Poteaux Carrés ne recule devant rien. Pas même devant la perspective de réveiller les morts pour comprendre l’étrange bal médiatique qui se noue autour du psychodrame que vit le club.
Nous avons donc contacté Tonton. Pour deux raisons, d’abord parce qu’en machiavélisme, il touchait sa bille, et parce qu’après avoir ré-écouté pour la 1342ème fois Carole Bouquet, il était d’accord pour nous laisser libre accès à la cellule d’écoute de l’Elysée.
Le résultat fut édifiant. Toute ressemblance avec des (tristes) personnages existants ou ayant existé serait purement fortuite. Ou pas...
- Allo Bernard ?
- Oui ?
- C’est Bernard !
- Ben oui, c’est Bernard !
- Tu vas bien ?
- Oui mais qui me parle ?
- Ben Bernard, Bernard !
- Je comprends rien à ce téléphone. Déjà qu’il envoie des SMS sans mon autorisation, maintenant, il m’appelle tout seul… Ou alors c’est les ravages du jetlag. Suis comme Roland, j’ai plus l’âge…
- Mais non Bernard t’es con !
- Ok, ça, suis au courant merci…
- C’est Lions
- Lyon ? C’est con, ça pue et ça pollue !
- Non mais t’es con, c’est Lions pas Lyon
- Ah putain…. tu ne pouvais pas le dire plus tôt, plutôt ?
- Non moi c’est Dingo mon surnom au journal. C’est Duluc, il se fout toujours de ma gueule, il m’énerve il se la pète trop, depuis qu’il se croit romancier.
- Ouais bon ok je m’en cogne, pourquoi tu me réveilles ? J’étais en plein rêve, Piazza coachait l’équipe, et on tapait Lyon sur un but de Mazure servi par Koziello.
- Pourquoi tu veux me taper ? J’ai fait tout comme tu m’as dit, le coup du Brutus vieillissant, du chouchou Sablé, du club surendetté, j’ai été bien non ?
- Taper Lyon, pas Lions. Tain t’es con Bernard.
- Moi aussi suis au courant.
- Oui, bon ok mais Ponce Pilate, t’étais pas obligé, en plus le peuple vert, ça le dépasse tout ça, la pseudo référence religieuse, tu sais, on m’a dit que c’était un peu l’Albanie là-bas. Pis personne n’a souffert sous moi, ni n’a été crucifié, tu sais moi mon moteur c’est l’amour !
- L’amour, ceux qui jouent ce soir contre Toulouse ?
- Non mais arrête avec tes références, tu t’es pris pour Luchini ou quoi ?
- Bon sinon t’as vu la conférence de presse hier ?
- Ben non j’étais dans l’avion. Tu pourrais t’en douter j’t’ai pas envoyé de SMS, y avait forcément une raison.
- Ah oui, suis con
- Tu radotes
- Aussi, oui, surtout que je vais encore sortir un papier pour dire que Roland s’engueule avec Gasset si tu n’as rien d’autre à me dire.
- Attends, attends on va trouver… Je vais regarder la conférence de presse je te rappelle.
- Ok merci Bernard !
- …
- Allo Bernard ?
- Oui !
- C’est Bernard !
- Ben oui, c’est mon prénom, Dingo c’est mon surnom, mais ça m’énerve, moi c’était Pluto mon préféré..
- Ah d’où la coupe de cheveux ?
- Arrête t’es con Bernard !
- Oui je sais… Euh on tourne en rond là non ?
- Oui mais pourquoi tu m’appelles ? T’as épuisé ton forfait SMS ?
- Ah non ça me revient, c’est rapport à Roland, je viens de voir la conférence de presse.
- M’en parle pas ça m’a ému
- Ben si je t’en parle, idiot, c’est pour ça que je te rappelle !
- Ah oui, non mais les larmes de Roland, le départ de Dominique, ça m’a rendu tout chose.
- Toi aussi ? C’est fou ça.
- Tu sais Bernard, si ça se trouve on l’aime un peu ce club…
- T’es malade ?
- Ben non mais moi tant d’émotion, je peux pas rester insensible, suis un sensible tu sais !
- Tu t’es fait retourner par Roland… ?? Il est fort le vieux. Me demande si je ne l’aurais pas un peu sous-estimé. Bon faut porter l’estocade.
- Porter qui ?
- Pff. Porter l’estocade, Passer la surmultipliée, enfoncer le clou tain tu l’as eu où ton diplôme de journaliste ?
- Le clou, ça a un rapport avec Pilate, la crucifixion tout ça ?
- Je suis las Bernard, je suis las.
- Moi aussi Bernard, j’ai pas raccroché, je suis là. Nous on est comme les Green Angels, on sera toujours là.
- Bon t’as qu’à dire que M’Vila et Cabella vont se barrer, que Roland veut confier à Sablé le poste de directeur sportif et qu’il envisage de filer le poste d’entraîneur à Daidaire.
- Daidaire, c’est qui ?
- Oh tu suis un peu, Bernard, on a gagné la Gambardella, Daidaire, il a assuré.
- … Daidaire… Ah ok !!! Nedder tu veux dire ?
- Oui si tu veux, Nainaire.
- Non mais Bernard, fais un effort tout de même, le petit Razik, c’est la valeur montante du club.
- Oh ça va, suis venu trois fois à Saint-Etienne, tu veux pas que je me souvienne de tout le monde … tiens tu m’as donné une idée…
- Ah tu vois, on fait une belle équipe tous les deux ?
- Oui fais-moi d’ailleurs penser à te proposer le poste de Dir Com quand j’aurais repris le club tout seul.
- C’est ça ton idée ?
- Non t’emballe pas. L’idée c’est que tu vas expliquer que Nedder veut plus de reconnaissance, mais que Roland a refusé, et que du coup Nedder va partir. Ah pis t’ajoutes que Roland a accepté une proposition de Dortmund de 12M pour Saliba.
- Ah t’es déjà au courant ?
…. Oh putain…. Ca dépasse l’entendement. Bon faut que je te laisse, faut que j’y aille, Roland est capable de foutre en l’air le club en trois jours à ce rythme.
- Tu parles d’un scoop… Bernard, fais un effort, ne me file pas que du réchauffé !
- Ta gueule !
- T’énerve pas Bernard, je m’occupe de l’article, je te l’envoie un premier jet pour relecture, et on vise une parution vendredi ok ?
- Ok. Parfait. Je raccroche. Ah attends... au fait, tu sais s’il y a des trains qui vont jusqu’à Saint-Etienne ?