Vous avez aimé « Carton jaune » de Nick Hornby ? Découvrez « 44 jours The Damned United » de David Peace, biographie romancée de Brian Clough, le célèbre manager de Nottingham Forest. Au fil des extraits, amusez-vous àtransposer les faits relatés avec l’histoire ancienne, récente ou future de l’AS Saint-Etienne.
Encore quelques matchs amicaux et une nouveau championnat va commencer.
Le mois d’août sera-t-il dans la continuité de nos deux dernières saisons catastrophiques ou annonciateur de beaux lendemains ? En tout cas, nous ne connaitrons le visage de notre effectif pour cette première partie de la saison que le 31 août à minuit quand le mercato estival s’achèvera enfin dans un grand claquement de porte et de biftons : nos joueurs emblématiques s’exileront-ils sous des cieux moins fiscalisés ? Nos indésirables trouveront-ils preneurs dans une énième démarque ? Le coach survivra-t-il à notre organisation free-style ? Le premier match de la saison dans un Parc des Princes qui nous réussit une fois tous les vingt ans donnera-t-il l’envie d’aimer de nouveau nos Verts pâles ?
« Les temps changent. Les visages changent. Une saison se termine et une autre commence…Nouvelle saison, nouvel espoir et tu joues ton premier match de la saison 1971-1972 à domicile contre Manchester United ; plus de 35 000 spectateurs et un orage avant la rencontre. C’est aussi le premier match sans Dave Mackay ; en outre, Roy McFarland est blessé. A la mi-temps, tu es mené 2-0 ; deux buts mous de Law et Gowling, sur des corners de Charlton. Des putains de buts mous. Tu vas dans ce foutu vestiaire et c’est feu à volonté, ça sort par les deux putains de canon :
« Des minables, nom de Dieu, voilà ce que vous êtes. Vous feriez aussi bien de vous rhabiller et de foutre le camp. Des bons à rien, tout autant que vous êtes. C’est le premier jour de cette foutue saison et vous jouez comme ça ; le premier putain de jour ! Si vous perdez aujourd’hui, vous perdrez tous les jours, putain, et ça sera devant un stade vide. Plus de trente-cinq mille spectateurs sont venus vous voir ; ils ont payé, bordel, pour vous voir, avec du bon argent, de l’argent durement gagné ; vous croyez qu’ils reviendront la semaine prochaine ? Est-ce qu’ils vont revenir, bordel de merde ? Maintenant allez leur montrer, à ces trente-cinq mille spectateurs et à cette équipe de vieillards, de soi-disant superstars, ce que vous avez dans le ventre, comment vous gagnez vos gros salaires, et si vous perdez encore au coup de sifflet final, inutile de venir travailler lundi matin, parce que, nom de Dieu, vous n’aurez plus de boulot. Vous vivrez dans un mode réel, tous autant que vous êtes…Maintenant, foutez le camp, je ne veux plus vous voir ! »
Cinq minutes plus tard, Hinton envoie la balle dans les six mètres ; Wignall se précipite, lui et Stepney s’élancent de la tête ; le ballon leur échappe et Hector le met au fond. Dix minutes plus tard, Hennessy en dépossède ce con de Georgie Best, passe à Hinton qui centre pour O’Hare, lequel touche la transversale, puis Wignall marque. C’est ainsi que ça se termine, 2-2.
« S’ils continuent de jouer comme ça, ils me feront virer », dis-tu au reste du monde. Les temps changent, les visages changent, mais le doute demeure. La peur demeure… Passé tous les coins. Le long de tous les couloirs… A chaque match, tous les jours, le doute et puis la peur. »