Plein d'emotions...

Dans leur analyse d'après rencontre, le coach stéphanois et son capitaine soulignent l'influence du système d'arbitrage assisté par la vidéo sur le résultat du match, mais aussi sur les émotions ressenties. Les Stéphanois ont mis les bons ingrédients en début du match, seulement pour se faire cueillir à froid par deux buts Toulousains. Sonnés, ils ont frisé la correctionnelle, mais sont peu à peu revenus dans le match et au score, l'arbitrage vidéo faisant en sorte que le score n'évolue plus dans la dernière demi-heure.

Regardons ceci de plus près.

 

 

Si la composition de départ de l'ASSE était plutôt normale compte tenu des joueurs disponibles, le système tactique a un peu surpris. Un 3-4-1-2 déjà utilisé par le passé, mais pour la première fois avec Bouanga en piston gauche :

Dans cet exemple en tout début du match, le ballon circule d'abord vers la gauche jusqu'à Bouanga, et ensuite vers l'autre piston, un changement de côté effectué avec Perrin :

Sur cette capture on comprend mieux pourquoi on parle de 3-4-1-2 et non de 3-4-3, Boudebouz est en soutien des deux avant-centres, Hamouma et Khazri. On observe aussi que l'ailier gauche toulousain n'est pas aligné avec les autres milieux, ce qui libère le couloir pour Debuchy. Dans ce genre de systèmes les pistons sont les seuls joueurs de couloirs - parfois ils ont besoin d'aide pour faire la différence. Lors de ce mouvement, c'est Boudebouz qui y va et Debuchy combine avec lui :

Les deux AC sont dans la défense, Bouanga est tout seul côté opposé. Boudebouz choisit de revenir en arrière et finit par jouer avec Moukoudi...

... qui redonne à Perrin. Le jeu se déplace vers la gauche, tout le bloc défensif adverse coulisse en conséquence...

... ce qui laisse Debuchy et Boudebouz seuls à droite. Kolo rejoue vers l'axe et Perrin allonge de nouveau vers son piston droit qui combine de nouveau avec Boudebouz, qui revient une nouvelle fois en arrière...

... mais cette fois-ci il centre, Khazri, Hamouma et Bouanga étant présents dans la surface. Son centre-tir est repoussé en corner par le gardien toulousain.


C'était un exemple-type de l'animation offensive stéphanoise, qui est passée quasi-exclusivement par les côtés, Debuchy étant parfois aidé par Boudebouz à droite et Bouanga par les montées de Kolo à gauche. Un autre aspect intéressant dans le plan de jeu de l'ASSE a été le pressing haut, pour empêcher les relances toulousaines comme dans cet exemple à la 20e :

Les trois milieux toulousains sont pris par Boudebouz, Bouanga et Cabaye, pendant que Khazri et Hamouma coupent les angles de passe vers les latéraux. Le gardien n'a pas d'autre choix que de jouer long...

... et Perrin s'impose dans les airs. M'Vila récupère le ballon et lance de suite Bouanga à gauche. L'ailier converti piston monte balle au pied et écarte avec Hamouma...

... qui s'était excentré, mais qui choisit ensuite de calmer l'action en jouant en arrière avec M'Vila :

Le ballon est envoyé de l'autre côté, mais lentement, avec beaucoup de passes entre M'Vila, Cabaye, Perrin et Moukoudi. Ceci laisse le temps au bloc adverse de se remettre en place, les 3 offensifs stéphanois et Bouanga se retrouvent maintenant entre les deux lignes de 4. Sans importance, les Verts passent par les côtés :

Moukoudi monte balle au pied et lance Debuchy dans son couloir. Boudebouz lui propose de nouveau une solution, mais il y a une situation intéressante dans la surface, où Hamouma et Khazri monopolisent l'attention des 4 défenseurs et Bouanga se retrouve seul au 2e poteau. Il est trouvé par le centre de Debuchy, mais Hamouma ne peut pas profiter de sa remise de la tête.



Les Verts ont reçu un sacré coup sur la tête avec le 2e but toulousain, encaissé juste après la pause fraîcheur. 70% de possession jusqu'à ce moment, des adversaires qui ne passaient quasiment pas la ligne médiane... une maîtrise sur la rencontre en complète contradiction avec le 0-2 du tableau d'affichage. Déboussolés, les Stéphanois ont moins bien attaqué et se sont exposés aux contres adverses, comme le tir détourné par Ruffier sur le poteau à la 39e. Mais 5 minutes plus tard, la qualité de passe de M'Vila et la technique de Hamouma ont permis aux Verts de rentrer aux vestiaires avec seulement un but de retard.

 

La deuxième période a commencé avec un changement de joueurs côté stéphanois, avec l'entrée de Beric à la place de Boudebouz :

 

Le système tactique en 3-4-1-2 a été préservé, Khazri passant en "10" et Beric prenant la place d'avant-centre à côté d'Hamouma. Une stat intéressante concerne les ballons joués par ce trio offensif. Hamouma et Khazri ont touché le même nombre de ballons avant et après la pause, 17 pour le premier, 24-25 pour le deuxième. Par contre, là où Boudebouz a joué 26 ballons en 1MT, Beric en a joué seulement 7 en 2MT. D'ailleurs, le seul ballon que le Slovène a joué dans la moitié adverse sans être hors-jeu a été à la 94e !


Pour revenir à la tactique, la deuxième période a donc vu le même système et la même animation basée sur un jeu dans les couloirs, comme dans cet exemple à la 51e :

Moukoudi, Perrin, Kolodziejczak, les défenseurs amènent le ballon vers la gauche...

... avant de le faire circuler vers la droite. On aperçoit le positionnement des Verts, avec Beric et Hamouma dans l'axe de la défense, Khazri entre les lignes et Bouanga et Debuchy collés à ligne de touche. Comme il n'est pas attaqué, Moukoudi monte balle au pied...

... et écarte vers Debuchy, le rideau des milieux est passé. Le piston droit stéphanois a le couloir pour lui - le latéral gauche adverse s'y rend pour le bloquer, Hamouma plonge dans son dos. Mais Debuchy n'a pas besoin de soutien dans cet exemple, il élimine l'adversaire et se retrouve en position de centre :

Assez embêtant pour une animation offensive basée sur des centres, Beric est le seul Stéphanois présent dans la surface, ni Khazri, ni Bouanga ne s'étant projetés. Le ballon de Debuchy est repoussé de la tête par un défenseur, mais Cabaye a bien suivi et le récupère dans la surface. Gradel lui monte sur le dos et ni l'arbitre central, ni ses assistants vidéo ne trouvent rien à dire... Heureusement, Hamouma égalise 5 minutes plus tard en reprenant un centre de Bouanga.


L'entrée de Youssouf à la place de Cabaye a été du poste pour poste, mais celle de Nordin pour Bouanga a changé le système tactique, les Verts sont passés en 4-2-3-1 (4-4-2 défensif), Hamouma s'excentrant à droite :

Par contre, l'animation est restée la même, les Stéphanois sont toujours passés par les côtés, comme dans cet exemple dans le temps additionnel :

Ruffier joue avec Perrin, qui monte balle au pied. Les 4 offensifs de l'ASSE (Nordin, Beric, Khazri, Hamouma) sont les seuls Stéphanois dans le camp adverse...

... mais d'autres s'y ajoutent, notamment Youssouf en milieu relayeur et Kolo et Debuchy en latéraux offensifs. C'est le dernier qui est servi par Perrin et il joue tout de suite plus haut avec son ailier, Hamouma. Le latéral gauche couvre et le ballon sort en touche. La remise en jeu est effectuée par Debuchy...

... avec Youssouf et le ballon est joué en retrait sur Moukoudi. Les Verts changent de côté via Perrin...

... et maintenant c'est le latéral gauche, Kolo, qui a le ballon. Et comme dans ce système il y a 2 joueurs dans chaque couloir, lui aussi peut combiner avec son ailier :

Nordin reçoit le ballon et se dirige vers l'axe pendant que Kolo dédouble. Beric, Hamouma et Youssouf se placent tous dans la défense, pendant que Khazri joue comme un vrai "10", faisant un appel entre les lignes. Il est servi...

 

... et décale ensuite Kolo à gauche, qui a le temps de préparer son centre. Beric appelle le ballon, mais il est hors-jeu. Et après l'intervention de l'arbitre vidéo, son but est logiquement refusé. Au delà de la frustration du résultat, ce retour sur terre une minute après avoir hurlé sa joie est encore plus dur à vivre...

 

 

Comme à Marseille, les Verts ont animé un système à 3 centraux, ont produit du jeu et ont essayé d'obtenir un résultat satisfaisant. Il faut avoir du mental pour revenir après deux buts encaissés coup sur coup, contre le cours du jeu, mais le match laisse un gout amer, avec le sentiment que les Stéphanois auraient mériter mieux. Et avec un peu plus de réussite offensive, assistée par la vidéo ou pas, ça aurait pu être le cas. Le problème est qu'il commence à y avoir urgence d'un point de vue comptable, l'ASSE ne peut pas se contenter de nuls à domicile et de défaites à l'extérieur. Et si le championnat est long et permet de récupérer plus tard les points laissés en route, ce n'est pas le cas de la Ligue Europa, où plusieurs mauvais résultats peuvent vite signifier la fin de l'aventure. Les Verts doivent dès ce jeudi au moins retrouver de la réussite, à défaut de montrer un visage plus séduisant...