Premiers après trois journées, les Verts se déplacent à La Beaujoire pour faire durer le plaisir en affrontant des Nantais qui passeraient presque pour des victimes expiatoires au regard du début de saison stéphanois. De quoi faire une petite présentation pour essayer de guérir l'enflammade. Avec de bons arguments ? (spoiler : pas tous)


1- Le parcours

Auteurs d'une saison mitigée l'an passée, les Nantais repartent sur le même rythme, avec une victoire, un nul et une défaite au compteur. Et ce à la suite d'une préparation également mitigée, certes, cette fois, sans défaites, mais avec des victoires contre une D3 suisse et une L2 (Le Havre, en l'occurrence) et deux nuls contre Anderlecht, c'est plutôt bon, et Avranches, équipe de N1, c'est beaucoup moins bon.

Les autres indicateurs du début de championnat nantais sont tout naturellement sont les mêmes auspices, moyens. Avec notamment la 12ème attaque. Notons tout de même qu'il s'agit de la 6ème défense de L1, avec 3 buts encaissés, qui affrontera la meilleure.

Dernier point qui n'est pas sans importance : alors que les notions de domicile et d'extérieur semblent atténuées par l'absence ou la quasi-absence de supporters, les Canaris n'ont pris qu'un point en deux matchs à l'extérieur, malgré 70 minutes à 11 contre 10 à Bordeaux, mais ont su l'emporter lors de leur seule sortie à La Beaujoire, malgré un match terminé à 9 !

 

2- L’effectif

Comme nos précédents adversaires, c'est une équipe proche de celle de la saison dernière qui se présente sur la ligne de départ.

Dans les buts, on retrouve toujours le toujours aussi jeune Lafont (21 ans bien qu'il entame sa 6ème saison en pro !). Sa doublure n'a pas changé non plus, puisqu'il s'agit toujours de l'éternel remplaçant Petric, qui en est à sa 10ème saison de L1, pour 5 clubs dans l'élite. Devant, la concurrence continuera de faire rage à droite entre Appiah, freiné dans sa progression par les blessures lors de son passage en Belgique, et Fabio, l'ancien de Manchester United, seul des 2 jumeaux spécialistes des expulsions contre les Verts encore présent en L1. En revanche, la concurrence sera moins franche à gauche puisque Traoré est toujours le seul spécialiste du poste de l'effectif, depuis le départ de Lucas Lima il y a désormais plus d'un an. Fabio, justement, assurant les intérims quand c'est nécessaire. Dans l'axe, Pallois l’indétrônable n'est plus tout seul. D'une part parce que Girotto s'est désormais clairement installé à ce nouveau poste pour lui, qui était arrivé à Nantes en tant que milieu défensif. D'autre part parce que les Bretons ont reçu le renfort non-négligeable de Castelletto, très bon lors des deux dernières saisons à Brest, cet été. Enfin parce que le jeune Basila va continuer à grandir petit à petit sans que trop ne lui soit demandé. Pour Homawoo, annoncé parti à Lorient mais toujours là pour le moment, et Moustache, au même poste, cela risque, en revanche, d'être un peu plus bouché.

Au milieu, si le seul talent pur devait jouer, le trio composé de Touré, Louza et Blas devrait s'imposer sans aucun problème. Pour autant, le métier d'Abeid, joueur très utile de L1, devrait lui permettre de se faire une place également dans ce milieu de terrain. Pour le moment, début de saison perturbé par le Covid, c'est même la recrue Chirivella, arrivé des U23 de Liverpool, qui a su tirer son épingle du jeu. La donne est plus compliquée pour le jeune Moutoussamy qui, après des débuts remarqués il y a deux ans, est clairement rentré dans le rang. Mais qui pourra profiter de sa polyvalence pour décrocher du temps de jeu. Pour Pereira de Sa et le mystère Ba, arrivé et prêté l'été dernier depuis Nancy, où il avait pourtant été titularisé 37 fois en 2 saisons de L2, sans la moindre communication du club puis réintégré cet été sans plus de communication, cela s'annonce compliqué, même avec 5 changements par match, puisque Mendy a fait ses débuts en pro lors de ce début de saison, le faisant reculer encore d'un cran dans la hiérarchie. Même si le premier a pour lui d'être dans un registre différent, plutôt offensif.

Devant, la principale recrue est arrivée... il y a un an. C'est Coco, qui s'était pété les croisés après 15' de jeu pour son nouveau club et qui revient donc tout juste. Il devrait, à terme, être le pendant droit de Simon, à gauche. En attendant qu'il soit tout à fait prêt à être le patron de son côté, Bamba semble tout indiqué. Limbombe, pas au niveau que nécessitait le coût de son transfert, n'est pas non plus tricard et aura sa carte à jouer quand il sera de retour de blessure. Et Blas et Moutoussamy peuvent également jouer sur les côtés. En pointe, enfin, Gourcuff a un éventail de possibilité assez large. Entre son buteur Coulibaly, correct mais pas incroyable (12 buts en 53 matchs/37 titus ces deux dernières saisons), Emond, sa recrue belge de l'hiver dernier qui n'a pas vraiment eu le temps de montrer ce qu'elle a dans le ventre, Kolo Muani, revenu de prêt avec les crocs, en témoigne le fait qu'il est le plus utilisé au poste depuis le début de saison et même Ndilu qui après un an à patienter après son arrivée depuis Laval où il enchaînait, semble enfin avoir son mot à dire, on ne sait pas si la qualité est au rendez-vous, mais on ne peut pas dire que le technicien breton n'a pas l'embarras du choix.

 

La compo probable : Louza, Coulibaly et Limbombe, cela fait déjà plusieurs absents, mais vu les changements opérés en ce début de saison d'un match à l'autre, ce n'est pas suffisant pour avoir de l'assurance quant aux joueurs qui composeront le 11 de départ de Gourcuff :

Lafont – Appiah, Girotto, Pallois, Traoré – Touré, Abeid – Coco, Blas, Simon – Emond

 

3– Souviens-toi la dernière fois

Décidément, on enchaîne la présentation de défaites pour revenir sur les dernières confrontations contre nos adversaires actuels. Il faut dire que la saison dernière avait été riche en revers. Et on ne peut pas dire que cela ait porté malheur aux Verts pour le moment. En l'occurrence, on (ne) se souviendra (pas trop) de ce qui reste, justement, un match à oublier de la saison passée. Un match insipide, où les joueurs de Sainté n'avaient peu ou prou rien produit tandis que Nantes n'avait même pas besoin d'être particulièrement brillant pour être supérieur et s'imposer 2-0 grâce à Abeid en première période et Blas en seconde.

Contraste saisissant avec la dernière rencontre à La Beaujoire, l'un des matchs les plus enthousiasmants, quoi que moyennement maîtrisé, de cette terne saison. Notamment du fait d'une entame de match folle où Blas avait ouvert le score, engendrant la réponse de Trauco sur un centre d'Honorat qui jouait alors un de ses premiers matchs en Vert. Un raté de Kolo et un mauvais placement de Camara permettaient à Louza de redonner l'avantage aux Canaris. Avant qu'un Trauco on fire ne dépose un bijou sur Bouanga pour une nouvelle égalisation. Bouanga, justement, qui lui aussi était en forme (et qui nous sera plus utile sur ce retour à La Beaujoire, puisque Trauco n'est pas dans le groupe), permettait finalement de prendre l'avantage à 25' de la fin, bien aidé par le retour de Girotto pas tout à fait maîtrisé.

Plus généralement, le FC Nantes nous réussit plutôt bien depuis son retour en L1 puisque la défaite narrée plus haut n'était que la 2ème sur 14 matchs depuis lors. Sinon, ce sont notamment 7 victoires qui sont à dénombrer, dont 3 dans l'antre des Canaris. A noter que les 3 dernières victoires vertes contre cet adversaire (qui ont eu lieu lors des 5 dernières confrontations), ont à chaque fois eu lieu avec 3 buts stéphanois à la clef.

 

4- Le joueur à suivre

Il s'est perdu, il n'est même pas un titulaire indiscutable dans une équipe plutôt moyenne de Ligue 1 comme Nantes (non, ce n'est pas censé être insultant, les Canaris ont tout simplement fini entre la 7ème et la 14ème place leurs 6 saisons depuis la remontée). Et pourtant, Dennis Appiah a du talent à revendre.

Oui, vu son statut actuel de joueur moyen de Ligue 1, la sentence peut faire sourire. Pourtant, elle colle à ce qu'était ce joueur quand il faisait le bonheur de Caen, en Ligue 2 puis en Ligue 1. Au point d'être courtisé et acheté par Anderlecht où le jeune latéral droit a découvert la Coupe d'Europe, à 24 ans. A l'époque, l'auteur de ces lignes voyaient toutes les planètes alignées pour qu'il soit appelé en équipe de France à un poste en souffrance.

Las, le destin en a voulu autrement. Une première saison en Belgique pourrie par une blessure l'a notamment largement freiné. Et s'il sortait une saison tout à fait correcte, en rapport avec son profil de latéral offensif avec 6 passes décisives en 27 matchs de Jupiler Pro League la saison suivante, il devait se retrouver mis en concurrence pour sa troisième (et dernière) saison chez les Mauves par le tout jeune Saelemaekers (désormais au Milan AC), dans un système offensif qui lui correspondait pourtant.

Mais si Appiah n'a pas su passer le cap, il reste un latéral véloce, solide, puissant et habile balle au pied, souvent dangereux dans sa capacité à faire des allers-retours dans son couloir. Pourvu qu'il ne le re-démontre pas justement ce dimanche.