Dix-septième épisode des confessions d'Helder Postiga à son docteur, par Rising42. A savourer sans modération !


Allooo !!!… Docteur !!!… Youhouuuuuuuuuuu !!! C’est moi !!! Helder Postiga !!!...

Alors, Docteur, vous avez vu le derby à la télévision ?… Aaahhh ! Quel beau derby, Docteur, hein ?… On a même failli le gagner… Du moins si les cages avaient été plus grandes et les poteaux plus minces, on aurait pu le gagner… Enfin, je veux dire, s’il y avait eu une morale, on aurait même dû le gagner… Enfin pas sûr, parce que la morale ou la justice doivent récompenser ceux qui s’accrochent , qui travaillent ou qui ont une morale eux-mêmes… Et là, force est de constater que… Enfin, vous voyez ce que je veux dire… Hein ? Vous me comprenez, Docteur...

Je voulais passer vous voir avec mon bouquet de muguet porte-bonheur, mais j’ai dû quitter Saint Etienne ce matin très tôt pour Knokke-le-Zout, d‘où je vous appelle… Ouiiii !!! Docteur… En Belgique… Oui, je sais, Docteur, c’est pourri là-bas… Mais attention, c’est quand même juste en face de l’Angleterre… Et puis, les moules, Docteur, je ne vous dis même pas… De vrais monstres… Qu’est-ce que je fiche à Knokke-le-Zout ????… Eh bien c’est encore un coup tordu du petit excité avec l’écharpe verte qui m’y a envoyé… Il m’a dit de simuler une blessure à la cheville, pour que le coach ne se doute de rien, et il m’a envoyé ici officiellement pour soigner ma cheville avec des bains de boue… Non Docteur… Pas des bains debout… Des bains de boue assis… Vous êtes lourdingue aujourd’hui, Docteur… Vous allez voir, je vais vous faire rire… Vous ne me croirez pas… Le petit excité à l’écharpe verte et le petit fada au maillot vert veulent me prêter au club local de promotion d’honneur, qu’ils sont en train de racheter par l’intermédiaire d’une société écran du Luxembourg. Alors ils m’ont expliqué qu’ils avaient besoin de moi là-bas pour encadrer quelques bons jeunes, qui viendront à Saint Etienne pour faire semblant d’y terminer une formation et pour être prêtés ensuite dans un club vénézuélien, que les deux comiques vont acheter, afin d’encadrer les jeunes qui viendront à Saint Etienne, avant d’être prêtés à un club bolivien, que les Verts rachèteront aussi…. Enfin, bref, c’est pas très clair… Il s’agit d’une stratégie judicieuse que, paraît-il je ne peux pas comprendre, venant moi-même d’un pays attardé, disent-ils. Donc une stratégie qui permettra à Saint Etienne de posséder tous les clubs à la con du Tiers Monde, et par là même d‘avoir la main sur les pays en question. Et comme ça, le petit excité à l’écharpe verte pourra enfin être élu Secrétaire Général des Nations Unies. Tandis que le petit frisé au maillot Vert visitera ces pays, car, il ne faut surtout pas le répéter, il prend des cours intensifs par correspondance auprès du Grand Séminaire d’Yssingeaux pour passer le diplôme de Pape… Il est tellement bouché qu’il croit qu’il faut faire des études pour être Pape… Il ne sait même pas qu’il suffit de diriger l’OM… Bon, il se débrouille tout seul… Vous dites, Docteur ??? La Belgique n’est pas un pays du Tiers Monde ???… Ah ! Bon ! Je ne savais pas… Pourtant ça y ressemble vraiment…Même Brel chantait qu’il pleuvait toujours à Knokke-le-Zout et que les Flamandes du coin avait du retard au démarrage… Donc voilà, vous savez tout. Enfin, ce que j’ai cru comprendre.

Vous savez, Docteur, le petit frapadingue au maillot Vert me fait faire du soucis… L’autre jour, je ne vous l’ai pas dit, il est arrivé dans le vestiaire après la défaite contre Strasbourg… Il était hagard… La langue pendante… Les yeux vides de sens comme d’habitude… Justement, par habitude on n’a pas pris garde à lui. Puis il s’est mis à déblatérer tout un discours incohérent… C’est classique encore… Mais, le sommet du délire, c’est quand il a commencé un strip-tease… Il a ôté son maillot vert… L’a jeté à terre… Et s’est mis à y sauter dessus frénétiquement, comme Janot quand il saute sur mes guitares… Et il criait :

Voilà ce que vous avez fait…
C’est ça que vous avez fait…


Vous auriez vu l’ambiance, Docteur… Plus personne ne bougeait… Piquionne avait les oreilles qui tombaient et restait la bouche ouverte devant son hamburger qu‘il s‘apprêtait à y enfourner… Il faut que je vous dise, Docteur, que Piquionne s‘est mis à l‘allemand, et ne bouffe plus que des hamburgers… Zokora, paniqué, émettait un bruit de cornemuse… Et, Feindouno, qui répète un rôle de la Castafiore pour l’opéra de Séville, et qui chantait dans un recoin des vestiaires :

Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah !!!!
Je ris de me voir si brêle en ce foutoir !!!


s’arrêta soudainement et ses dents se mirent à claquer comme des castagnettes.

Docteur, j’ai bien essayé de vous téléphoner, mais j’avais tellement peur que je tremblais comme une feuille dans une tempête tropicale, et je n’arrivais pas à poser mon doigt sur les touches de mon téléphone portable. Et puis, le dingo au maillot vert a découpé son maillot avec une paire de ciseaux, a mis les lambeaux dans un saladier, l’a assaisonné avec de l’huile d’olive et l’a mangé devant nous… Brrrrr… Docteur, j’en suis encore tout secoué...

Bon, Docteur, la crise est passée… Elle a laissé des traces… Mais, ce n’est pas pour cela que je vous appelle. Voilà… Chez moi, au Portugal, on chante toujours le mois de mai… Surtout aux gens qu’on aime… Donc, Docteur, comme je vous aime bien, et comme je ne peux pas vous offrir mon bouquet de muguet et vous chanter ma chanson sur place, je vais vous chanter le mois de mai par téléphone, ça aura le même effet… Et ça va vous porter bonheur, parce que, Docteur, avec tous les hystériques qui vous cassent les oreilles, voire autre chose encore, au téléphone jour et nuit, vous le méritez bien. Moi je vous le dis.

Vous y êtes, Docteur ? … Ok !!!!! C’est parti...
Trois ! Quatre !

Il est revenu, le temps du muguet
Comme un vieil ami retrouvé
Il est revenu flâner le long des quais
Jusqu'au banc où je t'attendais
Et j'ai vu refleurir
L'éclat de ton sourire
Aujourd'hui plus beau que jamais…


C’est beau, hein, Docteur ??? Attendez un peu… Je continue…

Il est revenu, le temps des branlées
Comme un vieil ennemi retrouvé
Il est revenu flâner tout près des quais
À Gerland où je le redoutais
Et j'ai dû repartir
À Sainté pour souffrir
Aujourd'hui bien plus que jamais…


Mais enfin, Docteur, arrêtez de pleurnicher… Vous allez voir la suite est plus réjouissante...

Le temps des branlées ne dure jamais
Plus longtemps que le mois de mai
Quand toutes les médailles seront distribuées
Pour nous tous rien n'aura changé
Aussi belle qu'avant
Notre chanson d’espoir
Chantera comme au premier soir...


Voilà… Qu’est-ce que je vous disais… Quoi de plus beau que l’espoir ? On dit que l’espoir fait vivre… Donc, nous qui ne vivons que d’espoir puisque nous ne gagnons jamais rien, nous avons encore de bien nombreuses années à vivre… Tandis que ceux qui gagnent, qu’ont-ils à attendre???… Rien… Si ce n’est la chute… Nous, on ne peut pas tomber plus bas, puisqu’on est déjà dans les bas-fonds… Allons, un peu de lucidité, Docteur !!!
Prenez les Lyonnais, Docteur… Hier soir, ils bombaient le torse parce qu’ils avaient battu une équipe de chèvres. Certes, on récolte la gloire que l’on peut. La valeur des victoires dépend, me semble-t-il de la valeur de l’adversaire… Bref, ils bombaient la poitrine… On aurait dit des coqs… Surtout Coupet qui avait un plumage rouge du plus bel effet, qui donnait raison à nos supporters lorsqu’ils chantent cette chanson qui dépeint des mœurs incertaines… Mais, Docteur, je ne sais pas vous, ils m’ont fait penser à un coq qui chantait la veille de passer à la casserole… Ils m’ont rappelé Sydney, le coq que mon grand-père avait ramené d’un pèlerinage au Puy, qui chantait le samedi les deux pattes sur son tas de merde en méprisant tout le poulailler et qu’on a bouffé lors du repas dominical.

Bon, Docteur, je m’égare… Je termine ma chanson… Ben oui, Docteur, elle n’est pas encore fini… J’y vais… Quoi ?...Si, si, j’y vais !!!
Trois, quatre...

Il s'en est allé, le temps des branlées
Comme un vieil ennemi fatigué
Pour toute une année, pour se faire oublier
En partant il nous a laissé
Un peu de ses défaites
Un peu de ses girouettes
Pour y croire jusqu’à l’an prochain…

Lalalalalalalala !!!


Il faudra que je la chante aux copains… Avec la guitare, et Basto qui fera les chœurs… Enfin, un jour où Janot sera dans de bonnes dispositions…

Bon, à part ça, quoi de neuf, Docteur ?

Moi, ça va. Je ne vous ai pas téléphoné le week-end dernier car nous avions une journée de repos à cause des deux catastrophes qu’on appelle des clubs qui jouaient la finale de la Coupe de la Ligue. Nous avons joué un match amical contre Toulouse à Mende. J’ai été dispensé de jouer ce match, car le coach a pensé que comme Mende n’est pas très loin de Roquefort, et que j’avais déjà suivi un stage de formation dans l’équipe locale des chèvres, il valait mieux que je laisse la place aux jeunes pour qu’ils profitent du climat ambiant.

Docteuuuuuur, il faut que je vous dise… Il m’en est arrivé une… Pendable… Fouilla, oui !…

Dimanche, après-midi, je me suis rendu compte que j’avais oublié mon portefeuille dans les vestiaires de Geoffroy Guichard. Ni une, ni deux, j’ai sauté dans la voiture, et je suis allé le récupérer. Quelle ne fut pas ma surprise lorsque j’ai vu devant le stade des milliers de supporters. Fouilla, d’un monde !!! J’ai eu la frayeur de ma vie… Je me suis dit que je n’avais pas compris le coach et qu’il y avait un match ce Dimanche… Mais non !!! En fait, c’était la journée « Portes ouvertes Â». Comme je suis poli, je n’ai pas osé passer devant tout le monde… Alors j’ai fait la queue… Deux heures de queue, Docteur… Je ne vous dis qu’une chose, Docteur… Il y a plus de monde à Geoffroy Guichard quand c’est la journée « Portes ouvertes Â» que quand c’est à guichets fermés. Bon, alors j’ai attendu avec les familles… L’ambiance était bon enfant… Tout le monde était en vert… Et puis, lorsque j’ai pu passer les grilles, j’ai voulu aller directement aux vestiaires… Quand un énergumène de la Sécurité m’a à moitié assommé d’un coup de parapluie sur la tête et m’a obligé à suivre la nouvelle queue qui s’était formée pour monter à l’étage et visiter les bureaux… J’ai donc encore pris mon mal en patience, et bien m’en a pris, car lorsque je suis arrivé dans les bureaux que je ne connaissais pas – j’ai signé mon contrat par procuration – j’ai découvert le trône du Président, avec derrière sur le mur le portrait en technicolor du petit excité avec l’écharpe verte… Incroyable… Mais que fait-il donc dans ce bureau ??? J’ai posé la question depuis à mes copains, mais tous me regardent en secouant la tête avec l’air de me plaindre… J’ai vu aussi qu’Omar ne couchait pas comme tous ses congénères dans une niche, mais qu’il a lui aussi un bureau avec, sur la porte, une plaque en cuivre sur laquelle est écrit : Omar y Oswaldo, Argentina avec en dessous son blason représentant un os et un dollar entrelacés. Je ne sais pas qui est cet Oswaldo… Je ne savais pas qu’Omar s’était mis en ménage. Ce que je n’ai pas compris c’est pourquoi on a besoin dans le club de quelqu’un de vicieux… Comment, Docteur ?… Oui, vicieux… C’était marqué sur une plaque Vice-Président… Et au-dessus du siège du vicieux en question, il y avait là aussi la photo d’une tronche de cake que j’avais déjà vu quelque part… Mais alors où… Impossible de me rappeler… Peut-être dans le reportage sur les séquelles des bombes atomiques de Hiroshima ou de Konica Minolta… Je ne sais plus… En tout cas, cette visite a été très instructive… J’ai ensuite pu entrer dans les vestiaires et j'ai vu avec émotion mon banc et mon armoire… Enfin j’ai pu fouler la pelouse mythique de Geoffroy Guichard… J’avais même la larme à l’œil, Docteur… J’en ai même pris quelques brins sans me faire voir pour ramener à Piquionne pour lui faire plaisir.

On m’a dit également que le petit excité à l’écharpe verte avait fait des déclarations pour signifier au coach que s’il voulait partir il le pouvait. Parce que le comique en chef ne dit jamais les choses en face. Il utilise toujours des subterfuges, comme la presse, la Saint Valentin, la Toussaint, les Saints Innocents ou la Saint Barthélémy. Le coach, qui a la cervelle au frais, à force de vivre à l’ombre de sa casquette, a compris qu’il fallait qu’il parte à Toulouse. Donc, il a envoyé une lettre de démission que le destinataire maintenant se refuse à lire. Vous imaginez la scène, Docteur. C’est une sorte d’amour vache. De piège à con. Il reste à savoir qui fait le piège et qui fait le con… Ou qui fait l’amour et qui fait la vache… En tout cas, on en sait pas mieux.

Sinon, hier soir, je suis resté tranquillement à la maison et j’ai donc regardé le derby à la télévision. Que retenir du derby ? Rien, sinon que je ne jouais pas. Comme ça, je n’ai pas eu plus de ballon que d’habitude, et Fred Piquionne a pu se rendre compte du plaisir que procurait de jouer un match sans ballon, puisque lui non plus n’en a pas eu. L’arbitre a sifflé un pénalty pour les autres, car Juninho, le grand joueur brésilien à l’éthique irréprochable, s’est étalé comme une bouse de vache de Salers, en feignant d’être victime d’un attentat. Hellebuyck a mis un but malencontreusement dans ses propres cages. Gomis a tiré sur la transversale et Sablé aussi. Et Feindouno jouait un remake du Fantôme de la liberté . Janot a, comme d’habitude, joué un match sérieux qui nous a évité une déroute. En face, c’était le cirque. J’ai longtemps hésité entre une équipe de clowns et une escadrille de gays en tenue de travail… Un stade fade… Coréen…. On se serait cru à Pyong Yang… Vous connaissez la Corée du Nord, Docteur ???… Non ???… Eh bien, c’est Lyon avec les quenelles et la rosette en moins…Les Coréens ont aussi un Guide Suprême, un clone de Jean-Michel Hélas… Et ils sautent sur leurs pieds pour se réchauffer car ils n’ont pas de chauffage. Moi, je vous le dis, Docteur, je suis bien content d’être à Knokke-le-Zout.

Normalement, je rentre dans la semaine pour faire un rapport au petit excité à l’écharpe verte, et après je ne sais pas trop si je retourne en Belgique ou si je vais à Ushuaïa.

Vous verrez bien, Docteur, d’où je vous appelle la semaine prochaine.

En attendant, Docteur, portez-vous bien !!!

Auteur : Rising42