S'apprêtant à parapher un contrat de trois ans avec l'ASSE, le jeune et prometteur gardien breton Lenny Montfort (17 ans) se présente au peuple vert.
Le twittos Lucas Le Texier a annoncé le 21 mai dernier que tu avais signé à l’ASSE. Tu confirmes ?
Je me suis engagé avec l’ASSE mais je n’ai pas encore signé mon contrat. Ce ne sera qu’une formalité car on est déjà tombé d’accord. Je vais signer un contrat de trois ans de stagiaire professionnel juste avant la reprise de l’entraînement programmée le lundi 1er juillet.
Peux-tu nous retracer ton parcours de joueur ?
De 2008 à 2014, j’ai joué au FCAV Redon, un bon petit club situé au sud-ouest de Rennes et dont l’équipe première évolue en National 3. J’ai ensuite rejoint le FC Lorient, que je viens de quitter après cinq saisons. A Redon, j’ai joué d’abord deux ans numéro 10 puis gardien à partir des U10. Ce qui m’a fait changer de poste, je dois avouer que c’est Hugo Lloris. Oui, bon, je sais, c’est un Lyonnais mais pour moi c’est d’abord le gardien de l’équipe de France ! (rires) J’étais fan de ce gardien, même quand j’étais petit. Même si j’ai démarré joueur de champ, c’était mon footballeur préféré. Lors d’un tournoi, le gardien habituel n’était pas là, je me suis proposé. On avait été en finale, j’avais été fort, je me suis fixé à ce poste et a priori de je n’en bougerai plus ! (rires).
Avant de rejoindre le centre de formation des Merlus, avais-tu été approché par d’autres clubs pros ?
Le Stade Rennais et le FC Nantes me convoitaient également. J’ai choisi Lorient car je préférais le projet chez les jeunes, je m’entendais mieux avec les joueurs à l’époque. Là-bas j’ai joué des U13 aux U17. Le problème c’est que le club a supprimé les championnats. A Lorient il n’y a plus d’équipe en U19 nationaux et en Régional 1. On ne faisait que des matches amicaux, ça ne me plaisait pas forcément. Je trouvais que les coaches manquaient d’ambition, ils se contentaient de très peu, la victoire n’était pas importante à leurs yeux. J’étais en désaccord avec eux sur ce point. A Lorient j’étais en manque de compétition. Je n’ai que 17 ans donc c’était compliqué de jouer avec la réserve. J’ai joué juste un match en National 2 cette saison, à Borgo, quand le gardien titulaire a été expulsé à la demi-heure de jeu. J’ai été sur le banc une douzaine de fois. Non seulement je n’ai quasiment pas joué mais il y a eu des soucis : l’entraîneur des gardiens s’est fait virer, le nouveau ne me plaisait pas trop. Il était temps pour moi d’aller voir ailleurs.
A l’affut, Sainté en a profité pour te récupérer alors que pas mal d’autres clubs te convoitaient…
Oui, pas mal de clubs se sont manifestés : Montpellier, Rennes, Brest, Guingamp, Toulouse, Lens, Angers… Les clubs bretons me connaissent et me suivent depuis que je suis petit, les autres ont entendu parler de moi et m’ont supervisé. Entraîneur des gardiens du centre de formation de l’ASSE, Jef Bédénik est venu me voir au Tournoi de Saint-Joseph que j’ai disputé il y a deux mois avec Lorient. Il avait déjà entendu parler de moi, il a pu me voir jouer. On a discuté après le tournoi. Deux semaines plus tard, je suis venu passer trois jours au centre de formation à L’Etrat. Ça m’a plu. J’ai bien aimé les installations, le groupe, les coaches. J’ai aussi visité les installations de Montpellier, Rennes, Guingamp, Brest car je voulais tout voir avant d’arrêter mon choix.
Qu’est-ce qui a fait pencher la balance en faveur de Sainté ?
Je me suis senti mieux à Sainté. J’ai bien aimé le discours de Jef. C’est important pour moi que le courant passe avec l’entraîneur des gardiens. J’ai bien aimé les infrastructures et j’ai aussi apprécié mes échanges avec Razik Nedder. Comme il va reprendre la réserve suite au départ de Laurent Batlles à Troyes, je ne sais pas encore qui sera le coach des U19. Mais je sais que les U19 nationaux de l’ASSE jouent dans le groupe sud qui est relevé et attractif. La réserve de Sainté sort également de deux bonnes saisons, après être montée elle s’est maintenue en National 2 sans trop trembler. On m’a dit aussi que des jeunes issus du centre arrivaient à se faire une place chez les pros. Maintenant, je sais qu’à mon poste il y a beaucoup de bons gardiens à l’ASSE. Je sais que ce club est réputé comme l’OL pour être une très bonne école de gardiens en France, ça aussi ça a joué.
Quels sont tes points forts, Lenny Monfort ?
Je suis bien dans le jeu au pied, je lis bien les trajectoires et j’aime bien participer au jeu, être à la construction, à la première relance. Peut-être que le fait d’avoir démarré le foot au poste de milieu offensif m’a un peu aidé dans mon jeu au pied. Je pense avoir un bon pied droit et je me débrouille du gauche. Je joue assez haut, j’anticipe, je récupère beaucoup de ballons en profondeur. J’aime bien les sorties dans les pieds. Sur la ligne j’ai de bons réflexes.
Dans quel(s) domaine(s) estimes-tu être perfectible ?
J’ai plus de mal dans les sorties aériennes. Mentalement, je suis assez serein sur le terrain. Je ne vais pas me mettre à gueuler n’importe comment, je garde toujours mon calme avec la défense. Je sais que je peux encore faire mieux dans les relances volées. Je pourrais envoyer des ballons plus longs, plus loin, encore plus précis. Je souhaiterais être encore plus décisif. Je pense être pas mal dans ce domaine mais je pourrais encore mieux faire.
Quel regard portes-tu sur Stéphane Ruffier, numéro un indéboulonnable à Sainté depuis de longues années ?
Il est très performant, il dégage beaucoup de calme et d’autorité. Cela fait plusieurs saisons qu’il est à Saint-Etienne, il a toujours été régulier et décisif. Je trouve qu’il rassure la défense et les supporters, c’est pour moi l’une des qualités premières que doit avoir un gardien. Stéphane Ruffier rassure son équipe. Quand c’est la panique, on peut toujours compter sur lui comme dernier rempart. La plupart du temps il s’en sort, je constate qu’il a rapporté beaucoup de points à l’équipe.
As-tu le même morphotype que la Ruff ? Joues-tu dans le même registre ?
J’ai à peu près la même taille que lui car je fais 1m89.
Ah oui quand même, t’es vachement plus grand que ton père Nelson !
Nelson Montfort n’est pas mon père! (rires)
T'as l'air moins costaud que Stéphane Ruffier
On va dire que je suis plus longiligne car je pèse 73 ou 74 kilos. Je ne joue pas dans le même registre que Stéphane Ruffier. J’ai plutôt un profil à la Benjamin Lecomte voire à la Benoît Costil. J’ai eu l’occasion de voir très souvent Benjamin quand il était à Lorient, je le trouve assez technique, il est propre dans le jeu au pied, serein et décisif. Benoît, j’essaye de lui ressembler car il était au Stade Rennais qui est mon club de cœur avec Tottenham. Cela fait quatre ou cinq ans que je suis vraiment les Spurs, j’aime le coach, les joueurs, pas que Hugo Lloris !
L’ASSE, ça représente quoi pour toi ?
Pour moi, c’est à la fois un des grands clubs français mais aussi un club familial de ce que j’en ai vu. Les supporters sont proches de leurs joueurs. La ferveur qu’il y a à Saint-Etienne, ça a joué aussi dans mon choix. Les supporters suivent vraiment leur équipe, même chez les jeunes. On m’a dit que lors des derbys notamment il y a des milliers de personnes… En Gambardella aussi, on a vu qu'il y avait un bel engouement populaire. C’est bon ça, j’ai hâte de découvrir ces ambiances ! Je me rends compte que pas mal de supporters stéphanois s’intéressent aux jeunes, cette interview en est la preuve. C’est vraiment plaisant !
Quelles sont tes ambitions à Sainté ?
Je viens pour tout casser ! (rires), Non, le projet c’est de donner le maximum, me donner à fond. J’ai conscience que j’ai encore beaucoup de travail à accomplir. Je vais essayer de faire une bonne saison avec les U19 nationaux, accrocher les premières places et essayer d’aller gratter du temps de jeu en réserve. Et si je pouvais aller voir un peu l’équipe de France aussi, ce serait cool. A quinze ans j’avais été appelé mais après je n’ai pas eu ma chance. Lorient n’aime pas trop que ses joueurs aillent en équipe de France chez les jeunes. On en avait discuté, ils n’aiment pas ça. Ils pensent que les joueurs peuvent prendre la grosse tête et ils disent que ça augmente le nombre de matches et les risques de blessures. Ils disent que ça n’apporte rien à des jeunes de 16 ou 17 ans. Sainté a l’air plus ouvert et davantage enclin a laissé ses jeunes joueurs partir en sélection.
Tu es né en janvier 2002, trois mois après la sortie de l’album Lenny de Kravitz. C’est évidemment à cause de ce chanteur que tu portes ce prénom !
(Rires) Non, rien à voir ! Mes parents ne m’ont pas prénommé comme ça en référence au chanteur.
C’est donc« Lenny » interprété par Dustin Hoffmann dans le film de Bob Fosse qui les a inspirés ?
Pas davantage ! (rires) Je crois qu’ils ont entendu ce prénom par hasard, ça leur a plu et ils me l’ont donné.
Ah OK je me fais des films. Celui que je viens de citer raconte l’histoire de Lenny Bruce. Avant de devenir le comique le plus célèbre et le plus controversé des années 1960, il avait fugué à seize ans, travaillé dans une ferme avant de s’engager dans la Marine. De ton côté t’as l’air davantage intéressé par les études, non ? T'es en train de passer le bac avec un an d’avance.
C’est vrai que j’ai un an d’avance mais en fait je ne compte pas poursuivre mes études. Je compte arrêter l’école après le bac mais par contre je compte passer mes diplômes d’entraîneur, c’est quelque chose qui me plairait. Mais bon, avant ma reconversion, il faut déjà que je pense à parfaire ma formation. A moi de progresser à l’ASSE ! C’est une nouvelle aventure pour moi qui commence. J’ai toujours vécu en Bretagne. Je connaissais un joueur à Saint-Etienne, je m’entendais bien avec lui, il est Breton mais il vient de partir à Chambly : c’est l’ancien gardien de Guingamp Killian Le Roy. Mais l’un de mes meilleurs amis est à Sainté pour ses études qui n’ont rien à voir avec le foot mais il est fan des Verts !
Merci à Lenny pour sa disponibilité