Pas ça, pas aujourd’hui, pas maintenant. Pas après tout ce que tu as fait.


Galette, tu vas débouler dimanche dans un Chaudron terriblement froid. Sais pas si tu te rappelles, Galette,  il y a un peu plus de trois ans je t’avais déclaré ma flamme au moment de ton départ. Pas lésiné sur la dithyrambe. Pas plaisanté sur lauriers. Pas hésité sur la statue.
Alors que la belle et longue aventure en finissant laissait apparaître quelques tensions, que certains, trop gavés de caviar peut-être, faisaient la fine bouche sur un jeu effectivement dénué de saveur en cette fin de règne, j’étais resté droit dans mes Chuck Taylor vertes.
Je n’avais aucune réserve à ton endroit, je déplorais cette ingratitude. J’avais aimé l’entraîneur et idolâtré l’homme. Je te regrettais déjà et craignais la suite.
Pour la suite j’aurais aimé avoir tort. Pour l’entraîneur, j’étais convaincu d’avoir raison, et tes années de chef de meute chez les Dogues en sont l’impressionnante preuve. Pour l’homme en revanche, comment te dire ?

J’étais convaincu que ton immense succès chez nous (oui immense quand on sait d’où on venait avant toi et où on s’est empressé de retomber depuis toi) était en partie dû, outre tes qualités de tacticien et de meneur d’homme, à ta parfaite compréhension de l’environnement, du contexte stéphanois, de l’âme verte.
Depuis ton départ, je t’avais entendu une fois déjà ne pas rejeter l’hypothèse d’un futur outre A47. J’avais préféré ne pas relever, mettre ça sur le compte d’une volonté de ta part de ne pas inutilement allumer le feu. Et puis la pravda, la semaine dernière t’a reposé la question. Et tu as replongé direct. Sans ambiguïté. D’abord pour dire que tu n’avais passé qu’un an chez les Vilains, et que c’était une "frustration". Puis plus précisément en déclarant : "J’ai gardé de bonnes relations à Lyon, M. Aulas sait que je suis un homme honnête et droit. Il s’est créé un lien entre lui, ses amis et moi." Je suis allé vomir, puis je me suis passé la tête sous l’eau, j’avais un match crucial à Brest à préparer. Après le match, fatalement, j’ai bissé question gerbi, mais je crains que ce soit plus tes déclarations que notre pathétique défense et notre effroyable série qui me restent aujourd’hui encore sur l’estomac.

Entendons nous, suis pas tombé de la dernière pluie et ai largement passé l’âge de croire au père noël. Mais entre le départ de Dieu, la défaite en finale, le chaudron vide, Fofana, nos résultats historico-pathétiques je crois de plus en plus au pire Noël. Celui qui nous verrait bien installé dans la charrette avec une douzaine de points au compteur, et deux cochers déguisés en clowns et plus occupés à compter leurs liasses de billets qu’à nous éviter la sortie de route.
Alors tu vois Galette, dans ce paysage morose, ça n’aurait pas révolutionné notre saison, mais quelque chose comme "il m’est difficile de m’imaginer entraîner Lyon vu le rapport que j’entretiens avec le peuple vert" lancé avec un petit sourire en coin, comme tu sais si bien le faire, franchement ça n’aurait pas été de refus. Ca m’aurait fait un bien fou en fait. Et ça t’aurait grandi.
Ca nous aurait, à l’heure où il ne nous reste plus que ça, laissé l’impression qu’au-delà de tout, des résultats, des erreurs de gestion, il nous reste une âme, à part, comme une signature éternelle de la grandeur du club, et la signe qu’il se relèvera toujours.
Mais non. Tu ne l’as pas dit. A quoi te sert de cirer les vilaines pompes alors que ton parcours, tu le sais, t’ouvrira bientôt les portes d’une grande écurie, pas d’un vulgaire club de banlieue.

Suis pas tombé de la dernière pluie, non. Ni de l’avant dernière, ni de tous ces déluges qui s’abattent sans discontinuer sur nos têtes.
Tonnerre, tonnerre de Brest chantait Miossec, qui a dû savourer, lui cet arrière droit assez brutal évoluant en d3. Ouais, au fond de son rade, il a bien dû jubiler.
Ah ben non même pas. J’avais oublié les rades sont (co)vides par les temps qui courent plus vite que Kolo. Pfff….


Mais nom de Dieu que la pluie cesse ! ajoutait Christophe. Miossec, pas Galtier. Non pas toi Galtier, pas ici, pas maintenant….