Le commentaire télé s’est tellement focalisé sur les statistiques « cartonnesques » de Mikaël Lesage la saison dernière que le supporter stéphanois pouvait avoir le sentiment d’une grande sévérité après la prestation de l’arbitre samedi. Idée reçue ou réalité ?
Il est évident que Galette aurait préféré un premier match plus studieux de la part de ses troupes et que les quatre avertissements reçus, si tôt dans la saison, ne sont pas le point le plus positif de la soirée. C’est d’autant plus rageant qu’il n’y a pas eu de grosse faute (tacle ou coup) commise par un Vert dans ce match. On a donc le sentiment que des cartons étaient évitables et la tentation est forte de charger l’arbitre pour une trop grande sévérité (l’habituel aller-retour entre l’esprit et la lettre).
Pour une large part, cet article fait écho à un premier volet publié il y a bientôt 5 ans, au soir d’un derby de sinistre mémoire. La thèse que j’y développais était celle d’une constante adaptation nécessaire de l’arbitre au contexte du match : les sanctions sont généralement plus dures dans un match tendu que dans une rencontre disputé dans un bon esprit. Autre point à noter, la volonté des arbitres, généralement, de conserver des cartouches pour la suite du match.
Le match de samedi s’est-il déroulé dans un bon esprit ? Vu de ma télé, ce n’est pas le sentiment que j’ai eu, particulièrement en deuxième mi-temps. Souvent dépassés au milieu de terrain, les Verts ont multiplié les fautes (19 au final sur le match, dont 13 en deuxième mi-temps contre seulement 3 à son adversaire) destinées à hacher le jeu. Et les Guingampais, courant après le score, se sont montrés assez agressifs à chaque faute subie. J’ai aussi eu l’impression que, même en première mi-temps, pas mal de contacts, bien qu’involontaires, ont été interprétés comme des coups en douce. Bref, sans être totalement délétère, l’ambiance était plutôt électrique sur le terrain.
Les deux premiers cartons reçus par les Stéphanois vont dans le sens d’une telle perception par l’arbitre. Sur le premier, on joue la 54ème minute et Fabien Lemoine vient de commettre sa troisième faute depuis la reprise. Même si elle n’était pas forcément très virulente, Lesage l’avertit justement pour avoir « enfreint avec persistance les lois du jeu », un motif finalement peu utilisé, mais approprié à la situation. À noter l’effort de pédagogie de l’arbitre qui indique bien, par sa gestuelle, à tout le monde pour quelle raison le carton jaune a été sorti. En soi, trois fautes en quelques minutes, ce n’est pas grave, mais les Bretons commençaient visiblement à voir rouge.
Celui reçu par Cohade est de même obligatoire pour l’arbitre. Une altercation se produit entre le milieu stéphanois et Mandanne. Au départ, Renaud arrive très en retard sur son adversaire qui vient de passer le ballon. Celui-ci réagit par une tentative de coup de pied après sa chute. C’est le « prétexte » dont avait besoin Mikael Lesage pour asseoir son autorité sur le dernier quart d’heure. D’abord, les deux joueurs se sont souvent trouvé dans la même zone et plusieurs duels engagés ont eu lieu. Ensuite, le Guingampais semblait très énervé depuis que des décisions arbitrales lui avaient été contraire. Clairement, il s’agit à ce moment de la partie d’empêcher toute possibilité que les débats dégénèrent.
Il reste enfin le cas des deux derniers cartons verts à étudier. Celui de Gradel, pour avoir poussé le ballon après le coup de sifflet de l’arbitre (« retarder la reprise du jeu » en langage règlementaire) a pu être perçu comme un excès d’autorité. Pourtant, les Verts (par exemple Mollo à la 72ème) ont semblé abuser de cette action d’anti-jeu malheureusement trop répandue sur les terrains. La lutte contre ce type de situation est difficile : il est indispensable de le sanctionner car source de fort énervement pour une équipe menée au score, sans pour autant oublier qu’il s’agit de quelque chose de moins grave qu’un geste dangereux. À ce niveau, un arbitre perd toute crédibilité s’il finit avec sept cartons dont trois pour « retarder la reprise du jeu » et quatre pour contestation.
Celui reçu par Brison semble justement avoir été l’objet d’une méprise : il n’est pas averti pour avoir (à nouveau, deux minutes après Gradel…) poussé le ballon après le coup de sifflet, mais bien pour « comportement antisportif », résultat plutôt logique de sa faute d’anti-jeu, un tirage de maillot privant Guingamp d’une relance rapide.
BONUS : La question minitel de la semaine
À la fin de la première mi-temps, Guingamp développe une attaque après une série de touches côté gauche. Le centre est repris de la tête mais contré par Perrin. Or, il y avait à ce moment-là deux ballons sur le terrain comme le prouve l’image ci-dessous :
La question est donc : si le but avait été marqué, aurait-il été valable ?
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