Gérard FARISON est un Stéphanois pur souche. Arrière latéral gauche, il évolue à l’ASSE de 1964 à 1980 et met fin à sa carrière à l’âge de 36 ans. Aujourd’hui il vit à Saint-Raphaël, et ne revient presque jamais à Geoffroy-Guichard. "L’inusable, le vétéran stéphanois fut encore l’un des meilleurs de son équipe : vigilant, correct, très offensif, il aurait pu marquer un but. Saint-Etienne perdra beaucoup avec le départ de Farison, joueur tout à fait exemplaire", déclarait le quotidien L'Equipe après la demi-finale de Coupe de France 77.

Quel souvenir gardez-vous des confrontations face au FC Nantes ?

C’étaient des matches entre deux équipes qui voulaient dominer le championnat, avec beaucoup de motivation des deux côtés. Il fallait toujours montrer qu’on était les meilleurs. Mais on aimait bien ce genre de rencontre, car les deux équipes jouaient bien au ballon. Là, les deux équipes jouaient pour gagner ; il arrivait souvent que les autres jouent pour ne pas perdre. Les Nantais faisaient circuler le ballon. Quand ils jouaient à Marcel-Saupin, ils avaient une motivation supplémentaire. C’étaient des matches durant lesquels on prenait du plaisir.

Dans quel état d’esprit se déroulaient ces rencontres ?

C’était assez engagé, mais les deux équipes se respectaient. En général, il y avait très peu d’incidents. Beaucoup de joueurs évoluaient ensemble en équipe de France. Pendant les stages, on se branchait… C’était très sain. (Gérard Farison compte une sélection en équipe de France, c’était en 76 face à la Pologne. Il a disputé un autre match sous les couleurs tricolores, non comptabilisé cette fois : il s’agissait d’une rencontre amicale contre le Borussia Mönchengladbach).

L’ambiance à Marcel-Saupin ?

C’était un peu la même ambiance qu’à Saint-Étienne, un stade archi-comble…Ils refusaient même des gens. Ce match, c’était le match de l’année, celui qu’il fallait gagner… comparable au derby face à Lyon. C’était un second derby en fait, même si Nantes était évidemment plus loin. Nos rivaux, à cette période, c’était Lyon, Marseille, PSG et Nantes, parce qu’ils voulaient dominer le championnat.

Un match face à Nantes vous a particulièrement marqué ?

En Coupe de France, où nous avions gagné 4 à 1 au retour…

C’était une demi finale, vous aviez gagné 5 à 1...

Ah oui ! Je me souviens aussi, pour l’un de mes premiers matches, avoir joué contre Paul Courtin, à Marcel-Saupin. Après le match, il s’était conduit en vrai gentleman. Il avait déclaré dans la presse que j’avais fait un bon match. Ça m’avait fait plaisir.

Est-il possible, selon vous, de dresser des parallèles entre ces deux clubs ?

Ces clubs reposent d’abord sur deux bons centres de formation. Ils se sont appuyés dessus pendant longtemps. Même si globalement, à Saint-Étienne, nous gardions la même ossature. On pensait plus au maillot que maintenant. Les joueurs étaient au club depuis très jeunes. On se trouvait les yeux fermés. Un derby aujourd’hui n’est par exemple plus le même. Les joueurs sont moins concernés qu’à notre époque.

Pourquoi si peu de transferts entre les deux clubs ?

D’abord, à l’époque, il y en avait beaucoup moins. On ne se voyait pas aller chez le concurrent, que ce soit à Lyon ou à Nantes. Et puis on était bien. On faisait partie des deux meilleurs clubs en France, on serait allés chercher quoi ailleurs ?

Vous parliez de formation, Nantes a toujours poursuivi cette voie, tandis que Saint-Étienne s’en est un peu détaché, notamment vers 80...

De 70 à 80, il y a eu très peu de transferts de joueurs. Robert Herbin s’appuyait sur un groupe formé d’à peu près quatorze joueurs. Les dirigeants n’ont pas su renouveler les anciens. On a vieilli. C’est vrai qu’il y a eu une cassure vers 1980, mais le problème est apparu dès 1978.

Vous êtes nostalgique de cette période ?

Un peu quand même, oui. Parfois, quand il faut montrer sa carte d’identité et que les gens reconnaissent mon nom, ça fait plaisir. Ce sont des gens qui ont la quarantaine, pas des jeunes…

Propos recueillis par Maxime Cogny.