Le déchirement de voir Aubame en jaune, la trahison de voir le Guil filer à l’anglaise, le coup de bambou de voir l’aventure européenne s’arrêter à peine commencée… C’est peu dire que notre début de saison ressemblait à une petite mort post coïtum. Qui aurait alors parié, fin août, qu’on accomplirait notre plus beau parcours en championnat depuis les années Platoche ?


Et pourtant ... Comme un clin d’œil au voisin honni, le compteur de cette folle course s’est donc arrêté à 69. 10ème, 7ème, 5ème, 4ème. What else ? pourrait dire Galette grimé en Georges tant ces chiffres suffisent à traduire la remarquable performance d’un non moins remarquable groupe. Les Verts chaque saison s’approchent toujours plus du sommet de la Ligue 1. Et plus le plaisir grandit, plus le vertige nous saisit.

 

On a foncé dans le Ghota

 

A son rythme, sans fulgurance certes, mais sans rechute, ce groupe s’est bâti des certitudes. La certitude de savoir se relever après les plus cinglantes des claques : battre avec un effectif amputé Bordeaux après la volée d’Esjberg, gagner à Nice après le terrible derby aller, dompter les Dogues après le couac cannois. Un principe tartalacremesque en vogue dans le foot veut qu’une grande équipe de foot ne perd pas deux fois de suite...

 

La certitude aussi qu’on ne baisse plus les yeux devant personne, que personne n’est hors de portée : Monaco et Lille dans le Chaudron, les Vilains à Gerland, et Paris à l’automne (si Kurt n’avait pas eu la triste idée de demander une coupe-bien-ras-sur-le-dessus-plutôt-que-la-crête-d’Umtiti-qu’est-franchement-ridicule…) ; il n’y a pas un gros qui n’ait pas pleuré sa mère face aux Verts cette saison. On en connaît même qui ont continué à pleurer jusqu’en mai en contemplant rantanplan les 8 points de débours et bourre et ratatam amastramgram.
Si tout ça ne marque pas une entrée sans frapper (sinon les esprits) dans le Gotha de la ligue 1, ça y ressemble furieusement. Et la vérité, ça fait plaisir.

 

Tout est bon chez eux, y a rien à jeter

 

Ca fait plaisir, et ça rend fier (à dix sous). Dix sous le joueur, ou à peine plus, car il faut, dans un élan caïazzesque, rappeler que tout cela s’est fait avec les moyens du bord, du nôtre, pas de celui du Rhône, de la Seine ou de la Méditerranée. Renverser à ce point la logique du fric roi, c’est un exploit. Et cet exploit, on le doit dans le nez à un entraîneur et à un effectif, qu’on couvrirait bien là maintenant, séance tenante, sans plus attendre et sans flagornerie basmati de tous les superlatifs et tondus qui nous viennent à l’esprit pilaf.

 

Pour Galette par exemple : Tout à la fois humain et ferme, humble et ambitieux, respectueux (des arbitres, de l’histoire de Sainté, des autres entraîneurs…) sans être faible… Re-what else ? Per-for-mant tout simplement ! Dans la « grande » famille des entraîneurs, au milieu des grandes gueules (Courbis, Dupraz, Anto..), des geignards (Girard, Garde…), des maîtres es-langue de bois (Blanc…), des Droopy (Fernandez, Gillot…), des prétentieux (Gourcuff…), des mercenaires (Renard, Ranieri…) il dénote un tantinet notre coach. Galette est l’entraîneur parfait pour les Verts (et hélas probablement pas que… ). Si un jour, comme chez les Grands Bretons, il nous prend l’envie de couler des bronzes en l’honneur des grands hommes de ce club à l’entrée de Geoffroy, c’est sûr il en sera, à jamais statufié.

 

Car oui, par sa longévité au club et la qualité de son bilan, il a rejoint, dans l’histoire de Sainté, Herbin, Batteux et Snella (who else ?). Et si l’élimination face à Esbjerg fait (sacrément) tâche dans le bilan, parvenir en perdant Aubame et Guilavogui, à choper 6 points de plus qu’en 2013 en 38 journées dit tout de la beauté de son accomplissement. De leur accomplissement, car oui, même si ce serait long et presque fastidieusement dithyrambique de s’étendre sur leurs mérites respectifs, Perrin, Sall, Lemoine ou Ruffier en particulier méritent toute notre gratitude. Love, love, love…

 

Palper l’épopée

 

Mais, aussi ouaté soit-il, il n’est nul nuage dont on ne tombe lourdement. Surtout à Sainté. Alors on guette, on scrute, on tremble. Tant de bonheur accumulé saison après saison nous rend méfiant. Et si le pilier de tout cela, la base de l’édifice venait à se faire la malle ?
Les interrogations de Galtier sur son avenir sont -hélas- légitimes. Comment faire plus ou mieux avec toujours aussi peu ? Comment affirmer qu’il n’a pas su tirer le maximum de ce groupe là ? Enfin, comment être sûr qu’il n’a pas accompli tous ses challenges personnels ? Après avoir conquis un titre en avril 2013, après avoir rendu à Sainté la suprématie (1,2,3,4,5,6,7,8, ah oui tiens quand même, 8 points) sur les pleureuses d’outre A47, quel autre sacré Graal aller chercher pour Galette ?

 

Une piste, peut-être : la volée d’Esbjerg n’est pas passée, pas digérée. Ni chez les sups, ni sûrement chez Galette, qui sait la valeur symbolique d’un parcours Européen à Sainté. Quel autre club en France a si pronfondément marqué les esprits qu’il en est à ce point associé à certains mots courants de la langue Française ? Dites épopée, dites chaudron, dites poteau (carré), dites vert et n’importe qui vous répondra Sainté. Sainté c’est l’Europe. Ca tombe bien, pour la deuxième saison consécutive, ce qui n’était plus arrivé depuis 1983, les Verts la retrouvent. Et cette fois-ci flotte dans l’air comme une odeur d’aventure au long cours. Et s’il était là l’ultime défi de l’homme à la doudoune, et si telle était sa dernière volonté, son dernier grand projet pour Sainté, son ultime défi personnel ?

 

La fin du modèle ?

 

Dans son bilan de la saison, réalisé à chaud après Ajaccio, il a laissé filtrer sa volonté : la campagne européenne sera une priorité, quitte à y laisser des plumes en championnat. Lucide donc le père Galette. Conscient que dans ce grand barnum qataro-médiatique qu’est devenu notre foot où le flouze tue l’obsolète incertitude du sport, amener les Verts à d’autres conquêtes relèvera de l’exceptionnel. Et continuer à progresser semble illusoire tant que Sainté sera à ce point contraint par son budget et son modèle financier. Le salary cap était une trouvaille, une « riche » idée pour les clubs pauvres. La source en partie de la formidable force collective des Verts depuis 3 ans. Mais il arrive un moment où, même en sport collectif, la valeur individuelle fait la différence. Si Cohade avait le talent de Zlatan, il aurait sans doute cadré sa reprise sans contrôle au début du match retour contre Esbjerg…

 

Alors ? Alors on va vibrer, oui, parce qu’on va voir du pays, dès la fin de l’été. On va souffrir aussi sans doute un peu, perdre des points bêtement, perdre des joueurs sur blessure, risquer de ne pas choper pour la troisième fois une place dans les cinq. Oui, tout cela est possible, presque écrit. Mais il faudra, toujours, fidèles à notre histoire, et reconnaissants en Galette pour l’ensemble de son œuvre, soutenir ce groupe et ce coach qui nous font bomber depuis de si nombreux mois le torse qu’on en choperait des crampes (du torse, oui, farpaitement…).
Et, en parallèle, espérer, sans trop y croire, que nos auto-proclamés « bon pères de famille » trouvent les moyens de déformer le modèle pour faire grandir le club. Pas une sinécure certes. Mais gouverner c’est prévoir. Et il est grand temps de gouverner. Le retour durable de Sainté à sa place, au somment du foot Français, en dépend.

 

Allez les Verts !