Deuxième volet du long entretien que l'ancien Vert et actuel Malherbiste Mouhamadou Dabo a accordé aux potonautes.
Quel formateur t'as le plus marqué à l'ASSE ? (Poteau droit)
C'est compliqué pour moi de répondre à cette question car tous les formateurs que j'ai eus à Saint-Etienne m'ont marqué. Je ne peux pas en choisir un, ils m'ont tous apporté quelque chose et fait grandir. Grâce à eux j'ai franchi tous les échelons au centre de formation. Ils ont tous contribué à ma progression et aidé à réaliser mon rêve de devenir footballeur professionnel.
Quel est ton meilleur souvenir en vert ? (Timick)
Quand on a réussi à se qualifier pour la Coupe d'Europe, à la fin de la saison 2007-2008. Cela faisait très longtemps que l'ASSE attendait ça. C'était un moment très important pour le club et pour les supporters. On voyait que ça les titillait, chaque année ils espéraient que Sainté redevienne européen. On l'a fait et on les a rendus fiers. On a fêté ça à Geoffroy-Guichard puis la place de l'Hôtel de Ville avec le peuple vert. C'était très émouvant de voir la lueur des gens dans leurs yeux. C'était magnifique, j'ai des frissons en y repensant.
Quel est le joueur qui t'a le plus impressionné lorsque tu jouais à l'ASSE ? (Timick)
Sans hésiter, Pascal Feindouno ! J'ai côtoyé beaucoup de bons joueurs à l'ASSE mais Pascal était au-dessus. Je n'oublie pas qu'il a été le principal artisan de notre qualification en Coupe d'Europe. Cette saison-là, il a pris l'équipe sous son aile, il a pris le jeu en main. Pascal nous a apporté beaucoup, il a fait briller Bafé. Il a permis à Bafé d'aller à l'Euro. Pascal était un joueur magnifique.
Quel est le joueur (avec ou contre qui tu as joué) qui t'a le plus impressionné dans ta carrière ? (Timick)
Lionel Messi bien sûr. J'ai joué contre lui trois ou quatre fois lors de mon unique saison à Séville. Je l'ai affronté en championnat mais aussi en match aller-retour en Coupe. Il est exceptionnel, vraiment à part. Je peux dire que j'ai affronté à plusieurs reprises le meilleur joueur du monde, l'un des plus grands de toute l'histoire du football.
Ton plus beau but sous le maillot vert ? (cedric26) Celui contre le PSG, non ? (PtitLu)
Il ne vous aura pas échappé que je n'en ai pas marqué beaucoup en équipe première ! (rires) J'en ai mis un contre Cluj mais hélas il n'a pas pu nous empêcher de nous faire éliminer par ce club roumain. Mon plus beau but est bien celui que j'ai inscrit contre le PSG dans le Chaudron, d'autant plus qu'il nous a permis de gagner.
Comment t'est venue l'idée de ton attaque spéciale, à savoir faire la toupie avec le ballon pour dribbler ton opposant direct ? (punky) Pourrais-tu expliquer la technique du "rond-point" ou du "tourniquet" que tu semblais priser à Sainté ? (riflebird)
Mes coéquipiers avaient tous surnommé ce geste "le rond-point". En fait c'est venu d'un atelier que le coach Gilles Rodriguez faisait au centre de formation. Il fallait tourner sur soi-même, ça m'a plu et ça m'a amusé. J'ai pris l'habitude de faire ce geste. Quand je le faisais en match, je me rendais compte que ça marchait donc je continue à le faire. Je suis un adepte du rond-point ! (rires)
Avec ton "dribble tourbillon", estimes-tu avoir atteint le niveau d'autres joueurs au dribble unique tels que Francois Clerc adepte du "dribble du crabe" ou de Guel pratiquant le "dribble de la toupie"? (epicentre)
(Rires) J'apprécie ces deux joueurs mais je ne sais pas si on peut nous comparer. Je ne m'identifie pas à quelqu'un, j'essaye de faire des choses qui me sont propres. Si mon dribble un peu spécial est resté dans l'esprit des supporters stéphanois, tant mieux ! Je trouve ça sympa, pour moi c'est quelque chose de positif !
Un jour, je t'ai croisé à la Part Dieu, tu étais avec Benalouane et Bafé. Pris par l'émotion (trois Verts, bonjour les dégâts), je t'ai appelé Blaise. Je ne m'en suis rendu compte que sur le chemin du retour, m'apercevant aussi que tu n'avais pas osé me contredire. Est-ce que cela a tout déclenché ? Ton envie de départ puisque le supporter Vert, ingrat ne te reconnaissait pas ? (Parasar)
(Rires) Elle est marrante ton anecdote. Franchement, je ne m'en souviens plus mais ça ne m'étonne pas que je n'aie pas osé te contredire. Je pense que je ne voulais pas te mettre mal à l'aise. Quand je croise des gens, je préfère rester humble et ne pas les froisser. Mais c'est quand même bizarre que tu m'aies confondu avec Blaise, les supporters stéphanois me connaissent très bien et me reconnaissent d'habitude ! (rires)
Mouhamadou, as-tu déjà eu envie de frapper un mec qui t'avait confondu avec Matuidi ? (Timick)
Vous êtes fou ! (Rires) Non, pas du tout ! Jamais !
Est-ce qu'aujourd'hui tu ne regrettes pas d'être parti de l'ASSE et de na pas avoir fait une carrière à la Perrin ? (alexioninho)
Non, je ne regrette rien.
Rien de rien ? Ni le bien qu'on t'a fait, ni le mal, tout ça t'est bien égal ? (Poteau gauche)
Non, rien de rien ! (rires) Ce que réalise Loïc à l'ASSE est admirable mais chacun a son destin. Le mien, c'était de partir. Je pense avoir fait honneur au maillot vert, je considère que j'ai laissé une copie propre avant de partir. On se donne régulièrement des nouvelles avec les gens qui tiennent ce club. Le courant passe très bien entre nous. On ne sait jamais ce que demain sera. C'est un club où j'ai été formé, qui m'a permis de faire mes premiers pas dans le monde professionnel. Des choses onf fait que j'ai dû partir mais je ne tiens pas à en dire plus.
Pourquoi es-tu parti de l'ASSE sans avoir prolongé ton contrat au préalable ? (Sempre Sainté,seb4282) Ne regrettes-tu pas que ton transfert à Séville n'ait rien rapporté à ton club formateur alors qu'il t'a donné beaucoup que ce soit en tant qu'homme qu'en tant que joueur de football pro ? (Manu63)
Je trouve ça dommage que des supporters pensent que je suis quelqu'un d'ingrat mais je ne leur en veux pas, il y a parfois de mauvaises interprétations qui sont faites dans les médias, c'est d'ailleurs pour ça que j'ai refusé pas mal d'interviews. Moi je ne voulais pas partir, à la base je voulais rester. Mais des choses se sont passées… Je ne veux pas rentrer dans les détails. Si j'avais manqué de correction envers le club, je ne pense pas que le club serait aussi chaleureux qu'il l'est avec moi. Roland Romeyer prend régulièrement de mes nouvelles. Les supporters et tous les gens qui sont à l'extérieur ne savent pas tout ce qu'il se passe à l'intérieur d'un club. Ils n'ont pas accès à certains dossiers sensibles, notamment en matière de transfert. C'est facile de reprocher à quelqu'un de partir libre. Je n'en veux pas à ceux qui le font car ils n'ont pas tous les tenants et les aboutissants.
Désolé d'insister, mais sans remettre en cause ton respect de l'institution et des supporters verts, je trouve dommage que tu n'aies pas joué le jeu de la prolongation afin de permettre au club de toucher une indemnité lors de ton départ. Tu avais programmé de partir "gratuitement" ou c'est lié au fait que le club ne t'avait rien proposé d'acceptable à l'époque ? (epicentre)
Tu ne lâches pas l'affaire mais je ne lâcherai rien de plus ! (rires) Ce que je peux t'assurer, c'est que je n'avais rien programmé. Cela n'aurait pas été sain ou humain d'échafauder une stratégie contre mon club formateur. Je n'ai jamais voulu faire ça. Le fait même de me prêter cette intention me blesse un peu. Ce n'est vraiment pas mon style. Je n'ai pas envie d'en dire plus sur mon départ, je ne tiens pas envie de créer des polémiques. Pendant les dix ans où je suis resté à l'ASSE, je pense que je me suis très bien comporté. Sportivement j'ai toujours donné le meilleur de moi-même et humainement j'ai toujours eu de bons rapports avec les gens du club. Ils me l'ont toujours bien rendu. A chaque fois que je les croise, j'ai toujours des retours positifs.
Tu n'as donc pas de rancœur contre notre club ? (Vert|treV)
Mais pourquoi j'aurais de la rancoeur ? Pas du tout, au contraire ! J'échange régulièrement avec Roland Romeyer, avec l'intendant Fred Emile, le kiné Hubert Largeron, le médecin, tous les gens qui travaillent au club. Il m'est arrivé de faire un coucou à tout le monde quand je passais à Saint-Etienne. Je suis toujours très bien reçu. Ce n'est pas parce que j'ai quitté ce club en 2010 que je ne suis plus reconnaissant.