Après trois ans de déboulés à gogo, de frappes chirurgicales (ou pas) et de sourires rafraîchissants, Baky s’en est allé. Nombreux sont ceux qui auraient aimé qu’il prenne Racine à Sainté, mais son départ n’a rien d’étonnant dans ce foot où les agents se prennent pour des (andro)macs.


Un dragster dans l’Eurotunnel

 

Qui dit départ dit bilan. Baky c’est d’abord un style résumé par un mot, dragster, revenu plusieurs fois dans la bouche du staff pour décrire Sako. Dragster : véhicule de sport à moteur très puissant, capable d’atteindre des vitesses élevées. Il y a de ça. Sarramagna son ex-entraîneur à Châteauroux, interrogé par Poteaux Carrés Ã  son arrivée à Sainté parlait alors d’ « un joueur doté d’un gros potentiel physique et athlétique » avec « une puissance de frappe extraordinaire (…) un joueur qui crée le danger par sa vitesse et sa puissance, pas maladroit devant le but (…) un joueur intéressant car il a encore une belle marge de progression ».

Tout est dit. Et tout est illustré par quelques images bien gravées dans nos mémoires : son coup franc détonnant à Bordeaux il y a trois ans, son corner direct contre Rennes en mai 2011 ou son match tout en contrastes en mars à Valenciennes où après avoir semblé totalement perdu sur le terrain, il avait mis le feu à l’arrière-garde de VA… Baky est un animateur de jeu, la Samaritaine du foot, tant, avec lui, il se passe toujours quelque chose sur le terrain. Ce profil a d’abord fait de lui le joker idéal lors de sa première saison chez nous : même désordonnées, même maladroites, ses initiatives avaient le don de réveiller un match. Tancé pour son manque de lucidité qui l’amenait parfois à mal finir ses actions, il devient titulaire à part entière en deuxième partie de saison puis nous sort en 2010/2011 une copie quasi parfaite avec sept pions en championnat.


La saison dernière laisse une impression plus mitigée. Lâché par la réussite (il détient le très poteaucarréiste record du nombre de frappes sur le poteau en L1), il apparait comme le suppléant d’Ebondo au titre très peu envié de bouc émissaire d’un public qui parfois, lui aussi, ne brille guère par sa lucidité.
Car encore une fois, Sako frappe, Sako déménage, Sako défend, Sako centre (et plutôt bien), et dans une équipe ayant perdu Payet il apparaît clairement comme notre meilleur atout offensif sur l’aile.


Le seul raté du mercato

 

Malgré leurs atouts respectifs, nos autres joueurs (Gradel, Nicolita, Alonso) utilisés dans les couloirs l’an dernier ne disposaient pas de cette explosivité, et Baky présentait l’immense avantage d’être le seul gaucher offensif de l’équipe. Dès lors, et même si Hamouma justifie déjà son transfert (mais il est droitier…), on peut craindre que le départ de Baky laisse un vide. La logique financière ayant conduit le staff à le lâcher peut se comprendre, mais il aurait sans doute été plus judicieux de se délester d’un de nos droitiers…


Et on n’oubliera pas non plus qu’au-delà de son apport sportif, Sako, malgré son statut de jeune espoir et la qualité de sa saison 2011, n’aura, lui, jamais été pris en flagrant délit de chopage de melon (Dimitri si tu me lis…) et les vidéos de vestiaire laissent apparaître une personnalité saine, à la banane sans doute communicative, ce qui ne gâche rien. Galette n’a-t-il pas jeudi en conférence de presse salué son joueur d’un sans équivoque « Il a été très utile à l’équipe. Ce fut toujours un bon partenaire, très respectueux de l’institution » ?


Retour à la case départ

 

Alors qu’on a longtemps évoqué des pistes en Bundesliga, Sako a finalement débarqué chez les Wolves, relégués en mai dernier en L2 anglaise. Venu à Sainté en provenance de L2, il y retourne donc, touchant, passage par la case départ oblige, au moins 20 000 Francs.
Baky fait certes de ce point de vue une belle opération, mais on imagine aisément qu’il avait rêvé d’autres horizons plus glamour. Après trois saisons pleines (respectivement 30, 38 et 36 matchs de championnat, pour 12 buts), il vaut sûrement mieux que l’antichambre de la Premier League. Et notre esclave préféré pourrait lui confirmer, nombreuses sont les anciennes stars de Ligue 1 parties outre Manche des rêves d’Anfield ou Old Trafford plein les yeux et depuis disparues des radars. C’est tout le mal qu’on ne lui souhaite pas car on l’aime Baky.
Mais c’est ainsi, la très malsaine logique économique du foot en 2012 rendait le départ d’un joueur, à un an de la fin de son contrat, inéluctable. Et qu’importe qu’il soit sportivement et humainement apprécié de tous ou qu’il n’ait pas été contre une prolongation de son bail à Sainté…


L’homme qui murmurait à l’oreille des poteaux est parti danser avec les loups, Wolverhampton a bien acquis Baky, et ils s’en féliciteront certainement, car chacun sait en effet que Bien bien Baky profite toujours.

 

Parasar