Oui c’est malin. J’en fais quoi moi de mes bonnes résolutions ?
Vous n’en avez pas marre vous de ravaler vos sanglots en rentrant du derby, marmonnant un p’titgibussien si j’aurais su j’aurais pas venu ?


Moi j’en peux plus. Alors je préfère vous prévenir illico, j’ai décidé de plus m’emballer.
Eternels rêveurs passez votre chemin ! Vous cherchez de l’adrénaline ? j’en ai plus en stock, vous voulez de l’envolée lyrique ? je n’ai que du noir et glauque en réserve.

J’ai pris des bonnes résolutions et pis c’est tout. J’me suis promis qu’on ne m’y prendrait plus, foi de mastre.

Quoi ?! Vous y croyez, vous ? Sérieusement ?
Vous imaginez une victoire arrachée à la dernière seconde ? Je suis hanté par le fantôme de l’expulsion de Diatta assortie d’un pénal, façon double peine…
Vous sentez les Vilains prenables ? Je revois notre mur s’éloignant à onze mètres du ballon que s’apprête à frapper Bentrucmuche…
Vous fantasmez sur Lisandro se prenant les pieds dans le tapis façon Piniok ? Je revois Ilan fauché sans que l’arbitre ne bronche.

Les Verts entament leur septième saison consécutive en Ligue 1, et nous n’avons pas remporté un seul des douze derbies joués en six ans.
Certes l’équipe a presque toujours été à la hauteur, à la triste exception d’une fessée à Gerland (0-4 en 2006) et d’un non match à GG (1-3 face à des Lyonnais privilégiant la suprématie locale au détriment de leur avenir européen en 2007).
Les dix autres affrontements se sont soldés par 4 nuls et 6 défaites, chacune d’entre elles concédée par un seul but d’écart.
Sur ces dix affrontements combien de fois par un savant mélange d’arbitrage douteux et de fébrilité verte, notre rêve éveillé a viré en toute fin de match –sinon c’est pas assez cruel- au cauchemar ?
Alors voila, franchement, aujourd’hui, dès qu’approche le derby, comme le chantait Gainsbourg, mes illusions donnent sur la cour.

Tain, c’est malin. J’y étais bien accroché à mon désabusement. Drapé dans mon désenchantement, j’m’étais presque convaincu (c’te blague) que je saurais ne pas tomber de haut à défaut de ne pas souffrir.
C’était sans compter sur l’esprit Kader et Nestor, convoqué, sans trop y croire, en juillet dernier, et fonctionnant aujourd’hui à plein.
Au classement, l’ennemi est dans le (vade) rétro, et rien que ça fait valser toutes les résolutions du monde. Une valse à cent temps, forcément comme le nombre de derbies de l’histoire. Et si le derby va à cent, comment donc ne pas se sentir à feu et à sang, et s’offrir un détour du côté de l’amour, comme c’est troublant ?

Dans un ultime réflexe de lucidité, se dire qu’on a toutes les raisons du monde pour le perdre, ce match.
Mais que pèse la lucidité quand il suffit de fermer les yeux, de revoir BB encuissardée, et de rendre les armes. Car comme avec les filles, dans le derby le meilleur, ça reste l’emballage !
 
Parasar