Meilleur joueur de L2 cette saison, le Grenoblois Yoric Ravet s'est confié à Poteaux Carrés avant de faire son retour à L'Etrat, où il affrontera les Verts ce vendredi à 15h00 (match à suivre en direct sur ASSE TV).


Ça t’inspire quoi de revenir à L’Étrat ?

Ça me rappelle des bons souvenirs même si ça fait maintenant huit ans que je suis parti. L’ASSE, ça a été un passage dans ma vie. J’y suis resté moins de 18 mois mais j’ai connu des bons moments, des moins bons aussi. C’est comme ça, ça fait partie de mon histoire ! Mon bilan à Sainté n’est pas folichon car j’ai très peu joué en équipe première alors que j’avais eu pas mal de temps de jeu les trois saisons précédentes à Grenoble, que ce soit en L1 ou en L2.

Galette ne me faisait pas trop confiance, il avait d’autres joueurs à mon poste qu’il préférait. Après, c’est la loi de la concurrence, c’est complément normal que le coach fasse des choix, ça fait partie du truc. Mais cette expérience chez les Verts reste malgré tout intéressante. J’étais jeune et on se construit dans les échecs. C’était une bonne leçon. On avait une bonne équipe, il y avait beaucoup de bons et de très grands joueurs.

On ne t’a pas donné ta chance ou c’est toi qui n’as pas su la saisir ?

Je pense qu’on ne m’a pas laissé le temps de montrer tout ce que je pouvais apporter, tout simplement. Après, peut-être que j’ai aussi une part de responsabilité, je te le concède. Mais je me dis que si j’avais pu enchaîner les matches, ça aurait peut-être été différent. Il est vrai que l’équipe tournait bien donc c’était compliqué. Il y avait de bons joueurs offensifs. Je suis arrivé quasiment en même temps qu’Aubame, et il y avait déjà des joueurs comme Dimitri Payet. Baky Sako et Manu Rivière.

Quelques mois plus tard Max Gradel, Flo Sinama-Pongolle sont arrivés. Ce sont tous de bons joueurs mais je pense qu’à un moment j’aurais pu avoir ma chance mais bon, ça ne sert à rien d’avoir des regrets. Sainté ne comptait plus trop sur moi mais mon prêt à Angers m’a permis de rebondir. Là-bas j’ai eu du temps de jeu comme ensuite lors de mes nombreuses années en Suisse, que ce soit avec Lausanne, le Grasshoper Zurich ou avec les Young Boys de Berne.

Te remémores-tu tes quatre apparitions en équipe première sous le maillot vert ?

Oui. Je me souviens surtout du premier. C’était au Vélodrome, j’avais remplacé Manu Rivière à dix minutes de la fin et j’avais fait une passe dé à Christophe Landrin dans le temps additionnel mais on avait perdu 2-1. Je me souviens aussi du deuxième car c’était à Geoffroy-Guichard. J’avais joué une demi-heure contre Nice mais on avait perdu [0-2, buts de Coulibaly et Mounier, ndp2]. Tu peux me rappeler les deux autres matches ?

C’était la saison suivante. T’avais remplacé Baky Sako à la 81e lors d’un match nul 1-1 à domicile contre Bordeaux et Lynel Kytambala à la 62e lors d’une défaite 3-0 à Lille.

Ah oui, ça me revient. En tout j’aurai donc joué à peine plus de 70 minutes en équipe première avec Sainté. Ça me laisse clairement sur ma faim. Quand t’es joueur, t’as envie de jouer, de montrer de quoi tu es capable. J’aurais aimé être titularisé au moins une fois. Après, ça ne s’est pas goupillé comme je l’espérais mais ça fait partie d’une carrière. Comme je t’ai dit, il y a des hauts, il y a des bas. C’est une bonne leçon de vie. Je retiens le positif, j’ai quand même franchi des paliers à Saint-Étienne. Galette m’a fait progresser. Il m’a très peu fait jouer mais j’avais une très bonne relation avec lui. Il m’a fait progresser dans la professionnalisation de mon jeu. J’étais un peu fou, je me dispersais un peu. Il m’a canalisé.

Quels joueurs t’ont le plus impressionné à Sainté ?

Dimitri, Blaise, Aubame, Loïc et Kurt. On avait un bon groupe, tant d’un point de vue football que d’un point de vue humain. C’est ce que j’ai apprécié aussi à Sainté. Comme je ne suis pas quelqu’un de renfermé, je me suis bien entendu avec tout le monde. Il n’y avait pas de clan, le vestiaire était sain. J’étais assez proche de Jérémy Clément car on venait de la même région et qu’on avait le même conseiller avec Loïc donc ça nous a rapprochés.

À Sainté, tu as retrouvé Laurent Batlles, avec qui tu avais joué sous le maillot du GF38.

Lolo c’était un maestro. C’est lui qui dictait le rythme quand il était au milieu. J’ai appris à ses côtés, forcément. C’était un exemple pour moi. À Grenoble on a joué ensemble, quand lui est arrivé moi je commençais. C’était un guide dans le jeu et il était aussi très écouté dans le vestiaire. C’était quelqu’un d’expérimenté et de très respecté. C’était papy Batlles, quoi !

Chez les Verts, tu as également évolué en réserve avec un autre ex-joueur du GF38, isérois comme toi : Ruben Aguilar. Ça t’a épaté de le voir mercredi soir en équipe de France ?

Effectivement, on a joué ensemble sous les ordres de coach Primard, un entraîneur très gentil dont je garde de bons souvenirs. Ruben a eu une trajectoire surprenante. Dans sa formation, il n’était pas le choix numéro un à Sainté. On ne lui a pas proposé de contrat pro là-bas. À Grenoble je pense qu’il aurait franchi le cap des pros assez facilement. Ruben a bien bossé, il a bien mené sa carrière. Comme Olivier Giroud, lui aussi formé au GF38, Ruben est parti du bas pour arriver au plus haut. C'est quelqu'un qui ne lâche rien et aujourd'hui il est récompensé. C’est tout à son honneur.

À Grenoble, tu as retrouvé ton ancien coéquipier stéphanois Loris Néry, qui n’est pas encore joué cette saison.

On s’entendait bien déjà à Sainté, on n’a que deux ans de différence. Je suis content de le retrouver au GF38. On était jeunes à l’époque, chacun a fait son petit bout de chemin depuis. Loris est toujours le même gars, un bon vivant. C’est quelqu’un sur qui on peut compter. J’espère qu’il va nous apporter cette saison. Quand il est arrivé, on avait déjà fait deux mois de prépa. Sachant que la saison dernière s’est arrêtée plus tôt à cause du Covid, cela fait plus de six mois qu’il n’avait plus joué. Même si Loris s’est entraîné avec Andrézieux, ça ne remplace pas la compet’. Il faut qu’il s’adapte aussi à notre équipe. Ça va le faire. Il est en concurrence avec Jordy Gaspar, c’est bien, ça va tirer les deux vers le haut !

De ton côté la saison se passe super bien et tes prestations sont unanimement saluées par la PQR comme par la presse sportive. Tu es le meilleur joueur de L2 au classement des Etoiles de France Football. Tu t’attendais à ce niveau pour ton retour aux sources ?

Mon niveau, je le connais. Beaucoup le découvrent. Quand t’as joué en Bundesliga, ça veut quand même dire que t’as un certain niveau, non ? En tout cas je sais ce dont je suis capable et ce que je peux apporter. Je suis parti il y a huit ans, certains m’avaient un peu oublié mais je suis toujours là. Je sais ce que je peux faire et ce que je ne peux pas faire. A 31 ans, j’essaye surtout de prendre beaucoup de plaisir. C’est pour ça que je suis revenu chez moi. Le coach Hinschberger me fait confiance, il me laisse beaucoup de liberté offensive. C’est positif pour l’équipe comme pour moi.

Estimes-tu que tu es actuellement dans la meilleure forme de ta carrière ?

Je ne sais pas. À Berne j’enchainais beaucoup les matches, j’ai joué en Ligue des Champions et en Europa League. J’ai également joué une quinzaine de matches de Bundesliga avec Fribourg. Ma dernière année, le coach me faisait moins confiance là-bas. Je suis content de ces expériences en Suisse et en Allemagne, ça m’a appris à découvrir d’autres cultures, d’autres langues. À partir du moment où je suis bien physiquement, je suis décisif et j’aide l’équipe. J’ai été franc avec le président Max Marty quand j’ai signé à Grenoble. Je lui ai dit que j’arrêterai le jour où je n’avancerai plus. Pour le moment j’avance bien, pourvu que ça continue !

Quelles sont tes ambitions individuelles et collectives pour ta fin de carrière ? Être encore décisif pour faire remonter Grenoble en L1 ?

Faire remonter Grenoble en Ligue 1, c’est un bien grand mot. Il faut d’abord que le club se structure encore un peu mieux je pense. Après, jouer les premiers rôles, pourquoi pas ? On a une équipe cette année qui est assez complète, il y a pas mal de qualités. Je trouve ça intéressant, on prend du plaisir sur le terrain comme en dehors. Je pense que ça se voit lors de nos matches. Perso mon objectif est de pérenniser le club. Je suis revenu à Grenoble pour boucler la boucle. J’ai envie d’apporter tout ce que je peux apporter et comme je dis souvent, « qui vivra verra » !

Suis-tu toujours le parcours des Verts depuis que tu as quitté le club ?

Sainté ne laisse pas indifférent, je suis toujours les résultats des Verts, ça c’est sûr ! Après, je ne regarde plus trop le foot comme avant. Maintenant que j’ai une famille et des enfants, c’est plus compliqué. Mais il m’arrive quand même de voir des matches de l’ASSE. J’ai regardé le derby. J’ai bien aimé l’intensité que les Verts ont mis en première mi-temps. Après, ça s’est joué à des détails, à pas grand-chose. Malheureusement ça a tourné contre les Stéphanois ce soir-là. Le tout début de saison des Verts était super, ils ont gagné leurs trois premiers matches. Depuis ils sont un peu dans le dur.

Malgré ces six défaites consécutives, il ne faut pas qu’ils baissent les bras et qu’ils gardent confiance en eux. Je pense qu’avec Claude Puel, ça va le faire. Ce sont des jeunes joueurs, qu’ils continuent de faire ce qu’ils savent faire, à aller de l’avant, à jouer au foot et ça va sourire, ça va bientôt tourner. Il y a de la qualité dans cette équipe. J’aime bien Denis Bouanga et aussi Charles Abi qui ne se laisse pas marcher dessus. Au milieu de terrain il y a Yvan Neyou que j’apprécie aussi. Il y a du potentiel dans cette équipe, je pense que Claude Puel va l’exploiter au mieux. De même qu’il ne fallait pas s’enflammer après les trois victoires, il ne faut pas tirer la sonnette d’alarme trop tôt. C’est un groupe jeune, laissons-lui le temps de bien travailler. Il y aura des jours bien meilleurs.

Penses-tu que l’absence de public est plus pénalisant pour Sainté que pour d’autres clubs ?

Quand l’équipe tourne bien et que t’as 40 000 spectateurs derrière toi à Geoffroy, c’est sûr que c’est différent. Même à l’extérieur, on se sent soutenu quand on joue pour Sainté car les groupes ultras font les déplacements, c’est assez sympa. Je ne suis plus dans le groupe et dans le club, mais l’absence de public peut avoir un impact. Maintenant, la présence du public peut être à double tranchant, en cas de mauvais résultats les supporters peuvent manifester leur mécontentement et ce n’est pas forcément évident à gérer, surtout pour des jeunes joueurs. En ce moment, je me dis que c’est peut-être mieux que les Verts jouent à huis clos ! En tout cas moi la ferveur du public stéphanois m’aura marqué. C’est abusé par rapport à ce que j’ai pu connaître ailleurs en France et en Suisse. Après, en Allemagne, c’est quand même costaud aussi ! J'ai ressenti dans certains stades allemands la même ferveur que j’avais connue dans le Chaudron.

Comment abordes-tu ce match amical contre Sainté ?

Ce match nous permet de garder le rythme et d’avoir du temps de jeu. On a été très touché par le Covid au GF38, il y a eu plus de dix joueurs qui ont été testés positifs il y a trois semaines de ça. J’en ai fait partie, j’ai eu comme une petite grippe mais je te rassure, ça va mieux ! Du coup à cause de ce virus on n’a pas joué pendant trois semaines. Le week-end dernier on a pu rejouer, on a gagné contre Le Havre. Mais crois-moi, à la fin, on en avait un peu plein les chaussettes ! Je pense que ce match amical contre Sainté va permettre de donner du temps de jeu d’une part à ceux qui en manquent mais aussi à d’autres qui en ont eu sachant qu'on a deux matches en retard, contre Nancy et Niort.

 

Merci à Yoric pour sa disponibilité