Alors qu'il se prépare à quitter le centre de formation de l'OM où il a passé trois ans, l'ancien défenseur formé à l'ASSE est revenu sur son actualité et sa vision du match de jeudi au Vélodrome.
Que deviens-tu Sébastien ?
Je suis toujours à l'OM jusqu'à la fin du mois. Nous avons décidé d'un commun accord de nous séparer après trois ans au club en tant que responsable de la cellule recrutement du centre de formation.
Après l'OM, quelle est ta prochaine aventure ?
Toujours dans le monde du football évidemment même s'il n'y a encore rien de concret. J'ai des sollicitations. Toute ma carrière j'ai été habitué à bouger et pour moi ce qui va primer c'est l'aventure humaine plutôt que la fonction au sein d'un club.
Quel bilan tires-tu de ces trois ans à l'OM ?
Très enrichissant ! C'était un gros projet parce qu'on connaissait la formation marseillaise mais elle n'était pas au niveau où elle devait être selon moi. Il y a eu une restructuration et la politique du président aujourd'hui c'est de faire de la formation marseillaise l'une des meilleures en France.
Un rôle difficile aujourd'hui, on voit la difficulté de garder ses meilleurs talents, le jeune Isaac Lihadji par exemple n'a pas signé son premier contrat pro à l'OM mais à Lille.
C'est l'état d'esprit qui a évolué sur ces trois ans. Il faut redonner l'envie et le désir aux jeunes marseillais de venir dans leur club de cœur et le club de la ville. Il a fallu faire du relationnel avec les clubs amateurs, partenaires ou non. Alors, évidemment il y aura toujours des cas isolés comme celui d'Isaac. À l'inverse tu as des jeunes comme Marley Aké (ndp2 : présent dans la liste du Golden Boy européen comme le stéphanois Adil Aouchiche) qui a eu la volonté de continuer sa formation au club et de signer pro. C'est le cas aussi de Florian Chabrolle ou Lucas Perrin ... tous ces joueurs sont sur la bonne envie. Isaac a eu des sollicitations et c'est arrivé au début de notre projet de formation.
Comment convaincre les jeunes de signer dans le club qui les a formés ?
Le football a évolué sur le plan financier. Les budgets des clubs étrangers sont énormes et ça ne favorise pas la possibilité pour un jeune joueur de faire toute sa formation dans son club. Même s'ils ont un talent énorme, n'oublions pas qu'ils ont 16-17-18 ans et, sauf talent énorme, ils ont besoin de post-formation. Aujourd'hui, ils sont livrés très vite au monde professionnel et je pense qu'il manque un relais. C'est difficile pour la plupart des jeunes, sauf encore une fois un gamin exceptionnel, mais dans la grande majorité, ils ont encore besoin d'une structuration pour le monde pro.
C'est un discours qui passe auprès des jeunes, des familles ?
Le discours passera toujours ! Mais quand tu es sollicité par des grands clubs, comme le Bayern qui va se positionner sur des jeunes du PSG avec des sommes extravagantes, c'est dur de rester de marbre !
A ton époque, ça n'existait pas ?
Ah bah j'ai même pas cherché à savoir s'il y avait une autre possibilité ! J'étais depuis 12 ans au club et mon rêve c'était de jouer en pro à l'ASSE. Et puis à l'époque, c'était différent, il fallait faire une saison pleine pour être un joueur confirmé.
Tu gardes de bons souvenirs de ton passage à Sainté (1993-1996) malgré les résultats sportifs et la descente en Division 2 ?
Ah complètement ! Les résultats ont été médiocres sur la dernière année, en plus j'ai été absent la moitié de la saison à cause d'une opération des croisés (ndp2 : absent entre août et mars, il jouera 13 matchs sur 38 cette saison en championnat). Quand je suis revenu, on était dans la charrette, il fallait lutter pour pas descendre, c'était compliqué. Mais ce sont des expériences qui te rendent meilleur par la suite. Je me suis inspiré de cette période tout au long de ma carrière. Et aussi de ma formation ! A l'époque, que ce soit moi ou Dominique Aulanier, on était pas forcément les meilleurs à nos postes, mais on avait ce supplément d'âme, ce supplément d'envie qui fait qu'on a pu passer ce cap là.
Tu évoques Dominique qui nous a récemment quittés ...
Oui, j'ai été vraiment touché ! Même si on s'était perdus de vue, tout ce qu'on a vécu pendant plus de 10 ans à la formation ... c'était fort (ndp2 : les deux hommes ont le même âge et sont tous les deux nés à Saint-Chamond). Puis sa mort est choquante par sa brutalité, ça m'a beaucoup ému. C'était délicat à l'époque pour les jeunes, on ne sentait pas une totale envie de former et développer des jeunes. Les supporters voyaient ça d'un œil extérieur mais quand tu subis ça c'était pas évident pour nous.
T'as jamais eu la possibilité ou l'envie de revenir à Sainté par la suite de ta carrière ?
L'envie, oui ! Après, ça ne s'est jamais fait. Je voulais boucler la boucle. C'est un club où j'ai connu beaucoup de joie, comme dans tous mes clubs, beaucoup de ferveur comme à Bastia ou en Turquie, ça a beaucoup compté pour moi !
Revenons-en à ce match contre l'OM, toi qui as connu les deux clubs, est-ce que tu retrouves des similitudes ?
Énormément ! Ces deux clubs sont suivis, ils ont une aura, une grandeur ! Sainté c'est un club mythique, au même titre que l'OM, par leur passé. Tu ressens la pression dans les deux clubs, peut-être un peu plus à Marseille. Les publics sont chauds, ils aiment les joueurs qui se surpassent, qui donnent leur maximum. À ce niveau là aussi, les clubs se ressemblent
Des Sainté - OM tu en as joué quelques-uns ...
Oui mais pas avec les Verts, seulement en amical. Il faut dire que l'OM était en D2 à l'époque.
Et quand tu les as joués avec l'OM, ça ne t'a pas beaucoup réussi !
(Rires) J'aime beaucoup quand vous m'appelez, à chaque fois vous prenez un malin plaisir à me rappeler ce match là, le 5-1 de 1999. Non c'est sûr ce n'est pas un bon souvenir et même si quelques années après, on est venus gagner en Coupe de la Ligue (ndp2 : en mars 2003, l'OM s'est imposé 2-0 à GG, Sébastien avait remplacé le futur vert Lamine Sakho, buteur ce soir-là) jouer à Geoffroy a toujours été compliqué pour moi. Revenir à Sainté avec un autre maillot, c'était bizarre, je n'ai jamais fait de bons matchs ! J'avais beau essayer de faire abstraction, revenir ici n'a jamais été trop positif pour moi, personnellement c'était délicat.
Jeudi, tu seras de quel côté alors ?
Je suis l'OM autant que je suis Sainté ... les deux clubs ne me laissent pas insensible ! L'an passé j'étais revenu avec plaisir car mon ami Yo (Yohan Cabaye) était à Sainté et je suis venu voir un match contre Nîmes. J'ai pu descendre dans les vestiaires, voir des têtes connues comme Julien Sablé, je n'ai pas joué avec lui mais c'était un jeune à l'époque, ou Laurent Huard avec qui j'ai joué à Rennes. Il y a une émotion quand tu rentres dans ce stade, dans les vestiaires, quand tu revois des anciens partenaires ...
Le stade a quand même pas mal changé !
Oui mais à Sainté comme à Marseille, ils n'ont pas détruit le stade pour le reconstruire ailleurs. Du coup, il y a plein d'endroits qui me rappellent des souvenirs. L'entrée des joueurs à l'extérieur en bus, eh bien avant c'était l'entrée du centre de formation par exemple.
Et tu vois Sainté mettre fin à sa disette de 41 ans au Vélodrome ? (ndp2 : victoire 5-3 le 10 août 1979)
C'est délicat en début de saison de faire des pronostics. Marseille a fait sa préparation pour être au mieux au début de la LDC. Sainté a fait une préparation pour bien débuter le championnat. Tout est un peu tronqué à cause du Covid ... Puis Sainté a repris plus tôt avec la Coupe de France donc c'est difficile de prédire le rendement de chaque équipe.
Tu as suivi un peu les deux clubs sur ce début de saison ?
Oui j'ai vu le match des Verts contre Lorient, je les ai trouvés hyper toniques alors que d'habitude les équipes mettent plus de temps à être bien physiquement. J'ai vu aussi les matchs de l'OM à Brest et Paris. Ils alternent le bon et le moins bon. Il faudra voir l'intensité physique après la victoire contre Paris. Mais on enchaîne plus facilement quand on gagne que quand on perd, c'est garanti !
Que penses-tu du projet de Claude Puel qui met les jeunes joueurs en avant ? En tant que formateur ça doit te plaire !
C'est un cycle qui devait évoluer, et laisser la place à des jeunes c'est toujours bien surtout quand tu vois leur niveau ! J'avais suivi la Gambardella la saison passée, ils étaient venus jouer à Aubagne (ndp2 : les petits Verts s'étaient imposés 6-1 contre Gemenos le 12 janvier dernier en 32e de finale). J'avais vu quelques joueurs très intéressants. Ça leur laisse la possibilité de monter rapidement, maintenant il faut trouver un équilibre dans l'équipe et bien les encadrer.
On a vu des générations de jeunes lancées à ton époque sans trop de réussite ...
Oui mais nous on était lancés en même temps et ça représentait plus de la moitié de l'équipe. Hormis Patrick Moreau et moi qui avions joué un peu auparavant, tous les autres ont débuté en même temps !
T'es encore en contact avec les joueurs de cette époque ?
Oui que ce soit Popote (Lionel Potillon), Patrick Moreau, Stéphane Santini ou encore Gregory Coupet ... On essaie de se retrouver chaque année pour une bouffe et on se revoit à chaque fois avec grand plaisir !
Merci à Sébastien pour sa disponibilité