jeu collectif dans ce couloir droit mais qui a l'inconvénient d'avoir utilisé tous les éléments offensifs de l'ASSE :
Même s'ils sont en train de sprinter, Gabriel Silva et Cabella viennent de loin, Hamouma ne peut pas center en première intention. Le défenseur repousse un peu le ballon, mais il est regagné par l'attaquant stéphanois...
... qui joue en arrière avec KMP, qui joue encore plus loin avec Debuchy malgré la présence dans l'axe de la paire Aït Bennasser - M'Vila. Le jeu est calmé, une nouvelle attaque se prépare...
... dans le même couloir ! Sans adversaire devant lui, Debuchy monte balle au pied. Il trouve KMP un peu plus haut, qui donne à Hamouma...
... qui lance le long de la ligne de touche Debuchy qui avait poursuivi sa course. Du jeu à trois dans un petit périmètre, réussi, qui permet au défenseur axial droit de l'ASSE de se trouver en position de centre :
KMP avait suivi, Khazri se trouvait déjà dans la surface. Hamouma et Cabella viennent de loin, tout comme Silva à l'opposé. Le centre de Debuchy est repoussé par un défenseur...
... jusqu'au latéral dans ce couloir, qui lance de suite plus haut un des deux attaquants parisiens. Le contre est démarré et il est dangereux, pas moins de 7 joueurs de champs stéphanois se trouvant dans les 30 derniers mètres. Aït Bennasser compensait la montée de Debuchy et les Verts proposent une défense à trois...
... mais le jeu est rapide. La passe en profondeur est déviée par Kolo dans les pieds de l'attaquant (hors jeu au moment de la passe, mais pas signalé) - Ruffier repousse le tir en corner. Cet exemple a été plutôt l'exception à la règle, ce n'est pas le PSG qui a procédé en contre la plupart du temps. La possession a été parisienne (63% jusqu'au but inscrit) et ce sont les Verts qui ont eu comme plan de jeu de bien défendre et éventuellement se projeter vite dès qu'ils récupéraient le ballon.
Le trio offensif des Verts Cabella-Khazri-Hamouma est bien visible, tout comme le positionnement haut des deux pistons Gabriel Silva et KMP. Debuchy fait une passe lobée et Hamouma contrôle le ballon, se tourne...
... et joue avec KMP plus haut dans le même couloir droit. A son tour Khazri décroche un peu pour offrir une solution de passe à son coéquipier...
... et sert ensuite Cabella, qui lance en première intention Hamouma en profondeur, l'attaquant stéphanois ayant démarré sa course dès qu'il avait donné le ballon à KMP. Un beau jeu collectif dans ce couloir droit mais qui a l'inconvénient d'avoir utilisé tous les éléments offensifs de l'ASSE :
Même s'ils sont en train de sprinter, Gabriel Silva et Cabella viennent de loin, Hamouma ne peut pas center en première intention. Le défenseur repousse un peu le ballon, mais il est regagné par l'attaquant stéphanois...
... qui joue en arrière avec KMP, qui joue encore plus loin avec Debuchy malgré la présence dans l'axe de la paire Aït Bennasser - M'Vila. Le jeu est calmé, une nouvelle attaque se prépare...
... dans le même couloir ! Sans adversaire devant lui, Debuchy monte balle au pied. Il trouve KMP un peu plus haut, qui donne à Hamouma...
... qui lance le long de la ligne de touche Debuchy qui avait poursuivi sa course. Du jeu à trois dans un petit périmètre, réussi, qui permet au défenseur axial droit de l'ASSE de se trouver en position de centre :
KMP avait suivi, Khazri se trouvait déjà dans la surface. Hamouma et Cabella viennent de loin, tout comme Silva à l'opposé. Le centre de Debuchy est repoussé par un défenseur...
... jusqu'au latéral dans ce couloir, qui lance de suite plus haut un des deux attaquants parisiens. Le contre est démarré et il est dangereux, pas moins de 7 joueurs de champs stéphanois se trouvant dans les 30 derniers mètres. Aït Bennasser compensait la montée de Debuchy et les Verts proposent une défense à trois...
... mais le jeu est rapide. La passe en profondeur est déviée par Kolo dans les pieds de l'attaquant (hors jeu au moment de la passe, mais pas signalé) - Ruffier repousse le tir en corner. Cet exemple a été plutôt l'exception à la règle, ce n'est pas le PSG qui a procédé en contre la plupart du temps. La possession a été parisienne (63% jusqu'au but inscrit) et ce sont les Verts qui ont eu comme plan de jeu de bien défendre et éventuellement se projeter vite dès qu'ils récupéraient le ballon.
En ce qui concerne la manière de défendre, un exemple commence à la 33e avec une longue possession parisienne sur la ligne médiane :
La défense à 5 de l'ASSE est en place, tout comme le milieu du terrain constitué de Aït Bennasser et M'Vila, mais aussi de Cabella et Hamouma assez axiaux. Leur but est d'enfermer, de contenir dans l'axe les milieux adverses, pendant que Khazri effectue tout seul un pressing sur les défenseurs. La possession continue...
... et on aperçoit une équipe du PSG coupée en deux. Quatre font un toro avec Khazri dans le rond central, cinq sont pris par les cinq défenseurs de l'ASSE et celui qui devrait relayer le ballon entre eux est pris entre les milieux stéphanois. Les défenseurs parisiens décident d'amener du surnombre en montant plus haut :
C'est toujours compliqué de jouer dans l'axe alors c'est le piston gauche qui est recherché, mais sous la pression de KMP il est obligé de jouer en retrait. Et le jeu sur la ligne médiane recommence :
Un tout petit décalage est enfin créé au centre, où un attaquant ayant décroché aspire avec lui Aït Bennasser quand il revient vers la défense. Un milieu central peut ainsi être trouvé par le latéral, mais il n'a pas de solution de passe et se retourne en cherchant une option. Et il finit par trouver...
... un angle de passe improbable qui traverse toutes les lignes et lance le piston gauche dans le dos de KMP. La passe en retrait du parisien est reprise par ce même milieu axial qui l'avait lancé, heureusement à côté du cadre.
Le choix stéphanois a clairement été de défendre bas, avec un bloc très compact, dense dans l'axe. Même si un 0-0 aurait satisfait les Verts, ils ont aussi envisagé de se montrer dangereux en contre, comme dans cet exemple qui commence à la 61e avec une attaque parisienne :
Rien n'a changé par rapport aux exemple précédents, le bloc stéphanois est toujours bas et compact, sinon que les 4 milieux sont plus étalés sur la largeur, la faute des milieux adverses moins axiaux. C'est d'ailleurs l'un d'entre eux qui reçoit le ballon dans le couloir gauche, mais quand il cherche une passe vers l'axe...
... elle est interceptée par Aït Bennasser qui monte vite balle au pied pour déclencher un contre. Il y a des appels devant lui :
Les trois offensifs Cabella, Khazri et Hamouma sont disposés sur toute la largeur mais les trois défenseurs du PSG sont bien en place aussi. C'est le premier qui est recherché par la passe mais le défenseur s'interpose...
... et cherche de suite un de ses attaquants par du jeu long. Les défenseurs de l'ASSE sont bien en place aussi, Debuchy est sur la trajectoire du ballon et lance KMP dans le couloir droit - le contre peut de nouveau démarrer :
KMP s'appuie sur Khazri qui revient un peu en arrière, avant de décaler Aït Bennasser qui passe à M'Vila. Le jeu est latéral, mais c'est bien fait, ça permet à Cabella et Hamouma de bien se placer, très excentrés, loin des deux seuls défenseurs adverses. Et M'Vila les a bien vu, sa longue transversale arrive pile dans les pieds de Hamouma :
Malheureusement les Verts attaquent en infériorité numérique : Hamouma est suivi par 3 défenseurs et ses seuls soutiens sont Cabella à l'autre bout du terrain et Silva, Khazri et KMP sur la ligne médiane. Il est donc obligé de temporiser, ce qui laisse le temps à la défense de se remettre en place :
Il sert Khazri en retrait, qui profite des appels de KMP et Cabella pour se mettre en position de tir - sa frappe est contrée, mais le ballon lui revient...
... et il décale Hamouma à droite. La défense parisienne à 5 est bien en place, 2 milieux sont revenus aussi. Les Stéphanois sont bien présents, mais ce n'est plus une situation de contre. Néanmoins l'appel de Gabriel Silva venant du côté opposé est bien vu par Hamouma, pour une des rares occasions des Verts.
Nous avons pu voir sur les trois exemples précédents des attaques placées et des contres des deux équipes. Et il y a une nette différence : les Parisiens ont réussi plus souvent ce qu'ils ont essayé de faire. Mais l'exemple illustrant le mieux les différences entre les deux équipes intervient à la 54e minute, avec l'ASSE qui bénéficie d'un coup franc :
Bloc parisien en 5-3-2, avec une défense à 5 haute (même si un défenseur n'est pas bien aligné). Quant aux Stéphanois, ils sont en place, avec Cabella excentré à gauche. Khazri démarre une course et Perrin voit cet appel, alors il joue le coup franc dans le dos de la défense, sans réussite :
Le ballon est facilement repoussé par le défenseur et récupéré par un coéquipier. Hamouma et Cabella, les autres éléments offensifs, sont trop loin pour aider. Le milieu axial du PSG se retourne et...
... envoye un long ballon en profondeur. Perrin est dépassé, un attaquant adverse contrôle et en décale un autre, pendant que le milieu offensif vient les aider. Il est servi dans la surface...
... après que les deux attaquants ont combiné pour contourner les 3 défenseurs stéphanois très mal positionnés. Heureusement Ruffier sent le coup et sort vite pour fermer l'angle de tir, repoussant ainsi la frappe du Parisien.
Deux longs ballons en profondeur, coup sur coup - une équipe a du mal, offensivement et défensivement, pendant que tout semble simple quand il s'agit de l'autre...
Les 20 minutes après le but
Cette différence de niveau entre les deux équipes est normale, c'est donc encore plus surprenant de voir la réaction du PSG après l'ouverture du score. Mais avant cela, il y a eu quelques changements tactiques lors de cette vingtaine de minutes qui restaient à jouer, illustrés avec trois images :
Avec l'entrée de Beric à la place de Hamouma, le 5-2-3 stéphanois a été maintenu mais c'est Khazri qui s'est décalé à droite, laissant la place au Slovène dans l'axe de l'attaque. Sur cette image il est assez bas pour compenser la montée du latéral gauche parisien.
Par contre, le 2e changement des Verts n'a pas été du poste pour poste. Debuchy est sorti pour laisser sa place à Diony et l'ASSE a évolué avec une défense à 4 :
Triangle M'Vila-Aït Bennasser-Cabella au milieu (pointe basse sur cette image, plutôt pointe haute en réalité), trio offensif Diony-Beric-Khazri. A noter, par contre, que le PSG est aussi passé à une défense à 4, dans un 4-1-4-1 plus sécurisant défensivement.
Et finalement, après la triste blessure de KMP, le 3e changement stéphanois a vu entrer Nordin avec un nouveau réajustement tactique :
Un passage en 4-2-3-1 avec Aït Bennasser latéral droit, un duo M'Vila-Cabella au milieu, Khazri en "10"derrière une ligne d'attaque Diony-Beric-Nordin.
Par contre, si on se concentre sur la prestation parisienne lors de ces 20 minutes après le but, elle est surprenante. De 63% de possession avant le but, à seulement 34% après. Aucun ballon touché dans la surface stéphanoise en 20 minutes. Plusieurs cartons jaunes pour avoir joué la montre, pour le gardien et un attaquant. Passage dans un système défensif (4-1-4-1) et surtout sortie d'un attaquant, remplacé avec un défenseur (l'opposé de l'ASSE avec Diony à la place de Debuchy). Bref, des Parisiens qui ont joué petit bras, voulant à tout pris conserver leur faible avance, sans essayer d'aggraver le score.
Conclusions
Certes, l'ASSE a abordé ce match comme une équipe inférieure à son adversaire et il est clair que le match nul aurait satisfait les joueurs et le staff. Quand on voit comme il a été difficile pour les Verts de se montrer dangereux, en contre ou lors des rares attaques placées, on peut comprendre le choix. Surtout que tout semblait plus simple pour les Parisiens, même si leur réaction après le but fait penser que ce n'était pas si simple après tout. Bref, c'est une défaite de plus pour les Stéphanois, mais une défaite "programmée", qui ne devrait pas avoir d'incidence sur la feuille de route pour une qualification européenne, objectif déclaré du club. Si la solidarité et les efforts consentis par les joueurs font plaisir à voir et laissent place à de l'optimisme pour la suite de la saison, le gros point noir reste évidemment la grave blessure de KMP. Pour positiver, on peut espérer que le staff et les joueurs s'en serviront comme motivation supplémentaire : il ne faudra pas l'oublier, l'Europe est à chercher, pour le retour de Monnet-Paquet.