Vous prendrez bien une troisième part de Galette ? A déguster dans la potothèque ou à lire grâce à la retranscription de pitchdobrasil, c'est vous qui voyez !


Les récentes bonnes prestations de Bakary Sako montrent qu'un jeune a besoin de temps de jeu pour trouver ses marques et progresser. Comment gérer ce facteur "temps d'adaptation" alors que le foot actuel demande des résultats immédiats ?

Il faut du temps de jeu pour progresser, il faut surtout du soutien moral. C'est pour ça qu'il y a un juste équilibre à trouver entre le nombre de jeunes joueurs et le nombre de moins jeunes, parce que le bons jeunes doivent être encadrés pour ne pas qu'ils supportent toute la pression d'un résultat et pour qu'ils puissent aussi s'exprimer très librement à 100, 110, 120% sans aucune pression.
De ce côté-là, Baky progresse. Il est bien encadré, avec des joueurs d'expérience. Je ne suis pas surpris. On connait son potentiel, on sait qu'il a des qualités de footballeur de haut niveau en terme de valeur athlétique, de qualité technique, avec son pied gauche aussi. Il doit apprendre et prendre le temps d'apprendre. Et seul l'entraîneur peut doser cela.

Comment expliques-tu qu'après des débuts prometteurs, Bergessio n'avance plus ?

C'est un problème de confiance. Le joueur est très apprécié de tous ses partenaires, de tout le staff et de tout le club. Je m'aperçois aussi que les joueurs sont malheureux pour lui quand il a moins de réussite. Le système mis en place en début de saison, sur la première partie de la phase aller, n'était pas en sa faveur puisqu'on jouait avec une seule pointe. Les choses évoluent un peu différemment avec le triangle tourné un peu dans l'autre sens. Il doit simplement retrouver du temps de jeu, de la confiance.

Pour toi, cette confiance ne peut revenir qu'en faisant évoluer le schéma tactique ?

Ça peut revenir seul, mais il faudra peut-être que je fasse évoluer le schéma.

En clair, son avenir dépend-il en partie du retour de blessure d'un Bouba Sanogo qui te permettrait de mettre une autre configuration d'équipe ?

En partie, oui.

Depuis le début de la saison, l'ASSE a généralement évolué en 4-3-3, avec un milieu de terrain composé d'une sentinelle chargée de colmater les brèches (Matuidi) et deux milieux relayeurs capables de se projeter vers l'avant et même de marquer (Perrin et Batlles, qui en sont déjà à 4 buts chacun). Le retour de Sanogo peut-il changer la donne et faire évoluer le schéma tactique vers un 4-4-2 ?

Autant on a démarré en 4-3-3 pour un certain nombre de raisons, autant dans la deuxième partie des matchs aller, on a évolué dans un 4-2-3-1 où Laurent Battles se retrouve beaucoup plus proche de l'attaquant de pointe. C'était aussi un choix, les internautes voient juste, fait parce qu'on était en déficit d'attaquants de pointe.. Peut-être que lorsque Bouba sera revenu en forme et à 100% de ses capacités, dans trois ou quatre semaines, il devra retrouver du temps de jeu. À partir de ce moment-là, il y aura trois attaquants de pointe pour deux postes - parfois pour un poste mais parfois pour deux places - et ce sera à moi de trouver le meilleur équilibre possible.

Une des clés de la bonne première moitié de saison est un Laurent Battles rayonnant et très influent sur le jeu. Dans ton esprit, Laurent Battles était-il destiné à passer autant de temps sur le terrain ?

Qu'il soit déterminant, qu'il soit buteur, je ne suis pas surpris. On a simplement pris le temps avec Laurent. On a eu cette discussion d'homme à homme, lui et moi, car il est arrivé avec beaucoup de retard dans la préparation. Les trois premiers matchs, il n'a quasiment pas joué. Je crois que les trois ou quatre premier matchs, il était remplaçant (NDLR : remplaçant au Parc des Princes, il remplace Guilavogui à la 62ème, avant de rester sur le banc pour la venue de Sochaux et de ne rentrer qu'à la 89ème minute à Rennes. À nouveau remplaçant contre Lens, entré à la 72ème, il ne connaît en effet sa première titularisation qu'à Toulouse, avec le succès que l'on sait).
On a pris le temps de bien le préparer. Il a fait beaucoup d'efforts sur le plan physique avec Thierry Cotte le préparateur, des séances très adaptées. À partir du moment où j'ai senti en lui qu'il était prêt, je n'avais aucun doute sur sa capacité à nous apporter ce qu'il nous a apporté car il a une chose de plus que certains : il est passionné par son métier, passionné par le jeu.

C'est aussi ce qui fait qu'il est aussi performant à un âge, on va dire avancé pour un footballeur professionnel.

Laurent a 35 ans mais c'est l'un des joueurs qui court le plus sur le terrain.

Le fait qu'il soit aussi déterminant n'explique-t-il pas finalement à posteriori les carences qui étaient affichées par l'équipe, orpheline d'un tel régulateur ces deux dernières saisons ?

Il y a d'autres choses mais c'est vrai que ça en fait partie, parce qu'il a beaucoup d'expérience, il régule le jeu, il sait être devant le but quand il faut l'être ou temporiser, mettre le pied sur le ballon. Mais il n'y a pas que lui, il y a d'autres choses.

Pourquoi personne d'autre que lui ne parvient à s'acquitter de ce rôle et envisages-tu de recruter ou de former quelqu'un un peu dans le même registre que lui pour la pérennité de ton système ?

Former, ça prend beaucoup de temps, beaucoup, beaucoup trop de temps. Dans le recrutement, on est bien forcé d'envisager des joueurs de ce profil-là.

Des internautes se demandaient si tu avais envisagé d'utiliser Dimitri Payet en lieu et place de Battles, en milieu plus axial, capable de distiller de bons ballons, notamment pour un Manu Rivière.

Je l'avais essayé l'an dernier dans un système un peu particulier face à Rennes, la première réception de l'année 2010 mais plutôt pour bloquer et contrecarrer le jeu rennais. Je l'ai essayé de manière plus directe face à Bordeaux en championnat, mais je m'aperçois que Dimitri Payet n'est pas très à l'aise dans ce registre-là. Excentré, que ce soit à droite ou à gauche, avec beaucoup plus de liberté : il a besoin de cette liberté-là. En réalité, ce n'est pas une liberté puisqu'il est bloqué par une ligne en étant sur le côté. Mais il a ses repères, alors qu'axial, il aime y venir, mais il n'aime pas s'y positionner.

Quelques mots sur Guirane N'Daw. On se rappelle de ses larmes de joie après son but contre Bordeaux. Il semblait refaire partie du groupe et puis il a un peu disparu depuis. Est-ce un problème de niveau de jeu, un problème physique, un problème d'état d'esprit ?

Il fait partie du groupe. Qu'il joue peu, c'est autre chose, mais il faut bien faire la différence. Il travaille de manière sérieuse tous les jours. Après, ce sont des choix d'entraîneur. À l'heure actuelle, des joueurs sont devant lui.

Une petite question sur celui qu'on appelle "le Moulin de la Galette", Jessy Moulin : penses-tu qu'il a encore besoin de travailler pour prendre la relève de Jérémie Janot, encore s'aguerrir, le cas échéant être prêté ?

Il a besoin de se faire violence et d'être beaucoup plus compétiteur pour aller secouer Jérémie. C'est un problème de mental.

Jérémie est auteur d'une première partie convaincante. Le vois-tu, tel un Joseph-Antoine Bell jouer, être titulaire quasiment jusqu'à la quarantaine ?

Son corps va nous dicter nos choix dans les saisons à venir. Mais à l'heure actuelle, il est bien physiquement.

Quelques questions sur les joueurs en fin de contrat. On en a dénombré quatre : Christophe Landrin, Laurent Battles, Bouba Mansaly et Sidi Sagna. Mansaly a un peu, pour le coup, disparu de la circulation mais penses-tu que les trois autres seront prolongés ?

Il est encore trop tôt pour en parler.

On en vient à l'aspect recrutement. Tu peux l'imaginer, il y avait pas mal de questions d'internautes là-dessus. Si Dominique Rocheteau et toi êtes désormais en charge du recrutement, quel est l'intérêt de faire venir un successeur à Damien Comolli ?

(Surpris) On ne cherche pas un successeur. Ce n'est pas un recruteur, mais un superviseur. Le recruteur est celui responsable du recrutement qui propose des joueurs à l'entraîneur et au club. Un superviseur est celui qui va superviser des joueurs par rapport à des caractéristiques bien précises demandées par le responsable de l'équipe, qui va être à la recherche de profils de joueurs par rapport aux besoins de l'équipe, toujours par rapport aux besoins de l'entraîneur. C'est différent.

Quelle est ton entente avec Dominique Rocheteau, l'Ange Vert ? Avez-vous les coudées franches pour le recrutement ?

Je ne suis pas sûr que les entraîneurs ont les coudées franches pour le recrutement. Je suis plutôt d'avis d'avoir des décisions collégiales. Avec à la fois Dominique et la direction du club, nous échangeons beaucoup pour définir les futures orientations, que ce soit pour les profils de joueur, quel postes seraient les plus adaptés pour l'ASSE. Il y a des discussions, beaucoup d'échanges. Après, c'est vrai que je reste le dernier décideur.

On se demandait justement si tu avais le dernier mot quand on sait que dans un passé pas si ancien, certains joueurs sont un peu venus contre l'avis de l'entraîneur.

J'aurai le dernier mot sur le plan sportif. Après, l'aspect financier est autre chose. De toute façon, avant de se lancer dans des dossiers, je suis obligé de connaître leur faisabilité. Je serai le seul décideur sur le plan sportif.