Vous avez aimé « Carton jaune Ã‚» de Nick Hornby ?
Découvrez «  44 jours The Damned United Ã‚» de David Peace, biographie romancée de Brian Clough, le célèbre manager de Nottingham Forest.
Au fil des extraits, amusez-vous à transposer les faits relatés avec l’histoire ancienne, récente ou future de l’AS Saint-Etienne.

 


Un club rentre dans l’histoire grâce aux titres glanés dans les diverses compétitions nationales et européennes, mais, évidemment, ce sont des hommes qui gagnent ces titres sur le terrain et en dehors. Parfois, un homme accompagné de quelques fidèles réussit à incarner un club car il l’élève à des sommets qu’il n’aurait jamais du connaître. En France, Guy Roux, son bonnet et Dominique Cuperly incarnent ces destinées footballistiques désormais incongrues. L’AS Saint-Etienne doit quasiment tout à Robert Herbin, joueur champion puis entraîneur de champions, Roger Rocher le président patriarche visionnaire et Pierre Garonnaire le dénicheur de talents (on n’oublie pas non plus Albert Batteux et Jean Snella qui bâtirent de solides fondations et gagnèrent les premiers titres).

 

Brian Clough est aussi un de ces hommes « hors-norme Â» qui forma avec Peter Taylor un duo gagnant à Derby County entre 1967 et 1973 et Nottingham Forest de 1975 à 1993, club qui fut champion d’Angleterre une fois en 1978 mais gagna deux fois ( !) la coupe d’Europe des clubs champions en 1979 et 1980. En 1974, Brian Clough tenta l’aventure de Leeds sans son fidèle lieutenant et resta seulement 44 jours à la tête d’une équipe qui le rejeta.

 

A l’heure où notre club préféré est mis à mal par les luttes intestines entre nos deux présidents mais qui ont enfin trouvé leur alibi sportif …pardon conseiller sportif (je ne lui donne pas un an au Dominique) pour bâtir un nouveau plan quinquennal (horreur ! malheur !), lisons un nouvel extrait du roman de David Peace :

« 
Le match contre Chelsea a rendu confiance à ton équipe. A tout le club. A toute la foutue ville… Mais tu sais, dans ton for intérieur, que c’est Dave Mackay qui a donné cette confiance à l’équipe. A tout le club. A toute la putain de ville. Pas toi… Dans ton for intérieur. Tu fixes les entraînements au mardi afin que Dave puisse avoir le dimanche et le lundi pour s’occuper de sa boutique de cravates, à Londres. Tu l’installes à l’hôtel Midland pendant le reste de la semaine, tu y fais emménager Roy McFarland, chargé de lui tenir compagnie pendant que Dave boit tout son saoul du lundi soir au jeudi soir. Mais, ensuite, Dave ne boit pas une goutte d’alcool du vendredi matin au dîner du samedi… Cet homme est Derby County. Les fondations, la clé de voûte. Et tu es le premier à l’admettre ; le premier à le traiter en tant que tel… […]

 

Ensemble, toi, Peter et Dave Mackay, vous transformez cette équipe de joueurs à mi-temps en équipe de joueurs à plein temps ; plus de golf l’après-midi, plus de vente d’assurances au porte à porte. Chaque matin, inlassablement, tu leur serines les bases… « Gardez la balle au sol. Jouez vers l’avant. Au sol. Dans les pieds. Gardez-la. Passez-la . Marquez ! Reprenez la balle. Gardez la balle au sol. Jouez vers l’avant. Au sol. Dans les pieds. Gardez-la. Passez-la . Marquez ! Reprenez la balle… Â»

 

Et tu ne te contentes pas de leur dire comment faire, tu le leur montres, nom de Dieu, tu marques dans tous les six contre six, puis tu changes avec tes gars, tu te douches avec tes gars, tu blagues avec tes gars… C’est de la foutrement bonne direction. C’est toi et Pete à leur meilleur… Repérer le talent, acheter le talent, puis gérer ce putain de talent… Insulter ce talent. Humilier ce talent. Menacer ce talent... Blesser ce talent, puis l’embrasser pour qu’il devienne foutrement meilleur… Inlassablement, tirer des gens ce qu’il y a de meilleur en eux… C’est toi et c’est Pete qui ont ce putain de talent. Â»