Chers auditeurs des yeux bonjour ! Après une lourde enquête, des travaux d'investigation monstres (j'vous dis pas comment le rédac' chef y nous met la pression !), nous avons retrouvé les poteaux et la barre de Glasgow, les vrais ! Nos confrères de l'Équipe Mag ont menti ! Ils ne dormaient pas sous Hampden Park, comme ils l'ont dévoilé récemment. Il ne s'agissait en fait que de vulgaires copies. D'ailleurs, nous les avons interviewées et le masque des montants menteurs est vite tombé quand faux poteau carré droit nous a déclaré : "Ouhlala ! je vous dis pas ! je résonne encore de la frappe d'Hervé Revelli !" Hervé Révelli ??? Et Olivier Rey c'est un journaliste peut-être ???

Deux hommes en colère !

Glasgow, Hampden Park, 13 mai 1976, 01h15. La nuit est noire, la lune est vide... vide comme le stade... Pas tout à fait... Deux hommes s'affairent sans bruit autour d'une des cages. L'un a les cheveux grisonnant, l'autre une crinière rousse qui perce la nuit noire.
Tous les deux fument la pipe. La pipe, cet objet en bois, ce bois qui fut touché par deux fois lors de ce match. Touché par Bathenay, et Santini, le franc-comtois, comme le bois d'où sont faites les pipes... "Tout est dans tout et réciproquement", comme disait le grand et regretté Pierre D. de Châlons-sur-Marne.
"Vite Robby ! Nous n'avons pas beaucoup de temps, lance dans un souffle l'homme aux cheveux grisonnants !!!"
Ces deux hommes sont tout simplement en train de démonter la cage qui n'a pas voulu accueillir les tirs de Bathenay et Santini !
Ils laisseront le filet sur place.

"ludere causa ludendi"

Bien entendu, le lendemain, lors de la découverte du vol, les dirigeants du Queen's Park (le club qui évolue à Hampden Park depuis 1873, le club qui "joue pour jouer" et en latin s'il vous plait !) ne peuvent laisser s'ébruiter l'affaire ! En effet, ils se doutent qu'un jour, quelqu'un souhaitera les racheter ! La légende est déjà en marche. Alors ils installent à la va-vite ces répliques de secours qui n'ont su faire illusion que devant nos collègue de l'Équipe Magazine !

Un joueur écossais les rachetera effectivement, puis ils trôneront au-dessus d'un pub écossais avant d'être rendus à Hampden Park

Mais c'était des faux ! Nous sommes désormais en mesure de l'affirmer !

On a retrouvé les poteaux !!!

Car nous avons lâché nos deux hommes en cours de route. Mais nous les retrouvons ! Ils vont devoir prendre l'avion dans quelques heures, mais difficile d'embarquer avec eux les poteaux, même en bagages accompagnés. Certains témoignages rapportent que les deux hommes ont laissé les montants chez un complice écossais, d'autres affirment qu'ils les ont cachés dans une usine désaffectée et que le rouquin est venu les récupérer une fois la pression médiatique retombée ! Qu'importe !
Quelques mois plus tard en effet, les poteaux se retrouvaient dans le Forez, dissimulés dans une galerie souterraine, sur les bords du Furan, près de Geoffroy-Guichard. Et c'est là que votre serviteuse les a retrouvés, au prix d'une quête acharnée !

L'interview choc !

Et nous vous livrons ici en exclusivité mondiale, voire intersidérale leurs confidences.

Joséphine ASSE : Bonjour Poteau carré gauche, bonjour Poteau carré droit, bonjour Barre transversale et néanmoins aussi carrée. Alors, comment va la p'tite sainté... santé ?
Poteau carré gauche, Poteau carré droit et Barre transversale et néanmoins aussi carrée : bonjour Joséphine !
BTENAC : on se porte comme on peut...
PCD : Oui, c'est pas facile tous les jours...
PCG : Moi je suis déjà tout vert-moulu... et pour un poteau, c'est pas le pied cette position horizontale !

JA : Racontez-nous un peu votre quotidien ?
PCG : Notre quotidien tu vois, c'est ça, le Furan, l'obscurité, l'humidité, pas de visites... alors qu'on voyait des tas de gens quand on était encore debout ! Ceux qui nous ont enlevés venaient bien vérifier à l'occasion qu'on ne nous avait pas répérés, que personne n'était venu nous délivrer, mais c'est tout !
BTENAC : Quelques coups de pieds à l'occasion...
Mais jamais de peinture ou de dépoussiérage ! On nous laisse moisir ici depuis trente ans !!! On gondole, on craquèle...
PCD : C'est pas une vie pour un poteau ! D'autant que nous on y est pour rien ! C'est Barre Transversale qui a tout arrêté !
BTENAC : C'est facile de rejeter la faute sur moi ! N'importe quel collègue aurait fait pareil à ma place !

JA : Mais pourquoi avoir arrêté par deux fois et en cinq minutes ces superbes frappes ???
BTENAC : Je sais pas ! J'étais jeune et fragile à l'époque ! J'ai vu cette balle arriver une première fois, j'ai pris peur, alors je l'ai rejetée ! Et cinq minutes plus tard ils remettent ça par le biais d'un petit jeune, Santini, qui m'a fait peur avec ses gros yeux ! J'ai de nouveau tremblé ! Ainsi que mes collègues Poteau Gauche et Poteau Droit...

JA : Oui mais tout de même, tu sais Barre Transversale Et Néanmoins Aussi Carrée, que tu es à l'origine de la descente aux enfers des Verts ! Comment prends-tu ce châtiment qui semble légitime ?
BTENAC : Je sais, mais est-ce ma faute si j'ai été imposée en 1875 ??? Avant moi y avait juste un vague ruban qui délimitait la hauteur, tu crois que c'était mieux ??? On ne peut pas être irréprochable toute sa carrière !
Ce qui m'ennuie c'est pour mes collègues Poteau Gauche et Poteau Droit... Moi je sais que j'ai mal agi... Je suis écossaise pourtant, j'aurais pu même avoir la double nationalité avec la France si j'avais été fabriquée quelques décennies plus tôt... J'ai honte de m'être interposé pour laisser gagner les Allemands... Alors j'accepte mon sort avec résignation... je sais que plus jamais nous ne verrons de ballons, ni de foule en délire ! Plus jamais nous ne sentirons ce frisson quand l'attaquant vient nous titiller... Plus jamais nous ne provoqueront de crise de larmes ou de joie...

JA : De toutes façons, vous n'avez plus la forme idoine, vous êtes dépassés vous savez ! Vos remplaçants on tenu jusqu'en 1983 à Hampden Park et puis on les a troqués contre des poteaux ronds !
PCG : Non ! Ils ont pas fait ça !!!
PCD : Fallait s'y attendre... Avec ce qui s'est passé ce soir là aussi...

JA : à quoi aspirez-vous maintenant ?
PCG : qu'on nous rende notre liberté, qu'on nous mette sur un vieux terrain de foot déserté, qu'on nous accorde une retraite paisible...
PCD : De toutes façons, on n'en a plus pour très longtemps vu nos conditions de détention...
BTENAC : On aimerait pouvoir être de nouveau unis... Le vieux monsieur aux cheveux blancs ne vient plus nous voir depuis dix ans... Le rouquin passe très rarement... Et c'est toujours pour nous mettre des coups ! Alors il faut intercéder en notre faveur !

JA : Vous avez sans doute assez souffert. Je pense que vous auriez votre place au futur musée de l'ASSE que ça fait depuis Bompard qu'il doit s'ouvrir. Vous aimeriez ???
PCD, PCG et BTENAC : Oh, oui !!! Oui !!!

JA : Quel message souhaiteriez-vous faire passer aux lecteurs de... poteaux-carrés, notre site ?
BTENAC : Pardon pour tout ce mal ! Pour toute cette souffrance ! Et quel chouette nom !
PCD : S'il vous plait, reprenez-nous !
PCG : Oué et allez vous prendre un arbre !
BTENAC : Allons Poteau Gauche ! Un peu de tenue !!!
PCG : Ben quoi ! On l'a suffisamment payé notre "crime" ! Eh puis ça fait partie de la légende mainant ! (oui, j'ai chopé l'accent gaga), du mythe ! "Les perdants magnifiques" qu'on les appelle ! Y a le rouquin qui est venu nous lire quelques articles y a peu de temps. Ça rentre dans la France de Jeanne-d'Arc, de Poulidor, de Séville 82 ! La France adore les défaites et célébrer ses héros malheureux !
BTENAC : Et dites à ces usurpateurs qui ont pris notre place à Hampden Park que ça va scier des bulles !

JA : Merci pour ces confidences mes amis. Ne perdez pas espoir ! Je touche du bois ! Je suis sûre que vous serez bientôt réinsérés !

Voilà, vous imaginez dans quel désarroi j'ai laissé les poteaux et la barre... Alors un geste ! Demandons à Bernard Caïazzo de rendre aux poteaux carrés ce qui appartient aux poteaux carrés ! Ils font partie du patrimoine de l'ASSE ! Ne les laissons pas dépérir de manière aussi misérable.

Par contre, j'ai toujours pas compris qui était ce mystérieux rouquin... Si quelqu'un le reconnaît, qu'il écrive à la rédaction qui transmettra.