A quelques jours de ses retrouvailles avec l'ASSE, le milieu de terrain sedanais Fabrice Jau a accepté de répondre aux questions des potonautes.

Comment se présente le millésime 2006 pour le Château de Jau, les vendanges ayant certainement déjà débuté dans le Languedoc ? (guinnesstime)

Bonne question ! (rires) Hélas, je ne peux pas trop répondre. Mais je connais ce vin ! [ndlr : un membre de feu asse-online avait remis une bouteille du Château de Jau à Fabrice lors d’un regroupement à la Grande-Motte]

J’ai toujours cru en toi à Sainté et même pour la L1, Qu'est-ce qui t'a poussé à partir après l'année de la montée ? (Teddy)

En fait, j’appartenais à Bastia. Le club corse m’a prêté 18 mois à l’ASSE, mais il n’y avait pas d’option d’achat. En fait, Messieurs Antonetti et Villanova comptaient me garder à Sainté. J’avais un accord verbal de leur part, et je pense que sans leur départ, j’aurais sans doute poursuivi ma carrière à Saint-Etienne. Mais comme vous le savez, tout ça a capoté : Monsieur Antonetti a quitté le club, Monsieur Baup l’a remplacé et je suis reparti à Bastia.

As-tu des regrets par rapport à ton parcours à Saint-Etienne ? (Timick)

Non, je n’ai pas de regrets. C’était parfait pour moi Saint-Etienne ! Je ne garde que de bons souvenirs de mon année et demi chez les Verts. On a atteint nos objectifs en faisant remonter le club en Ligue 1. J’ai pris beaucoup de plaisir avec les copains sur le terrain et en dehors. On avait un super groupe, très sain et l’ambiance était excellente. Vraiment, ça a été de bonnes années à vivre !

Aurais-tu aimé jouer plus longtemps chez les Verts ? (Timick)

Oui, car l’ASSE reste à mes yeux un grand club. Même si Saint-Etienne n’a pas gagné de titres ou de trophées depuis longtemps, ce club ne laisse pas indifférent et c’est un réel plaisir d’y jouer car on sent que les supporters sont des passionnés.

Quels souvenirs gardes-tu de la saison de la remontée des Verts sous les ordres d'Antonetti ? (Timick)

Je garde de très bons souvenirs de cette saison. Elle a été superbe à vivre de l’intérieur. C’est la saison dans sa globalité qui m’a plu, et pas tel ou tel match en particulier. Je me souviens que notre début de championnat avait été mi-figue, mi-raisin. Mais on a réalisé de belles choses avant la trêve, en remportant plusieurs matches d’affilée. On a marqué de jolis buts, et surtout on n’a rien lâché. On était très solidaires sur le terrain et les bons résultats nous ont permis d’emmagasiner de la confiance. Après la trêve, on a confirmé nos prestations précédentes. On a vraiment mérité de monter en Ligue 1, et en plus on a terminé la saison en apothéose en remportant le titre de champions de Ligue 2 lors de la dernière journée, grâce à ce but incroyable de Damien. Cette saison reste donc un super souvenir, car je le répète, il y a avait une super ambiance sur le terrain comme en dehors.

Comment as-tu vécu l'intersaison 2004 ("démission" d'Antonetti, arrivée de Baup, et ton départ à Bastia) ? (Timick)

Pas très bien, forcément ! Mais personnellement, je me doutais un peu que ça risquait de finir comme ça. Je voyais bien que le courant ne semblait pas passer entre le duo Antonetti-Villanova et Bernard Caïazzo. Je trouvais de plus que la situation était un peu bizarre car il y avait trois présidents à l’époque. On connaît pas trop l’histoire, mais il y a avait des problèmes entre les trois et assez rapidement finalement il n’y en a eu plus qu’un. A mon avis, Monsieur Caïazzo espérait dès le départ être le seul maître à bord. Et comme ce n’était pas l’entente cordiale entre Monsieur Antonetti et lui, je n’ai pas été surpris plus que ça par la tournure des évènements. Je me suis rapidement rendu compte que je ne rentrais pas dans les plans des nouveaux dirigeants, et je suis donc retourné à Bastia. Cette intersaison 2004 m’a déçu, mais en même temps je n’étais pas trop à plaindre personnellement car malgré tout, Bastia me permettait de jouer en Ligue 1. Tous les joueurs n’ont pas eu cette chance …

Regrettes-tu d'être parti de Sainté ? (Karras)

Quelque part je le regrette, mais je n’ai pas souhaité ce départ ! C’est dommage d’avoir quitté les copains, car on restait sur la dynamique de la montée. Notre équipe était assez jeune, elle avait selon moi une marge de progression intéressante et Monsieur Antonetti aurait pu continuer de nous faire progresser. Bien sûr, j’aurais aimé poursuivre l’aventure avec les Vincent Hognon, Julien Sablé, David Hellebuyck, Jérémie Janot.

L'ASSE est-il ton meilleur souvenir en pro ? (Parasar)

J’ai connu de bons moments avec Toulouse, notamment lorsqu’on est monté en première division. J’ai également eu la chance de disputer une finale de coupe de France grâce à Bastia. Mais c’est vrai que mon expérience stéphanoise reste probablement mon meilleur souvenir de joueur professionnel. A Saint-Etienne, il y a une ambiance extraordinaire, un public fervent. Ce club est populaire et je me suis rendu compte en y jouant à quel point il était médiatisé. Les Verts sont toujours attendus, parce que c’est Saint-Etienne. Quand tu arrives à combler les attentes de ce public, c’est vraiment extra. C’est ce qu’on a réussi à faire la saison 2003-2004. C’est valorisant de réussir un tel parcours, et ça laisse des souvenirs forts.

Antonetti avait parlé de toi comme étant un "penseur" du football. Qu'est ce que cela veut dire ? Dans la mesure où le physique a nettement pris le dessus dans le football moderne, penses tu qu'il s'agit d'un compliment ? (guinnesstime)

Je le prends comme un compliment, car il me connaît bien et a traduit par cette formule ce que je m’efforce de faire sur le terrain. J’essaie toujours d’analyser les choses et de faire les choix qui me paraissent les plus judicieux pour l’équipe. J’ai toujours été attaché à la façon d’évoluer de l’équipe adverse par exemple, les considérations tactiques m’intéressent et j’essaie à chaque fois de m’adapter en proposant des solutions à mes partenaires ou en leur procurant des occasions.

Comment se passe dont intégration dans les Ardennes ? Ca n’a pas été trop dur de quitter l'Ile de Beauté ? (Teddy)

Mon intégration se passe très bien. Evidemment, ça change du tout au tout de quitter Bastia pour Sedan. Ce n’est pas le même climat, il a beaucoup plu ce mois d’août dans les Ardennes. Mais bon, je suis venu ici pour le football et je me suis bien acclimaté.

Serais-tu resté à Bastia en cas de montée en Ligue 1 ? (Parasar)

Pas évident de répondre à cette question. Je serais sans doute resté, mais en même temps j’avais l’impression d’avoir fait le tour de la question au Sporting Club de Bastia. L’idée de partir me trottait dans la tête en fait.

Fab, le maillot vert de Sedan est quand même d’un goût douteux, non ? (Teddy)

Oh, je le trouve pas si mal ! Il est fluo et plus flashy que celui de Saint-Etienne, comme ça on ne risque pas de le confondre avec celui des Verts !

Quelles sont pour cette saison tes ambitions collectives et individuelles avec Sedan ? (Timick)

Individuellement, je souhaite faire une saison correcte, disputer le plus de matches possibles et faire preuve de régularité pour le bien de l’équipe. Je veux aider le club à se maintenir car c’est notre principal objectif de la saison. Je pense que c’est le but de tout promu : se maintenir et ensuite se pérenniser en Ligue 1.

Selon toi Sedan aura-t-il la force de se maintenir en L1 cette année ? (Vieille allumette)

Oui, le potentiel on l’a. On connaît un début de championnat un peu délicat : lors de nos quatre premiers matches, on a manqué d’efficacité sur le plan offensif. Défensivement, on a payé cher quelques erreurs de placement ou de relance. Mais je reste malgré tout optimiste car dans le jeu, on est pas mal. Face à de grosses équipes comme Marseille et Monaco, on a plutôt bien joué même si d’un point de vue comptable ce n’est pas folichon. Je pense qu’on mériterait d’avoir plus que deux points compte tenu de nos prestations.

Que penses-tu de ton coéquipier Stéphane Noro ? Personnellement je le trouve très fort (Parasar)

Ce joueur a en effet de grosses qualités. Je le trouve également très bon, très joueur. Il assure techniquement et en plus il a une super frappe. Pour moi, c’est un bon joueur de Ligue 1, qui peut réaliser une belle carrière.

Le match retour se fera à Geoffroy Guichard, que ressentiras-tu, au moment ou tu verras l'inscription " Ici c'est le chaudron" à la sortie du tunnel ? (vieille allumette)

Je pense que je vais ressentir une émotion particulière. Je suis revenu dans le Chaudron la saison dernière avec Bastia, mais le contexte était un peu différent : on affrontait Saint-Joseph en coupe de France. Cette année, ça fera bizarre pour moi car je jouerai contre mon ancien club et certains de mes anciens coéquipiers stéphanois. Je pense que ce sera à un bon moment à vivre, car les Verts et le stade Geoffroy Guichard m’ont fait vivre beaucoup d’émotions.

Comment vois-tu évoluer ta carrière ? (Karras)

J’ai un contrat de deux avec Sedan, plus une année supplémentaire si le club se maintient en Ligue 1. Après, je n’aurai plus beaucoup de possibilités : j’ai 28 ans, si je vais au bout de ce contrat j’en aurai 31. On verra bien alors si je peux continuer d’évoluer au plus haut niveau. Le plus important pour moi en terme d’évolution de carrière, c’est de continuer de jouer en Ligue 1.

Merci Fabrice, grâce à toi j'ai eu mon premier sourire sur mon lit d'hôpital le lendemain de mon opération du genou en matant ta frappe de folie contre Nice ! Te considères-tu comme un 10 à l'ancienne, sinon comment définirais-tu ton poste ? (Parasar)

Sympa l’anecdote sur mon but contre Nice, ça reste un super souvenir ! Pour en revenir à mon poste, tout dépend ce qu’on entend par numéro 10 à l’ancienne. Bon, vous le savez sans doute, je ne suis pas Michel Platini (rires). Mon poste consiste à faire jouer au mieux mes coéquipiers, à jouer juste et à distiller de bonnes passes, si possible décisives. J’essaie d’être un meneur, mais dans la simplicité. A Sainté comme à Bastia, je jouais côté droit. A Sedan, j’ai été repositionné dans l’axe, j’évolue donc dans un registre un peu différent.

Quel a été ton meilleur souvenir en tant que joueur, tous clubs confondus ? (vieille allumette)

La saison de la montée avec Saint-Etienne. J’ai encore en mémoire l’incroyable ferveur le soir du titre où on a été champions de Ligue 2. Ces scènes de liesse dans la ville, cette communion avec le public. Fabuleux !

As-tu gardé des contacts avec tes ex-partenaires stéphanois? (vieille allumette)

Je suis resté en contact avec David Hellebuyck, j’ai revu Hérita Ilunga et j’ai régulièrement des nouvelles de Vincent Hognon.

Continues-tu de suivre les résultats de l'ASSE ? (Timick)

Bien sûr, je garde un œil sur les résultats de Saint-Etienne. C’est agréable de voir jouer les Verts, il y souvent du spectacle avec eux, que ce soit sur le terrain ou dans les tribunes.

Comment vois tu l'ASSE cette saison ? (Karras)

Je pense que les Stéphanois ont de nombreux atouts pour faire une belle saison. J’ai l’impression que ça joue bien collectivement. Les Verts ont une bonne défense : la charnière centrale Camara/Hognon est rassurante, Hérita et Diatta c’est du costaud. Saint-Etienne peut aussi compter sur un excellent gardien. Jérémie a franchi un cap, je considère qu’il fait partie désormais des tous meilleurs gardiens français. Avec Piquionne et Ilan, les Verts ont des attaquants dangereux, capables de marquer à tout moment. Sainté a également un milieu de terrain travailleur. Bref, il faudra se méfier de cette équipe dans ce championnat !

Les Verts ont ils les moyens de venir titiller les Lyonnais comme ont pu le faire Bordeaux et Lille, l'an passé ? (vieille allumette)

Les Verts ont des arguments, mais de là à titiller les Lyonnais …Franchement, ça risque d’être difficile. A priori, ils sont un cran en-dessous, comme toutes les autres équipes d’ailleurs. La régularité lyonnaise est impressionnante ! Les Lyonnais sont de redoutables compétiteurs qui ont acquis la culture de la gagne. Sainté a encore du pain sur la planche pour acquérir une telle régularité au plus haut niveau. Mais je pense sincèrement que les Verts ont le potentiel pour terminer à la cinquième place.

Alors pour changer un peu de la langue de bois transparente en vigueur dans le milieu, je voudrais que tu me répondes avec le plus de mauvaise foi, de prétention et de parti-pris possible. Merci d'avance. Franchement à ton avis, dans quelle catégorie de joueur te situes tu ? Celles des bons ? Celles des grands ? Celles de meilleurs ? Celles des légendes du ballon rond ? (Danish)

Avec mauvaise foi, prétention et parti pris ? Celle des grands joueurs bien sûr !

Franchement, c'est qui l'équipe pro la plus nulle de France ? (Danish)

Créteil.

Franchement, t'es d'accord que l'OL c'est nul comme club hein ? Que même toi tu irais pas s'ils te voulaient ? (Danish)

Carrément, c’est nul comme club et pour rien au monde j’irais là-bas ! (rires)

Franchement c'est qui le joueur de football à qui tu aimerais bien mettre un tacle au niveau des ligaments croisés ? (Danish)

Mmm, pas facile. J’aurais bien dit Philippe Violeau mais manque de bol, je crois qu’il ne joue plus ! Enfin bon, s’il veut faire son come-back, je serai là ! (rires). Je dis ça mais en fait il paraît qu’il est plutôt sympa en dehors des terrains …Bon, il faut que je change mon fusil d’épaule. Mmm… ah ça y’est j’ai trouvé : Bernardi !

Fabrice, quelles sont les qualités et les défauts de Nicolas Marin, l’homme et le footballeur (José) ?

Nico est un garçon capable de faire gagner un match à lui tout seul grâce à sa vitesse et à son explosivité. Ses dribbles sont déroutants. Son défaut : un certain manque de lucidité dans le dernier geste : dans la dernière passe, devant le but. S’il arrive à corriger ce défaut, il franchira un cap. Humainement, c’est quelqu’un d’extravagant avec ses tenues étonnantes, sa coiffure décolorée. Nico est « fashion », il se donne un style et il a raison car il aime ça !