Ça faisait longtemps que les Verts voulaient retrouver le goût de la victoire, ils y sont arrivés à Nice après un match qu'ils ont contrôlé de bout en bout.
Il a été long à se dessiner, mais le succès des Stéphanois a été logique : ils ont dominé leur adversaire tactiquement et dans l'envie, ils se sont créé plusieurs occasions... mais ils n'ont cadré qu'un tir, en toute fin de match. Claude Puel résume bien la physionomie du match dans sa conférence de presse : "on a été acteurs même si on a eu peur de ne pas réussir à concrétiser. Mes joueurs se sont donné les moyens d’être présents dans la récupération du ballon. Je regrette de ne pas plus capitaliser. Quand on domine un match de cette manière, on doit marquer avant. On s'est procuré énormément d’occasions".
Les Verts ont donné l'impression de vouloir plus la victoire que les Niçois, mais ils ont aussi été aidés par un plan de jeu qui a bloqué l'animation offensive adverse, tout en profitant des faiblesses de leur système. Voici quelques exemples.
D'un côté à l'autre
La seule vraie surprise dans le 11 de départ stéphanois a été la présence de Sow, aligné en défense centrale à la place de Kolo :
Pour le reste, un 4-4-2 plutôt classique, où les 4 éléments offensifs ont eu un rôle défensif important contre le 3-5-2 niçois. Hamouma et Bouanga se sont relayés pour être au marquage de la sentinelle adverse et de presser les défenseurs. Le ballon circulait entre les 3 défenseurs centraux : quand il allait à droite, l'attaquant de ce côté (Hamouma dans l'image ci-dessus) allait vers le défenseur et l'autre (Bouanga) vers le milieu défensif. Et quand le ballon était envoyé dans l'autre direction, ils changeaient :
Ce mouvement par le premier rideau a empêché toute construction propre de la part des Niçois. Et quand ils envoyaient le ballon sur un côté, à un des pistons, il était pris par deux stéphanois, Debuchy et Nordin dans cet exemple (pendant que Camara suit son adversaire direct qui plonge dans le dos du capitaine). Bref, les Verts ont bien contrarié l'animation offensive de Nice.
Et ils ont fait mieux que ça, en possession du ballon ils ont su appuyer sur les points faibles du système adverse. Comme dans cet exemple après une demi-heure de jeu quand Debuchy joue une touche avec Neyou :
Le milieu stéphanois écarte immédiatement à l'aile opposée avec Trauco, qui est libre et peut remonter le terrain avec le ballon. Il passe à Aouchiche...
... et l'attaque commence à être préparée. Le bloc adverse est en place, en 5-3-2, et doit coulisser de droite à gauche pour suivre le ballon. Via Neyou, le ballon arrive à Debuchy, qui a du champ devant lui, aidé en plus par Nordin...
... et par Hamouma, qui s'excentre et qui fait ensuite un appel dans le dos du piston gauche niçois. Debuchy dédouble, ça aspire des adversaires, et Nordin repique vers l'axe. Le bloc adverse avait coulissé vers ce côté, il doit refaire chemin inverse...
... parce que le ballon est envoyé jusqu'à Camara, via Moukoudi. Si les 5 défenseurs n'ont aucun problème à couvrir toute la largeur, c'est bien plus difficile pour les 3 milieux et les deux attaquants. Et quand Camara renverse le jeu de nouveau...
... Debuchy à un boulevard devant lui. Le seul adversaire dans ce couloir doit suivre Hamouma, resté en ailier, et le capitaine des Verts a tout le temps pour ajuster son centre. Qui est repris de la tête par Bouanga, qui voit le ballon frôler le poteau...
Les Niçois ont tellement été baladés de gauche à droite lors des attaques stéphanoises, que leur entraîneur a dû procéder à un ajustement tactique avant même la mi-temps :
Un des deux avant-centres a reculé et leur bloc s'est transformé dans un 5-4-1, ce qui a facilité le travail défensif dans les couloirs, où Debuchy et Trauco avaient désormais un adversaire direct qui les suivait.
Maîtrise presque stérile en 2MT
Nice a continué d'utiliser ce système ultra-défensif après la pause, abandonnant la maîtrise du jeu aux Stéphanois, se contentant de quelques contres et des coups francs. Ça a été donc un peu plus dur pour les Verts, qui se sont néanmoins procurés d'autres occasions, comme dans cet exemple à la 70e :
Sow joue avec Neyou, qui écarte à gauche avec Camara, qui peut remonter un peu avec le ballon. Les 4 offensifs stéphanois sont dans l'axe, les couloirs sont pris par Debuchy et Trauco. C'est avec ce dernier que Camara joue...
... mais il y a du monde dans le couloir. Le piston sort sur Trauco, un milieu suit Aouchiche et un autre bloque Camara. Les Verts arrivent quand-même à combiner et Trauco ressort le ballon pour Sow. Pendant ce temps, le milieu latéral gauche de Nice est resté dans la zone de Debuchy, qui n'est plus si libre comme avant. Quand le jeu est envoyé vers la droite...
... par les défenseurs centraux, le couloir semble pris. Moukoudi s'applique et sa passe est bien dosée pour la course de Debuchy. Qui parvient à centrer, même si pressé par son adversaire :
Son centre trouve Bouanga, qui voit son tir passer juste à côté du cadre. Peu de réussite pour l'attaquant stéphanois, qui a réussi 5 tirs après des centres comme celui-ci, en ne cadrant aucun...
Il n'y a eu que trois changement pour les Verts lors de ce match, Gourna-Douath à la place de Neyou, KMP à celle de Nordin et Abi pour Aouchiche (Bouanga se décalant en ailier gauche). Les entrants ont amené de la fraîcheur et malgré les occasions ratées, les Stéphanois n'ont jamais baissé les bras :
Dans les dernières minutes, une passe hasardeuse de Sow vers Camara a failli être interceptée, mais le ballon est poussé jusqu'à Moukoudi. Qui résiste au pressing adverse et sert Gourna-Douath...
... qui perd le ballon au milieu. Il y a du gâchis dans le jeu des Verts, mais il est compensé par leur volonté. Abi presse le défenseur niçois qui a hérité du ballon et l'oblige à sortir avec le ballon :
KMP joue vite la touche, pour Debuchy qui arrive lancé, tout comme Trauco du côté opposé :
Le ballon revient à KMP, qui centre vers Hamouma et Bouanga, avant que ça arrive dans les pieds de Trauco, aux abords de la surface. Les Stéphanois s'étaient vraiment projetés en nombre, seulement les deux défenseurs centraux ne se trouvent pas dans les 20 derniers mètres :
Le centre-tir du latérale gauche est repris par Abi, pour le premier tir cadré de l'ASSE dans ce match. Les Verts y ont cru jusqu'au bout, et ils ont été récompensés.
Conclusions
Même par le plus petit des scores, la victoire des Stéphanois est vraiment méritée, tellement ils ont dominé leurs adversaires. Ils ont été clairement plus motivés que les Niçois - duels gagnés, pressing effectué - et ils ont affiché une très belle maîtrise technique - leur meilleur pourcentage de passes réussies de la saison. Surtout, tactiquement ils ont bien muselé les attaques adverses et ont fait très mal sur les points faibles identifiés : quand ton adversaire est obligé de changer sa tactique avant même la pause, ça veut dire que tu as gagné ce combat. C'est seulement la maladresse devant le but qui a fait défaut et qui a rendu la victoire difficile. Les Verts ne sont pas guéris pour autant, leur adversaire du jour n'était pas l'équipe la plus en forme du championnat et il aurait suffi d'une erreur défensive pour faire réapparaître le doute dans les têtes des protégés de Claude Puel. Néanmoins, cette victoire représente un énorme bol d'air frais, il faut espérer qu'elle en appellera d'autres, si possible dès mercredi contre les Canaris.