Est-il possible de s'imaginer le dernier derby avec un déroulement différent, un qui ne nous assomme pas et qui ne nous plonge pas dans un profond désespoir ?
L'ASSE reçoit une équipe qui aime avoir la possession, avec un effectif d'une meilleure qualité et en pleine forme, suite à deux sorties européennes réussies. Le staff stéphanois prévoit de jouer avec un faux-neuf, pas d'avant-centre classique, et cherche un jeu vertical après une récupération assez haute, à hauteur de la ligne médiane. Le plan de jeu est simple : une entame parfaite, un but rapide, après quoi les Verts pourront défendre, laissant la possession à leur adversaires et jouer les contres - même si on ne marque pas sur ces contres, un bloc défensif bas et serré rendra cette possession adverse stérile.
Ce passage décrit parfaitement le premier match de la saison, la victoire contre Nice qui a généré tant d'espoir chez les supporters Verts, espoir de résultats, mais aussi de qualité de jeu, basé sur verticalité et mouvement. Ce passage décrit aussi le dernier match joué par l'ASSE, mais malheureusement à un détail près... le but rapide, l'entame parfaite. Au contraire, tout a basculé dans l'autre direction en espace d'une minute et la spirale négative enclenchée a conduit à une des pires soirées dans le passé récent du club.
Ce passage décrit parfaitement le premier match de la saison, la victoire contre Nice qui a généré tant d'espoir chez les supporters Verts, espoir de résultats, mais aussi de qualité de jeu, basé sur verticalité et mouvement. Ce passage décrit aussi le dernier match joué par l'ASSE, mais malheureusement à un détail près... le but rapide, l'entame parfaite. Au contraire, tout a basculé dans l'autre direction en espace d'une minute et la spirale négative enclenchée a conduit à une des pires soirées dans le passé récent du club.
Le tournant du match
Après une récupération haute et du jeu sur le côté gauche, Pajot obtient une touche, qui est jouée par MBengue pour Bamba :
Sous la pression d'un milieu axial adverse, Bamba revient avec le ballon, avant de pouvoir le donner à Maïga dans l'axe. On peut voir sur cette image que Bamba, Selnaes et Maïga sont surveillés par le trio des milieux adverses, Pajot et KMP par des défenseurs. Dès qu'il reçoit le ballon de Bamba, Maïga joue en une touche...
... pour KMP, qui remet en une touche aussi à Pajot. La passe de Maïga est parfaite, elle permet de passer la ligne de trois milieux, amenant le jeu dans la défense adverse. Défense qui descend encore plus...
... suite à l'appel de KMP en profondeur, ce qui permet à Pajot de se retourner - les milieux axiaux sont loin, les défenseurs en train de reculer. Bamba lui propose une autre option dans l'espace créé entre les lignes, mais Pajot use d'une autre passe verticale, en profondeur pour l'appel de Hamouma qui arrive en face-à-face avec le vilain gardien adverse.
Malheureusement Romain rate son duel, se claque et rate complètement le corner qui suit, ce qui amène l'ouverture du score adverse. Ce qui aurait pu être une entame parfaite se transforme en une ratée, non seulement l'ASSE est menée au score, mais Hamouma est sorti et remplacé par Söderlund, un profil complètement différent.
La suite du match
Et pourtant, les Verts n'ont pas baissé les bras et ils ont continué à user des passes verticales, à être présents dans les duels et à récupérer le ballon à la hauteur de la ligne médiane dès qu'il était perdu. A titre d'exemple, une longue action à la 20e, qui commence avec une touche adverse :
Le latéral la joue pour son milieu offensif, qui, pris par Selnaes, lui rend le ballon en retrait. Selnaes laisse le milieu pour aller presser haut sur le latéral...
... et finit par l'obliger de faire une passe hasardeuse, interceptée par Bamba. Le pressing stéphanois était bien amené, avec Maïga et Pajot prenant les milieux axiaux, Söderlund le défenseur central et Bamba couvrant Selnaes en retrait. Bamba joue directement pour Söderlund, mais pas assez en profondeur pour le lancer dans un face-à-face. Le Norvégien lui remet donc le ballon dans le couloir, mais son centre est contré. La touche est jouée par Pierre-Gabriel...
... pour une déviation de Söderlund, reprise par la défense. Le ballon dégagé est gagné par Selnaes au duel contre le milieu offensif et il est donné en retrait à KTC...
... qui joue avec MBengue, qui le donne jusqu'à Ruffier, pour étirer le bloc adverse, les faire sortir. Ruffier dégage loin...
... en cherchant Pajot, qui perd son duel de la tête contre un défenseur, mais KMP gagne le sien contre un milieu et le ballon arrive à MBengue, qui le donne tout de suite dans l'axe à Selnaes :
Il essaye une passe verticale qui coupe la ligne des milieux pour KMP, mais il est devancé par le défenseur, qui lance tout de suite son milieu offensif. Sauf que Selnaes le tacle et on récupère la possession au milieu du terrain. Pas pour longtemps, parce que ...
... Maïga rate sa passe pour KMP. Les adversaires essayent de sortir de leur moitié dans le couloir droit, mais l'ailier porte trop le ballon...
... ce qui permet à KMP de revenir, tacler et le récupérer. Selnaes hérite du ballon et monte avec...
... avant de décaler Bamba sur sa droite, qui donne en retrait à Maïga, qui...
... lance RPG monté dans son couloir droit, qui lance Bamba en profondeur sur ce côté. Malheureusement le centre de ce dernier est gagné par la défense, qui dégage en catastrophe...
... jusqu'à Selnaes qui récupère de nouveau. Il essaye une passe pour Pajot, libre au 18m, mais un défenseur surgit pour intercepter et dégager loin...
... jusqu'à Lacroix, qui gagne son duel de la tête. MBengue récupère le ballon et le donne de nouveau à l'organisateur de jeu Norvégien :
Selnaes essaye de lancer KMP en profondeur, le ballon est dégagé de la tête par le latéral... jusqu'au même joueur, omniprésent au milieu. Il monte de nouveau en cherchant une solution de passe...
... qui arrive parce que le milieu axial adverse se retrouve seul entre lui et Pajot. Le Norvégien joue avec son avant-centre, qui remet en une touche pour Pajot, qui avait bien sûr fait l'appel qu'il fallait en profondeur. Malheureusement la possession est perdue...
... mais pas pour longtemps, maintenant c'est Maïga qui intercepte la passe. Il écarte pour RPG, qui cherche Bamba entre les lignes, mais à cause d'un mauvais contrôle, le ballon est perdu de nouveau... jusqu'au dégagement adverse intercepté par KTC. On arrête ici le suivi de cette action, après avoir suivi plus de deux minutes de possession stéphanoise dans la moitié adverse. Un jeu caractérisé par sa verticalité et un grosse présence pour récupérer le ballon dès qu'il est perdu - perte de balle qui arrive souvent quand on essaye ce genre de passes.
Si la verticalité n'a pas parfaitement fonctionné, dans le sens qu'il y a eu peu d'occasions franches créées, la récupération au niveau de la ligne médiane a été bien faite, les adversaires avaient du mal à sortir de leur moitié. Malheureusement, 4 minutes plus tard, une autre passe verticale de Selnaes (hasardeuse cette fois-ci) est interceptée et le ballon lancé dans son dos n'est pas récupéré au milieu du terrain... la punition est immédiate avec le 2e but adverse.
La suite du match (2)
Ce but contre le cours du jeu a coupé l'élan des Verts. Pire, la pause n'a pas permis des réajustements tactiques, avec un autre changement suite à une blessure. Et le rouge deux minutes plus tard a complètement tué le match. Pire encore, les Stéphanois se sont jetés en attaque pour réduire le score, laissant des grands espaces derrière, parfaitement exploités en contre. L'addition est ainsi devenue historiquement salée et les événements en fin de match ont conclu une soirée cauchemardesque pour l'ASSE.
Mais il est difficile de ne pas se demander quel aurait été le cours du match si Hamouma avait marqué à la 10e, sans se blesser, ou si on avait marqué pendant le temps fort avant le 2e but adverse ?
La suite après le match
La gueule de bois a du mal à passer. Pour les supporters, mais au sein du club aussi. Cette défaite historique peut laisser des traces qui seront difficiles à effacer, une cassure entre les supporters et leur équipe, ou entre les joueurs et leurs coach, ou entre le staff et la direction ou entre les dirigeants et les supporters. Toute la saison (et même plus que ça) se jouera dans les jours ou les semaines à venir sur la capacité de tous ces acteurs à relever la tête. Si on y arrive, tout n'est pas perdu (mais tout ne sera pas oublié). Si on n'y arrive pas, ça va aller de mal en pis.
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