Un sup ? Un supporteur ? Oui, dans sa plus pénible incarnation.
Insup ? Insupportable ? Oui, définitivement oui.


Comme un supporter lambda qui voit arriver un jeune talent de Ligue 2 chez un pensionnaire de Ligue 1, son premier réflexe, au saut du lit et au pied du micro est de s’exclamer : « ah ben merde, dis donc, il a l’air pas mal ce petit jeune, pourquoi on ne l’a pas pris ? ». Peut-être, au hasard, parce que Jean-Louis Gasset a défini une stratégie toute autre, et qu’il a la prétention folle de s’y tenir. Par exemple, un recrutement qui serait basé sur des joueurs expérimentés, tirant l’équipe vers le haut, et encadrant les jeunes pousses du centre de formation.

 

Si j’étais de nature magnanime, olympique,  je ne lui en voudrais pas à Bozzo. C’est un supporteur, qui, depuis qu’il a commis cette fameuse charte, il y a deux septennats de cela (putain quatorze ans !) préfère la fuite que la suite dans les idées. Alors forcément, quelqu’un qui a des idées, qui les concrétise et les pérennise, ça le défrise notre Nanard.
Oui, mais je vous arrête. Coupez le moteur. Nanard est peut-être un supporteur des Verts, depuis des années entières, l’amour du maillot… Mouais, même de cela on peut fortement douter, mais ce n’est pas la question. Il est supporteur, admettons.


Oui. Il est supporteur, mais pas que. Il est président paraît-il aussi. Et là je vous le demande, à quoi reconnaît-on un supporteur d’un président ?
Eh bien c’est simple : le supporteur dépense tout son forfait pour appeler frénétiquement RMC, et quand il a enfin le standard, et que Monique, au standard, la trouve vachement bien sa question, ben il obtient le droit d’attendre fébrilement qu’on le rappelle, et là qu’importe l’heure, qu’il déguste un bon gaspacho en tête à tête avec Madame ou qu’il soit en train de changer bébé, qu’il soit en train d’expliquer à Kevin que Thales il ne jouait pas à l’AEK mais qu’il faisait des théorèmes  ou qu’il descende les poubelles, ben il s’interrompt, le supporter, il le veut son quart d’heure wharolien, sans savoir qu’il aura juste  14 secondes pour causer dans le poste avant de se faire rembarrer car y a des pubs à passer, comment il croit, ce supporteur que RMC a les moyens de se payer les droits du foot non mais j’te jure, les gens sont d’un grossier.

 

Le président, lui, on l’invite cordialement à venir s’exprimer, on le vouvoie (pas le supporteur vous noterez, lui il est naze alors on le tutoie), on n’ose pas trop le contredire, et on s’autorise même à penser dans les milieux autorisés que certains présidents choisissent de s’inviter à l’antenne, quand ils ont des contre-feux à allumer, des arbitres à dézinguer, des clubs à chambrer, de la mauvaise foi à vomir, souvent entre Rhône et Saone (d’où le fameux Lyon c’est con, ça pue et ça pollue, que nous chantions à la fin des années 80 en venant envahir le Virage Sud qui, à l’époque, tournait vraiment, et n’était ni couvert ni infesté de peste brune, mais je m’égare de Perrache). Bref le président, il a le temps d’exposer des idées, sa stratégie, de défendre son club, d’attaquer les autres, bref il a le temps.

 

Donc, démontration est faite, le président est différent du supporteur. Mais, là où ça se corse comme dirait Anto, qui s'y connaît en président fumeux, c'est que le président, il a pourtant le droit d’être supporteur, ou au moins de le devenir, un peu comme la femme (qui le devient, disait Simone, qui était plus France Culture que RMC ou France Bleu, mais moins fleur bleue que fleur au fusil). Mais il doit surtout être président.
Et c’est là qu’il est insup, le nôtre de président. Ben oui, il a encore oublié qu’il l’était, président. Oui honnêtement nous aussi ça nous a fait un choc, mais là Bozzo, après 14 ans, le costume il faut l’endosser maintenant. Et donc enfin mettre en œuvre deux-trois fondamentaux de la fonction comme au hasard :


- défendre le club et les hommes qui le composent en toute occasion, ce qui suppose de ne pas publiquement dire du mal de ses joueurs, de son entraineur, ou de son staff, tu as le choix dans le dérapage.
- montrer la voie plutôt que donner de la voix. Tu as encore confondu Nanard. Montrer la voie, c’est identifier une stratégie, de préférence gagnante,  se donner les moyens de la mettre en œuvre, avec ténacité et constance. Oui c’est du boulot, on est d’accord, mais bon, t’es président, on ne t’a pas forcé, nous non plus ça ne nous amuse pas, mais fais un petit effort ! 

 

JLG qui n’est pas né entraîneur, mais l’est brillamment devenu, et qui a passé l’âge d’avaler des couleuvres a remis le clown à sa place. Il est comme moi JLG, les clowns ne le font pas rire, ils lui fileraient plutôt le blues avec leurs vieux numéros surannés.
Nous on est habitués. Tristement habitués. Toujours aussi dépités face à ce qui ressemble trop à un pseudo président doublé d'un pseudo supporteur.  Avec, au cœur le secret et vain espoir qu’il se taise et laisse parler le terrain, parce que lui, il nous intéresse bigrement, et on l’a rarement senti aussi prometteur à cette époque de la saison.

 

Allez les Verts, sus aux clowns !