Christophe Sanchez s'est confié à Poteaux Carrés avant le match qui opposera ses deux anciens clubs ce dimanche à 13h00 au stade Geoffroy-Guichard.


Que deviens-tu Christophe ?

Je vis à Lattes, un village près de Montpellier. Ma carrière de joueur a été écourtée par mes problèmes de genou, et je n’ai pas pu me reconvertir dans le football, trouver ma voie là-dedans. J’investis dans l’immobilier, c’est mon activité principale. J’avais commencé à m’intéresser à ce secteur quand je jouais, et dans notre région ça marche assez bien, la demande est forte. J’ai fait des petites affaires. Je suis propriétaire de plusieurs logements que je loue. Je fais aussi de l’achat revente. Quand je fais des constructions, c’est moi qui coordonne les artisans. J’aime bien suivre les chantiers. Je bosse pour des particuliers et parfois à titre personnel aussi. J’ai fait construire une maison que j’ai revendu deux ou trois ans après. Je connais pas mal de monde dans ce milieu, beaucoup d’artisans. Il m’arrive parfois de mettre la main à la pâte, pour poser du parquet par exemple, poser des cuisines, montre un dressing. Par contre je ne réalise pas les travaux d’électricité et de plomberie.

As-tu également une activité en rapport avec le foot aujourd'hui ?

Non. À la fin de ma carrière j’ai passé des diplômes d’entraîneur mais je ne suis pas allé jusqu’au DEPF. J’ai été pendant un temps consultant terrain pour Canal Plus histoire de rester un peu dans le milieu. J’ai toujours des amis que j’ai connus grâce au foot mais au fil des années je me suis un peu éloigné de ce monde-là. J’ai privilégié ma vie familiale. J’ai suivi le foot par mes enfants. Deux d’entre eux jouaient. J’ai un fils qui a joué au MHSC pendant deux ans, un autre a joué à un certain niveau en U17 nationaux. Ils avaient un bon niveau mais n’avaient pas les armes pour jouer plus haut et passer pro. Je continue de suivre le foot mais surtout à la télé en fait. Pour ne rien te cacher, la dernière fois que j’ai été à la Mosson, c’est quand Montpellier était champion de France (rires). Mais je suis le club, j’ai des contacts avec d’anciens coéquipiers qui travaillent au MHSC comme Michel Der Zakarian, Franck Rizzetto et Bruno Carotti. Je m’intéresse toujours aux matches de Montpellier.

Tu as également porté le maillot vert. Ton cœur battra pour les Verts ou les Pailladins ce dimanche ?

Je suis né à Montpellier, j’y ai été formé, j’ai joué la première moitié de ma carrière pro là-bas. Je ne suis resté qu’une saison à Sainté donc mon cœur battra plus pour Montpellier, c’est sûr !

Que gardes-tu de tes années au Montpellier Hérault ?

Déjà en tant que jeune c’était un aboutissement de jouer dans le club phare de la région. Montpellier, c’est quand même un club spécial, c’est une famille. C’est un club à part. C’est celui qui m’a permis de devenir pro, qui m’a donné ma chance. Ce club représente beaucoup pour moi. J’ai fait partie de cette vague de jeunes joueurs formés au club qui ont évolué ensemble en équipe première. Il y avait une belle promotion, pour la plupart on s’est retrouvé à jouer en pro à vingt ans. Se trouver au plus haut niveau, c’était une joie pour tous. C’est assez rare qu’autant de joueurs issus de la formation aient du temps de jeu dans l’équipe fanion. On est resté assez proches. On a un lien particulier, et ce lien c’est Montpellier. Grâce à tout notre vécu commun au centre de formation, on se trouvait sur le terrain sans se parler, les yeux fermés. Jouer au plus haut niveau avec des copains, c’est le top. On apportait de la fraîcheur, on jouait avec insouciance.

À Montpellier, tu as joué aux côtés de plusieurs joueurs ayant porté comme toi le maillot vert : Kader Ferhaoui, Bruno Carotti et Thierry Laurey.

J’en garde de supers souvenirs. Kader, c’était un meneur d’hommes, un ainé pour nous. Kader était rassembleur, il nous guidait. C’est un joueur qui ne lâchait rien, qui donnait l’exemple. Il nous cadrait. On était beaucoup de jeunes dans l’équipe. Kader nous a aidé à grandir, à murir. C’était un joueur très technique et en plus il se donnait à 300%. Il a beaucoup apporté à Montpellier et je sais que Sainté l’a également beaucoup apprécié. Il a contribué à la remontée des Verts en Ligue 1.

Bruno Carotti était un joueur élégant, propre, avec une belle vision du jeu. Bruno c’est un ami, on était dans le même village, à Mauguio. Il est arrivé à 16 ans de Versailles. On a fait nos classes ensemble, on est de la même année, 1972. Je ne suis pas surpris par sa reconversion au sein du MHSC. Cela fait près de dix ans qu’il est directeur sportif, ce poste lui correspond bien. Bruno est profondément attaché au club, je ne suis pas surpris de le voir occuper des fonctions importantes à Montpellier.

Thierry Laurey, c’était le garde-fou. Avec lui, même quand on jouait aux cartes, il fallait tenir les cartes d’une certaine façon (rires) Il fallait faire comme ci et pas comme ça. Lui non plus, je ne suis pas surpris de sa trajectoire et de sa reconversion réussie en tant qu’entraineur. Depuis quelques années il a comme adjoint un  autre pailladin que j'aime bien, Fabien Lefèvre. Thierry, c’était un grand frère. Il nous recadrait tout le temps, il était souvent sur nous, ne lâchait rien. Il était vraiment exigeant avec nous mais c’était toujours bienveillant. Il faisait ça pour qu’on progresse, pour qu’on avance. Il ne nous épargnait pas. Comme on était jeune et insouciant, au début on a eu des petits accrochages. En prenant un peu de maturité on a compris que Thierry ne voulait que notre bien. Thierry était écouté, c’était quelqu’un d’important dans l’équipe.

Tu lui as fait une passe décisive à Geoffroy sur le second but de la victoire de Montpellier en 1995.



Ah oui je m’en souviens. Le premier but, c’est Franck Rizzetto qui met une super frappe en angle fermé. Et en toute fin de match, on fait un une deux avec Thierry. Il me donne le ballon d’une talonnade, je le lui redonne, il fait une feinte sur le gardien, fait une sorte de grand pont puis la met au fond.

Et dire qu’on avait incriminé le pauvre Gilbert Ceccarelli sur cette action. Il y aurait donc du Pelé en Laurey ?

Je n’irai pas jusque-là ! (rires) Mais je suis content d’avoir aidé Thierry à marquer ce joli but, il a été très inspiré sur cette action.

Lors de ton premier match à Geoffroy, c’est Sainté qui avait gagné 2-0, doublé de Roland Wolfarth. T’avais eu une grosse occase mais Joseph-Antoine Bell avait fait un bel arrêt réflexe.



Si tu le dis ! Comme on a perdu je ne m’en souviens plus, désolé. J’arrive davantage à retenir les victoires. Tu ne veux pas plutôt qu’on reparle des buts de Franck et Thierry du coup ? (rires)

Non mais par contre je veux que tu nous parles de cette ferveur verte, que tu as découverte à l’occasion de cette inoubliable défaite.

(Rires). Tu sais, je n’ai pas attendu ce match-là pour connaître cette ferveur, je l’ai découverte bien avant. Mon idole était Michel Platini donc j’étais fan des Verts quand j’étais tout gamin. Mon père suivait les Verts, il les a encouragés plusieurs fois dans le Chaudron, il m’avait raconté l’ambiance qu’il y avait dans ce stade. J’avais un oncle qui habitait là-bas, je lui demandais chaque Noël de m’acheter le maillot de Sainté. Je me souviens que le seul match que j’ai vu à la Mosson l’année où Montpellier est monté en D1, c’était parce qu’il y avait Saint-Etienne. J’avais demandé à mon père de voir ce match car il y avait les Verts de Platini. C’était en 1982, Sainté avait gagné 1-0, but de Christian Lopez.



Exact. Pour l’anecdote, un certain Jean-Louis Gasset était entré en jeu lors de cette rencontre. C’est dans ce même stade que tu as marqué ton seul but contre Sainté treize ans plus tard.



Oui. C’était en Coupe de France. Je portais un masque lors de ce match car je m’étais cassé plusieurs fois le nez. C’était Grégory Coupet dans les buts, je me souviens qu’il y avait encore Laurent Blanc et Lubomir Moravcik à l’époque dans cette équipe. Mais on avait gagné 2-0.

Peux-tu nous rappeler le contexte de ton arrivée à Sainté l’été 2000 ?

Je suis arrivé en prêt en provenance de Bordeaux. Je voulais retrouver du temps de jeu. Robert Nouzaret me connaissait bien car on ‘était côtoyé de nombreuses années à Montpellier, il travaillait à l’époque au centre de formation. Il m’a proposé de venir à Sainté et j’ai sauté sur l’occasion. C’était un rêve pour moi de jouer à Sainté, de pouvoir jouer régulièrement à Geoffroy-Guichard. À Bordeaux, je faisais des apparitions mais je ne jouais pas beaucoup. Il y avait pas mal de concurrence devant : Dugarry, Laslandes, Wiltord, Feindouno.

Quels souvenirs gardes-tu de ce dernier, qui a fait quelques années plus tard le bonheur des Verts ?

Pascal avait des qualités énormes et il avait toujours la banane. Il avait un talent hors norme de percussion, de dribbles. C’est l’un des coéquipiers les plus talentueux que j’ai connus dans toute ma carrière. Pascal Feindouno arrivait à faire des choses extraordinaires sur un terrain. Quand j’ai joué à Bologne, j’ai aussi été impressionné par Beppe Signori. À Bordeaux par exemple, j’ai connu de très bons joueurs comme Sylvain Wiltord et Johan Micoud. En talent pur, Pascal avait peut-être un petit truc en plus que les autres mais il lui manquait un peu de constance dans ses performances.

Chez les Girondins, tu as également évolué avec Laurent Batlles, dont on garde aussi beaucoup de souvenirs du côté de Geoffroy.

Laurent Batlles était un très bon joueur, il avait un peu les mêmes attitudes que Zinedine Zidane. C’était un joueur très technique mais aussi un super mec. Il avait une vision du jeu remarquable, c’était un bonheur de jouer avec lui. Il était très altruiste. Laurent était gentil, presque trop gentil. Il a fait une longue et belle carrière de joueur. À Sainté il n’était plus tout jeune mais il était encore très performant. Apparemment il est en train de faire de belles choses avec Troyes, je lui souhaite de faire une grande carrière d’entraîneur.

Quid de tes relations avec Elie Baup ?

Elles n'étaient pas mauvaises mais il avait une politique qui ne permettait pas trop de trouver ma place. Il avait son onze de départ et ne faisait pas tourner. Il faisait peu de changements. C'est quelque chose que je lui ai un peu reproché. Après ma saison à Sainté, quand je suis revenu à Bordeaux, il y avait un joueur un peu en difficulté, le Brésilien Christian. On jouait un peu au même poste, il ne m'a pas fait jouer. Parfois des concurrences saines, c'est bien, ça fait avancer l'équipe.

À Sainté tu as eu du temps de jeu : tu as fait 30 matches dont 21 en tant que titulaire, José Aloisio ayant été absent une partie de la saison entre les blessures et les faux passeports. Quel bilan fais-tu de ton unique saison verte ?

Au départ c’était un rêve pour moi de porter ce maillot, Sainté était un club mythique. Pendant ma jeunesse j’avais été fan de ce club où jouait mon idole Michel Platini. J’étais super fier de jouer à l’ASSE, d’évoluer à Geoffroy. Mais cette saison-là a mal tourné. Au final, c’est un sentiment d’échec qui prédomine. On se sent un peu responsable. Moi je n’avais jamais connu de relégation. Je l’ai mal vécue. Je me sentais responsable. Malgré tous les problèmes qu’on a pu rencontrer, les changements d’entraîneur, les problèmes de passeports, on se devait de maintenir le club dans l’élite et on a échoué. J’assume ma part de cet échec. J’aurais aimé apporter plus et aider le club à se sauver. J’étais vraiment triste car quand on joue à Sainté, on sent la ville et les gens derrière le club. Pour tout le peuple stéphanois, tu n’as pas envie que le club descende. J’ai été triste de partir en voyant le club descendre.

Tant que mathématiquement ça restait jouable, t’as cru qu’on allait se sauver ou t’as senti plus tôt que le triste dénouement était inéluctable ?

Franchement, on y a toujours cru. Si tu n’y crois pas, tu ne joues pas. C’est un vrai gâchis. Sainté sortait d’une grosse saison, tous les meilleurs joueurs étaient restés, il y avait beaucoup de qualités dans l’équipe. Moi j’ai toujours cru qu’on allait se sauver malgré tous les problèmes qui nous étaient tombés dessus. Ils t’enlèvent des points, ils te les remettent au dernier moment, ce n’était pas facile à vivre. Apprendre dans la presse que tu n’as plus d’entraîneur, ce n’est pas une situation facile à gérer. On n’a pas été épargné non plus par les blessures. Tu l’as rappelé, José a été blessé. C’était quand même un joueur important dans l’équipe. Il y a eu un enchaînement d’évènements défavorables. Maintenant, il ne faut pas se cacher derrière ça, on est entièrement responsable. Mais ce n’était pas évident de trouver une stabilité dans l’équipe. Pfff, c’est vraiment dommage car on avait quand même de sacrés joueurs dans cette équipe !

Comment le groupe a réagi quand Robert Nouzaret s’est fait virer au bout de neuf journées ?

Franchement, on n’a pas compris son limogeage. C’était vachement prématuré comme décision. On avait battu Marseille et Bordeaux. On avait pris aussi deux points à l’extérieur. À la maison, on avait fait 2-2 contre une belle équipe de Lyon qui a fini deuxième cette saison là avant d’enchaîner de nombreux titres de champions. On a pris une rouste au Parc mais ça peut arriver. À Auxerre on perd 4-3 après avoir mené 2 fois au score. Et à Strasbourg on perd dans les dernières minutes. Ce limogeage étant d’autant plus incompréhensible qu’on avait le sentiment que Robert Nouzaret était toujours l’homme de la situation. C’est lui qui avait fait monter le club, c’est avec lui que le club sortait d’une saison réussie dans l’élite. C’était quelqu’un de caractère, qui connaissait son métier. C’était quelqu’un de franc, un meneur, un rassembleur. C’était la bonne personne pour faire remonter le club, sachant que la situation était loin d’être désespérée. Le bilan de ce premier quart de saison était moyen mais pas catastrophique.

Gérard Soler a assuré l’intérim lors d’un match perdu à domicile contre Rennes avant l’arrivée de John Toshak. As-tu apprécié ta collaboration avec l’entraîneur gallois ?

C’était quelqu’un qui m’aimait bien et qui me faisait jouer. Sous l’ère Toshak, j’étais souvent associé avec Alex. À cette période-là, je me sentais bien, ça allait de mieux en mieux. Je sentais qu’on pouvait faire quelque chose. En plus j’adorais jouer avec Alex, tout allait bien. Mais ça a été une incompréhension totale quand au retour des vacances d’hiver on a appris son départ. On a appris ça dans les journaux, on a eu aucune explication. C’était le désarroi total. Déjà qu’on n’avait pas vu le coup venir quand Robert Nouzaret s’était fait virer, là on apprenait que son successeur s’était déjà barré. Je n’avais jamais vu ça. Avec John Toshak on avait un objectif commun : redresser le club et se maintenir. Mais il est parti après quelques semaines sans nous prévenir, lâchement. On a vécu ça comme une trahison.

Suite à son départ, la direction a privilégié la solution interne en installant le binôme Rudi Garcia-Jean-Guy Wallemme.

Oui, on a essayé de faire bloc derrière eux pour tenter de sauver le club. On sentait que Rudi avait cette âme d’entraîneur, qu’il était fait pour ça. Jean-Guy découvrait ça, c’était difficile pour lui d’avoir ce rôle. Il était déjà capitaine sur le terrain, donc avoir en plus ce nouveau rôle d’entraîneur, c’était compliqué. On a fait avec, on a essayé de faire au mieux. Il fallait faire quelque chose, on n’avait pas d’autre solution. Je pense que Rudi et Jean-Guy ont essayé de faire tout leur possible. Mais c’est vrai que derrière on n’a pas eu les résultats escomptés. On a fait avec les moyens du bord mais ça n’a pas suffi.

Cette saison-là, tu n’as claqué que quatre pions dont un en Coupe de la Ligue.

C’est trop peu, c’est insuffisant. Je n’ai pas assez pesé et je m’en veux. J’ai quand même eu un temps de jeu assez conséquent et j’aurais dû être davantage décisif. J’en ai pleinement conscience et c’est pour ça que je ne fuis pas mes propres responsabilités dans cet échec collectif. J’ai eu quelques bonnes périodes cette saison-là, j’ai été impliqué sur des actions où d’autres ont marqué. Mais mon apport a été en-deça de mes attentes. J’ai connu des périodes un peu compliquées, je me suis fait une entorse au genou. La fin de saison a été difficile pour moi, j’ai très peu joué.

Tu t'étais fait les croisés deux ans plus tôt à Bologne. Peut-être qu'après cette blessure tu n'as jamais retrouvé ton niveau d'avant et que ça explique en partie ton faible rendement à Sainté ?

C'est vrai que j'ai eu cette sérieuse blessure en 1998 mais je m'en étais quand même remis. Ce n'est pas excuse. Le truc c'est que je n'ai pas choisi la facilité en choisissant de rejoindre les Girondins en 1999. Cette saison 1999-2000, j'ai eu très peu de temps de jeu à Bordeaux. Or par rapport à mon poste et à mon physique, il me fallait du temps de jeu pour retrouver le rythme, mon niveau et mon efficacité. J'avais besoin de jouer.

C’est à Auxerre que tu as marqué ton premier but en vert.



Je m’en souviens bien. J’avais réduit le score sur une passe de Tchiressoua Guel mais on avait perdu 4-3. Je ne sais pas si cette première défaite était annonciatrice de cette saison galère mais on avait subi plusieurs coups durs lors de ce match. José, qui était déjà sorti sur blessure à Toulouse, s’est claqué pendant la première mi-temps et je l’ai remplacé. En seconde période, Jérémie Janot a blessé Jean-Guy Wallemme. On a pris un but casquette. C’est rageant parce qu’on sentait qu’on pouvait faire un résultat là-bas mais au final on perd ce match. Certes, il y avait une belle attaque en face avec Kapo, Cissé, Guivarch. Mais on avait une belle équipe et si je ne dis pas de bêtise on a mené deux fois au score lors de cette rencontre.

Tu as marqué ton deuxième but de la tête à Sedan sur un coup franc de Stéphane Pédron.



Steph avait un super pied gauche. C’était le premier match avec John Toshack.

Ton troisième but, c’était à la maison contre le PSG.



Cette fois-ci j’ai mis un but victorieux. J’avais marqué l’unique but de la rencontre sur penalty. J’avais trompé Lionel Letizi, qui était pourtant parti du bon côté. Je crois que c’était le premier match où Rudi et Jean-Guy avaient repris l’équipe. Ça nous tenait à cœur de renouer avec le succès. Je me souviens qu’il y avait une grosse ambiance. C’est un bon souvenir, on a cru à une embellie mais hélas on n’a quasiment plus gagné un match derrière (un seul, contre Bastia à domicile lors de la 29e journée, ndp2).

En effet, Sainté n’a pris que sept points lors des dix dernières journées. Le groupe a lâché mentalement ?

Franchement, je n’ai pu eu ce sentiment-là. C’était une période compliquée mais je n’ai pas vu de tricheur ou de joueur en particulier plonger mentalement. Mais à chaque coup du sort ça devenait de plus en plus difficile de rebondir. On avait ce ressenti que le sort s’acharnait sur nous, rien ne voulait sourire. À chaque fois qu’on reprenait espoir, dans la foulée on prenait un but casquette ou un but de l’au-delà. Au sein du groupe il n’y avait pas de mauvaise ambiance, il n’y avait pas de mauvais gars. Mais on n’a pas su enrayer cette spirale de mauvais résultats.

Tu as marqué ton dernier but en vert en Coupe de la Ligue contre Auxerre sur une passe de Julien Sablé, qui est aujourd’hui adjoint de Claude Puel.



Exactement. Je garde un très bon souvenir de Juju. C’est un super mec, avec une super mentalité. Tu sentais qu’il était dévoué au club. C’était un battant, il aurait donné sa vie sur le terrain. C’était aussi un super gars en dehors du terrain. Avec tous ces gars-là on y croyait. Laurent Huard, qui a retrouvé Julien dans le staff de l’ASSE, c’est pareil. C’était un joueur combatif doté d’un très bon état d’esprit. Je n’étais plus à l’ASSE à ce moment-là mais ça m’a attristé quand j’ai appris qu’il avait dû mettre un terme à sa carrière à l’âge de 28 ans à cause de son problème au cœur. C’était vraiment injuste et cruel pour ce joueur qui mettait beaucoup de cœur sur le terrain. J’appréciais beaucoup Laurent, c’était un mec droit, gentil. C’est quand même fou qu’avec des soldats comme ça on soit descendu !

Quel coéquipier t’a le plus marqué à Sainté ?

Alex, bien sûr. Un joueur super technique avec un sens du but inné. Le Brésilien. La classe. Il était dans tous les bons coups, pouvait la mettre au fond dans toutes les positions. J’aimais jouer avec lui, il savait me chercher, il savait se déplacer en fonction de mes propres déplacements. Il était intelligent dans ses déplacements. Il aimait avoir un point d’appui devant, faire des une deux. Alex sentait le foot, il respirait le foot. Tout à l’heure on parlait de Feindouno, mais Alex aussi fait partie des quelques joueurs au-dessus du lot que j’ai côtoyés. Pascal était moins but buteur qu’Alex mais très spectaculaire dans ses dribbles déroutants. Alex avait un sens du but plus développé. Je me rappelle notamment de son doublé contre l’OM en début de saison et de son triplé contre Troyes. C’est sûr qu’il a mis beaucoup plus de buts que moi.



Dans autre registre offensif qu’Alex, José aussi m’a marqué à Sainté. Il avait beaucoup de talent et de joie de vivre. Sa bonne humeur était communicative et très appréciée au sein du groupe. Malheureusement pour nous sa saison a été perturbée par ses blessures et sa suspension mais il était toujours positif. Stéphane Pédron également, c’était un très bon joueur, un sacré gaucher. Alex, José et Steph, ce sont les trois noms qui ressortent et ça me rappelle d’ailleurs ce match à Monaco où ils avaient marqué tous les trois. Mais hélas ça n’a pas suffi, on a perdu ce match 5-3 alors qu’on avait deux buts d’avance. C’est vraiment dommage qu’on soit descendu car il y avait beaucoup d’autres bons joueurs dans notre équipe. Derrière, on avait des garçons comme Kvarme, Wallemme, Mettomo. Au milieu on a évoqué Sablé et Huard mais il y avait aussi Pape Sarr, qui a fait de bons matches et claqué quelques pions. C’était vraiment rageant de descendre avec un tel effectif !


C’est Claude Puel qui entraînait Monaco lors du 5-3 que tu viens d’évoquer. Dimanche il sera sur le banc des Verts à GG contre Montpellier. Que t’inspire le MHSC cette saison ?

Tant sur le plan du jeu que des résultats, j’ai bien aimé le début de saison de Montpellier, notamment lors qu’ils ont enchaîné trois victoires probantes contre Lyon, Nice et Angers. À Dijon, ils ont un peu souffert mais ils ont mérite de revenir deux fois au score pour prendre un point. Mais ensuite il y a eu ce match complètement raté contre Nîmes à la Mosson. C’est un match important dans la région, un derby. C’est le match à ne pas perdre et Montpellier l’a perdu sans rien montrer.

Le MHSC a quand même réussi à réagir derrière à Monaco. Ce point pris là-bas est d’autant plus méritoire que Téji Savanier s’est fait expulser au bout de 20 minutes de jeu. Mais le MHSC a lourdement rechuté depuis ne perdant 4-0 à la maison contre Reims. Ils traversent un moment difficile et doivent se reprendre. J’ai échangé un peu avec Michel De Zakarian et Franck Rizzetto, ils sont un peu dans l’incompréhension après ces deux derniers matches à domicile.

Montpellier avait pour l’habitude d’être costaud, surtout à la Mosson. Ces deux derniers loupés à domicile interpellent tout le monde. Il y a des valeurs de combat et un état d’esprit qu’on n’a pas retrouvés. Les perdre dans un derby, c’est un peu inquiétant. Et perdre aussi lourdement chez toi contre l’avant-dernier c’est également préoccupant, même si les expulsions rapides de Vitorino Hilton puis Damien Le Tallec n’ont pas facilité les choses… J’espère qu’ils vont se reprendre, ils n’ont plus trop le choix.

Il y a un groupe de qualité à Montpellier, notamment devant et au milieu. Derrière, c’est censé être costaud. Depuis deux ou trois ans, cette équipe de Montpellier est réputée pour être compacte, dure à bouger. Elle porte un peu la marque de Michel Der Zakarian. Michel, c’est un gars qui savait se faire respecter sur le terrain, il inculque ça à son équipe. Donc forcément il est déçu quand son équipe se fait dominer dans le combat comme on l’a vu contre Nîmes notamment. Habituellement, Montpellier prend peu de buts mais là ils viennent d’en encaisser quatre. Selon la formule consacrée, il vaut mieux perdre une fois 4-0 que 4 fois 1-0 mais quand même !

Crois-tu que cette équipe sera capable de réagir dans le Chaudron ce dimanche ?

Je pense qu’elle est capable de réagir même si cette équipe sera amoindrie à Geoffroy. Souquet, Hilton, Le Tallec et Savanier seront suspendus, d’autres joueurs sont incertains car ils ont des soucis physiques. Maintenant, Sainté n’est pas au mieux non plus, compte aussi des blessés et reste sur quatre défaites consécutives. Ce match va opposer deux équipes « malades ».

J’ai du mal à me prononcer sur le potentiel réel de Sainté car honnêtement j’ai très peu vu jouer cette équipe cette saison. Comme tout le monde, j’ai vu la finale de Coupe de France. Les Verts avaient vraiment donné du fil à retordre au PSG, j’avais bien aimé leur prestation. Même en infériorité numérique ils avaient réussi à inquiéter les Parisiens, avec le surprenant Yvan Neyou notamment. Mais j’ai quand même l’impression que les Verts sont un peu inconstants…

Parce que cette équipe est trop jeune ?

C’est vrai que Sainté joue vraiment avec beaucoup de jeunes cette saison. Moi je trouve ça très bien de faire jouer des jeunes, mais c’est important de les encadrer par des joueurs d’expérience. Quand j’ai joué à Montpellier, il y avait plein d’autres jeunes mais aussi des joueurs confirmés, de vrais cadres à des postes clés. Il y avait Claude Barrabé dans les buts, Michel Der Zakarian stoppeur, Thierry Laurey libero, Kader Ferhaoui au milieu.

Les jeunes sont insouciants mais n’ont pas forcément la maturité pour tenir dans la longévité et répéter les matches de haut niveau. C’est difficile d’être constant pendant longtemps. Le rôle des cadres est important, surtout quand on traverse des périodes un peu compliquées. Claude Puel a décidé de miser beaucoup sur les jeunes et de se passer de certains cadres, c’est un pari. L’avenir nous dira s’il a eu raison. Peut-être que dans deux ou trois ans Sainté jouera la Champions League et on sera tous contents !

C’est louable de bâtir son équipe en donnant leur chance à beaucoup de jeunes. Mais le problème, dans le foot d’aujourd’hui, c’est que c’est très difficile de garder les meilleurs d'entre eux. On l’a vu à Sainté avec les départs de Saliba et de Fofana mais l’ASSE est loin d’être le seul club impacté par la fuite des talents. Aujourd’hui les gamins partent de plus en plus tôt, certains jouent à peine une saison dans leur club formateur avant de voler vers d’autres cieux. À l’époque où je jouais ce problème n’existait quasiment pas, les clubs arrivaient à conserver plusieurs années leurs jeunes.

Ton prono pour dimanche ?

J’espère que les supporters stéphanois ne m’en voudront pas, mais je vois une victoire 2-1 de Montpellier. Doublé de Gaëtan Laborde et but de Wahbi Kahzri. Le Chaudron a plutôt réussi au MHSC ces dernières années, jr crois qu'il reste sur deux victoires et un nul là-bas. Gagner encore à Geoffroy serait une réelle performance. C’est dommage que les Verts soient encore privés de leurs supporters pour ce match à cause de la crise sanitaire.

Geoffroy, c’est mythique, tu sens la force du public. J’ai vécu là-bas les plus grosses ambiances de ma carrière. J’ai connu aussi l’Italie, c’était différent. Malgré tous les déboires qu’on a eus lors de cette saison 2000-2001, il y avait toujours plus de 30 000 personnes à Geoffroy-Guichard. Je garderai un souvenir impérissable de cette ambiance. C’est pour ça que je rêvais de jouer à Sainté et que je rester fier d’avoir porté le maillot vert.

 

Merci à Christophe pour sa disponibilité