Guirane N'Daw : "Il faut laisser du temps à Puel"

Le colosse sénégalais a connu une descente en L2 avec Nantes avant de connaître une 17eme place avec les Verts sous l'égide d'Alain Perrin. Avant la rencontre entre ses deux anciens clubs, il a retracé sa carrière avec Poteaux-Carrés.

Que deviens-tu Guirane depuis la fin de ta carrière ?

Je suis revenu au Sénégal. J'ai créé une académie de football à Dakar, dans mon village, qui s'appelle "Newfootball Sport Service". On a pas mal de jeunes qui ont entre 14 et 16 ans. Ils jouent en junior. Et on a aussi des plus petits qui ont 10-11 ans environ. Nos académiciens ont vocation à disputer les compétitons nationales.

C'était vraiment mon objectif d'après-carrière. Je m'étais toujours dit que quand je finirai le foot, j'aiderai les jeunes à réaliser leur rêve sans rien leur demander. J'ai envie de rendre la monnaie en quelque sorte.

Revenons un peu sur ta carrière. Tu débutes à Sochaux et assez rapidement l'AS Saint-Etienne tente de te recruter.

Oui, très vite, dès les U18 en fait. Je me souviens avoir joué un match de Gambardella contre Saint-Etienne (en mars 2003, victoire des Verts 1-0, ndp2). Et depuis lors, je sais que Saint-Etienne me suivait.

Pourquoi tu attends 2009 pour rejoindre les Verts ?

Ah c'est comme ça ... il faut demander au président Romeyer ! Ca ne s'est pas fait tout de suite, et j'ai fini par venir quand Alain Perrin coachait l'ASSE.

Un entraîneur que tu connaissais bien.

Oui lors de son passage à Sochaux en 2006-2007. Bon, au début ça ne s'est pas très bien passé avec lui mais après on a eu de bonnes relations et quand il est arrivé à Sainté, il m'a appelé pour me demander de venir. Et je n'ai pas hésité ! Il faut dire que Perrin m'a fait beaucoup progresser quand j'étais à Sochaux. J'ai beaucoup appris auprès de lui. Il me disait ce que je devais faire, j'étais en confiance, je jouais les yeux fermés presque !

J'étais très content de le retrouver à Saint-Etienne. C'est un très grand entraîneur. Il faut aussi connaître l'homme qui est quelqu'un de magnifique. Ce n'est pas quelqu'un de rancunier. Tout ce qui l'intéresse, c'est l'équipe !

Pourtant, son passage à Sainté est assez mitigé quand même.

Oui mais bon c'est le football ça ! Regarde Lampard à Chelsea, il a bien échoué lui aussi, ce sont les aléas du football. Il n'empêche qu'Alain Perrin reste un entraîneur qui m'a fait progresser, avec qui j'avais de bonnes affinités.

Quel souvenir tu gardes de ton passage à Sainté, tu as joué 1 an et demi avant de connaître différents prêts ?

Au début, ça n'a pas été facile mais c'est normal quand tu arrives dans un nouveau club. Heureusement, on a réussi à se sauver la première saison. Et la deuxième année fut encore plus compliquée avec Galtier. Je suis même parti au mercato d'hiver parce que je ne jouais pas beaucoup. Je garde quand même un bon souvenir de mon match de Coupe de la Ligue contre Bordeaux. J'ai fait un bon match et j'avais marqué même !



Ton seul but en vert, un moment très émouvant d'ailleurs !

Oui ! Moi je suis quelqu'un qui ne triche pas. Je travaillais. Quand on a fait appel à moi, j'ai donné tout ce que j'avais pour l'équipe et Dieu merci on a gagné grâce à ce but. Mais bon, je ne suis pas rancunier envers Galtier. Je pense que ça devait se passer comme ça dans ma vie, c'est ainsi. Je suis croyant et je devais passer par là.

Pourtant tu connaissais Christophe de Sochaux également, on pouvait imaginer qu'il te fasse confiance comme Perrin

Oui ils étaient tous les deux à Sochaux. Mais je ne suis pas dans sa tête et je ne peux pas savoir ce qu'il pensait. Bon, ça s'est mal passé c'est comme ça. Pourtant, à Sochaux ça se passait très bien entre nous. C'est le football. Mais je ne suis pas rancunier. Quand j'ai signé à Saint-Etienne, j'étais très content car c'est un grand club ! Ici au Sénégal, c'est un club très suivi, très aimé. Tout le monde m'appelait en me demandant de ramener des maillots. J'étais très fier d'avoir signé ici mais il y a des hauts, il y a des bas et il faut l'accepter.

Tu sortais déjà d'une saison difficile à Nantes avant ton expérience stéphanoise, on imagine que tu n'en gardes pas un très bon souvenir ?

C'était très compliqué oui. On jouait le maintien et on n'a pas réussi à maintenir le club en L1. C'est pas joli. Quand on joue au foot, on n'a pas envie de descendre donc ce n'est pas un bon souvenir. Mais j'avais de bonnes relations avec le Président Kita. Je n'avais pas de problèmes là-bas. C'est le sportif qui n'a pas fonctionné.

Une préférence entre La Beaujoire et Geoffroy-Guichard ?

Ce sont deux publics différents. Mais Saint-Etienne c'est plus chaud ! C'est magnifique quand tout le monde chante, tu as la chair de poule. Saint-Etienne, c'est un stade fermé, tu sens vraiment l'ambiance sur le terrain, c'est magnifique. Pour moi, Marseille et Saint-Etienne, ce sont les deux grands publics en France.

Tu as connu d'autres ambiances entre l'Espagne (Saragosse), l'Angleterre (Birmingham, Ipswich), la Grèce (Asteras Tripolis), qu'est ce que tu retiens de ce petit tour d'Europe ?

L'Espagne c'était dur, parce que je suis arrivé en décembre. Mais Birmingham et Ipswich c'était magnifique. Les anglais c'est une autre mentalité ! A Birmingham, j'avais même mon chant dans les tribunes, c'était fou ! J'ai adoré mes deux années en Angleterre. J'aurais bien aimé rester mais bon, c'est comme ça.



La Grèce c'était sympa aussi ! J'ai fait une bonne année, on était 4eme avec le club. Là-bas, il y a des publics chauds aussi entre l'Olympiakos et le PAOK. Là-bas, c'est des fous ! Le stade est plein ! C'est différent par rapport à Saint-Etienne. Ce sont des gens totalement fous dans le sens agressifs ! En France, les gens supportent, chantent mais en Grèce dans ces clubs, ils sont trop agressifs ! Je me rappelle quand on jouait sur ces terrains, ils nous jetaient des poissons sur le terrain !

Après la Grèce, tu reviens en France à Metz, un autre club que Sainté va affronter en fin de semaine. Tu suis les performances de ces clubs ?

Oui, j'ai toujours la tête au foot ! Obligé, avec mon académie. Je regarde beaucoup de matchs, en France, en Angleterre, en Espagne. Je vois la saison des Verts mais je pense qu'ils ont un très bon entraîneur. Bon, c'est une saison particulière avec le covid. Il faut laisser du temps à Puel. Il a des jeunes joueurs, il faut les faire travailler. Si on lui donne le temps, ça va le faire. Partout où il est passé, il a fait du bon boulot, en Angleterre, à Nice ...

Tu fais plus confiance à Puel qu'à Domenech pour sauver son club en L1 cette saison ?

Je ne le connais pas vraiment Domenech hormis ce qu'il a fait avec la sélection. Mais comme pour Puel, il faut lui laisser du temps. Il vient de prendre Nantes. Maintenant, les présidents et les supporters sont très pressés. Il faut coûte que coûte des résultats, que l'équipe joue bien et qu'elle performe. Les gens veulent tout, tout de suite. Soyons patients.

Tu t'attends à un match fermé ce mercredi ?

Non pas nécessairement. Les deux équipes ont besoin d'une victoire donc je pense que ce sera un match ouvert. C'est un match qui va se jouer sur de petits détails.

Peut-être que nos recrues hivernales vont briller ! Tu as vu qu'on a pris deux de tes compatriotes. Est-ce que tu es comme Moustafa Bayal qui nous disait le plus grand bien de Babacar Fall et Pape Cissé ?

Babacar Fall c'est un très bon gardien ! Je l'ai vu jouer au Sénégal et je pense qu'avec Puel il va progresser et qu'il aller plus haut ! Il va vite au sol, il se relève vite. Lors du tournoi U20, il a été très bon et je pense que les Verts ont fait une bonne affaire. C'est à lui de bien travailler maintenant, le plus dur commence. Il doit être bien concentré sur son travail et il doit gérer aussi sa première fois en Europe. Il doit s'inspirer des gardiens qui sont en concurrence avec lui. Il doit regarder, écouter et il va progresser. Et quand il aura sa chance il devra la saisir.

Pape Cissé, c'est un très bon défenseur, il a de l'expérience et il jouait dans un grand club. Je pense qu'il va beaucoup apporter aux Verts.

Autant que Pape Diakhaté qui est arrivé à l'hiver 2010 pour stabiliser la défense ?

Je ne peux pas les comparer car chacun a son jeu ! Pape c'était un vrai fou ! Là où tu ne mettais pas le pied, il mettait sa tête, il y allait à fond, il n'hésitait jamais ! Je ne peux pas dire si Pape Cissé est pareil !

Merci à Guirane pour sa disponibilité !