Quelques jours avant de retrouver son ancien club à Lorient et quelques semaines avant de mettre un terme à sa carrière de joueur, Stéphane Pédron a accepté de répondre aux questions des potonautes.

As-tu déjà pleuré d'émotion (bonheur ou tristesse d'ailleurs) à la fin d'un match (en tant que joueur ou pourquoi pas spectateur) ? (Vertisere)

J’ai craqué lors de la dernière journée du championnat 2001-2002. A l’époque je jouais à Lens. On avait fait la course en tête toute la saison mais on perd le titre le dernier match. A Lyon en plus… J’ai également connu des émotions très fortes à Sainté. Je pense par exemple à mon premier match à Geoffroy-Guichard (contre Nantes) et mon dernier match dans le Chaudron (contre Guingamp).

Quelles ont été les saisons les plus marquantes que tu aies vécues dans ta carrière ? Tu n'es pas obligé de flatter notre ego en répondant Sainté qu'on soit d'accord… (Wilyrah)

Ma saison la plus marquante, c’est la saison 2001-2002. En fait, c’est ma meilleure saison, individuellement et collectivement. On aurait dû être champions avec Lens cette année-là… Mes deux saisons à Sainté m’ont également beaucoup marqué : la première a été excellente, la seconde beaucoup plus difficile. Mais j’ai beaucoup progressé en jouant à Saint-Etienne.

Le match qui t'a le plus marqué à Sainté ? Et dans ta carrière ? (envert94)

Mon premier derby, à Geoffroy-Guichard. Il y avait une ambiance extraordinaire et j’ai marqué un joli but. D’autres matches m’ont marqué lors de ma carrière : je pense notamment aux deux matches de la montée avec Lorient (en 1998 et en 2006) mais aussi à ma défaite avec Lens à Lyon.

Quel est ton meilleur souvenir sous le maillot vert ? (Karras n°15)

Mon meilleur souvenir, c’est quand on arrivait au Stade Geoffroy-Guichard, les soirs de match, vers 18h15-18h20. Sentir la ferveur de nos supporters, les encouragements du peuple vert. C’était fort, ça me donnait des frissons. Certains matches m’ont laissé de grands souvenirs. Le meilleur ? Peut-être mon but contre Lyon mais aussi les passes décisives que j’ai adressées à Alex et Aloisio. Je suis avant tout un passeur, et je me régalais à servir notre duo d’attaquants brésiliens.

Ton jeu allie (les Verts) esthétique et efficacité. As-tu souvenir de ton plus beau geste technique dans le chaudron (but ou passe ou dribble ou bras d'honneur aux sup Lyonnais au choix) ? (Vertisere)

Sans doute mon but contre Lyon car c’était une belle frappe, puissante et bien placée.

Ces ballons Uhlsport, ils partaient bien quand même, non...? (Ynodu)

Oui, c’est vrai ! Mais je crois qu’on a joué seulement une saison avec ! A l’époque, ce ballon était révolutionnaire mais maintenant on joue avec des ballons similaires.

J’aimerais que tu nous donnes ton sentiment sur le jeu pratiqué par les Verts sous Nouzaret. La tactique des Verts te paraissait-elle anachronique, pas adaptée au foot moderne, trop risquée ? (Parasar)

Elle était peut-être risquée mais sur le terrain on se régalait ! On en discutait récemment avec Guel. Récemment on a battu le record du plus petit nombre de buts marqués en championnat de France de première division. Si Nouzaret entraînait toujours en L1, on n’en serait pas arrivé là ! (rires) Avec lui, notre jeu était risqué mais on se faisait plaisir sur le terrain. On marquait beaucoup de buts, on en prenait beaucoup aussi mais au moins on osait pratiquer un football offensif, délibérément tourné vers l’attaque. Dans ce dispositif, j’étais très libre et je me suis vraiment éclaté.

Quels rapports as-tu entretenu avec la doublette Alex/Aloisio ? (Parasar)

J’entretenais de très bons rapports avec eux car ils respiraient la joie de vivre et la joie de jouer. C’étaient des joueurs intéressants, spectaculaires…

Penses-tu qu'Aloisio et Alex étaient vraiment très forts, ou ont-ils donné leur meilleur parce qu'ils étaient dans un contexte idéal pour eux ? (Parasar)

Dans des registres différents, ils avaient de grosses qualités. La puissance physique d'Aloisio et la vivacité technique d'Alex étaient complémentaires. En plus, ils avaient l’avantage de bien se connaître : ils ont joué ensemble au Brésil avant de rejoindre l’ASSE, ils avaient déjà des automatismes. Ils ont eu l’occasion de se mettre en évidence car notre jeu était tourné vers l’attaque. On jouait pour eux. Quand ils ont quitté le club, ça a été plus difficile pour eux car ils n’ont pas retrouvé un tel environnement.

Alex jouait-il le jeu à l'entraînement ? Choisissait-il ses matchs ? (Parasar)

Alex est un Brésilien. L’entraînement, ce n’était pas trop son truc. Les Brésiliens sont souvent comme ça, on ne peut pas trop compter sur eux à l’entraînement. C’était la même chose avec le meilleur d’entre eux, Ronaldinho, que j’ai côtoyé au PSG. Alex ne jouait pas trop le jeu à l’entraînement mais en match il était redoutable. On sentait que les grandes affiches le stimulaient, mais je n’irais pas jusqu’à dire qu’il choisissait ses matches. A chaque match il essayait de se mettre en évidence, de marquer. Il faut dire que c’était un sacré technicien, il avait le sens du but…

En veux-tu à Tcherissoua de t’avoir oublié sur sa gauche quand il s’est présenté seul face au gardien et qu'il s’est pris les pieds dans le tapis alors que les Verts menaient 2-0 à Monaco lors de la saison 2000-2001 ? (Parasar)

Je ne lui en veux pas car je ne me souviens plus de cette action. Mais je pense que j’ai dû l’engueuler sur le coup ! Tchiressoua était coutumier de ce genre d’actions bizarres (rires) mais il avait d’autres qualités. C’est quelqu’un que j’apprécie.

As-tu des nouvelles récentes de la Toupie ? (José)

Il est toujours à Lorient et je crois qu’il cherche encore un club. La saison dernière, il a joué six mois avec nous et nous a rendu pas mal de services. J’aurais aimé qu’il prolonge l’aventure avec Lorient mais le club ne lui a rien proposé. C’est dommage. Je sais qu’il a eu quelques touches avec certains clubs mais hélas ça n’a rien donné.

Tu as ressenti quoi à la fin du match Monaco-Sainté 5-3 lors de la 31eme journée, après avoir mené 1-3 ? Le club était 16eme après cette journée, pensais-tu que le club irait en Ligue 2 ? (cedric26)

Cette défaite nous a fait mal mais depuis que l’affaire des faux passeports avait éclaté, le groupe était très perturbé. C’est très dur de jouer avec sept points en moins, on a pris un gros coup au moral. Cette affaire nous a fait beaucoup de mal, ça a été très dur à vivre. On s’est serrés les coudes mais après cette défaite à Monaco, il n’y avait quasiment plus d’espoir d’éviter la relégation. Quel gâchis…

Pourquoi tu n'es pas resté à Sainté, même en L2 ? Tes passages à Lens et Paris, ce n'était pas le pied... (envert94)

A Lens, je pense avoir réalisé la meilleure saison de ma carrière et j’ai failli être champion de France… Je ne suis pas resté à Sainté car je tenais à rester en Ligue 1. Quand j’ai signé à Lens, j’avais déjà trente ans mais seulement trois saisons en Ligue 1 à mon actif. Lens m’a offert l’opportunité de rester dans l’élite. Mais sincèrement, ça m’a arraché le cœur de partir. Si Sainté n’était pas descendu, peut-être que je serais encore à l’ASSE aujourd’hui.

Après avoir quitté l'ASSE, on a appris que tu t'étais engagé en faveur du RC Lens bien avant la fin de la saison de 2000-2001 alors que l'ASSE pouvait encore se maintenir en L1, malgré le retrait de 7 points infligée par la LNF. Qu'est-ce qui t'as poussé à vouloir quitter l'ASSE si tôt ? Etais-tu persuadé que le club ne pouvait, de toute façon, pas s'en sortir ? (Furan). Tu as été un des joueurs les moins en vue et les plus décevants à la fin de cette fameuse saison qui nous a vu descendre. Maintenant j'espère que tu seras franc (faute avouée, faute à moitié pardonnée dit-on) : est-ce vrai que tu avais déjà signé un accord avec les Sang et Or et donc que tu ne devais absolument pas te blesser pour pouvoir signer à Lens ? (Tchefari)

J’ai trouvé un accord avec les dirigeants lensois alors qu’il restait encore deux ou trois journées de championnat, et non en janvier comme je l’ai entendu ici ou là. Mes performances lors de ma deuxième saison stéphanoise ont peut-être déçu les supporters, mais j’ai essayé de faire honneur au maillot vert jusqu’au bout. Personnellement, j’ai très mal vécu cette affaire des faux passeports. Je suis un joueur qui marche au moral, et j’avoue que je me suis complètement écroulé moralement avec cette affaire et le retrait des sept points. J’ai été vraiment attristé de quitter le club dans de telles conditions, mais j’assume ce choix d’avoir signé à Lens. Je n’oublie pas tout ce que Saint-Etienne m’a apporté. Récemment, je faisais le bilan de ma carrière avec ma femme. Je lui ai dit que mon seul regret, c’est de n’avoir pas joué plus longtemps à l’ASSE : j’aurais aimé faire comme Juju, porter ce maillot pendant 10 ans…

Selon toi, la relégation était-elle vraiment évitable ? A cause de quoi et de qui n'avons nous pas réussi à nous maintenir ? (Dr Green)

Pour moi c’est clair : c’est cette affaire des faux passeports qui a plombé notre saison. On a tous pris un grand coup derrière la tête avec cette histoire. Dans le sport de haut niveau, je considère que ça se joue à 80 % dans la tête. On a essayé de faire face mais ça a été très difficile, trop difficile…

Sans les faux passeports, penses-tu que les Verts auraient décroché le fameux Graal, c'est-à-dire un titre ? (Moufles)

On ne saura jamais… Une chose est sure : on avait un super groupe, prometteur et joyeux.

Quand tu jouais chez nous, quel joueur représentait le mieux les valeurs stéphanoises? Et aujourd'hui ? (Vertisere)

Julien Sablé représentait le mieux les valeurs stéphanoises, et je pense que c’est encore le cas aujourd’hui. Julien a eues ces valeurs très jeune, je pense que chez lui elles étaient naturelles. Quand on joue à Sainté, il faut avoir ces valeurs là, même si on ne les a pas à la base. Personnellement, je me suis bougé pour les acquérir. J’ai beaucoup appris dans l’environnement stéphanois et ça m’a aidé pour la suite de ma carrière.