Il a connu le souk à l'ASSE. A Toulouse il cherche des sous mais ne fera pas de casse. C'est Jean-François Soucasse. Rencontre avec le Directeur Général du TFC, qui affronte Sainté ce soir dans le Chaudron en match d'ouverture de la 6ème journée de L1.
Que représentait l’ASSE pour toi avant de signer à Sainté en 1994 ?
J'ai été comme beaucoup bercé mes premières années par un club emblématique, un parcours européen. J’ai eu l’impression en rejoignant Saint Etienne à l’époque de rejoindre un club mythique, avec un palmarès, une aura, un public. C’était vraiment ce sentiment de rentrer et de participer, même très modestement pour le coup, à l’histoire d’un grand club.
Le fait de retrouver plusieurs de tes anciens coéquipiers toulousains (Robin Huc, Jean Philippe Delpech et Pascal Despeyroux) a-t-il pesé dans ta décision de rejoindre les Verts ?
Très honnêtement oui, car avec certains d’entre eux j’entretenais des relations amicales. Mais en réalité le vrai fait déclencheur a été la présence d’Elie Baup comme entraîneur, que j’avais déjà eu comme entraîneur à Toulouse en cadets nationaux, et qui avait participé à ma formation à Toulouse. Sans Elie, je pense que je ne serais sûrement pas venu à Saint-Etienne.
Quels souvenirs gardes-tu d’Elie Baup en tant qu’entraineur à Saint-Etienne ?
Avec Elie notre relation était assez riche, parce qu’il est devenu plus tard entraineur de l’équipe une à Toulouse alors que j’étais déjà directeur général. Nous avons des parcours un peu entremêlés. J’avais retrouvé à Saint-Etienne le Elie que je connaissais déjà à Toulouse. Quelqu’un d’investi, avec des fortes qualités humaines et qui avait à l’époque une tâche très difficile à relever, avec un groupe particulièrement jeune. C’était une période où lui était dans une phase d’apprentissage du métier d’entraîneur professionnel, et moi j’avais retrouvé le même Elie avec les mêmes qualités qu’il y a quelques années.
Il avait fait de toi un des titulaires de la défense en début de saison, tu as été aligné dans le onze de départ stéphanois 21 fois lors des 23 premières journées du championnat.
Oui, j’ai joué jusqu’à ce que je me fasse une grosse entorse qui m'a rendu indisponible trois ou quatre semaines. Je n'étais donc pas là lors des deux derniers matches qu'a perdu Elie avant de se faire débarquer (ndp2 : défaites à Monaco et à Gueugnon) et après la fin de saison a été plus compliquée.
En début de saison, toi qui étais âgé à peine de 23 ans, tu faisais déjà figure de doyen de la défense. Tu as démarré la saison avec Lionel Potillon, Patrick Moreau et Fabrice Mannucci…
Oui, il y avait aussi Sébastien Pérez qui jouait derrière, sans oublier Greg Coupet qui était lui aussi très jeune. On avait une équipe de minots franchement…
Avec le recul, penses-tu que la trop grande jeunesse de cet effectif est la principale raison de la relégation ?
Effectivement, ça a joué. Il faut replacer les choses dans leur contexte. C’était un club de Saint-Etienne qui cherchait une stabilité en termes de direction, d’actionnariat. Le club avait une politique sportive basée sur le centre de formation avec des moyens limités… Le corollaire de tout ça, c'était de lancer des jeunes joueurs. C'était des paris. Certains ont explosés au plus haut niveau comme Greg Coupet, la plupart ont d’ailleurs fait des carrières réussies au niveau individuel. A 22 ou 23 ans, j'étais plus vieux que de nombreux joueurs de l'équipe. On en a déjà cité quelques-uns mais il y en avait pas mal d'autres : Pierre Bastou, Stéphane Santini, Sylvain Flauto, Adel Chedli… Oui, on avait une équipe vraiment très, très jeune.
Quels joueurs t’ont le plus marqué lors de tes deux saisons à l’ASSE ?
Gregory Coupet était déjà très impressionnant dans son registre, mais celui qui était un véritable phénomène c’était Lubo Moravcik, qui avait un talent absolument incroyable. Cette année- la, on avait battu le Milan AC en amical, on était parti sur une bonne dynamique, mais l’équipe au fur et à mesure des résultats délicats s’est un peu délitée. Il y avait un ou deux leader techniques, Lubo en faisait partie. Mais avec son fort caractère, il avait une incapacité d’emmener l’équipe avec lui.
Après le très court intérim Maxime Bossis, Dominique Bathenay a pris place sur le banc stéphanois. Il n’a pas fait appel à toi, préférant lancer dans le grand bain Willy Sagnol.
Je ne garde vraiment aucun regret par rapport à ça. Je joue les deux premiers tiers de la saison, ensuite il y a un changement d’entraîneur. Le nouvel entraîneur arrive avec l’idée de faire évoluer les choses, il y a effectivement l’émergence de Willy Sagnol à ce moment-là…Très honnêtement, quand il arrive, je vois de suite que c’est quelqu’un avec un talent fou pour ce poste-là. Mais de là à imaginer une telle carrière… Il a malgré tout surpris son monde, avec cette capacité à exploser au plus haut niveau et à faire une carrière toute à fait exceptionnelle. Willy avait beaucoup de talent. Zoumana Camara était un autre élément prometteur qui s'est révélé lorsque je suis revenu chez les Verts.
Peux-tu nous rappeler à quel poste tu as joué à l'ASSE ?
C'est assez bizarre en fait. Au départ je viens pour jouer latéral gauche parce Christophe Deguerville s'en allait. Latéral gauche c’est déjà mon poste en pro à Toulouse. Quand j’arrive à Sainté, il y a Pascal Despeyroux qui se blesse pour longtemps, et moi je prends ce poste la par défaut. Bizarrement à Saint Etienne je n’ai quasiment jamais joué au poste pour lequel j’étais arrivé. J’ai joué là, ensuite en L2 j’ai beaucoup joué au milieu.
Pour quelles raisons à l’issue de la relégation es-tu parti à Perpignan ?
Je sors d’une année où les deux tiers de la saison on est en L1, ce n’est pas une saison extraordinaire mais tout à fait correcte. Avec l’arrivée de Dominique Bathenay, on fait un troisième tiers apocalyptique, on perd de plus en plus de matches, c'est la catastrophe. Nouvel entraineur, nouveaux choix, je vois rapidement que la suite de ma saison va être un petit peu compromise, il y a l’émergence de jeunes joueurs… Pourquoi Perpignan, ça parait fou, parce que j’ai quand même joué dans des clubs plus huppés. Perpignan c’est un peu un OVNI dans ma carrière… Ils sont en L2, et ils font une équipe absolument incroyable pour ce club-là. Il y a David Marraud, Pascal Despeyroux, Philippe Chanlot, Patrice Eyraud… En fait il n'y a quasiment que des joueurs de L1. C’est un pari, c’est à côté de chez moi, ça va durer 10 mois, je me suis dit, va te ressourcer, te permettre de retrouver du plaisir.
Après cette saison à Perpignan tu es revenu à Sainté. Robert Herbin et Pierre Repellini ont succédé à Pierre Mankowski sur le banc. Quels souvenirs gardes-tu de cette saison 1997-1998 où le club a frôlé le pire ?
C'est une saison très particulière, j’ai le souvenir d’avoir fait sinon une saison pleine, en tout cas une saison tout à fait honorable. Mais c'est une époque où Saint Etienne est en profonde instabilité. Robert Herbin revient avec Repellini , mais ça ne va pas durer. Alain Bompard arrive avec Gérard Soler en plein milieu de saison, ils reprennent le club… Le paradoxe c’est que Saint-Etienne à ce moment-là est très étonnant. Je signe trois ans à Saint-Etienne. La première saison, je joue, on descend en L2 mais le club me prête. La deuxième saison, je joue à Perpignan. La troisième saison je rentre de Perpignan, j’attaque en faisant ma dernière saison avec Saint Etienne et là le club me prolonge le contrat de deux ans. C'est-à-dire qu’après avoir passé toute mon année en prêt à Perpignan, je reviens, trois semaines après je prolonge mon contrat de deux ans. Il y a des choses qui sont totalement incohérentes. Au bout de trois semaines, Santini part à Sochaux, ils s’aperçoivent qu’en 6 il n’y a plus personne, et il me font signer deux ans de plus. Je me retrouve à nouveaux avec trois ans, et au terme de ce qui était au départ la dernière année de mon premier contrat, là ils me payent pour que je m’en aille.
Au final, quels souvenirs gardes-tu de ta période stéphanoise ?
Je garde vraiment des souvenirs mitigés. Je garde des souvenirs de rencontres avec des mecs très bien, que je revois encore d’ailleurs, avec Greg que j'ai revu cet été à Hossegor. Il y a Fabrice Mannucci que je revois, Sébastien Pérez… Ce sont des gens avec qui on a souffert, mais on s’est forgé et on a aussi grandi dans la défaite, ça a été très formateur. Je garde aussi le souvenir d’un stade magnifique, d’un public présent. Le revers de la médaille, c’est qu’il y avait aussi une réelle déception du public, et donc une forme d’animosité assez forte, des tensions, la frustration de se dire que l’on n'est pas loin de faire des choses bien mais au final on finit en L2. Et ma seconde année, en 97/98, on joue notre maintien en L2 le dernier match de la saison. On va juste se sauver à Lille. Du coup je me retrouve dans des situations ubuesques. Je joue ce match-là, je me retrouve en tant que titulaire, alors que Saint Etienne m’a déjà prévenu juste avant qu’ils ne veulent même pas me garder. Sainté, ça reste pour moi une expérience marquante, un environnement magnifique mais une vraie frustration et des regrets de ne pas avoir connu ce club-là à d’autres niveaux.
Tu as quitté Sainté pour Nimes, où tu as mis fin à ta carrière à seulement 29 ans. Pourquoi ?
Je n'aimais pas assez le foot, dans le sens où au départ j'étais parti pour faire des études de très bon niveau. J'ai eu un bac C mention bien, j'allais entrer en prépa. Il se trouve qu'à 18 ans et demi j'ai commencé à jouer en pro, j'ai eu la chance d'être international jeune tôt. J'ai connu le haut niveau, à 19 ans j'étais titulaire en Ligue 1 et titulaire en équipe de France Espoirs. Puis avec Toulouse on est redescendu en Ligue 2. Je repars à Saint-Etienne en Ligue 1, on redescend en Ligue 2. J'ai fini à Nîmes. Ce n'est pas une déception mais une frustration. Objectivement, j'étais un joueur moyen qui a exploité au mieux les qualités qu'il avait. Il se trouve que je fais 63 kilos, je ne suis pas un monstre de puissance. J'ai considéré qu'à même pas 30 ans, mon histoire de joueur était finie même si j'aurais pu continuer de jouer en Ligue 2.
Comment s'est opérée ta reconversion ?
Bizarrement, j'avais hâte de finir ma carrière de joueur pro car je sentais bien qu'il n'y avait plus de perspectives. C'est paradoxal mais à 30 ans je suis retourné à la fac, j'ai repris les études. J'ai obtenu un Master. J'ai repris un peu le cours normal de ma vie si je n'avais pas été pro pendant dix ans.
T'as quand même tenu à rester dans le milieu du foot pro, non ?
Pas du tout ! (rires) Pendant un an je me suis occupé du développement de sites internet. En 2000-2001, c'était l'explosion de la bulle internet, de toutes les start up qui tombent les unes après les autres. Dans mon idée, quand j'arrête le foot, je pars sur des idées de développement. J'ai des projets de start-up, je rencontre du monde. Tout explose. En parallèle je suis à la fac, je fais un master tourné autour du sport. Ce qui m'importe à ce moment-là, c'est de récupérer un niveau d'études important. Je caricature, mais je veux me retrouver avec un bac + 5 et qu'on dise "tiens, c'est un footeux mais il réfléchit". J'ai besoin d'aller chercher une légitimité par le niveau d'études, pour me différencier. J'ai hésité à faire un master informatique, je me suis dit "vas dans le sport, c'est plus facile." Je suis arrivé au TFC totalement par hasard. Le précédent DG est venu faire une intervention à la fac, il présente le club qui évoluait à l'époque en National. J'écoute le message, je trouve ça très intéressant car très nouveau. On parle d'entreprise, de projet, de développement. Comme j'ai un stage à faire dans le sport, par facilité je le fais au TFC. L'histoire a commencé comme ça.
En quoi consistent les fonctions de Directeur Général du TFC que tu exerces depuis près de cinq ans ?
Ma fonction principale est à la fois très large et très simple. C'est mettre en œuvre la politique générale décidée avec le président qui est aussi l'actionnaire principal du club. Cette politique, il faut la décliner. On a une politique sportive, économique, financière, de développement, de médias, de merchandising, billetterie, régie, relations avec les institutions. Moi je suis le garant vis-à-vis de l'actionnaire principal de la mise en œuvre de sa politique.
Sportivement et financièrement, considères-tu que l'ASSE et le TFC boxent dans la même catégorie ?
Ça dépend les périodes de référence. Si on prend la dernière décennie, on attaque notre douzième saison en Ligue 1, ce qui doit nous classer en moyenne septième ou huitième. On a fini une fois à la troisième place, une autre fois à la quatrième. Sur cette dernière décennie, je dirais avantage au TFC. Si on resserre le spectre, si on regarde à la loupe les deux dernières saisons, on sent que Saint-Etienne est en train d'accélérer. On est ravi pour eux. On se rend compte que c'est un club qui grandit, qui se structure surtout, qui a de la pérennité, ce qui n'était pas sa caractéristique par le passé, quand j'étais joueur là-bas notamment mais même après. Depuis que j'ai quitté Saint-Etienne, je suis le club, forcément. Franchement, ce club a connu des périodes d'instabilité chronique voire maladive. Très honnêtement, je pense que les Verts ont eu l'opportunité de faire une très belle saison l'année dernière. Avec Aubameyang, c'était un peu plus facile. Comme nous la saison où on a fini troisième quand Gignac avait mis 24 buts. Avec Sainté, on a quelques points communs, notamment la place importante donnée à la formation. Après, je reconnais qu'il y a des choses qui nous différencient : le public, l'ambiance, la notoriété, le palmarès. Dans la vision du foot, boxe-t-on dans la même catégorie ? Peu ou prou oui ! Peut-être que cette année les Verts finiront cinq places devant nous, mais peut-être que la saison suivante ce sera une autre histoire.
L'ASSE a cette saison le 7ème budget de L1 avec 49 M€ (soit 1 M€ de moins par rapport à la saison précédente) alors que le TFC a le 12ème budget avec 32 M€ (soit 8 M€ de moins que l'année précédente). L'ASSE a touché 30 M€ de droits télé pour la saison 2012-2013 (soit 1M€ de plus par rapport à la saison précédente) alors que le TFC en a touché 24, ce qui reste très honorable, mais inférieur. Que t'inspirent ces chiffres ?
Concernant les droits télé, il y a une raison mécanique, c'est la clé répartition qui est liée au nombre de diffusion de matchs premium sur cinq ans, et en fait il y a Montpellier qui nous est passé devant. Ça n'a rien à voir avec nos performances. Mais ce qui nous différencie, c'est le levier économique, quand on compare vos 49 M€ avec nos 32 M€, il y a 17 M€ qui apparaissent et qui permettent aussi de développer, d'avoir de la masse salariale pour certains joueurs, pour les transferts et tout. Donc je dirais qu'à même taille budgétaire, le TFC est malheureusement moins grand, moins gros que l'ASSE. Par contre, on a un outil de formation qui est plutôt très performant.
Tout à fait, d'ailleurs au classement des centres de formation, Toulouse est devant Sainté depuis pas mal d'années.
Oui, mais il n'y a pas que ça. Cet été on a vendu Capoue, Sissoko, Franck Tabanou qui est arrivé chez vous, M'Bengue, ça c'est des joueurs qui sont passés au centre de formation et qu'on a vendus, on est quasiment à 25 M€. On a un modèle qui est performant, mais avec moins de moyens.
Sainté est une ville qui respire le foot alors que Toulouse reste plutôt une terre d'ovalie. Le manque d'engouement pour le ballon rond dans la ville rose, est-ce que ce n'est pas le principal frein de votre développement ? Qui dit moins d'engouement dit moins d'affluence au Stadium, peut-être moins de perspectives de développement en marchandising, et puis un indice de notoriété bien moindre que celui de l'ASSE.
C'est indéniablement le cas, mais en fait il y a deux éléments : un qui apparaît de manière plus récurrente, c'est le rugby qui au final nous porte préjudice sur un seul domaine : en gros, c'est le sponsoring au niveau national. Une grande boîte nationale, quand on va lui dire Toulouse, elle va vraisemblablement penser Stade Toulousain avant TFC. Après, on a une autre difficulté, qui est liée à notre région. Toulouse est une région magnifique, où il y a de la culture, la mer à une heure, la montagne à une heure, l'océan à 2 heures, avec 120 000-130 000 étudiants dont la plupart ne sont pas là le week-end.
Le Stade Toulousain est un concurrent, mais pas dans tous les domaines. L'agglomération, c'est 2,8 M d'habitants. Il y a donc de quoi remplir deux fois des stades de 30 000. Par contre, c'est vrai qu'il n'y a pas une passion sport. Il y a une culture sportive, Toulouse est une des villes les plus sportives de France. Mais cette passion, elle existe d'autant moins que le TFC, il faut être objectif, n'a pas de palmarès, n'a pas d'histoire. Le TFC n'est pas rentré dans l'histoire de la ville ou de sa région.
Ce qui nous manque, dans un premier temps, c'est faire ce que vous avez fait l'année dernière, gagner une coupe. Un trophée, c'est ce qui permet de mobiliser un peuple, qu'il soit vert ou violet, de rassembler. Nous, l'année où on finit 3ème, ça se passe sur le dernier match, l'année où on finit 4ème, ça se passe sur le dernier match. Ce sont des performances super belles pour un club qui a le 10ème ou 12ème budget, mais on ne capitalise pas, parce que dès que c'est fini, ils passent à autre chose, à un autre loisir, ça n'a rien de commun. Il suffit de se balader à Saint Etienne, de voir les posters des joueurs dans toutes boutiques. A Toulouse, ce n'est absolument pas le cas, malheureusement.
Le Stadium et Geoffroy-Guichard, qui n'avaient pas été retenus initialement, accueilleront l'Euro en 2016. Peux-tu nous dire quelques mots sur le chantier de votre stade ?
Nous sommes sur un projet qui a quelques particularités dont une principale : on aura une capacité de stade moindre à la fin des travaux qu'au début. On a une capacité de 35 500 places, on en comptera 33 500 places après les travaux. A Geoffroy-Guichard comme dans d'autres stades, la capacité augmentera à terme. Chez nous, le projet consiste globalement en une remise en conformité du Stadium qui est un stade construit en 1937, une amélioration du confort, mais on n'est pas sur un projet de développement et d'envergure incroyable. L'opération avoisine les 30 M€ HT. En terme d'affluence, on a une jauge maximale qui va passer de 35000 à 21000 pendant deux saisons et demi. Pour nous ce sont des pertes d'exploitation en ME.
Ce qui ne fait peut-être pas tes affaires en tant que directeur général soucieux d'accroitre les ressources de ton club…
En fait, on a deux problématiques. La première est liée aux pertes d'exploitation. Le temps des travaux, c'est mécanique : quand on peut faire 35 000 contre Paris et que l'on ne fait que 21 000, on perd 14 000 places, et si c'est 50 € le ticket moyen, on perd 700 000 € sur un match. Après, à terme, la taille du stade n'est notre principal souci, sous réserve que l'on soit meilleur sur les services associés, dans le confort que l'on propose. Il y aura une meilleure visibilité, une meilleure pelouse, un meilleur éclairage, un meilleur confort… Est-ce que cela viendra palier la perte des 10 000 places sur les gros matchs ? On l'espère.
Passons aux récents mouvements de joueurs entre Toulouse et sainté et au mercato. Quelles relations entretiens-tu avec ton homologue stéphanois Stéphane Teissier ?
Très bonnes, d'autant plus que l'on a quasiment passé l'été ensemble ! (Rires) Nos deux clubs et nos chers présidents ont permis d'alimenter un feuilleton estival qui a duré assez longtemps. On se connaît très bien avec Stéphane puisqu'il y avait une antériorité, qui était en l'occurrence notre ami Manu Rivière. On se connaissait avant, on entretient des relations très amicales, ce qui n'empêche pas que l'on était chacun dans nos rôles respectifs en défendant les intérêts de nos propres clubs.
Manu Rivière avait été transféré pour plus de 6 M€, c'était le plus gros transfert de l'histoire du club. Pas trop déçu de son rendement à Toulouse ?
Manu Rivière est un très bon joueur - on est d'ailleurs ravi pour lui qu'il le montre à Monaco - on n'en a jamais douté. Il se trouve que lorsqu'il est arrivé chez nous, il s'était blessé relativement gravement à une cheville en partant de Saint-Etienne, et qu'il a été chez nous principalement ennuyé par des pépins de santé, des blessures à répétition. Et comme c'est quand même un joueur, comme beaucoup, mais lui en particulier, qui a besoin d'être dans un état physique optimal, ce qui est une de ses grandes qualités, la puissance, de la vitesse, la capacité à répéter les efforts, ces troubles physiques l'ont empêché de faire des performances au niveau où on les attendait. Mais on n'a jamais douté de sa valeur, et c'est d'ailleurs pour cela que lorsque Monaco est venu le chercher avec un montant très très significatif, le TFC ne cherchait pas à s'en débarrasser, c'était juste qu'il y avait une opportunité pour lui. Monaco avait bien pressenti que la valeur d'Emmanuel Rivière, n'était pas au final abîmée par cette saison et demie un peu délicate.
Avant lui, Machado avait également quitté Sainté pour Toulouse.
Effectivement, Paulo nous avait rejoints au terme d'une très bonne saison à l'ASSE, mais là encore, Paulo a vraiment alterné le très bon et puis le un peu moins bon. Il s'est créé des opportunités, l'envie pou Paulo d'aller voir ailleurs, puisqu'à Toulouse, il était quand même en difficulté pour garder sa place. Quand l'Olympiacos s'est présenté, on a fait le nécessaire pour que le transfert puisse se réaliser aussi.
Tu y as fait allusion, Franck Tabanou a animé le mercato des deux clubs. Est-ce que cela a mobilisé les énergies pendant tout l'été ? On a eu l'impression d'un feuilleton où les contacts ont démarré assez tôt, ont failli être rompus, avant d'être réactivés.
C'est un peu, je crois, le principe de cette période-là. Il y avait la volonté de Saint-Etienne, qui ne s'est jamais démentie d'ailleurs, de faire venir Franck. Il n'y avait pas du tout la volonté du TFC de se séparer de Franck, car Franck est un bon joueur et en plus de cela, c'est vraiment un bon mec. D'ailleurs, on lui a même proposé de prolonger son contrat. Mais du moment que l'on a un joueur qui nous dit, "moi, j'ai la volonté de relever un autre challenge", du moment qu'un club nous dit, "on a envie de récupérer ce joueur", après les seules choses à régler, c'est la hauteur des négociations. Effectivement, cela a mis un peu de temps, mais le lien n'a jamais été rompu, il a fallu que les uns et les autres, on trouve le meilleur point d'équilibre et le joueur aussi d'ailleurs. Je tiens à souligner que tous les interlocuteurs ont été d'une parfaite correction : Saint-Etienne dans sa démarche a été respectable, le joueur ne s'est pas mis dans une position conflictuelle ou trouble. Il s'est entrainé avec nous jusqu'à la dernière minute de la meilleure des façons, il a été très pro jusqu'à la fin alors qu'il avait clairement assumé sa volonté de partir.
A combien s'est élevée la transaction ?
Pour des raisons évidentes de confidentialité, je ne rentrerai pas dans les détails. Ce qui importe, c'est qu'à la fin, on soit capable d'écrire quelque chose qui permette à chacun des clubs de se dire que dans telle éventualité ou dans telle autre, on est sur quelque chose de cohérent. On n'a pas pour habitude de discuter ni montant, ni spécificités de tel ou tel transfert. Nous sommes d'ailleurs particulièrement reconnus sur le sujet, on ne communique jamais sur nos montant d'achats, de ventes. Quand on vend très très bien, on ne le dit pas, quand on achète très, très bien, on ne le dit pas.
En matière de transferts, les chiffres qui sortent dans la presse sont-ils proche des chiffres réels ? N'y a-t-il pas un jeu de poker menteur ?
Je vais être tout à fait honnête, je ne connais pas trop les chiffres qui ont circulé au sujet de Farnck, mais je sais que sur certains autres dossiers, que j'ai en tête, il y avait quelques chiffres qui étaient absolument irréalistes.
Concernant Franck, les médias ont mentionné des chiffres allant de 3,5 à 5 M€ selon qu'ils prenaient ou non en compte les bonus.
Sans rentrer dans les détails, c'était la juste valorisation d'un jeune joueur, mais qui a déjà beaucoup de match en Ligue 1 et qui a un véritable potentiel.
Avez-vous négocié une clause signifiant que Franck Tabanou ne devait pas marquer contre le TFC ?
Non, mais il faut rappeler à Franck, que même si l’on n’a pas négocié cette clause, il serait bien qu’il la respecte ! (Rires) Au sujet de Franck, je me permets d’insister, c’est important de le savoir puisqu’il joue maintenant sous vos couleurs : c’est quelqu’un qui est resté de nombreuses années ici et qui a toujours fait preuve d’un comportement exemplaire. Quand je parle d’exemplaire, c’est sur le terrain, mais en dehors aussi : quelqu’un qui veut à tout prix aller à Saint-Etienne avec la perspective de la Coupe d’Europe, qui sait que les négociations ont longtemps achoppé pour des écarts très faibles au final, et qui continue à bosser, à être sérieux, à venir à l’entraînement avec le sourire alors que sa tête et son cœur sont déjà ailleurs, eh bien, je trouve que c’est un bon exemple, je l’ai dit à son agent. Cela a permis un bon accord final parce que Franck s’est comporté de manière totalement exemplaire.
Ce qui tranche avec d’autres joueurs qui ont défrayé la chronique lors de ce mercato estival...
Même sans défrayer la chronique, il y en a qui commencent à avoir mal aux adducteurs, à avoir mal à la tête. Franck, lui, n’a eu aucun état d’âme et s’est comporté comme on l’a toujours connu, comme un mec très réglo. C’est important à souligner, car ce n’est pas le cas de tous.
Merci à Valie, Moloko, Ulysse42 et Stéphanois pour la retranscription