Selon l'historien latin Quinte-Curce, "Les rivières les plus profondes sont les plus silencieuses."

Parce que nos questions étaient légères, Emmanuel Rivière est sorti de son silence. Merci à lui !


Quand tu es sorti de ton lit samedi matin, à quoi pensais-tu ?

Je pensais au match, forcément. Au début de la semaine je ne me doutais pas que je serais titulaire à Bordeaux. Mais le coach m’a ensuite testé plusieurs fois à l’entraînement au poste d’arrière-droit. Je me suis dit que ce n’était pas innocent, que j’allais sans doute jouer à ce poste. Les copains ont commencé à me chambrer, ils m’ont surnommé Cafu. C’est Blaise qui m’a trouvé ce surnom ! (rires)

Tas balisé ?

Non, je n’ai pas balisé. Je n’ai pas eu peur tout simplement parce que j’ai senti que le coach avait une grande confiance en moi. Il sait que je suis un attaquant mais il a estimé que j’avais les qualités requises pour dépanner l’équipe au poste d’arrière droit. A partir du moment où l’entraîneur a pensé que pouvais tenir ce poste, je n’avais pas à me poser de questions ! J’ai abordé le match sans pression avec un seul but en tête : bien défendre pour aider l’équipe à se qualifier.

En Gironde, penses-tu avoir bien mené ta barque ?

Je pense que j’ai assumé la mission qu’on m’avait confiée. J’ai essayé de couvrir au mieux mon côté. Ce n’était pas évident car les attaquants bordelais étaient assez remuants et que je manque d’automatisme au poste d’arrière droit. Mais je ne me suis pas fait dribbler, j’ai sauvé deux ou trois occasions chaudes. On va dire que j’ai fait un match correct, assez raisonnable. Mes coéquipiers m’ont bien aidé, ils m’ont encouragé.

Attaquant de formation, tu as joué arrière droit à Bordeaux. Oh Manu, tu descends ?! Certes tu suis ton cours mais fais gaffe aux rapides comme Tremoulinas !

Oui, je sais que je dois faire attention ! (rires) Je ne suis pas arrière de formation. Depuis que je tape dans un ballon, depuis que je suis tout petit, je joue devant. Je n’avais jamais essayé de jouer derrière. Je pense qu’Alain Perrin m’a choisi pour ce match car j’ai toujours fait des efforts défensifs en tant qu’attaquant et que j’ai souvent joué côté droit avec l’équipe réserve. Jean-Philippe Primard m’a appris à progresser dans le domaine du repli défensif. Il m'a permis d'augmenter mon volume de jeu. A Bordeaux, je ne partais pas complètement de zéro. Si je n’avais jamais joué latéral, j’avais acquis quelques bases défensives en CFA.

Préfères-tu monter, déborder, onduler, serpenter ou endiguer le flot des attaques adverses ?

A Bordeaux ma mission était avant tout d’endiguer les attaques bordelaises. C’était une expérience d’un soir, pour les besoins de l’équipe. Mais j’espère que j’aurai l’occasion de faire mes preuves à mon vrai poste au plus haut niveau. Je suis un attaquant, j’aime déborder, faire des passes décisives et marquer des buts.

Valence, Bordeaux… Les matches de coupe que tu préfères sont sans retour, Rivière ?

Je ne sais pas. J’ai bien aimé ces deux matches mais je n’ai pas encore eu l’occasion de disputer des matches aller-retour.

Tu préfères les petits ponts ou les grands ponts ?

Les petits ponts.

T’arrives à passer sous les ponts avec ta coiffure ?

Ouais, si je me baisse un peu ça passe en fait ! (rires)

L’Equipe a évoqué aujourd’hui ton « somptueux chignon » et le journal Sud-Ouest te trouve des faux airs de Joakim Noah. T’en penses quoi de ta coupe pour la Coupe ?

Mon somptueux chignon, c’est ma coupe de retour de vacances ! (Rires) C’est une sorte de coupe improvisée, j’attache mes cheveux comme je peux. Ça peut surprendre mais mes coéquipiers m’ont déjà vu comme ça. En ce qui concerne Joakim Noah, je ne trouve pas qu’il ait une ressemblance mais comme tout le monde me compare à lui, y’a peut-être quelque chose non ? C’est énervant à la fin ! (rires) Même Tavla m’a comparé à Noah !

Aimes-tu les scores fleuves ?

Non, je préfère les matches serrés.

As-tu déjà joué des barrages ?

Oui, avec les 18 ans pour accéder aux phases finales du championnat.

Où as-tu pris ta source ?

En Martinique. J’ai joué à l’espoir de Sainte-Luce de six ans à quatorze ans. J’ai été retenu dans une sélection de Martinique et on m’a repéré ensuite à Clairefontaine. J’ai été approché par le PSG, l’OM, l’OL et Bordeaux mais j’ai rejoint Saint-Etienne. Ce serait faux de dire que c’était le choix du cœur car je ne m’intéressais pas trop au foot. Je ne connaissais pas plus que ça tous ces clubs. Mais l’A.S. Saint-Etienne a une grande renommée en Martinique, ma famille connaissait les Verts de réputation. Comme les dirigeants stéphanois me voulaient vraiment, j’ai rejoint Sainté en 2005.

Ta vie à Sainté est-elle un long fleuve tranquille ?

Oui on peut dire ça comme ça. Je suis quelqu’un d’assez tranquille et ça se passe bien pour moi à Sainté.

Tu coules des jours heureux avec les Verts ?

Oui, je me sens bien ici. Je poursuis ma progression. J’ai joué avec les 16 ans et les 18 ans. Depuis la saison dernière je joue avec la CFA et maintenant j’ai l’occasion de me montrer avec les pros !

T’es tu déjà fait draguer ?

Non ! (Rires)

Si ça t’arrivait, tu réagirais comment : tu serais timide, tu ferais ton Rivière pourpre ?

(Rires) Pas du tout ! Je ne pense pas être quelqu’un de timide. Je suis ouvert et souriant, je profite de la vie. Si je me fais draguer, je prendrais plutôt ça en riant !

Et tu leur offrirais une rivière de diamants ?

Ah non, je n’irais pas jusque là quand même ! (rires)

As-tu déjà pleuré des rivières pour une fille ?

Pour le moment ça ne m’est jamais arrivé… et j’espère que ça ne m’arrivera jamais !

Après le match contre Bordeaux, as-tu éclusé ?

Je ne bois pas.

Même pas une petite mousse avec Mouss et Trémoulinasse qui se trémousse ?

Non, même pas ! (rires)

Es-tu au courant qu’un autre Rivière s’est illustré avant toi à Sainté ?

Ah non, je ne savais pas ! C'est qui ?

Il s’appelait Roger et faisait du vélo. As-tu prévu de marquer ton premier but en pro d’une bicyclette pour lui rendre hommage ? Ou d’une grosse mine « à la Rivière Quaye » ?

Je ne connaissais pas Roger Rivière mais s’il faut lui rendre hommage, je vais voir ce que je peux faire ! Je ne connais pas ce Quaye non plus mais j’espère marquer des buts sous le maillot vert en équipe première. Pas forcément des buts spectaculaires, n’importe quel but ça m’ira très bien !