Les Verts jouent ce jeudi un match retour en Suisse avant de recevoir dimanche le Stade Malherbe de Caen. Deux matches qui ne peuvent pas laisser insensible l'ancien attaquant stéphanois Sébastien Mazure.


La dernière fois que les Verts se sont déplacés en Suisse, ils se sont imposés grâce à toi…

Ce match d'Intertoto reste un super souvenir pour moi. On avait gagné en effet 2-1 contre Neuchâtel Xamax alors qu'on avait concédé le nul à l'aller à Geoffroy-Guichard. J'ai joué à cette occasion mes deux premiers matches sous le maillot vert. Je me souviens que le match retour avait eu lieu à Genève. Il y avait dix mille supporters stéphanois, un truc de fou ! Mais ça ne m'a pas bluffé car je savais déjà que ce public stéphanois était exceptionnel et se déplaçait en masse pour soutenir son équipe. Il faut dire que le retour en Coupe d'Europe était très attendu. Le peuple vert avait envahi la moitié du stade de la Praille, l'autre moitié était vide. J'ai marqué devant la moitié verte, comme ça j'ai pu fêter ce but avec les supporters, c'était sympa ! Je me souviens très bien de ce pion : Fred Mendy fait un centre en retrait et je mets l'intérieur du pied. Je coupe la trajectoire du pied droit et elle va côté opposé dans le petit filet. Ce but n'était pas magnifique mais il était important pour le club comme pour moi. En tant que nouveau, ça a facilité mon intégration. Malgré ma saison très médiocre, j'ai toujours été soutenu par les supporters. Mon unique saison à Sainté a été compliquée mais moi j'ai toujours eu l'impression que les gens appréciaient le joueur. Les gens voyaient bien que je donnais le maximum mais que ça ne tournait pas en ma faveur. Le joueur le premier sorti, c'était toujours moi.

Lors de ton unique saison en vert, tu as joué 25 matches toutes compétitions confondues mais seulement 7 en tant que titulaire. Hormis ton pion contre Xamax, tu n'as marqué qu'un but face à Nantes. Pourquoi tu n'as pas réussi à t'imposer à Sainté ?

Ma saison à l'ASSE m'a déçu mais il y a tellement de choses dans le football qui sont décevantes qu'il n'y a rien de choquant ni d'étonnant. Je dois reconnaître que lorsque j'ai joué, je n'ai pas été aussi performant que j'aurais dû l'être. Je ne vais pas me cacher derrière des excuses, une grande partie de cet échec m'est imputable. Pour arriver à tourner la veste de certains, il aurait fallu que je sois meilleur. Mais il faut dire aussi que j'étais le joueur que l'entraîneur ne désirait pas forcément. A cette époque, l'entraîneur n'était pas forcément décisionnaire de tous les recrutements dans ce club. Il y a pas mal de versions, on n'est jamais au courant de tout, mais je sais que Bernard Caïazzo appréciait beaucoup mes qualités de joueur… Mais je sais qu'Elie Baup avait discuté avec Franck Dumas. Mais une fois arrivé au club, je me suis rendu compte au bout de cinq jours que je n'allais pas ou peu jouer. Moi on m'avait dit qu'il y avait une volonté de changer de système mais ça n'a jamais été le cas. Il n'en demeure pas moins que j'assume ma part de responsabilité. J'ai eu des opportunités que je n'ai pas su saisir. Quand tu es sur le terrain, tu te dois d'être décisif pour faire changer d'avis les gens qui ne croient pas en toi. J'ai ensuite été emmerdé par des blessures au mollet. J'ai repris trop tôt, c'était mal cicatrisé, je n'ai donc pas pu m'exprimer pleinement.


Quels sont tes coéquipiers stéphanois qui t'ont le plus impressionné ?

Le plus doué, c'était Pascal Feindouno. Et de loin ! Sur le plan athlétique, Didier Zokora et Fred Piquionne étaient au-dessus du lot. A défaut d'être impressionnant, Loïc Perrin était déjà un joueur très intéressant. Il n'avait que vingt ans quand j'ai joué avec lui. C'est devenu l'emblème de ce club, un des joueurs historiques, qui fera partie du onze historique de l'ASSE. Bravo à lui ! Quand je l'ai connu, il sortait d'une grave blessure au genou. Il n'a pas été épargné par les soucis musculaires dans sa carrière mais c'est devenu une valeur sure, il a atteint un niveau international à ce poste de défenseur central. Il jouait au milieu à ses débuts, ensuite je crois qu'ils l'ont fait jouer latéral mais son repositionnement en charnière centrale a été une vraie réussite. Il rayonne à ce poste. Je crois que Christophe Galtier a tapé dans le mille ! J'aime beaucoup Loïc Perrin, c'est un vrai joueur de foot. Il est posé, juste techniquement, il relance proprement et en plus il est capable de marquer car il sent les coups. Un joueur aussi complet, c'est très précieux dans une équipe !

Es-tu resté en contact avec des joueurs ou des membres de l'ASSE ?

Non, je n'ai gardé aucun contact. Mais je continue de suivre les résultats du club et il m'arrive de regarder les matches des Verts. Même si je n'ai pas réussi là-bas et que j'ai quitté l'ASSE plus tôt que prévu, ce club ne me laisse pas insensible, forcément ! Mon passage à Sainté n'a pas été concluant, mais je reste quand même fier d'avoir porté le maillot vert. Je pourrai dire à mes enfants que j'ai joué dans un des meilleurs clubs français. Cela fait dix ans que je suis parti, je ne connais plus personne dans l'équipe à part Loïc et Jessy. Je crois qu'il y a toujours Laurent Bensadi, le masseur, un gars sympa qui était arrivé en même temps que moi à l'ASSE, l'été 2005. Le kiné Hubert Largeron est lui aussi toujours en place, ça fait un bail qu'il exerce à Sainté. Pour le reste il y a eu beaucoup de changements depuis mon époque. Pour suivre avec intérêt le parcours de l'ASSE, je me rends compte que le club est beaucoup plus structuré qu'il y a dix ans. Il est plus carré, mieux organisé. Il s'est stabilisé.

Et l'équipe actuelle, t'en penses quoi ?

Le coach Galtier a fait du super boulot depuis son arrivée. L'ASSE a une équipe solide, pragmatique. Depuis quatre ans, c'est du costaud. Sainté a un super gardien, une belle charnière, une colonne vertébrale intéressante. C'est une équipe qui a un collectif sérieux. Après, il manque peut-être cette petite individualité qui permettrait à cette équipe de franchir un cap et espérer aller plus haut que la 4e ou la 5e place. Mais j'aime bien le petit Oussama Tannane. Ça m'a l'air pas mal du tout. Et puis il y a Romain Hamouma. Quand on passe par le Stade Malherbe, on sent le football ! (rires) Je ne le connais pas personnellement mais c'est un bon joueur. Il a eu comme moi quelques problèmes au mollet mais ça va mieux et il va beaucoup plus vite que moi.

Tu vois les Verts éliminer Bâle de l'Europa League ?

Ils ont gagné 3-2 dans le Chaudron et je les sens capable d'accrocher un nul en Suisse. Au match aller, j'ai trouvé qu'à la limite les Verts avaient presque fait trop de jeu, du coup ils se sont exposés. Mais si les Verts sont sérieux et rééditent leurs dernières performances à l'extérieur, je pense que ça va le faire. Je pense vraiment qu'ils peuvent passer. Ils ont quand même un but d'avance et ils peuvent contrer les Bâlois. Je vois bien Sainté marquer un petit but là-bas. La qualif, c'est tout le mal que je souhaite à Sainté. Ce serait vraiment cool pour tout le monde : le foot français, le peuple vert, les joueurs et l'entraîneur. Je ne sais pas si les supporters stéphanois seront aussi nombreux à Bâle qu'à Genève, mais Sainté pourra encore compter sur le soutien de ses supporters, ça peut aider à arracher un résultat. Avoir le soutien de ses supporters, surtout quand on est dans la difficulté, c'est primordial. Quand tu te déplaces, tu vois toujours du vert dans les tribunes. C'est une couleur qui se voit bien. L'ASSE est un club qui marque les esprits, qui a un tel vécu historique que des anciens aux plus jeunes, il y a une transmission très forte. Je trouve ça beau.

Les Verts termineront la semaine par la réception d'un club qui te tient à cœur…

En effet ! Malherbe c'est le club de ma vie, impossible d'en dire du mal ! Le Malherbe de cette saison ressemble à ce qu'on a toujours fait. C'est un Malherbe pas très adroit dans la conservation du ballon, qui préfère abandonner la balle à l'adversaire, qui se projette très vite vers l'avant, qui propose un jeu percutant, avec des joueurs qui vont vite dans la profondeur, qui prennent des risques, qui osent. Ils sont capables de tout, y compris de gagner à Geoffroy-Guichard. Malherbe a toujours été capable de tout. Du meilleur mais aussi du pire. En tout cas cette équipe est entraînée par un bosseur phénoménal, un passionné. Patrice Garande, qui était adjoint quand je l'ai connu lors de mon retour au club.

Tu entraînes depuis plusieurs saisons un club de DH proche de Caen, Courseulles-sur-Mer. Toi qui assistes régulièrement aux matches de Malherbe à d'Ornano, quel joueur caennais recommanderais-tu à l'ASSE ?

S'il y avait un joueur à prendre, mais hélas il est déjà parti l'été dernier à Monaco, c'était Thomas Lemar. C'est un très bon joueur. N'Golo Kanté aussi aurait fait un bien fou dans l'entrejeu à Sainté, il est excellent. Mais les Verts ne peuvent pas lutter financièrement avec des clubs de Premier League. Dans l'effectif actuel de Malherbe, je recommanderais Emmanuel Imorou, un très bon latéral gauche, d'autant plus que Sainté à deux joueurs prêtés à ce poste, Franck Tabanou et Benoît Assou-Ekotto. J'adore Imorou mais il est fragile. Sinon il y a d'autres bons joueurs à Caen : le défenseur central Damien Da Silva, c'est bon. Il y a Féret bien sûr mais Sainté aurait dû essayer de le choper plus tôt. Julien a prolongé récemment, il est mieux chez nous. Après, il y a Delort. Tout le monde parle d'Andy mais faut voir sur la durée. En tout cas, qu'est-ce qu'il court le garçon ! Rien qu'à le regarder, il me fatigue. Parfois j'ai des crampes, j'ai mal au mollet dans mon canapé à le voir faire des efforts ! (rires)

 

Merci à Sébastien pour sa disponibilité.