En passant par la Lorraine avec leurs sabots alourdis par trois matchs en six jours et 90 minutes sous le déluge du chaudron, les Verts ont piteusement refermé le premier chapitre du championnat 2008. Près de 20% du championnat est déja avalé, et on aura bien besoin des 15 jours de trève pour digérer cette cahotique entrée en matière.



15 jours à voir Féfé, Payet, Sall, Dabo and co s’égayer sous d’autres couleurs, 15 jours pour analyser à froid ce départ qui fait de l’ASSE en fonction des résultats des matchs en retard un virtuel 14è du championnat.


Roussey où il va ?

Oui il sait où il va. C’est du moins ce qu’il prétend lorsqu’il est interrogé au sujet de sa tactique et du onze-type supposé la faire vivre sur le gazon.
On ne demande qu’à le croire, mais à la notable exception d’Ilan, Feindouno et de la défense, le reste de l’équipe a tout du manège en chantier. Un manège dont les rotations commencent à écoeurer le peuple vert et certains joueurs, un manège qui n’enchante guère que nos adversaires. Gigliotti affichant le masque d’un Roger Giquel du ballon rond à sa sortie prématurée du terrain contre Strasbourg incarne ainsi l’étonnant mode de coaching de la Rousse. Dans un souci louable de trancher avec ses frileux prédécesseurs ou dans une volonté d’affirmer son autorité sur son groupe, Roussey n’hésite pas à modifier son Onze d’un match sur l’autre voire, plus spectaculaire, au milieu de la première période. Au dela des dommages collatéraux d’une telle méthode sur le moral des victimes, son inefficacité à Nancy était terriblement frustrante : les Verts ne se sont pas créés une occasion de but après les sorties de Payet et Nilsson, et se dégage l’agaçant et si familier profil d’une équipe qui ne sait pas réagir et retourner le cours des événements en sa faveur. Or à quoi sert un tel coaching sinon à faire réagir son équipe ?

L’attaque tique

L’attaque est la première concernée par ce turn-over. Début 2007, portée par l’insolente réussite de Gomis, elle avait (Ba)fait illusion malgré un criant manque d’automatismes entre ses deux leaders (Ilan et Gomis). Le recrutement a permis d’additionner les talents offensifs mais clairement pas de résoudre l’équation de l’animation de ce secteur. L’abondance de biens nuit-elle à notre rendement offensif ? Depuis la victoire face à Valenciennes, les occasions que se créent nos supposés 4 fantastiques (Payet, Feindouno, Ilan, Gomis) sont inversement proportionnels aux éloges faits par les médias et entraineurs adverses. Si Féfé reste féfénoménal, Gomis ne confirme pas, Payet manque de volume de jeu et Ilan se perd toujours en vaines percées tête baissée. Quant à Gigliotti et Nilsson, leur CV ferait le bonheur de nombreux relégables potentiels, mais Roussey joue avec eux comme le chat avec la souris blessée en faisant le pari osé d’une saine réaction d’orgueil. Sans technique le don n’est qu’une sale manie chantait Brassens. Les artificiers Verts ont 2 semaines pour répéter leurs gammes et accorder leurs violons. Avec un chef d’orchestre pour leur apporter confiance et consignes claires ce sera plus simple….

La loi du milieu

A défaut de se créer des occasions les Verts savent tenir le ballon. La conjugaison de la forme étincelante de Landrin, de l’émergence d’un Sall mahamadoudiarresque et de la confirmation des qualités de Matuidi permet à notre milieu de terrain de faire la loi. Depuis le départ de Maestro Zokora, on en avait perdu l’habitude et cette mainmise retrouvée est une très bonne nouvelle. Pas que pour les statistiques de possession de la balle (qui ne font vibrer que Philippe Doucet) mais pour la garantie à terme (et en particulier quand notre attaque sera … d’attaque) d’une faculté à survoler certains matchs à domicile ou à tenir fermement certaines victoires à l’extérieur (avec ce milieu là, les Verts auraient-ils concédé le nul à Bollaert ?). La seule incertitude dans le secteur concerne la faculté de nos milieux à soutenir efficacement nos attaquants. Feindouno ne doit pas rester le seul buteur potentiel de notre milieu. Dimitri si tu me lis…

La marque jaune

Si le milieu tient mieux le ballon, la défense en sera soulagée. Cqfd. Jusqu’au match à Nancy c’était patent. Malgré cela, notre défense centrale est atteinte d’une cartonïte aigüe en ce début de championnat. Bon c’est pas encore le Sporting de Toulon version Courbis, Casoni, Pardo, et Alfano. Tavlaridis et Nivaldo n’ont encore blessé personne. N’empêche ils enfilent les cartons aussi régulièrement qu’un Vercoutre se déchire sur ses sorties aériennes et au-delà du syndrome yepes dont ils sont clairement victimes se pose la question de leur maladresse dans les duels. Cette tendance devra vite être corrigée car notre défense est sans réserve, et le match contre Caen (avec l’absence programmée de Nivaldo et Tavlaridis suspendus) permettra de vérifier si l’étroitesse de notre effectif derrière est handicapante.



A l’heure du premier bilan, on peut se consoler en constatant que les équipes qui brillent sont celles qui ont très peu changé par rapport à l’an dernier (Monaco, Nancy, Valenciennes, Lorient). Notre équipe a été bouleversée et les tatonnements -qui titillent la légendaire impatience du peuple vert- sont logiques. Pour se rassurer on peut parier sur le fait que nos faiblesses sont ponctuelles (le manque d’automatismes devant, la maladresse derrière) et nos atouts durables (la force de notre milieu, le talent de nos attaquants). Pour se rassurer encore plus, on doit surtout espérer que les deux semaines qui viennent effaceront les premières et confirmeront les seconds. Car battre Caen sera une nécessité absolue. La confiance est à ce prix, et au-delà de nos (réels) atouts, c’est bien elle qui conditionnera tout.