Juste avant de se mettre au vert pour préparer avec l'AJA la finale de coupe de France contre le QSG, l'ancien latéral stéphanois Ruben Aguilar a accepté de répondre à quelques questions.
Si tu soulèves la Coupe de France samedi, tu vas finir huit jours saoul, Ruben ?
(Rires) Non ! Je bois peu d'alcool, que ce soit en fête ou dans la vie. Je vais faire la fête mais je ne serai pas soûl !
T'es plutôt Chablis, Irancy ou Coulanges-la-Vineuse ?
Même si je sais qu'il y a du bon vin à Auxerre, honnêtement, je ne connais pas trop l'alcool !
A défaut de picoler, serais-tu prêt à monter Vézelay à genoux si vous battez le QSG ?
Allez, oui, soyons fou ! (rires)
Comment abordes-tu cette finale ?
J'aborde ça avec sérénité, sans me mettre de pression. On verra bien ce qui se passera le jour J.
Zlatan, Cavani et compagnie ne te font pas cauchemarder ?
Ce sont de grands noms mais bon… Quand je vais les voir, je vais les regarder, c'est normal. Mais je ne suis pas impressionné. On n'a pas à avoir peur, on va essayer d'aborder le match pour le gagner. Maintenant, on sait très bien qu'il faudra déjà s'efforcer de très bien défendre. Quand il faudra y aller, on va y aller !
Vous préparez ce match de manière spécifique ou comme n'importe quelle rencontre ?
On part deux jours au vert, comme on l'avait fait les tours précédents contre Brest et Guingamp. Pour le reste ça ne change pas trop, on prépare ça de façon plutôt cool.
La mise au vert, tu connais ça pour avoir porté le mythique maillot de l'ASSE. Ça te fait quoi de retrouver le Stade de France trois ans après ?
Je suis très heureux de le retrouver. Quand on le retrouve, généralement, c'est bon signe. Avec Sainté, en Gambardella, le stade n'était pas rempli. Là, il le sera, ce sera autre chose.
La Gambardella, c'est ton meilleur souvenir sous le maillot vert ?
Oui. On a vécu quelque chose d'exceptionnel. C'est dommage qu'on n'ait pas remporté la Coupe. Mais pour tout jeune footballeur, c'est quelque chose de très beau vivre. On avait fait un très beau parcours. Je me souviens notamment de notre demi-finale à Orléans contre Brest. On était tous super heureux de pouvoir fouler la pelouse du Stade de France. Quand t'es jeune, c'est impressionnant de jouer dans une telle enceinte.
Peux-tu nous remémorer les conditions de ton arrivée à Saint-Etienne lors de l'été 2011 ?
Je jouais à Grenoble, qui s'apprêtait à déposer le bilan. Sainté m'avait contacté un peu avant. Quand le GF38 a coulé, j'ai signé de suite un contrat de stagiaire de deux ans avec l'ASSE.
Tu as évolué sous les ordres d'Abdel Bouhazama et Jean-Philippe Primard.
Oui, ce sont deux très bons entraîneurs. J'ai eu le plaisir de recroiser Abdel cette année à Angers quand on a affronté le SCO. J'ai apprécié de travailler avec eux. Abdel est rentre-dedans, Primard est plus tranquille, il s'excite moins (rires). Il est plus posé.
Avec le recul, que gardes-tu de tes deux années en vert ?
Je garde de très bons souvenirs de cette expérience : une belle aventure en Gambardella, des saisons quasiment pleines en CFA. Je mesure la chance d'avoir évolué dans un grand club français. Ce qui m'a particulièrement impressionné, c'est la ferveur des supporters stéphanois. Même dans les catégories de jeunes, tu es soutenu et suivi par des passionnés. L'ASSE, c'est un club à part.
As-tu suivi le parcours des Verts depuis ton départ ?
Oui. Même si j'ai tourné la page, je suis de loin leurs parcours et j'ai regardé certains de leurs matches cette saison. Même s'ils étaient encore en lice pour terminer sur le podium avant la dernière journée, ils sont à leur place en finissant cinquièmes. Défensivement, c'est toujours aussi costaud. Mais il leur a manqué un buteur. Certes, Gradel a fait une saison énorme en a claquant 17 pions mais à la base ce n'est pas un numéro 9, il ne peut pas tout faire. L'ASSE n'a pas de Lacazette, de Gignac, de Cavani ou de Zlatan dans son effectif.
As-tu gardé des contacts avec d'anciens pensionnaires du centre de formation ?
Oui. J'ai gardé des contacts avec Kevin Mayi, Pierre-Yves Polomat et deux autres joueurs que je connaissais déjà Grenoble : Corentin Nicaise et Romain Spano. Je suis également resté proche de Kamel Chergui. Avant de signer à Grenoble, il est passé à l'AJA et a joué quelques matches avec la réserve. Quand il était à Auxerre, il vivait chez moi.
Kamel était pressenti pour passer pro à Sainté mais ça ne s'est pas fait. Que lui a-t-il manqué ?
Je ne sais pas trop. Quand on en a reparlé, j'en bien senti qu'il avait beaucoup de regrets par rapport à ça. Il aurait dû signer pro mais ça ne s'est pas fait. C'est dommage car techniquement c'est vraiment un bon joueur. Peut-être qu'il lui a manqué un peu de physique. Mais j'espère que lui aussi aura sa chance en pro.
Pourquoi tu n'as pas réussi à passer pro chez les Verts ?
La marche était peut-être un peu haute mais on ne m'a pas non plus donné vraiment ma chance. Je n'ai pas pu m'exprimer pleinement et montrer si j'avais vraiment le niveau pour pouvoir signer un contrat pro à l'ASSE. Mais bon, c'est comme ça, j'ai tourné la page.
Tu as même joué quelques matches amicaux avec l'équipe première !
Effectivement, dès ma première saison j'ai joué 45 minutes contre le Servette à Genève. Lors de ma seconde saison, j'ai joué dernière demi-heure d'un match de préparation à Tours. Et j'étais titulaire lors d'un match contre Dijon disputé lors d'une trêve internationale. J'étais également sur la feuille de match en Coupe de France contre Meaux, mais Christophe Galtier a préféré titulariser Kurt Zouma au poste d'arrière-droit. La première saison, quand je me suis entraîné avec l'équipe une, je me suis dit que j'aurais peut-être une chance de signer pro. Mais la seconde année, ça s'est mal goupillé. Je me suis rendu compte assez vite qu'on ne me proposerait pas de contrat pro à Saint-Etienne. Quand on t'apprend que tu ne signeras pas pro, on ne te donne pas d'explication, et tu ne cherches pas vraiment à en avoir. Tu encaisses le coup et tu essayes de rebondir.
Pour les avoir côtoyés à l'entraînement et en amical, quels joueurs pros t'ont le plus impressionné ?
Baky Sako m'a impressionné par sa puissance et sa qualité de frappe. Max Gradel par sa technique et sa vivacité. Loïc Perrin dégage une énorme sérénité, il est assez hallucinant !
Non conservé à l'ASSE, tu as effectué un essai infructueux à Angers en 2013.
Oui, je pensais que l'essai était concluant. Ça aurait dû se faire mais ensuite je n'ai plus eu de nouvelles. Ils m'avaient dit pourtant qu'ils étaient vraiment intéressés mais Abdel m'a appelé pour me dire que le SCO ne me ferait pas signer pro. Je ne sais pas trop pourquoi ça a capoté. J'ai appris tardivement que ça ne se ferait pas. J'ai appelé mon ancien coach à Grenoble, il m'a dit de revenir au GF38. Mentalement, ça a été très dur de reprendre en CFA avec Grenoble. J'avais l'impression d'avoir raté quelque chose. Mais j'ai fait ma saison, je n'ai jamais rien lâché. J'avais toujours en tête ce rêve de signer pro.
C'est Auxerre qui l'a exaucé. Peux-tu nous rappeler le contexte de ton arrivée en Bourgogne l'été dernier ?
Jean-Luc Vannuchi a assisté au dernier match de la saison de CFA que j'ai disputé avec Grenoble à Martigues. Il m’avait déjà vu à l'œuvre lorsque je jouais avec la réserve de l'ASSE. Comme mon profil l'intéressait, l'AJA m'a proposé un premier contrat pro de deux ans.
Quel bilan fais-tu de ta première saison professionnelle ?
Le bilan est bon, j'ai eu pas mal de temps de jeu. Je vais disputer ce samedi mon 38e match de la saison, j'ai été titularisé 29 fois en L2. En début de saison, je n'aurais jamais pensé effectuer autant de matches. Pour une première année, c'est pas mal. Mais je sais que je peux encore fait mieux l'année prochaine. Je veux confirmer cette première saison, poursuivre ma progression pour évoluer à terme en L1. Je sens qu'Auxerre me fait confiance mais je ne sais toujours pas si le club me prolongera, on verra comment ça se passe après la finale.
Quelles sont tes principales qualités de joueur ?
Je peux énormément courir, je suis capable de répéter les efforts. Ma qualité première, je pense que c'est la niaque ! Techniquement, ça va, je me débrouille pas trop mal. Je ne suis pas très grand mais quand il faut mettre la tête, j'y vais ! Mais bon, je reconnais que le jeu aérien n'est pas qualité principale.
Quels points restent perfectibles dans ton jeu ?
Je dois déjà progresser défensivement. Comme j'aime bien apporter aussi offensivement, il faut que j'améliore mes dernières passes, surtout les centres. Je suis droitier mais mon pied gauche n'est pas dégueulasse.
Quels joueurs de L2 t'ont tapé dans l'œil cette saison et auraient selon toi les qualités pour rejoindre un club comme l'ASSE ?
L'attaquant de Tours Ketkeophomphone m'a impressionné. Il va très vite, il est bon techniquement, il nous a fait vraiment mal le mois dernier à Auxerre. Le numéro 6 de Créteil, Cheikh Ndoye, c'est pas mal du tout. L'arrière gauche de Brest Wilefried Moimbé est également intéressant. Chez nous, il y a Sébastien Puygrenier qui m'a fait forte impression cette saison. C'est vraiment un patron derrière. Il y a sept ans il avait failli signer à Sainté d'ailleurs, on en a un peu parlé. Au dernier moment il avait préféré aller au Zenit Saint-Petersbourg mais il ne m'a pas dit pourquoi.
Selon BeIN Sport, l'AJA a refusé l'hiver dernier une offre de l'ASSE concernant Samed Kilic. Peux-tu nous parler de ce garçon ?
C'est un jeune milieu relayeur qui a remporté la Gambardella la saison dernière. Samed est un international U19 techniquement très l'aise, il a les deux pieds. C'est déjà un très bon joueur qui a encore à mon sens une énorme marge de progression. Je pense qu'il va devenir un excellent joueur. Il a le potentiel pour jouer dans un club comme l'ASSE.
Merci à Ruben pour sa disponibilité, à Olaf pour les questions viticoles et à Stéphanois pour la photo.