Pouvez-vous nous rappeler la situation sportive du club au moment de votre licenciement ? (Zarle)
On était en deuxième partie de classement, on venait de perdre à Strasbourg. Quinze jours ou trois semaines avant, on avait un match à Auxerre : si on le gagnait, on était premier. Ce jour-là , non seulement on a perdu le match mais on a perdu Mettomo, Wallemme et Aloisio. On a subi ça les matches qui ont suivi, on a régressé au classement. Peut-être que cest ce qui a déclenché chez Bompard cette possibilité de vouloir changer alors qu’il suffisait de rester calme, tranquille, serein.
Pouvez-vous nous dire les yeux dans les yeux, la main sur le coeur, que vous n’êtes pour rien dans la sortie de l'affaire des faux passeports ? (castorp, envert94)
Bien sûr ! Attendez, j’ai souffert énormément de ça ! Quand j’ai été licencié, j’ai reçu des marques de sympathie incroyables, pire qu’un ministre. Quand il y a eu cette affaire de faux passeports, je pense que Bompard et Soler se sont servis de ça pour me nuire. Ils ont souffert, eux de la cote, de la publicité que les gens ont pu me faire lorsqu’ils m’ont licencié. Lorsqu’il y a eu cette affaire, quand je suis arrivé à Toulouse, Rubio n’avait pas besoin que Nouzaret lui dise « tiens, à Saint-Etienne, il s’est passé ça ». Il y a belle lurette qu’il le savait ! Quand on a joué à Saint-Etienne, Didier Couécou voulait porter réclamation et c’est moi qui l’en ai empêché. Rubio est monté dans le bureau de Bompard pour lui demander la possibilité de se faire prêter Guel et Bompard l’a traité comme un moins que rien. Il est redescendu du bureau, il a voulu encore porter plainte. Je lui ai dit « non, arrêtez, on va jouer le match, c’est pas notre souci. » Je suis resté à Lyon, ils sont rentrés à Toulouse. Quand je suis rentré à Toulouse, le mardi j’ai reçu un coup de fil d’Alain Merchadier qui me demande : « Robert, j’ai besoin d’un renseignement sur Levytsky, est-ce que tu peux me le donner ? ». Je lui dis « attends, pourquoi tu me demandes ça ? ». Il me répond « ben je te demande ça parce que le président, il veut faire un truc à Saint-Etienne. » Je lui dis : « mais vous êtes où là ? ». Il me dit « on est au bureau », je lui réponds « j’arrive ». Je suis arrivé, et là le président Rubio m’a dit : « Robert, Bompard m’a traité comme un chien, moi je vais porter réclamation ». A la suite de ça, il y a un journaliste que j’ai en travers de la gorge - c’est Bigard – qui a profité de ça pour me descendre en flamme. J’ai été obligé d’écrire une lettre aux 185 ou 190 sections de membres associés pour leur expliquer, m’excuser… C’est de la folie !
Quel intérêt moi j’avais de faire du mal au club et aux supporters ? Si j’avais eu à faire du mal à faire à quelqu’un, je l’aurais fait à Gérard ou à Bompard ! Autant j’avais un esprit revanchard vis-à -vis de ces gens car je trouve qu’ils m’ont fait énormément de mal par rapport à ce qu’on a vécu – un truc comme ça n’aurait jamais dû se passer…ou d’une autre manière – autant je ne vais pas dire je vais tuer le club, les joueurs, les supporters…bref, tuer tout le monde ! Et on l’a vu. J’en ai souffert énormément de cette affaire. Vous savez, les gens, ils se parlent à la Ligue. Tout ça est parti d’une conversation entre Soler et le toutou à Aulas, Bernard Lacombe, au Brésil. Soler n’avait qu’à fermer sa gueule, l’autre n’aurait rien su. On jouait contre Lyon la semaine d’après, on m’a demandé de ne pas faire jouer Alex pour me dire qu’il allait être transféré… Quand j’ai posé à Bompard et à Soler la question « y’a problème ou y’a pas problème ? », ils m’ont dit « y’a pas de problème ». Mais problème il y avait ! Lacombe a tout raconté à Aulas et Aulas a menacé de porter plainte.
Pouvez-vous nous dire les yeux dans les yeux, la main sur le cœur, que vous ignoriez même l’existence de faux passeports à l’ASSE ? (castorp, envert94)
Je n’ignorais pas qu’il y avait ça mais j’ignorais qu’il n’y avait rien qui était fait pour régler ce problème là . On me disait qu’il n’y avait pas de problèmes mais je savais bien qu’il y avait des choses pas claires. Parce que c’était une question de temps de régularisation, je le savais très bien. Gérard nous disait toujours « mais ça on va le régler, ça va se régler, il n’y a pas de problème, ils vont être naturalisés » et patati et patata. A voir ce que le club risquait, on aurait dû avoir la force de caractère de dire « stop, on arrête ces conneries parce que ça va nous jouer un vilain tour ». Et ça a joué un vilain tour au club.
Nous avez-vous réellement trahis ? (Tancred) Robert, pensez-vous toujours avoir été trahi par Gérard Soler et/ou Alain Bompard lors de la funeste saison 2000-2001 ? (Moufles)
Est-ce que je vous ai trahis ?! Il suffit de voir le comportement que j’ai eu deux ans et demi à Saint-Etienne. Si les gens considèrent vraiment que je suis capable de trahir les supporters, c’est que vraiment je n’ai pas de figure ! C’est moi qui ai été trahi dans cette affaire ! Autant dans tous les clubs où j’ai travaillé et où j’ai eu des problèmes avec un licenciement, j’ai senti venir les choses de très loin et souvent c’est moi qui provoquais tout pour partir, comme ça il n’y avait pas de problème, autant là je n’ai rien vu venir. Je n’ai rien vu venir ! Je ne pouvais pas imaginer que Gérard Soler veuille prendre ma place. C’est ça qui est le plus surprenant, pas le fait que je sois licencié pour mauvais résultats ou quoi que ce soit ! L’histoire est partie d’une affaire très simple : Alain Bompard est passé d’une période à Saint-Etienne du jeudi au dimanche à une période permanente. La période du jeudi au dimanche, c’était extraordinaire : il arrivait, il regardait les comptes, on allait manger ensemble, on rigolait, on jouait le match ; neuf fois sur dix on gagnait, il était content et il repartait. Gérard faisait son boulot, je faisais mon boulot, chacun était à sa place. Chaque fois qu’il y avait une interview, on parlait toujours de nous trois. C’était toujours Soler-Bompard-Nouzaret, ce n’était jamais ou Soler ou Bompard ou Nouzaret. Après Bompard est venu tous les jours. Et là , comme il était au bureau tous les jours et que tout le monde faisait bien son boulot, il avait rien à faire lui ! Et puis un président, hormis le fait de se rendre compte que tout va bien, il a rien à faire. Il a commencé à s’installer au club, j’ai même su après qu’il était salarié du club. Comme il avait rien à faire, il embêtait Gérard, il embêtait Bozon, il embêtait un tel, il embêtait tel autre… Le seul qu’il ne venait pas embêter, c’était moi ! Moi souvent je lui disais « mais viens au vestiaire, viens pour voir les joueurs et tout ça ». Gérard lui disait « non, faut pas venir les embêter ».
Mais là où c’est devenu grave c’est quand un jour il a vu que toutes les télévisions venaient car c’est un club médiatique et que ça se passait bien… Mais jamais les types ils n’allaient au bureau pour voir Bompard, ils venaient toujours voir Nouzaret. Un jour Bompard a dit à Gérard : « j’en ai marre, c’est quand même grâce à moi qu’on en est là et ils vont toujours voir Robert. J’en ai marre ! ». Et c’est arrivé une fois, deux fois, trois fois… Et Gérard me le disait ça ! Je lui ai dit : « Gérard, provoque une réunion avec Alain, on va parler tranquillement, on mettra tout sur la table et puis voilà ! ». Mais ça il n’a jamais voulu le faire. Et dans sa tête, Gérard, comme il était juste à côté du bureau de Bompard, il était tellement traumatisé par son ami Bompard qu’il en a eu marre. Il ne voulait plus travailler là . Et qu’est-ce qu’il a dit dans sa tête ? Il a cherché son cinéma, il a dit je vais aller en bas, là je serai tranquille. Et il a tout fait pour prendre ma place. Un jour il me l’a proposé, il m’a dit je vais travailler avec toi. Je lui ai dit : « tu vas travailler avec moi ? Tu vas faire quoi ? ». Il m’a dit : «écoute Robert, j’en ai marre là -haut, je voudrais travailler avec vous ». Je lui ai répondu : « attends Gérard, j’ai Garcia, j’ai Ceccarelli, j’ai Ancian… Tu vas te placer où toi ? ». Et… il n’arrivait pas à trouver les mots. Je lui ai dit : « écoute Gérard, je vais t’aider. Qui va être le responsable technique ? ». Il me dit : «c’est toi ». J’ai répondu : « OK. Qui va faire l’équipe ? ». Et là il me dit : « c’est moi ». Je lui réponds : « Gérard, dis-moi que tu veux me prendre ma place ». Il me répond « mais non, Robert ! ». Je lui dis : « dis moi que tu veux prendre ma place ! Tu sais ce qu’on fait ? Tu fais venir ta femme, on fait venir la mienne, tu leur fais le même discours et à la fin tu leur poses la question. Tu sais ce qu’elles vont te répondre ? Tu veux prendre la place de Robert. » Et ça, ça s’est passé à l’intersaison, avant la saison. Au mois de mai, car toutes les saisons on se réunissait au mois de mai tous les deux. On parlait de tout, de l’école de foot jusqu’aux pros. Et à partir de là , il n’a plus eu le même comportement avec moi. Ceci ajouté à l’affaire des faux passeports, à toutes ces choses, ça l’a rendu nerveux jusqu’au jour où… On a perdu à Starsbourg. Le samedi, on s’est vu à la maison, il est venu chez moi. Il m’a dit : « qu’est-ce que tu comptes faire ? ». Je lui ai dit ce que je comptais faire et tout, pour moi il n’y avait pas le feu. Il suffisait de rester calme. Le lundi matin, j’étais au club, il n’y avait pas entraînement. J’étais dans mon bureau, il m’appelle et me demande de venir le voir. Quand j’arrive, il me dit « si tu ne veux pas t’arrêter, il faut changer ton staff ! ». Je lui réponds : « tu veux que je consolide ma place à Saint-Etienne en éliminant Rudi et Ceccarelli ? Mais où tu vas toi ? Mais c’est toi qui décides ça ou c’est Bompard parce que moi j’aimerais bien voir Bompard ! ». Le fait est que Gérard a voulu prendre ma place. Je n’aurais jamais pu imaginer un truc comme ça, après tout ce qu’on a fait ensemble. Le match qui vient le samedi d’après, il y a dans le stade une banderole « Jésus a eu son Judas, Nouzaret a eu son Soler ». Si je suis à la place de Soler, je prends mes cliques et mes claques et je m’en vais, tellement j’ai honte.
J'avais lu dans une de vos interviews, que si Soler vous foutait dehors, vous lui mettriez "un grand taquet dans sa gueule" (ce sont vos propres mots !). Etes-vous passé à l'acte ? (Tooty)
Non, mais depuis ce jour je n’ai plus aucun contact avec Soler. Je regrette pour mon épouse et la sienne car elles s’entendaient bien. Mais moi je suis comme ça, je suis entier. Depuis cette histoire, je n’ai jamais eu de contacts avec lui et je n’ai jamais cherché à en avoir, parce que je lui en veux à mort. On n’a pas le droit de faire des choses comme ça. Qu’il y ait des mauvais résultats, que le club soit en difficulté et que la solution de changer l’entraîneur soit la bonne : il vient me voir, on fait un repas tous les trois et pas de problème, s’il faut changer je dis OK. Mais ça ne s’est pas passé comme ça : Gérard en avait marre et il a voulu prendre ma place. Le samedi d’après, il a d’ailleurs entraîné l’équipe. S’il gagne contre Rennes, il reste entraîneur, il ne prend pas Toshack ou Jean-Pierre, Paul on n’importe qui.
Robert, je suis convaincu de votre bonne foi dans cette affaire mais encore aujourd’hui, certains supporters stéphanois croient que vous avez été le détonateur de l'affaire des faux passeports. Aulas ne serait-il pas à l'origine de ce scandale ? (Since1933) ?
Aulas a joué un rôle dans cette affaire : il a été le premier à menacer le club de porter réclamation. Sa démarche nous a obligés à ne pas faire jouer Alex contre Lyon. Mais bon, je me suis toujours méfié de lui. Un jour Bompard m’a dit « Robert, il faut que tu fasses la paix avec Aulas ». Je suis même allé aux 50 ans de l’OL. Autant j’ai vécu des moments extraordinaires à Lyon et je respecte énormément ce club et les joueurs, autant je ne respecte pas Aulas parce que je le connais comme beaucoup ne l’ont pas connu ! Quand tu parles d’Aulas maintenant et que tu vois où il a amené son club, où il est en train d’amener son club, à l’intérieur et à l’extérieur, t’es obligé de dire que le dirigeant Aulas est top niveau. Il a su s’entourer. C’est un dictateur, ça c’est sûr, autour de lui il n’a que des moutons qui disent amen à tout. Mais l’homme ce n’est pas du tout le même genre de mec. J’ai toujours dit à Bompard : « OK, je vais faire la paix avec lui, pour toi. Je vais aller aux 50 ans de l’OL. Mais tu verras un jour il te baisera ». Et bien ça n’a pas loupé… Cette histoire Soler-Bernard Lacombe, Bernard Lacombe-Aulas, et le match Saint-Etienne/Lyon qui venait de suite après, avec le premier match d’Edmilson, qu’il avait recruté là -bas.
Vous avez connu Aulas à ses débuts… Le penseriez-vous capable, si l'occasion se présentait, de pratiques mafieuses pour renforcer son emprise sur le foot français ? (castorp)
De pratiques mafieuses j’en sais rien, mais de tout, oui ! Il est capable de tout, oui, il est capable de tout ! C’est simple, j’étais avec un président bon père de famille Mighirian, qui a fait des déclarations concernant Aulas dans une émission à Toulon, ça a été repris par la presse lyonnaise. Aulas a été convié un jour à un repas avec Mighirian et moi, ça s’est passé super bien. A la fin du repas, je me suis dit que l’ambition de ce type avec l’expérience de Mighirian pouvait être intéressante pour le club. Mais Aulas n’a pas mis longtemps pour se montrer sous son vrai visage vis-à -vis de moi. La manière avec laquelle il m’a licencié alors qu’on était classé deuxième ne correspond pas à quelque chose de très clair. Il serait venu vers moi en disant « maintenant je suis président, ce n’est pas moi qui vous ait fait venir, c’est Mighirian, moi je veux faire venir quelqu’un d’autre », j’aurais fait « pas de problème, on s’arrange ». Mais ça ne s’est pas passé comme ça, il ne s’est pas bien comporté avec moi. Quand je parle d’Aulas à certaines personnes qui ne le connaissent qu’au travers de ce qu’il fait actuellement à Lyon, ils doivent dire « Nouzaret c’est un barjot, c’est un jaloux ». Mais j’en ai rien à foutre : moi je connais l’homme même si je respecte le dirigeant. Lyon vient d’enchaîner cinq titres de champion. La première fois qu’ils ont été champions de France, ça a été un peu grâce à moi parce qu’à Bastia on a battu Lens. J’étais en colère rien qu’à cause de ça : nous, ça nous permettait d’être tranquilles, mais ça donnait à Lyon la possibilité d’être champion et là je l’avais en travers parce qu’Aulas est un gars que je ne porte pas dans mon cœur. Il n’a pas été correct avec moi et avec beaucoup d’autres gens. C’est un gars qui est capable de tout pour assouvir ses ambitions.
Aulas multiplie les petites interventions médiocres dans les médias, le croyez-vous jaloux des Verts, et de ce ragoût parfumé aux lauriers de césar qu'il ne pourra jamais s'offrir ? (castorp)
Je pense qu’Aulas est très intelligent donc il se rend compte qu’il y a une chose qu’il n’aura jamais : c’est le charisme de Nicollin et un public comme celui des Verts. Non, ça il ne l’aura jamais. Malgré tout le respect que j’ai pour le public lyonnais, que je connais par cœur, il suffit qu’ils aient un raté pour que tout parte en brioche. Je pense qu’Aulas s’en rend compte. Son équipe a remporté le championnat cinq fois de suite, elle joue super bien, le recrutement est réussi au-delà de ce qu’on peut imaginer, il y a de supers joueurs. C’est un club qui doit regarder derrière et qui doit rigoler quand il voit toutes les erreurs que les autres clubs font ! Je pense qu’il y a des problèmes à Lyon, mais eux ont l’intelligence de ne pas les mettre au grand jour comme ça se passe à Paris, Marseille ou à Monaco. C’est ce qui creuse l’écart. Mais au fond de lui-même, Aulas doit se rendre compte que jamais il n’entrera dans le cœur des gens comme un Nicollin a pu le vivre par exemple ou d’autres mais il y en a de moins en moins. Maintenant, les présidents sont souvent des businessmen. Il se plaignent mais c’est normal : ils agissent d’une telle froideur avec l’aspect financier qu’ils ne peuvent pas récolter la même chaleur qu’un président qui ne pense que football, relations, communication. Lui Aulas, la communication, il l’a apprise dans les écoles, et c’est tout.
En tant que Lyonnais, êtes-vous toujours supporter de l'OL ? (carlos diarte)
Heu, je ne suis pas lyonnais, je suis marseillais moi ! Je suis supporter du club de Lyon dans le sens où j’aime les voir jouer mais je n’aime pas Aulas. Quand je vois que l’équipe a de la chance comme c’est le cas en ce moment où elle est souvent titillée par des équipes plus faibles mais qu’elle a ce coup de rein, qu’elle a cette réussite soit par une décision de l’arbitre, soit par une action de grande classe d’un joueur, pffff ! Quand je vois les deux buts inscrits contre Valenciennes, je me dis que ces pauvres Valenciennois ont de quoi se plaindre, ils sont malheureux. Je me dis parfois « c’est pas possible d’avoir une telle réussite ».
En cas de Liverpool-OL en finale de la Ligue des champions, vous seriez pour qui ? (carlos diarte)
Je serais pour Lyon bien sûr car c’est un club français.
On referme la parenthèse. Est-ce que Bompard a "pété les plombs" l'année ou il vous a viré ? (envert94)
Je pense qu’il a pété les plombs dans le sens où il a manqué d’humilité dans la progression de son club, dans la capacité à gérer la publicité médiatique qui commençait à y avoir. Je pense que la grande erreur qu’il a faite, c’est de venir à 100% au club. Je pense que Bompard est quelqu’un qui aime énormément la reconnaissance.
Quels sont vos rapports maintenant avec Alain Bompard ? (olive verte)
Depuis le jour de mon licenciement, je n’ai plus aucun rapport avec lui.
Dans cette affaire des faux passeports, si les joueurs (du moins certains comme Pédron) n'avaient pas lâché, les Verts se seraient maintenus, d'autant qu'on leur a finalement rendu 7 - 3 = 4 points. Vous qui connaissiez bien ces joueurs, pensez-vous que c'était inéluctable, que ces joueurs là étaient particulièrement fragiles, que si vous étiez resté (par votre connaissance du groupe, vos qualités, mais aussi la cohésion maintenue de l'équipe dirigeante), les Verts n'auraient pas été relégués? (castorp)
Les joueurs n’ont pas été gâtés par les évènements ! Après mon départ, les dirigeants ont commis une nouvelle erreur en faisant venir un mercenaire comme Toshack. Ils ont voulu prendre un nom pour essayer d’atténuer la rancœur des supporters par rapport à moi et vis-à -vis d’eux. Ils avaient contacté je crois Patrick Rémy, ils auraient mieux fait de le prendre lui. Les joueurs n’ont pas lâché par rapport à moi mais par rapport à tout ce qui se passait, c’était pas évident quoi ! Le côté médiatique de l’affaire, les articles, les sanctions éventuelles, les pertes de points. Toutes ces choses là étaient forcément très pesantes pour les joueurs. Le club à partir de ce moment là a vacillé, avec tout ce que ça comporte comme risques de comportement négatif et de manque de confiance.
Avec le recul, à quoi aurait pu prétendre le groupe stéphanois que vous dirigiez (sur le onze type, difficile de déceler la moindre faiblesse) ? (Zarle)
Pour moi, cette deuxième saison était la plus difficile à passer. Si on passait bien cette saison-là et qu’on restait comme on avait toujours été depuis le début, je pense que Saint-Etienne était bien parti pour retrouver la coupe d’Europe et s’installer durablement dans le haut du tableau. Les dirigeants ont été impatients. Il faut essayer de faire comprendre aux gens qu’il faut aller très doucement, être serein et garder son sang froid lorsque l’équipe traverse une passe délicate. Il ne faut pas péter les plombs au moindre accroc. En faisant ça, Bompard a cru que ça allait revenir mais c’était la pire des erreurs.
Que pensez-vous de votre successeur John Toshack ? (la buse)
C’est un mercenaire, ce n’est pas du tout un entraîneur dans ses réactions, dans son comportement et tout. Il n’avait rien à faire dans le football français.
Quid du duo Garcia/Wallemme ? (la buse)
Ce duo aurait pu être très complémentaire mais je pense qu’il y a eu un phénomène de pouvoir qui a été préjudiciable.
Que penses-tu du parcours respectif de Garcia et Wallemme depuis leur période stéphanoise ? (la buse)
Le bon parcours de Rudi avec Dijon ne m’étonne pas car c’est un gars qui sait faire beaucoup de choses. Il était venu comme préparateur physique, ensuite je l’ai pris comme adjoint. C’est un garçon qui a de la personnalité, qui connaît le football, qui sait parler aux joueurs, qui n’a pas peur. D’ailleurs il a un rôle de manager maintenant à Dijon, je pense que ça démontre ses qualités. Quant à Jean-Guy, je pense qu’il fait son apprentissage, qui dure d’une manière plus longue mais il a l’humilité d’aller dans des clubs de bas niveau. Il aurait pu aussi s’arrêter, rien faire et attendre le messie. Je crois qu’il est allé dans la difficulté car il avait envie de bosser et ça, c’est tout à son honneur.