Gardien de but formé à Saint-Etienne, il intègre l’effectif pro de 2001 à 2004, puis file à Dijon jusqu’en 2009, avant d’y faire son retour en 2013, où il termine sa carrière et entame sa reconversion. Aujourd’hui responsable du sponsoring au DFCO, Florent Perraud a accepté de répondre à nos questions avant le match de ce samedi soir.


Pourrais-tu revenir sur ton parcours à l’ASSE ? 

A l’époque, à 13-14 ans, j’ai le choix entre Sainté et l’Olympique Lyonnais. C’est l’ouverture du centre de formation de l’Erat à ce moment-là, et ces infrastructures pèsent dans la balance pour mes parents, puisqu’elles offrent la possibilité de travailler dans des conditions très bonnes, avec les études qui occupent déjà à l’époque une place très importante dans ce centre de formation. Donc mes parents m’orientent vers ce projet-là, alors que la facilité aurait été d’aller à Lyon, puisque je suis originaire de là-bas, mais Saint-Etienne offrait plus de perspectives et de garanties.

Ensuite, j’ai la chance que ça se passe assez bien puisque j’ai quelques sélections en équipes de France de jeunes, je joue une finale de Coupe Gambardella [Saison 1998-1999, perdue contre Auxerre, ndp²], puis j’intègre très vite la réserve et enfin je suis basculé en pro avec l’affaire des faux-passeports qui me permet de découvrir la Ligue 1, et malheureusement la relégation en Ligue 2. Mais ça reste une expérience dans un club exceptionnel, et une grande chance d’avoir pu me battre pour ce maillot-là.

Ensuite, tu es prêté à Valenciennes lors de la saison 2003-2004, puis tu décides d’aller à Dijon…

Je suis prêté à Valenciennes une saison, et ensuite, Rudi Garcia que j’avais connu à Sainté me fait venir à Dijon, dans un club tout neuf, crée en 1998 et fraîchement promu en ligue 2. C’est donc un club sans histoire à ce moment-là, par rapport à Saint-Etienne par exemple, mais c’en est aussi très beau puisque c’est un projet en plein développement, et qui a la chance aujourd’hui d’être en Ligue 1 alors que certains clubs qui ont un historique bien plus important n’ont pas cette chance-là.

Ce départ te semblait obligatoire pour lancer ta carrière ?

Absolument ! A ce moment-là, il y a juste quelqu’un d’énormissime qui est en train d’éclore : Jérémie Janot. C’est d’ailleurs mon meilleur ami et mon témoin de mariage, mais, quand un gardien aussi fort arrive, il faut savoir s’en aller.

Aujourd’hui, la situation est compliquée pour les jeunes gardiens issus du centre de formation à Sainté, puisqu’ils sont barrés par deux très grands. Anthony Maisionnal qui s’est vu contraint de choisir la même voie que toi...

Oui, Maisonnial avait un bon profil, mais à un moment donné il ne faut pas avoir peur de couper le cordon. La construction passe justement par le franchissement de ce cap : le départ. Il faut savoir voler de ses propres ailes, en ayant aussi la chance de pouvoir dire « je viens de Saint-Etienne », en sachant que l’ASSE est une superbe école de gardiens de but, avec de très bons formateurs. En fait, le foot est cyclique, donc quand on arrive à la fin d’un cycle, il ne faut pas s’entêter et il faut savoir partir.

Tu peux comprendre la politique du club, qui laisse peu de places aux jeunes gardiens de but finalement ?

C’est dommage, mais en ce qui concerne Jessy, c’est quelqu’un de très important au club, par sa personnalité et son ancienneté, donc même s’il a peu de temps de jeu, il a un poids remarquable dans le vestiaire. Donc entre Ruffier qui est énorme sur le terrain, et Jessy qui est très important sur et en dehors du terrain, c’est vrai que cela ne laisse pas grand-chose aux jeunes.

Ensuite, tu passes plusieurs saisons à Dijon. Tu es resté très attaché au club puisque tu y reviens en 2013, et tu y travailles encore aujourd’hui. Qu’est-ce qui t’a plu là-bas ?

J’ai l’ADN de ce club en moi. Plus qu’un attachement, on a une véritable famille à Dijon, c’est le club où j’ai pu jouer en pro, où le président m’a offert ma reconversion et où j’ai énormément d’amis. Notre président a placé plusieurs anciens joueurs à différents endroits du club, et comme on s’est déjà tous battus avec le même maillot, il y a des liens très forts entre nous qui nous permettent encore aujourd’hui de développer le club.

Dijon a donc pris la place de Saint-Etienne dans ton cœur ?

Ce sont deux expériences différentes, par leur histoire notamment, mais c’est ce qui a aussi été génial pour ma construction. A Saint-Etienne, j’ai appris à devenir professionnel, c’est le plus grand club dans lequel j’ai eu la chance d’évoluer. A Dijon c’est très différent, c’est là où je me suis révélé, où j’ai véritablement eu du temps de jeu, et où j’ai évolué en tant qu’homme, puisque mes deux enfants sont nés ici. Donc aujourd’hui je suis dijonnais à 100%, c’est normal.

Le DFCO connaît un début de saison compliqué, comment l’expliquer ?

On reste un petit poucet dans cette Ligue 1. On a eu la chance jusque-là de se maintenir sans trop trembler, en proposant du jeu, mais on vit là effectivement une saison plus compliquée. Cela fait partie des aléas d’un club. C’est vrai qu’on a aussi beaucoup de blessés, de suspendus, donc le coach est plein de contraintes pour réaliser la composition de son équipe malheureusement, et au DFCO on ne peut raisonner qu’avec un collectif, qui, lorsqu’il est dépourvu de pas mal de joueurs comme c’est le cas depuis le début de la saison, fonctionne moins bien. Cependant, à l’image d’une famille, quand ça ne va pas, les liens se resserrent, on se dit les choses, on bosse et on avance pour trouver les solutions.

En tant qu’ex-gardien, que penses-tu de Ruffier ? Peut-il encore améliorer certains points à 32 ans ?

C’est un très très bon gardien. Après, il y a toujours des points à améliorer. Le poste de gardien évolue constamment, notamment en ce qui concerne la projection vers l’avant, la prise de risque dans le jeu au pied et dans les sorties aériennes. A titre d’exemple, en fin de carrière, on me demandait de faire des choses qu’on ne me demandait pas 5 ans plus tôt : des transversales de 35m à la manière d’un joueur de champ, sortir de sa surface pour couper des trajectoires … alors que ce sont des choses qui nous étaient même interdites avant, on nous disait : « reste dans ta surface, ne surjoue pas ». Donc je ne parle pas que de Ruffier, mais de tous les gardiens : on en demande beaucoup plus, de la participation à la lecture du jeu. Et cela, même à 32 ans, Ruffier peut encore l’améliorer, Buffon en est d’ailleurs un bel exemple : je ne pense pas qu’il ait arrêté de progresser à 32 ans.

Tu as aussi côtoyé Lois Diony, tu avais d’ailleurs répondu à nos questions le concernant lors de son recrutement. Après une saison compliquée, il a tout de même décidé de retenter sa chance chez nous, et ça a déjà plus ou moins payé. Tu lui connaissais cette force de caractère ?

Oui. Pour avoir joué avec lui, Loïs est un bon mec, avec un fort caractère, mais un bon caractère. Lorsque c’était compliqué pour lui la saison dernière, je l’ai vu à Dijon, et on a pu en discuter ensemble. Je pense qu’il a cristallisé les 6 premiers mois compliqués de toute l’équipe l’an dernier, et on lui a mis beaucoup de choses sur le dos alors que le collectif entier n’était pas performant à ce moment-là. Il a des qualités, on l’a très bien vu à Dijon, mais après c’est plus difficile de les exprimer à Saint-Etienne, où le poids du maillot est plus compliqué à porter. Encore une fois, il a surtout payé les mauvaises performances de l’équipe l’an dernier : quand le collectif va mal, une seule personne ne peut pas sauver le navire, et donc il était à l’image de l’équipe. Mais je suis très content pour lui aujourd’hui, ça fonctionne mieux, il a eu la force de caractère de rester, il n’a pas lâché, ça a payé, et cela ne m’étonne pas de lui.

Quel est le joueur dont les verts devront particulièrement se méfier samedi ?

Aujourd’hui, on a vraiment une notion d’équipe et de collectif au DFCO, et la solution ne passera que par-là, donc je ne peux pas ressortir d’individualité.

Comment vois-tu ce match?

On a besoin de points, d’aller chercher quelque chose dans le Chaudron. Maintenant, on connait l’ampleur de la tâche ! On va déjà essayer de prendre un point qui serait très bon pour la confiance, mais on sait que ça sera compliqué. Après, peut-être que l’on a besoin de cela, d’une chaude ambiance pour se relancer. Je serai sûrement au stade ce samedi, et en tout cas, Sainté reste un club très particulier pour moi, je m’y suis éclaté, c’est une chance d’avoir pu porter ce maillot-là, et je suis toujours un grand supporteur de cette équipe.

 

Merci à Florent pour sa disponibilité.