On est toujours plus loquace, plus véhément, plus imaginatif au moment de décortiquer, de commenter et d’analyser un échec. Pour un succès, en revanche, on saute -et on a bien tort- la case analyse, préférant célébrer, savourer béatement, profiter de cet instant rare, se vautrer dans l’auto-glorification, se reposer sur ses lauriers. C’est ainsi qu’on fait le lit des déconvenues à venir.
Pour s’offrir une dernière et délicieuse gorgée de ce grand cru 2014, mais aussi, donc, pour ne pas oublier les recettes du succès au moment de préparer une saison à enjeux, jetons un œil sur une des clés de nos succès passés : la gestion des temps de jeu de l’effectif par Galette.
Petit groupe, grand succès !
Premier constat, essentiel : Galette depuis quelques saisons resserre son groupe : cette année 26 joueurs ont été utilisés, dont seulement 16 ont été titularisés à plus de 16 reprises. Les autres, peu nombreux et bien élevés (Mignot, Brison...) ne fragilisent pas le bel édifice par un tirage de tronche trop marqué.
Ainsi a émergé, au nombre de titularisations l’équipe-type suivante : Ruffier (38) Ghoulam (16) Perrin (34) Sall (31) Clerc (29) Clément (27) Lemoine (32) Corgnet (23) Tabanou (24) Erding (19) Hamouma (28).
Avec en remplaçants : Cohade (22), Brandao (18), Zouma (17), Brison (14), Tremoulinas (12).
Les chiffres montrent clairement qu’une ossature défensive s’est nettement dégagée. Seul le poste d’arrière gauche a connu une instabilité. Et encore celle-ci fut elle virtuelle et liée au départ de Ghoulam. Car dans les faits aucune incertitude n’a réellement plané sur la hiérarchie à ce poste : Tremoulinas succédant à Ghoulam en tant que titulaire fiable et incontesté, Brison jouant (avec efficacité) le rôle de doublure. Par ailleurs le fait que Ruffier (38), Perrin (34), Lemoine (32), Sall (31) et Clerc (29) soient les 5 premiers joueurs de l’effectif au nombre de titularisations montre à quel point Galette a souhaité et a pu (en l’absence de blessures de ces joueurs) miser sur la stabilité de sa ligne défensive et de sa colonne vertébrale.
Au milieu, comme la saison dernière, mais pas exactement dans le même schéma tactique, le turnover a été de rigueur. Un turnover bien défini et délimité concernant 4 joueurs, Corgnet (23 titularisations) remplaçant numériquement le Guilavogui de 2013. Les trois autres mousquetaires furent dans l’ordre Lemoine, auteur d’une saison remarquable où il fit office de pilier indétrônable, Clément, qui, avec 27 titularisations, a finalement peu payé son lent retour en forme et ses prestations souvent passables et Cohade (22 titularisations) étonnamment sorti de l’équipe après le derby retour et les palabres liées à sa faute sur l’homme en porcelaine.
L'attaque tique !
Véritable assurance tous risques, la stabilité d’un compartiment défensif de cette qualité contraste avec les difficultés à voir émerger une ligne offensive efficace dans la durée. Cette instabilité devant tranche nettement avec la saison dernière où le trio Mollo – Brandao – Aubame avait succédé en janvier au trio Hamouma – Brandao – Aubame pour le succès qu’on connaît.
Par rapport à la saison précédente, le seul élément de stabilité offensive fut Hamouma, aligné d’entrée à 28 reprises. Au-delà, la saison fut marquée par la mise au ban et au banc inexpliquée de Mollo, qui, avec 10 titularisations, a vu son temps de jeu fondre comme neige au soleil. Il fut remplacé à gauche par Tabanou qui a bénéficié d’une certaine mansuétude de Galette si on en juge par son bilan (3 buts en 24 titularisations, contre 4 buts en une demi saison pour Mollo l’an dernier).
Autre différence par rapport à la saison précédente, Brandao moins efficace et bien plombé par la Ligue qu’on adule a vu son statut de titulaire plus discuté et a partagé l’axe de l’attaque avec Erding (respectivement 18 et 19 titularisations). Un partage équitable du temps de jeu qui valorise nettement plus le bilan du second (11 buts en vert) que du premier (5).
Last, mais tellement pas least, Aubame a donc disparu des radars après les avoir bien affolés.
Malgré ce sentiment que Galette n’a pas pu ou su s’appuyer sur une attaque type cette saison, le bilan final (56 buts marqués contre 60 la saison précédente) montre que ce ne fut pas réellement pénalisant pour notre rendement offensif.
Gagnants, perdants...
Outre l'analyse collective, les temps de jeu nous permettent d'identifier clairement les « perdants » de la saison : Mollo (10 titularisations), Zouma (17), Gradel (9, malgré le magnifique trompe l’œil que constituent les 5 buts de sa fin de saison), Guilavogui (7, dont le pari de retrouver temps de jeu et place en bleu fut un échec total renforçant le sentiment de gâchis le concernant).
A l’inverse Sall (31 titularisations contre 21 en 2013) et Hamouma (28 contre 20 en 2013) ont gagné un véritable statut de pilier du onze type.
Une nouvelle saison alléchante s’annonce. Echaudé par l’épisode Danois, Galette va se donner les moyens de faire plus qu’un petit tour, au petit jour, entre les bras de l’Europe. Ce qui, pour la première fois depuis qu’il entraîne les Verts, va l’obliger à bousculer ses principes en matière de gestion des temps de jeu. Adieu donc l’effectif resserré, bonjour le turn over, le groupe élargi, et les égos plus froissés. Après le défi du titre à remporter, après le défi de ré-installer les Verts au sommet de la Ligue 1, voila une nouvelle étape dans l’apprentissage du métier par Galette. Un nouveau challenge à relever : conquérir l’Europe sans fragiliser notre position hexagonale. Comment ne pas l'aborder débordant d’excitation et de confiance, en sifflotant du Bashung : « devant l’obstacle tu verras, on se révèle… » ?