Actuel Directeur du Pôle Espoir de Castelmaurou dont est issu le réserviste stéphanois Lucas Llort, l'ancien gardien nantais David Marraud nous présente la dernière recrue de l'ASSE avant de replonger dans ses verts souvenirs.
David, tu connais très bien notre dernière recrue...
Oui, ces trois dernières années j’ai été dans le staff technique de Jean-Claude Giuntini, Adil Aouchiche a fait partie de notre groupe en équipe de France U16, U17 et U18. C’est un garçon qui a su évoluer positivement au fil du temps. En U16, il faisait un peu le crack, il n’était pas très collectif, pas trop porté sur le jeu en équipe. Il était un peu estampillé parisien, individualiste, trop centré sur lui-même.
Mais ensuite il a mis son talent individuel au service du collectif. Il a été très influent dans nos bonnes performances à l’Euro U17 et à la Coupe du monde. Il a marqué beaucoup de buts en Irlande et délivré pas mal de passes décisives lors de notre joli parcours au Brésil. Adil est un animal à sang froid et c’est aussi un garçon qui sait faire briller les autres.
Adil est un fin technicien mais c’est aussi un athlète, il court beaucoup, il est endurant. Il aime plutôt jouer dans l’axe mais il sait aussi jouer sur les côtés et brouiller les pistes. C’est bien sûr un milieu de terrain plus offensif que défensif. Je crois qu’il a ce qu’il faut dans le moteur et dans la tête pour s’imposer dans le monde professionnel.
Adil est un malin qui en même temps joue juste. C’est un garçon très intéressant par sa justesse et son efficacité. En trois ans il a progressé sportivement et humainement. Adil a compris qu’il n’allait pas y arriver tout seul. J’ai bien aimé son état d’esprit à l’Euro puis à la Coupe du Monde. Je l’ai trouvé investi avec les autres, il s’est comporté en leader. C’est ce qu’on voulait de lui, c’est ce qu’il est parvenu à faire. Adil a super bien évolué, c’est un garçon sain…
… un garçon Saint-etienne ! Que t’inspire sa signature à l’ASSE ?
En tant que Parisien, il aurait sans doute aimé avoir du temps de jeu avec le PSG mais ce n’est pas facile. A Saint-Etienne il aura plus de chance de jouer. Il rejoint un grand club, c’est un beau challenge pour lui. Je pense que Sainté est le club idéal pour lancer sa carrière. C’est un club populaire et historique. L’autre jour j’ai regardé le match des Verts contre Kiev sur la chaîne parlementaire, ça m’a rappelé de grands souvenirs. Je pense qu’Adil va aimer l’engouement du public et l’ambiance du Chaudron. J’espère qu’il deviendra le chouchou du Chaudron, c’est tout le mal que je lui souhaite. Je l’ai félicité pour sa signature à l’ASSE.
Adil a tout juste 18 ans mais je pense qu’il est armé pour réussir dans l’élite. C’est un animal à sang froid, il est capable d’assumer et d’assurer. Après, il faut qu’il soit bien entouré aussi. Il faut lui faire confiance, à lui de se battre à l’entraînement tous les jours pour démontrer qu’il mérite. Je pense que le fait d’évoluer sous les ordres de Claude Puel a dû jouer dans son choix de rejoindre les Verts, c’est un coach réputé pour donner confiance aux jeunes et en tirer le meilleur. Je pense que Saint-Etienne a un bel effectif et peut faire de bonnes choses. Ça plairait à tout le monde aujourd’hui de jouer à Saint-Etienne, même moi qui suis Nantais ! (rires)
Quels souvenirs gardes-tu de tes matches dans le Chaudron ?
J’aime beaucoup ce stade et il m’a plutôt réussi. Mon premier match à Geoffroy, la saison 1986-1987, on avait fait 0-0 et l’Equipe avait titré « Marraud show ». Je m’en souviens bien car c’était l’un des premiers matches dans les buts nantais, j’avais remplacé Jean-Paul Bertrand-Demanes.
Mon deuxième souvenir marquant, c’est quand on avait gagné 3-1 grâce à un doublé de Thierry Fernier. Mais c’est hélas lors de ce match que Philippe Tibeuf se blesse gravement quand je sors. Il ne me voit pas, il est surpris de me voir aussi loin de la surface. Je ne fais pas faute mais il a fait un mauvais appui. Sa jambe a cédé, je l’ai aidé à sortir avec le kiné.
Il ne s’en est jamais remis et je suis triste pour lui car c’était un excellent attaquant. Deux ou trois saisons plus tôt, il avait fait super match à la Beaujoire. C’est grâce à son doublé que les Verts avaient gagné 3-2. C’était Robert Herbin à l’époque l’entraîneur.
Mon troisième souvenir marquant du Chaudron, c’est quand on a gagné 1-0 là-bas en 1993 lors de la demi-finale de Coupe de France. J’étais le capitaine d’une très belle équipe, avec beaucoup de jeunes talentueux : Karembeu, Makélélé, Pédros, Loko, Ouedec... C’est d’ailleurs Nico qui avait marqué l’unique but de la rencontre, il avait trompé Joseph-Antoine Bell à dix minutes de la fin.
Rappelons quand même que tu comptes deux défaites à Geoffroy-Guichard : Jean-Claude Pagal t’avait crucifié à la dernière minute en 1992, Lubomir Moracik t’a marqué lui aussi un joli but victorieux quelques mois plus tard.
Saint-Etienne, ça représente quoi pour toi ?
J’étais supporter des Verts. Quand j’avais dix ans, en 1974, mon premier équipement était celui d’Ivan Curkovic, son fameux maillot bleu ciel Coq Sportif. Même si je suis Nantais, je suis supporter de Saint-Etienne. J’étais supporter de Saint-Etienne, tout le monde était supporter de Saint-Etienne ! Aujourd’hui le foot a évolué, ce n’est plus le même football. Mais vous nous avez fait rêver, vous nous avez fait voyager. Saint-Etienne, c’est mythique ! C'est pour ça que j'avais toujours beaucoup de plaisir à venir jouer à Geoffroy-Guichard.
Merci à David pour sa disponibilité